Quand
Jocelyn Butler pénètre dans le magnifique appartement de Dublin
Street, elle croit vivre un rêve. Un cadre somptueux, un quartier
agréable d’Édimbourg, et une future colocataire des plus
adorables. Ellie Carmichael est certes un peu trop enjouée et
curieuse pour le caractère secret de Jocelyn, pour qui se lier
d’amitié avec autrui a toujours été une épreuve, mais elle lui
est aussitôt sympathique. Son frère en revanche… Beau comme un
dieu mais aussi arrogant que déstabilisant, Braden Carmichael fait
voler en éclats son fragile équilibre. Car en plaquant tout pour
venir s’installer en Écosse, la jeune femme espérait laisser
derrière elle son passé tragique. Or la passion qui la lie bientôt
au ténébreux Braden fait resurgir ses peurs les plus profondes, et
les exorcise…
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Diplômée
d'histoire médiévale à l'université d'Edimbourg, elle est
l'auteur d'une dizaine de livres. Curieuse, passionnée, éclectique,
elle s'adonne à plusieurs genres de romance. Ses livres Dublin
Street, London Road et Jamaica Lane sont des best-sellers.
|
Superbe !
Un
livre qui m'a permis de dépasser certains à priori. En matière de
romance, je n'aime pas certains sujets. Le deuil et l'incapacité à
le faire en fait partie. Je trouve que c'est un sujet qu'il est
difficile de traiter sans tomber dans le voyeurisme et la facilité.
Il est de plus difficile de conjuguer la romance avec un sujet aussi
lourd. Samantha Young par son talent m'a fait réviser ma copie.
Ici,
on a vraiment une leçon de vie, de renaissance.
C'est
dure mais c'est aussi beau et aussi incroyablement optimiste quant à
la beauté de la vie. Un hommage à la vie. Celle-ci a broyé notre
héroïne mais lui a permis également de renaître.
L'histoire
d'amour de Joss et Braden me marquera longuement.
Je
le recommande vivement !

Il
me dévisagea d'un air calculateur,
les traits tendus, indéchiffrables.
Il
semblait furieux.
—
Qu'est-ce
que tu fous ici ?
Il
ne me répondit pas, et mes yeux s'égarèrent de nouveau,
parcoururent son corps malgré eux, embrassant le pull ras du cou
très classe et le pantalon noir de couturier. Le seul accessoire
qu'il arborait était une montre de sport très luxueuse en platine.
Son élégance et le fait qu'il ne se soit pas rasé depuis quelques
jours contribuaient à rendre l'ensemble extrêmement attractif.
Je
sentis à nouveau ce pincement au plus profond de moi, et ma mâchoire
se contracta. Pourquoi fallait-il qu'il m'excite à ce point ? Ce
n'était pas juste.
Pour
masquer mon trouble, j'avalais une gorgée de soda.
—
Alors
?
—
Je
n'aime pas partager.
Je
soutins son regard et, même si cela me paraissait impossible, il
sembla encore plus furieux qu'avant. Dans cette toute petite pièce,
Braden paraissait aussi immense qu'intimidant, et le contraste entre
nos deux physionomies n'en était que plus saisissant. Il pouvait
m'écraser comme un insecte si tel était son désir.
—
Quoi
?
Il
étrécit les yeux.
—
J'ai
dit que je n'aimais pas partager.
Je
repensai à Vicky.
—
Ce
n'est pas ce que j'ai entendu dire.
—
Disons
les choses autrement. (Il approcha d'un pas, bouillant de colère.)
Quand il s'agit de toi... je n'aime pas partager.
Je
n'eus pas le temps d'y réfléchir. Un instant, je le contemplai d'un
air incrédule, l'instant suivant, ma canette gisait à terre et mes
fesses se posaient sur le bureau tandis que Braden se collait contre
moi. Sa chaleur et sa puissance me submergèrent quand sa large main
se referma sur ma nuque, tandis que de l'autre il soulevait ma cuisse
gauche afin de prendre place entre mes jambes et me positionner
correctement. Sa bouche se plaqua contre la mienne, et le désir que
mon corps subissait depuis des semaines prit le pouvoir. Je
m'agrippai à lui, enfonçant mes doigts dans son dos, enserrant ses
hanches de mes jambes, tandis que j'entrouvrais les lèvres pour
pousser un soupir de soulagement qui autorisa sa langue à venir
agacer la mienne. Son odeur, son haleine qui sentait le whisky, ses
mains chaudes me serrant fermement... tout cela me submergea et je
laissai échapper un son rauque que je ne pus réprimer.
Son
baiser dissipa tous mes souvenirs de Craig.
La
pression de ses doigts sur mon cou s'accentua, et il gémit à son
tour ; la vibration de ce son se répercuta dans tout mon corps,
telles des mains effrontées, me torturant les mamelons, me soufflant
sur le ventre, s'immisçant entre mes cuisses. Il m'embrassa plus
profondément, plus avidement - une succession de baisers envoûtants
qui dérobaient chacune de mes respirations. Nous haletions tout en
nous mordant respectivement la bouche, incapable de l'explorer tout
entière. Mes ongles s'enfonçaient dans son pull tandis que je
l'encourageais à se rapprocher encore.
Quand
je pris conscience de son érection contre moi, je succombai. Mon
estomac se noua, et sa bouche étouffa ma plainte. Ma petite culotte
était trempée. Mon désir ne fit que croître lorsque Braden
remonta sa main le long de ma taille pour venir m'effleurer le sein
avant de s'arrêter à la lisière de mon débardeur. Il interrompit
notre baiser et se recula de quelques centimètres afin de pouvoir
m'observer dans les yeux. Les siens étaient sombres, à moitié
masqués par ses cils ; sa bouche était rouge de morsures. Je sentis
deux de ses doigts se faufiler sous la bretelle de mon top et
l'abaisser suffisamment pour dévoiler la partie gauche de mon
soutien-gorge. Il ne me quitta jamais du regard en effectuant la même
manœuvre avec mon sous-vêtement.
L'air
frais vint caresser ma poitrine dénudée, et mon téton se dressa,
provocant. Dès que Braden l'avisa, sa main vint se refermer dessus.
Il me pétrit le sein, le faisant davantage durcir à force de
cercles rapides dessinés du bout du pouce. Je retins mon souffle en
le sentant se crisper tandis que le désir inondait mon entrejambe.
Ses yeux remontèrent jusqu'à mon visage.
—
Ça
te plaît, bébé ? murmura-t-il en contemplant mes lèvres. Tu aimes
sentir mes mains sur toi ?
À
dire vrai... ouais !
—
Ou...
(il baissa la tête pour venir poser délicatement sa bouche sur la
mienne)... ou celles de n'importe quel homme feraient l'affaire ?
Il
me fallut quelques instants pour saisir la portée de ces mots, mais,
lorsqu'ils firent mouche, j'en ressentis la violence et m'écartai de
lui, furieuse. Mes bras quittèrent son dos pour remonter
soutien-gorge et débardeur.
—
Va
te faire foutre, aboyai-je en tentant de le repousser.
En
réaction, il accentua la pression de son bas-ventre et me saisit les
poignets pour empêcher mes poings déjà fermés de s'abattre sur
lui.
—
C'étaient
quoi, ces conneries, dehors ? m'invectiva-t-il.
À
l'évidence, il était toujours excité, car sa virilité me
provoquait encore, encourageant mon corps à entrer en guerre avec ma
tête.
—
Ça
ne te regarde pas.
—
Tu
baises avec lui ?
—
Ça
ne te regarde pas !
Il
émit dans sa barbe un léger grognement et me tira sur les bras.
—
Étant
donné que j'ai moi-même envie de te baiser, si, ça me regarde. Et
étant donné que tu désires visiblement que je te baise, je pense
qu'il est dans ton intérêt de me répondre.
—
Tu
es un gros connard arrogant et égocentrique, tu es au courant ?
fulminai-je, résolue à ne pas me laisser dicter ma conduite par ce
mâle dominant dégoulinant de testostérone. Je ne coucherais pas
avec toi même si tu étais le dernier être humain sur Terre !
Ce
n'était pas une repartie des plus originales. J'en avais conscience.
Et c'était clairement la pire des choses à lui balancer.
Sans
me lâcher les mains, il m'embrassa de nouveau, me mordillant
furieusement les lèvres, me torturant de son membre raidi. Mon corps
se languissait et ma bouche s'entrouvrit pour l'inviter à y
pénétrer. Je tentai de feindre de me débattre, mais j'étais bien
plus intéressée par le fait d'être investie que par celui de
contrôler la situation.
—
Est-ce
que tu couches avec lui, Jocelyn ? me murmura-t-il d'un ton aguicheur
tout en déposant un chapelet de baisers le long de ma mâchoire.
—
Non,
soufflai-je.
—
Est-ce
que tu veux coucher avec lui ?
—
Non.
J'étais
vaguement consciente de l'étau qui se desserra autour de mes mains
quand celles-ci, de leur propre initiative, vinrent réclamer leur dû
sur le ventre tendu de Braden.
—
Est-ce
que tu veux que je te baise ? me grogna-t-il à l'oreille.
Je
frémis d'impatience. Oui !
Au
lieu de lui répondre la vérité, je secouai la tête afin de ne pas
perdre toute maîtrise des événements.
Puis
ses doigts glissèrent entre mes cuisses, et deux d'entre eux vinrent
frotter puissamment sur la couture de mon jean. L'excitation fit
déferler en moi des torrents de frissons.
—
Oh,
mon Dieu..., gémis-je en me plaquant contre lui.
Une
fois de plus, ses lèvres effleurèrent les miennes, et alors que je
réclamais un contact plus profond, plus humide, Braden se recula.
—
Est-ce
que tu veux que je te baise ?
Ma
colère éclata, et j'ouvris en grand les paupières pour le
foudroyer du regard.
—
Bordel,
qu'est-ce que tu crois ?
J'attirai
sa tête vers moi, et nos langues se trouvèrent enfin, m'accordant
gain de cause. Ses bras entourèrent ma taille, nous compressant l'un
contre l'autre tandis que nos bouches se dévoraient avidement.
L'impatience nous rendait fébriles, et les mains puissantes de
Braden se frayèrent un chemin le long de mon dos et jusqu'à mes
fesses, qu'il souleva sans effort. Mon corps comprit ce qu'il
voulait, et mes cuisses se refermèrent automatiquement autour de ses
hanches quand il se retourna et effectua les deux pas me séparant du
mur. Son érection tenta de transpercer le V de mon jean quand, d'un
coup de reins, il fit mine de me pénétrer. La satisfaction et le
désir achevèrent d'abattre mes dernières réserves, et je
suffoquai tout contre sa bouche, en réclamant silencieusement
davantage.
L'extrait :
— Non,
chuchota-t-il, menaçant, en rapprochant son visage du mien de sorte
que nos nez se touchaient presque. Ne fais pas ça. Pas maintenant.
Je ne sais pas quelles conneries t'embrouillent les idées, mais
arrête. Elle a besoin de toi, bébé. (Il déglutit douloureusement.
Ses yeux brillèrent à la lueur des lampadaires.) J'ai besoin
de toi.
Je
sentis ma boule habituelle se former au fond de ma gorge.
—
Je
ne t'ai jamais dit que tu pouvais compter sur moi, murmurai-je en
retour.
Je
la vis très clairement. Cette douleur fulgurante qui traversa son
visage avant qu'il reprenne la maîtrise de ses émotions. Il me
lâcha brusquement.
—
Très
bien. Je n'ai pas de temps à perdre avec tes innombrables problèmes
émotionnels. Ma petite sœur a peut-être un cancer, et elle a
besoin de moi, contrairement à toi. Laisse-moi tout de même te dire
une chose, Jocelyn... (Il fit un pas en avant, pointant un doigt
hargneux sur moi.) Si tu ne l'aides pas à surmonter cette épreuve,
tu vas te détester toute ta vie. Tu peux faire comme si tu n'en
avais rien à foutre de moi, mais pas comme si Ellie ne comptait pas
à tes yeux. Je vous ai vues ensemble. Tu m'entends ?
Il
siffla entre ses dents. Son souffle chaud me caressa la peau tandis
que ses mots s'immisçaient jusqu'à mon cerveau.
—
Tu
l'aimes. Tu ne peux pas balayer ça sous le tapis parce que c'est
plus facile de prétendre qu'elle n'est rien pour toi que d'accepter
l'idée de la perdre. Elle mérite mieux que ça.
Je
serrai fermement les paupières, haïssant le fait qu'il me comprenne
si bien. Et il avait raison : Ellie valait bien mieux que ma
couardise. Je ne pouvais pas cacher mes sentiments pour elle, car
tout le monde les avait vus et compris. Elle les
avait vus et compris. Comment pouvais-je la laisser tomber alors que
j'avais laissé naître notre amitié ? J'allais devoir me montrer
courageuse, même si je devais pour cela abandonner tout ce qu'il me
restait.
—
Je
serai là pour elle, me surpris-je à promettre. (Je rouvris les yeux
en espérant qu'il y lirait ma sincérité.) Tu as raison. Je serai
là pour elle.
Il
ferma à son tour les yeux et poussa un profond soupir. Quand il les
rouvrit, j'y découvris une tendresse que je m'étais forcé à ne
pas regretter durant ces cinq dernières minutes.
—
Bon
sang. On t'a perdue pendant quelques heures. Qu'est-ce qu'on va faire
de toi, Jocelyn Butler ?
Il
ouvrit les bras comme pour m'embrasser, mais je l'esquivai, battant
en retraite.
—
Tu
devrais rentrer te reposer. Je vais veiller sur elle cette nuit.
Braden
se crispa, l'air interrogateur, les dents serrées.
—
Jocelyn
?
—
Rentre
chez toi, Braden.
Je
tournai les talons, mais il me retint par la main.
—
Jocelyn,
regarde-moi.
J'essayais
de me libérer, mais il refusa de me lâcher. Je dus faire un gros
effort pour durcir mes traits et l'affronter.
—
Laisse-moi,
Braden.
—
Qu'est-ce
que tu fous ? demanda-t-il.
Sa
voix était aussi râpeuse que s'il avait avalé du papier de verre.
—
On
en reparlera plus tard. Ce n'est pas le bon moment. Tout ce qui
compte, c'est Ellie.
L'air
désormais résolument dangereux - dangereux et déterminé -, il me
fusilla du regard.
—
N'envisage
même pas de me quitter.
—
On
pourrait en discuter plus tard ?
En
guise de réponse, il m'attira à lui et plaqua sa bouche contre la
mienne. Je sentais le whisky et le désespoir sur sa langue. Sa main
sur ma nuque m'empêchait de rompre ce baiser profond, humide et
douloureux. Je n'arrivais plus à respirer. Je le repoussai au niveau
de la poitrine avec un gémissement d'agonie, et il me libéra enfin.
Du moins, il retira sa bouche. Ses bras me ceignaient encore.
—
Lâche-moi,
geignis-je, les lèvres enflées et brûlantes.
—
Non,
souffla-t-il sèchement. Je ne te laisserai pas nous faire ça. Je ne
peux pas croire que tu te fiches de moi.
Il
va falloir t'y résoudre.
—
On
ne peut pas continuer.
—
Pourquoi
?
—
J'en
suis incapable.
—
Ça
ne me suffit pas.
Je
me débattis, l'incendiant du regard.
—
Si
je décide de rompre, tu n'as pas trop le choix !
Le
Braden écumant de rage resurgit presque instantanément.
—
Putain,
je ne te laisserai pas faire !
—
Hé,
tout va bien vous deux ? nous apostropha un jeune homme bien éméché.
Nous
tournâmes de conserve la tête vers lui. Il nous épiait d'un air
suspicieux, et je me rendis soudain compte que nous nous disputions
sur George Street un vendredi soir, alors que des tas de gens
pouvaient encore nous entendre.
—
Ça
va, répliqua Braden d'un ton calme, sans me lâcher pour autant.
L'autre
m'interrogea du regard.
—
C'est
sûr ?
Refusant
de voir la situation dégénérer en bagarre - c'était la dernière
chose dont Braden avait besoin en ce moment -, j'acquiesçai.
—
Certain.
L'ivrogne
loucha de nouveau sur nous puis, estimant que nous n'avions qu'à
régler cela entre nous, il se retourna pour héler un taxi.
—
Lâche-moi,
ordonnai-je à Braden.
—
Non.
—
Cette
fois, tu ne t'en tireras pas avec tes airs d'homme des cavernes. (Je
ne pouvais pas affronter son regard alors que la douleur et les
mensonges m'envahissaient.) Tu comptes pour moi, Braden. Sincèrement.
Nous sommes amis. Mais ça a duré bien trop longtemps.
—
Tu
as peur. J'ai compris. (Il me murmura à l'oreille quelques paroles
réconfortantes :) Je sais pourquoi tu t'es enfuie tout à l'heure,
et je sais pourquoi tu veux fuir maintenant. Mais ce genre de chose
arrive, bébé, on ne peut rien faire pour l'éviter. Tu ne peux pas
laisser cette crainte diriger ta vie et influencer ta relation avec
les gens. Il faut profiter de l'existence, car on ne sait pas combien
de temps elle va durer. Arrête de fuir.
Tu
aurais dû être psy.
Je
m'efforçai de me décontracter et d'oublier les gargouillis
insupportables qui me tordaient le ventre.
—
C'est
pour ça que je préfère arrêter. La vie est courte. On devrait
toujours être auprès de ceux qu'on aime.
Braden
se figea une fois encore, et j'attendis, le souffle court, en
espérant trouver la force de continuer à mentir. Il s'écarta
lentement de moi, et m'examina avec sévérité.
—
Tu
mens.
Oui,
je mens, mon amour. Mais je ne te survivrai pas. Et, pire encore, tu
ne me survivras pas.
—
Non.
Je ne t'aime pas, et après tout ce que tu as vécu, tu mérites
d'être aimé.
Ses
bras tombèrent le long de son corps, mais pas comme pour me laisser
partir. Il semblait sous le choc. Je crois même qu'il était en
état de choc. J'en profitai pour m'éloigner de lui, craignant, en
restant trop près, de laisser s'ébrécher ma carapace d'acier et de
lui avouer que je n'étais qu'une sale menteuse, et que je ne voulais
jamais plus le quitter.
Je
m'étais cependant montrée suffisamment égoïste pour la journée.
—
Tu
m'aimes, insista-t-il d'une voix douce et basse. Je l'ai vu.
J'avalai
ma salive et me forçai à soutenir son regard.
—
Tu
comptes pour moi, mais ça fait une grosse différence.
Pendant
un instant, je ne sus pas s'il allait répondre. Puis son regard se
ternit et il hocha sèchement la tête.
—
Très
bien, dans ce cas.
—
Tu
me laisses partir ?
Il
ourla la lèvre supérieure, arborant une expression amère et
douloureuse tout en reculant d'un pas.
—
Apparemment...
je n'ai jamais eu la moindre prise sur toi.
Il
tourna brusquement les talons et disparut à grands pas dans la rue
enténébrée.
Il
ne se retourna pas une fois, et tant mieux.
Dans
le cas contraire, il aurait vu Jocelyn Butler pleurer à chaudes
larmes pour la première fois depuis une éternité, et il aurait su
que je mentais. Sur toute la ligne. Car quiconque m'aurait vue aurait
compris que mon cœur se brisait.
L'extrait :
—
Tu
le ferais vraiment ? (Je peinai à respirer.) Me dégager de ta vie ?
—
Et
pourquoi pas ? C'est bien ce que tu as fait avec moi hier soir.
—
Non.
J'ai simplement rompu avec toi. (Je lui lançai un regard furieux.)
Mais si j'avais su que je comptais si peu pour toi, je l'aurais sans
doute fait.
—
Oh.
(Il hocha la tête.) J'avais oublié. Tu ne m'aimes pas, mais tu
tiens à moi. (Il haussa les épaules.) Eh bien, je n'en ai rien à
foutre de toi. (Je serrai les dents, m'efforçant au mieux de retenir
mes larmes.) Et pour tout te dire, j'ai baisé quelqu'un d'autre
cette nuit.
Vous
avez déjà reçu une balle de fusil à pompe en plein ventre ? Non ?
Moi non plus. Mais j'ai le sentiment que ce que venait de me dire
Braden produisait le même effet. Et, franchement, même la meilleure
actrice du monde n'aurait pas pu dissimuler une douleur aussi
intense.
Je
tressaillis à ces mots, mon corps bascula en arrière, mes genoux
flageolèrent. J'avais les yeux écarquillés et la bouche grande
ouverte. Et là, le pire arriva. Je me mis à pleurer.
À
travers mes larmes, je vis Braden pincer les lèvres. Il fit deux pas
vers moi, tout hérissé.
—
Putain,
j'en étais sûr, siffla-t-il en approchant encore.
—
Ne
me touche pas ! hurlai-je, incapable de supporter sa présence auprès
de moi.
—
Tu
ne veux pas que je te touche ? (Il ricana, les yeux lançant des
éclairs.) Mais je vais te tuer !
—
Moi
? (Je me retournai, arrachai une assiette à l'égouttoir, et la lui
balançai à la figure. Il baissa la tête pour l'éviter et elle
alla s'écraser contre le mur.) Ce n'est pas moi qui suis allée
baiser ailleurs deux secondes après avoir rompu !
Je
voulus m'emparer d'un verre, mais Braden était déjà sur moi. Il
maintenait mes poignets le long de mes côtes tout en me collant au
comptoir. Je me débattis violemment, mais il était bien trop fort.
—
Lâche-moi
! sanglotai-je. Lâche-moi. Je te hais. Je te hais !
—
Chut.
Chut, Jocelyn, fit-il, apaisant, en enfouissant son visage contre mon
cou. Chut, ne dis pas ça, supplia-t-il tout contre ma peau. Ne dis
pas ça. Ce n'est pas vrai. J'ai menti. J'étais furieux. Je suis un
sale con. J'ai menti. J'ai passé la nuit chez Élodie. Tu peux
l'appeler pour le lui demander. Elle te dira la vérité. Tu sais que
je ne te ferais jamais ce que l'on m'a fait.
Ses
mots eurent raison de mon hystérie, et je cessai de me débattre...
pour me mettre à trembler.
—
Quoi
?
Braden
se recula pour me permettre de lire la vérité dans ses yeux glacier
n'exprimant plus que sincérité.
—
Je
t'ai menti. Je ne suis pas allé voir quelqu'un d'autre. Il n'y a eu
que toi depuis que nous sommes ensemble.