menu 2

gfMes dernières chroniques


samedi 15 octobre 2016

Beautiful Tome 2 : Walking Disaster de Jamie McGuire

 
Éditeur : J'ai Lu
Sortie : 15 octobre 2014
477 pages

 




- Il y a une fille, Papa.
Il souria un peu :
- Une fille.
- Elle me déteste, et je...
- L'aime ?
- J'en sais rien. Je ne sais pas... Je veux dire... Comment peut-on savoir ?
Son sourire s'étira :
- Quand tu en parles à ton vieux père parce que tu ne sais pas quoi faire d'autre.





Travis Maddox a appris deux choses de sa mère avant que celle-ci ne meure : Aimer ardemment. Se battre encore plus fort.
La vie de Travis est remplie de coups d'un soir, de combats hasardeux et de violence. Mais alors qu'il se croyait invincible,
Abby Abernathy réussira à le mettre à genoux.
Une histoire a toujours deux faces. Dans Beautiful Disaster, Abby a eu sa voix. Désormais, il est temps de la découvrir à travers les yeux de Travis. 









Diplômée de radiographie, Jamie McGuire vit dans l'Oklahoma avec son mari et ses trois enfants. D'abord autoédité, son précédent roman Beautiful Disaster est rapidement devenu un best-seller mondial, lauréat du prix Book Expo America 2012 dans la catégorie Meilleure romance. 
 


Toujours aussi bon !
Quel plaisir de retrouver ce couple chaud bouillant...



Les points forts

L'histoire est vu du point de vue du héros. Il s'agit de la même histoire mais narrée par Travis. Au début, je ne voyais pas trop l'intérêt puisque je la connaissais déjà mais au final c'est une expérience vraiment sympathique et on a l'impression d'une tout autre histoire et pas l'impression de déjà-vu que je craignais. Au contraire, j'ai vraiment pris plaisir à voir tout ce qui se passait dans la tête de ce personnage si sanguin...et je n'ai pas été déçu !
D’ailleurs, je remarque que les scènes d'amour sont plus soft version Travis. On en apprend un peu plus sur sa famille (Ses frères seront les héros des prochains livres de l'auteure).

Les points faibles

Pour le coup, les réactions d'Abby sont très difficiles à comprendre du point de Travis. C'est un choix de l'auteure certainement mais ça à modifier ma perception de l'héroïne et pas forcément dans le bon sens.

La fin. C'est intéressant de voir un épilogue avec ce couple 10 ans plus tard mais je ne l'ai pas trouvé très crédible ! Je n'en dirai pas plus à vous de vous faire un avis...
Retrouver Maddox :  
un plaisir à déguster !






Je la serrai un peu plus fort contre moi.
— Je ne suis pas assez bien pour toi, Poulette. Ça veut pas dire que je te fais pas confiance, c’est juste que je me prépare en permanence à ce qui finira par arriver.
— Ne dis pas ça. Quand nous sommes tous les deux, tu es parfait. Nous sommes heureux. Mais tu laisses systématiquement le moindre petit incident venir tout remettre en question. Je ne m’attends pas à ce que tu changes du tout au tout, seulement tu vas devoir choisir tes combats. Tu ne peux pas mettre ton poing dans la figure de tous ceux qui me regardent.
Je hochai la tête, conscient qu’elle avait raison.
— Je… je ferai tout ce que tu voudras. Mais… dis-moi que tu m’aimes.
Je savais que j’étais ridicule, mais cela n’avait plus d’importance.
— Tu le sais.
— J’ai besoin de te l’entendre dire.
— Je t’aime.
Elle effleura mes lèvres avec les siennes, puis s’écarta pour ajouter :
— Maintenant, arrête de te comporter comme un gamin.
Elle m’embrassa, et je sentis mon cœur se calmer, et chaque muscle de mon corps se détendre. J’avais besoin d’elle à un point que cela me terrifiait. J’avais du mal à concevoir que l’amour soit ainsi pour tout le monde. Un truc pareil, ça condamnait les mecs à la folie dès qu’ils devenaient assez grands pour s’intéresser aux filles.
Mais peut-être que c’était juste moi. Peut-être que c’était juste elle et moi. Peut-être qu’ensemble, nous formions cette entité instable qui pouvait à tout instant imploser, ou fusionner. Dans un cas comme dans l’autre, j’avais le sentiment que ma vie avait été bouleversée dès l’instant où je l’avais rencontrée. Et j’étais certain d’une chose : je n’aurais changé ma vie pour rien au monde.




L'extrait :
— Travis Maddox, vous êtes plutôt sexy quand vous jouez pas les enfoirés, souffla-t-elle avec une diction d’ivrogne ridicule.
— Heu… merci, dis-je en ajustant mes bras autour de sa taille pour ne pas qu’elle glisse.
Elle posa une main sur ma joue.
— Vous savez quoi, monsieur Maddox ?
— Quoi, ma belle ?
Elle sembla sérieuse, tout à coup.
— Dans une autre vie, j’aurais pu t’aimer.
Je la regardai longuement. Ses yeux étaient vitreux, elle était ivre, mais l’espace d’un instant, faire comme si elle disait vrai ne me parut pas si insensé.
— Je pourrais t’aimer dans celle-ci.


           



L'extrait :
— Dis donc, t’es toujours aussi soupe au lait, ou est-ce que ça s’arrangera quand t’auras compris que je ne cherche pas à me glisser dans ta petite culotte ?
— Je ne suis pas soupe au lait.
Alors je me penchai pour lui murmurer :
— Je ne veux pas coucher avec toi, Poulette. Tu me plais trop.
L'extrait :
Je la raccompagnai jusqu’à sa porte, elle sortit ses clés, resta tête baissée. Incapable d’attendre plus longtemps, je lui pris doucement le menton et lui relevai la tête, attendant patiemment que son regard croise le mien.
— Est-ce qu’il t’a embrassée ? demandai-je en posant mon pouce sur sa lèvre si douce.
Elle s’écarta.
— Tu sais vraiment t’y prendre pour bousiller une soirée formidable, toi, hein ?
— Tu as trouvé ça formidable, alors ? Ça veut dire que tu as passé un bon moment ?
— Je passe toujours de bons moments avec toi.
Ce fut à mon tour de baisser la tête. Malgré moi, je sentis que je fronçais les sourcils.
— Est-ce qu’il t’a embrassée ?
— Oui, soupira-t-elle, agacée.
Je fermai les yeux, conscient que la question que j’allais poser ensuite pouvait provoquer un désastre.
— Et c’est tout ?
Elle ouvrit la porte d’un mouvement brusque.
— Ça, ça ne te regarde pas !
Je la refermai et me mis en travers de son chemin.
— J’ai besoin de savoir.
— Non, tu n’as rien besoin de savoir ! Laisse-moi passer ! dit-elle en me donnant un coup de coude pour tenter de m’écarter.
— Poulette…
— Maintenant que je ne suis plus vierge, tu penses que je vais m’envoyer en l’air avec n’importe qui ? Merci !
— Mais j’ai pas dit ça, merde ! C’est trop demander, un peu de tranquillité d’esprit ?
— Et en quoi cela te tranquilliserait-il de savoir si je couche ou non avec Parker ?
— Tu sais très bien pourquoi, enfin ! C’est évident pour tout le monde sauf pour toi !
— Ben c’est que je dois être la dernière des connes, alors. De mieux en mieux, Trav, dit-elle en tentant de poser la main sur la poignée.
Je la saisis par les épaules. Elle recommençait, elle me refaisait le coup de la bulle. Si je voulais abattre mes cartes, c’était maintenant.
— Ce que je ressens pour toi… c’est fou.
— Fou, oui, je pense que c’est le mot, rétorqua-t-elle en se dégageant.
— J’ai pas arrêté de repenser à tout ça ce soir, sur la moto, alors maintenant, tu vas m’écouter.
— Travis…
— Je sais qu’on est mal barrés, d’accord ? Je suis impulsif, je pars en vrille sans prévenir, et je t’ai dans la peau comme jamais personne auparavant. Tu agis comme si tu me détestais, et l’instant d’après, tu as besoin de moi. Je ne fais jamais ce qu’il faut quand il faut, et je ne te mérite pas… mais putain, je t’aime, Abby. Je t’aime plus que j’aie jamais aimé qui que ce soit ou quoi que ce soit. Quand tu es près de moi, je n’ai plus besoin d’alcool, ni d’argent, ni de combats, ni de baise facile. Je n’ai plus besoin que de toi. Je ne pense qu’à toi, je ne rêve que de toi. Je ne veux que toi.
Quelques secondes s’écoulèrent sans qu’elle dise rien. Les yeux grands ouverts, elle semblait sous le choc, tentant d’analyser tout ce que je venais de dire. Elle battit plusieurs fois des paupières.
Je pris son visage entre mes mains et la regardai dans les yeux.
— Est-ce que tu as couché avec lui ?
Les yeux d’Abby brillèrent, et elle fit non de la tête. Sans plus réfléchir, je plaquai mes lèvres sur les siennes, glissai ma langue dans sa bouche. Elle ne me repoussa pas, au contraire. Sa langue vint à la rencontre de la mienne, et Abby agrippa mon tee-shirt pour m’attirer plus près d’elle. Un grognement de plaisir involontaire s’échappa de ma gorge, je la serrai dans mes bras.
Une fois certain d’avoir eu ma réponse, je m’écartai, à bout de souffle.
— Appelle Parker. Dis-lui que tu ne veux plus le voir. Dis-lui que tu es avec moi.
Elle ferma les yeux.
— Je ne peux pas être avec toi, Travis.
— Mais pourquoi, bordel ?
Abby secoua la tête. Elle avait déjà montré des millions de fois à quel point elle pouvait être imprévisible, mais la façon dont elle m’avait embrassé à l’instant avait sous-entendu beaucoup plus qu’une simple amitié, et exprimé bien d’autres choses que de la compassion. Je ne pouvais en tirer qu’une conclusion.
— Incroyable ! La seule fille que je désire ne veut pas de moi !
Elle hésita avant de parler.
— Quand America et moi sommes venues nous installer ici, l’objectif était de prendre un nouveau cap. En tout cas, d’en changer. Les bagarres, le jeu, l’alcool… voilà tout ce que j’ai laissé derrière moi. Quand je suis à tes côtés… je retrouve tout ça, dans un paquet cadeau tatoué et irrésistible. Je n’ai pas fait tout ce chemin pour revivre le même cauchemar.
— Je sais que tu mérites mieux que moi. Tu crois que je n’en suis pas conscient ? Mais si une femme a été faite pour moi un jour… c’est toi. Je ferai ce qu’il faudra, Poulette. Tu m’entends ? Je suis prêt à tout.
Elle se détourna, mais je refusai de céder. Elle s’exprimait enfin, et si je la laissais partir, nous n’aurions peut-être plus jamais l’occasion de parler ainsi. Je maintins la porte fermée d’une main.
— J’arrêterai les combats à la seconde où j’aurai mon diplôme. Je ne boirai plus une goutte d’alcool. Le « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », je le réaliserai pour toi, Poulette. Si tu crois en moi, j’en serai capable.
— Je ne veux pas que tu changes.
— Alors dis-moi ce qu’il faut que je fasse. Dis-moi, et je le ferai.


L'extrait :

— Arrête… Personne n’a envie de ça. Tout ce qui les intéresse, c’est de savoir pourquoi tu as jeté ton dévolu sur moi. Et puis je plains ceux qui pensent avoir une chance avec moi. Je suis absolument et définitivement amoureuse de toi.
— Tu sais pourquoi c’est toi que je veux ? J’ignorais que j’étais perdu jusqu’à ce que tu me trouves. J’ignorais que j’étais seul avant la première nuit que nous avons passée tous les deux dans mon lit. Avec toi, j’ai tout juste. Tu es celle que j’attendais, Poulette.
L'extrait :
J’imaginais combien elle devait être furax, mais même si mon dos m’élançait après avoir servi de punching-ball pendant ces vingt dernières minutes, la savoir dans l’appart était un vrai soulagement.
— Je t’interdis de me dire ce que je dois faire ! Je ne suis pas à toi, Travis !
Ses paroles firent germer une colère sourde en moi. Je pivotai, revins vers elle, posai les mains sur le lit et la regardai bien en face.
— MAIS MOI, JE T’APPARTIENS ! hurlai-je avec une telle puissance que je sentis le sang me monter au visage.
Abby me regarda elle aussi, refusant de battre ne serait-ce qu’un seul cil. Haletant, je restai en arrêt sur ses lèvres.
— Je t’appartiens, répétai-je, dans un murmure cette fois, ma colère s’effaçant pour laisser le désir l’emporter.
Abby leva les mains, mais au lieu de me gifler, elle prit mon visage et attira ma bouche sur la sienne. Sans hésiter, je la pris dans mes bras et la portai jusqu’à ma chambre. Je me laissai tomber sur le lit sans la lâcher.
Abby attrapa mes vêtements, impatiente de me les retirer. Je défis sa robe d’un mouvement leste, puis elle l’ôta et la jeta sur le sol. Nos regards se trouvèrent, je l’embrassai, et poussai un gémissement quand elle m’embrassa en retour.
Avant que j’aie eu le temps d’y réfléchir, nous étions nus tous les deux. Abby agrippa mes fesses, essaya de m’attirer en elle, mais je résistai, l’adrénaline annihilant les effets du whisky et de la bière. Je retrouvais mes esprits, et ne pouvais m’empêcher de penser aux conséquences définitives de ce que nous étions en train de faire. Je m’étais comporté comme un connard, et je l’avais mise en colère, mais avant toute autre chose, je ne voulais pas qu’Abby puisse un jour penser que j’avais profité de ce moment d’égarement.
— On est tous les deux ivres, dis-je d’une voix rauque.
— S’il te plaît.
Ses cuisses enserrèrent mes hanches, et je la sentis frémir d’impatience.
— Ce n’est pas comme ça que ça marche.
Luttant contre le brouillard de l’alcool qui me soufflait que les prochaines heures avec elle valaient le coup quoi qu’il arrive ensuite, je posai mon front contre le sien. Je crevais d’envie de faire l’amour avec elle, mais je redoutais tout autant le lendemain, et la honte que ressentirait Abby. Si elle souhaitait vraiment aller jusqu’au bout ce soir, j’avais besoin qu’elle m’en donne la preuve.
— J’ai envie de toi, murmura-t-elle contre ma bouche.
— J’ai besoin que tu me le dises.
— Je te dirai tout ce que tu voudras.
— Alors dis-moi que tu m’appartiens. Dis que tu veux bien à nouveau de moi. Je ne ferai rien si nous ne sommes pas ensemble.
— Nous n’avons jamais vraiment été séparés, si ?
Je secouai la tête, caressai ses lèvres du bout des miennes. Cela ne me suffisait pas.
— J’ai besoin de te l’entendre dire. J’ai besoin de savoir que tu es à moi.
— J’ai été à toi à la seconde où nous nous sommes rencontrés, dit-elle d’un ton suppliant.
Je la regardai dans les yeux un long moment, puis sentis un demi-sourire se dessiner sur mes lèvres, espérant qu’elle disait vrai, et ne se laissait pas emporter par les circonstances. Je me penchai et l’embrassai tendrement, et elle m’attira doucement en elle. J’eus littéralement le sentiment de fondre.
— Dis-le encore.
Quelque part, j’avais du mal à croire que cela arrivait.
— Je suis à toi, souffla-t-elle. Je ne veux plus jamais être séparée de toi.
— Promets-le-moi, dis-je en me glissant plus loin en elle.
— Je t’aime. Je t’aime à jamais.
Elle avait parlé en me regardant droit dans les yeux, et j’eus alors la certitude qu’elle ne me faisait pas une promesse vide de sens.
Je plaquai ma bouche sur la sienne, les mouvements de nos corps s’accélérèrent. Plus rien n’avait besoin d’être dit, et pour la première fois depuis plusieurs mois mon univers retrouvait son équilibre. Abby se cambra, noua ses jambes autour de ma taille. Je goûtais chaque parcelle de sa peau, comme un affamé. Ce que j’étais, quelque part. Une heure passa, puis une autre. Et même l’épuisement venant, je continuai, craignant, si je m’arrêtais, de me réveiller et de découvrir que tout cela n’était qu’un rêve.

L'extrait :
C’est alors qu’à quelques mètres de là apparut une silhouette solitaire qui se dirigeait vers la cafétéria. Abby.
Elle avait remonté ses cheveux en chignon, et quand elle fut plus près, je remarquai qu’elle n’était pas maquillée. Elle marchait bras croisés, n’avait pas mis de manteau, juste un épais cardigan.
— Poulette ? dis-je en sortant de l’obscurité.
Abby sursauta, s’arrêta, puis sembla se détendre en voyant que c’était moi.
— Merde, Travis ! Tu m’as fait peur !
— Si tu répondais au téléphone quand je t’appelle, je ne serais pas obligé de me cacher dans la pénombre.
— T’as une de ces têtes…
— J’ai eu une semaine difficile.
Elle serra les bras autour d’elle, et je dus me retenir de la prendre contre moi pour la réchauffer.
Elle soupira.
— Heu… en fait, j’allais manger, là. Je t’appelle plus tard, d’accord ?
— Non. Il faut qu’on parle.
— Trav…
— J’ai dit non à Benny. Je l’ai appelé mercredi et j’ai refusé.
J’espérais un sourire, ou au moins un signe d’approbation. Elle resta impassible.
— Je ne sais pas quoi te dire, Travis.
— Dis juste que tu me pardonnes. Que tu veux bien de moi à nouveau.
— Je ne peux pas.
Je me décomposai. Elle voulut me contourner. Instinctivement, je me mis en travers de sa route. Si elle partait, là, je la perdais.
— Je ne mange plus. Je ne dors plus. Je suis incapable de me concentrer sur quoi que ce soit. Je sais que tu m’aimes. Tout sera comme avant, si tu acceptes de recommencer.
Elle ferma les yeux.
— Toi et moi… ça ne peut pas fonctionner, Travis. Plus que toute autre chose, tu es obsédé par l’idée de me posséder.
— C’est faux. Je t’aime plus que ma vie, Poulette.
— Voilà où je veux en venir. Tes propos n’ont pas de sens.
— Mais si, ils en ont un. C’est la vérité.
— D’accord… Alors dans quel ordre tu classes les choses, exactement ? Il y a d’abord l’argent, ensuite moi, ensuite ta vie ? À moins qu’il n’y ait quelque chose avant l’argent ?
— Écoute, je me rends bien compte que j’ai fait une connerie. Je comprends ton point de vue. Mais si j’avais su que tu me quitterais, jamais je n’aurais… je voulais juste pouvoir prendre soin de toi.
— Tu l’as déjà dit.
— Je t’en prie, ne fais pas ça. Je ne le supporte pas… ça fait trop mal ! lâchai-je, au bord de la panique.
La bulle dans laquelle Abby se retranchait quand nous n’étions qu’amis était de retour, plus épaisse que jamais. Elle n’écoutait pas. Je n’arrivais pas à l’atteindre.
— C’est fini, Travis.
— Ne dis pas ça…
— Si. C’est terminé. Rentre chez toi.
— Mais c’est toi, chez moi.
Abby se tut, et l’espace d’un instant je crus que j’avais réussi à percer la bulle, mais son regard devint flou, soudain, et la bulle reparut.
— Tu as fait ton choix, Travis, et j’ai fait le mien.
— Je n’irai pas à Las Vegas, je ne reverrai pas Benny… Je compte finir mes études. Mais j’ai besoin de toi. Vraiment besoin. Tu es ma meilleure amie.
Pour la première fois depuis mon enfance, des larmes me brûlèrent les yeux et roulèrent sur mes joues. Incapable de me retenir, je pris Abby dans mes bras et posai mes lèvres sur les siennes. Sa bouche était froide, raide, alors je pris son visage entre mes mains et je l’embrassai plus fort, dans l’espoir d’obtenir une réaction.
— Embrasse-moi, suppliai-je.
Les lèvres d’Abby restaient fermes, mais son corps était inerte. Si je l’avais lâchée, elle serait tombée.
— Embrasse-moi ! S’il te plaît, Poulette. Je lui ai dit non !
Elle me repoussa.
— Laisse-moi tranquille, Travis !
Elle voulut s’éloigner, mais je l’attrapai par le poignet. Bras tendu, elle s’arrêta, mais ne se retourna pas. Je tombai à genoux.
— Je t’en supplie, Abby. Ne fais pas ça.
Elle regarda par-dessus son épaule. Ses yeux descendirent sur son bras, puis sur le mien. Elle s’arrêta sur le tatouage de son nom, à mon poignet. Et se détourna vers la cafétéria.
— Laisse-moi, Travis.
Ce fut pire qu’un coup de poing en plein ventre. Tout espoir de renouement évanoui, j’ouvris la main, laissai glisser ses doigts.