Éditeur :
J'ai Lu
Sortie :
15
octobre 2014
477
pages
|
Travis
Maddox
a
appris deux choses de sa mère avant que celle-ci ne meure : Aimer
ardemment. Se battre encore plus fort.
La vie de Travis est remplie de coups d'un soir, de combats hasardeux et de violence. Mais alors qu'il se croyait invincible, Abby Abernathy réussira à le mettre à genoux.
Une histoire a toujours deux faces. Dans Beautiful Disaster, Abby a eu sa voix. Désormais, il est temps de la découvrir à travers les yeux de Travis.
La vie de Travis est remplie de coups d'un soir, de combats hasardeux et de violence. Mais alors qu'il se croyait invincible, Abby Abernathy réussira à le mettre à genoux.
Une histoire a toujours deux faces. Dans Beautiful Disaster, Abby a eu sa voix. Désormais, il est temps de la découvrir à travers les yeux de Travis.
Diplômée
de radiographie, Jamie McGuire vit dans l'Oklahoma avec son mari et
ses trois enfants. D'abord autoédité, son précédent roman
Beautiful Disaster est rapidement devenu un best-seller mondial,
lauréat du prix Book Expo America 2012 dans la catégorie Meilleure
romance.
Toujours
aussi bon !
Quel
plaisir de retrouver ce couple chaud bouillant...
Les
points forts
L'histoire
est vu du point de vue du héros. Il s'agit de la même histoire mais
narrée par Travis. Au début, je ne voyais pas trop l'intérêt
puisque je la connaissais déjà mais au final c'est une expérience
vraiment sympathique et on a l'impression d'une tout autre histoire
et pas l'impression de déjà-vu que je craignais. Au contraire, j'ai
vraiment pris plaisir à voir tout ce qui se passait dans la tête de
ce personnage si sanguin...et je n'ai pas été déçu !
D’ailleurs,
je remarque que les scènes d'amour sont plus soft version Travis. On
en apprend un peu plus sur sa famille (Ses frères seront les héros
des prochains livres de l'auteure).
Les
points faibles
Pour
le coup, les réactions d'Abby sont très difficiles à comprendre du
point de Travis. C'est un choix de l'auteure certainement
mais ça à modifier ma perception de l'héroïne et pas forcément
dans le bon sens.
La
fin. C'est intéressant de voir un épilogue avec ce
couple 10 ans plus tard mais je ne l'ai pas trouvé très crédible !
Je n'en dirai pas plus à vous de vous faire un avis...
Retrouver
Maddox :
un
plaisir à déguster !
Je
la serrai un peu plus fort contre moi.
— Je
ne suis pas assez bien pour toi, Poulette. Ça veut pas dire que je
te fais pas confiance, c’est juste que je me prépare en permanence
à ce qui finira par arriver.
— Ne
dis pas ça. Quand nous sommes tous les deux, tu es parfait. Nous
sommes heureux. Mais tu laisses systématiquement le moindre petit
incident venir tout remettre en question. Je ne m’attends pas à ce
que tu changes du tout au tout, seulement tu vas devoir choisir tes
combats. Tu ne peux pas mettre ton poing dans la figure de tous ceux
qui me regardent.
Je
hochai la tête, conscient qu’elle avait raison.
— Je…
je ferai tout ce que tu voudras. Mais… dis-moi que tu m’aimes.
Je
savais que j’étais ridicule, mais cela n’avait plus
d’importance.
— Tu
le sais.
— J’ai
besoin de te l’entendre dire.
— Je
t’aime.
Elle
effleura mes lèvres avec les siennes, puis s’écarta pour
ajouter :
— Maintenant,
arrête de te comporter comme un gamin.
Elle
m’embrassa, et je sentis mon cœur se calmer, et chaque muscle de
mon corps se détendre. J’avais besoin d’elle à un point que
cela me terrifiait. J’avais du mal à concevoir que l’amour soit
ainsi pour tout le monde. Un truc pareil, ça condamnait les mecs à
la folie dès qu’ils devenaient assez grands pour s’intéresser
aux filles.
Mais
peut-être que c’était juste moi. Peut-être que c’était juste
elle et moi. Peut-être qu’ensemble, nous formions cette entité
instable qui pouvait à tout instant imploser, ou fusionner. Dans un
cas comme dans l’autre, j’avais le sentiment que ma vie avait été
bouleversée dès l’instant où je l’avais rencontrée. Et
j’étais certain d’une chose : je n’aurais changé ma vie
pour rien au monde.
— Travis
Maddox, vous êtes plutôt sexy quand vous jouez pas les enfoirés,
souffla-t-elle avec une diction d’ivrogne ridicule.
— Heu…
merci, dis-je en ajustant mes bras autour de sa taille pour ne pas
qu’elle glisse.
Elle
posa une main sur ma joue.
— Vous
savez quoi, monsieur Maddox ?
— Quoi,
ma belle ?
Elle
sembla sérieuse, tout à coup.
— Dans
une autre vie, j’aurais pu t’aimer.
Je
la regardai longuement. Ses yeux étaient vitreux, elle était ivre,
mais l’espace d’un instant, faire comme si elle disait vrai ne me
parut pas si insensé.
— Je
pourrais t’aimer dans celle-ci.
L'extrait :
— Dis
donc, t’es toujours aussi soupe au lait, ou est-ce que ça
s’arrangera quand t’auras compris que je ne cherche pas à me
glisser dans ta petite culotte ?
— Je
ne suis pas soupe au lait.
Alors
je me penchai pour lui murmurer :
— Je
ne veux pas coucher avec toi, Poulette. Tu me plais trop.
L'extrait :
Je
la raccompagnai jusqu’à sa porte, elle
sortit ses clés, resta tête baissée. Incapable d’attendre plus
longtemps, je lui pris doucement le menton et lui relevai la tête,
attendant patiemment que son regard croise le mien.
— Est-ce
qu’il t’a embrassée ? demandai-je en posant mon pouce sur
sa lèvre si douce.
Elle
s’écarta.
— Tu
sais vraiment t’y prendre pour bousiller une soirée formidable,
toi, hein ?
— Tu
as trouvé ça formidable, alors ? Ça veut dire que tu as passé
un bon moment ?
— Je
passe toujours de bons moments avec toi.
Ce
fut à mon tour de baisser la tête. Malgré moi, je sentis que je
fronçais les sourcils.
— Est-ce
qu’il t’a embrassée ?
— Oui,
soupira-t-elle, agacée.
Je
fermai les yeux, conscient que la question que j’allais poser
ensuite pouvait provoquer un désastre.
— Et
c’est tout ?
Elle
ouvrit la porte d’un mouvement brusque.
— Ça,
ça ne te regarde pas !
Je
la refermai et me mis en travers de son chemin.
— J’ai
besoin de savoir.
— Non,
tu n’as rien besoin de savoir ! Laisse-moi passer !
dit-elle en me donnant un coup de coude pour tenter de m’écarter.
— Poulette…
— Maintenant
que je ne suis plus vierge, tu penses que je vais m’envoyer en
l’air avec n’importe qui ? Merci !
— Mais
j’ai pas dit ça, merde ! C’est trop demander, un peu de
tranquillité d’esprit ?
— Et
en quoi cela te tranquilliserait-il de savoir si je couche ou non
avec Parker ?
— Tu
sais très bien pourquoi, enfin ! C’est évident pour tout le
monde sauf pour toi !
— Ben
c’est que je dois être la dernière des connes, alors. De mieux en
mieux, Trav, dit-elle en tentant de poser la main sur la poignée.
Je
la saisis par les épaules. Elle recommençait, elle me refaisait le
coup de la bulle. Si je voulais abattre mes cartes, c’était
maintenant.
— Ce
que je ressens pour toi… c’est fou.
— Fou,
oui, je pense que c’est le mot, rétorqua-t-elle en se dégageant.
— J’ai
pas arrêté de repenser à tout ça ce soir, sur la moto, alors
maintenant, tu vas m’écouter.
— Travis…
— Je
sais qu’on est mal barrés, d’accord ? Je suis impulsif, je
pars en vrille sans prévenir, et je t’ai dans la peau comme jamais
personne auparavant. Tu agis comme si tu me détestais, et l’instant
d’après, tu as besoin de moi. Je ne fais jamais ce qu’il faut
quand il faut, et je ne te mérite pas… mais putain, je
t’aime, Abby. Je t’aime plus que j’aie jamais aimé qui que ce
soit ou quoi que ce soit. Quand tu es près de moi, je n’ai plus
besoin d’alcool, ni d’argent, ni de combats, ni de baise facile.
Je n’ai plus besoin que de toi. Je ne pense qu’à toi, je ne rêve
que de toi. Je ne veux que toi.
Quelques
secondes s’écoulèrent sans qu’elle dise rien. Les yeux grands
ouverts, elle semblait sous le choc, tentant d’analyser tout ce que
je venais de dire. Elle battit plusieurs fois des paupières.
Je
pris son visage entre mes mains et la regardai dans les yeux.
— Est-ce
que tu as couché avec lui ?
Les
yeux d’Abby brillèrent, et elle fit non de la tête. Sans plus
réfléchir, je plaquai mes lèvres sur les siennes, glissai ma
langue dans sa bouche. Elle ne me repoussa pas, au contraire. Sa
langue vint à la rencontre de la mienne, et Abby agrippa mon
tee-shirt pour m’attirer plus près d’elle. Un grognement de
plaisir involontaire s’échappa de ma gorge, je la serrai dans mes
bras.
Une
fois certain d’avoir eu ma réponse, je m’écartai, à bout de
souffle.
— Appelle
Parker. Dis-lui que tu ne veux plus le voir. Dis-lui que tu es avec
moi.
Elle
ferma les yeux.
— Je
ne peux pas être avec toi, Travis.
— Mais
pourquoi, bordel ?
Abby
secoua la tête. Elle avait déjà montré des millions de fois à
quel point elle pouvait être imprévisible, mais la façon dont elle
m’avait embrassé à l’instant avait sous-entendu beaucoup plus
qu’une simple amitié, et exprimé bien d’autres choses que de la
compassion. Je ne pouvais en tirer qu’une conclusion.
— Incroyable !
La seule fille que je désire ne veut pas de moi !
Elle
hésita avant de parler.
— Quand
America et moi sommes venues nous installer ici, l’objectif était
de prendre un nouveau cap. En tout cas, d’en changer. Les bagarres,
le jeu, l’alcool… voilà tout ce que j’ai laissé derrière
moi. Quand je suis à tes côtés… je retrouve tout ça, dans un
paquet cadeau tatoué et irrésistible. Je n’ai pas fait tout ce
chemin pour revivre le même cauchemar.
— Je
sais que tu mérites mieux que moi. Tu crois que je n’en suis pas
conscient ? Mais si une femme a été faite pour moi un jour…
c’est toi. Je ferai ce qu’il faudra, Poulette. Tu m’entends ?
Je suis prêt à tout.
Elle
se détourna, mais je refusai de céder. Elle s’exprimait enfin, et
si je la laissais partir, nous n’aurions peut-être plus jamais
l’occasion de parler ainsi. Je maintins la porte fermée d’une
main.
— J’arrêterai
les combats à la seconde où j’aurai mon diplôme. Je ne boirai
plus une goutte d’alcool. Le « Ils vécurent heureux et
eurent beaucoup d’enfants », je le réaliserai pour toi,
Poulette. Si tu crois en moi, j’en serai capable.
— Je
ne veux pas que tu changes.
— Alors
dis-moi ce qu’il faut que je fasse. Dis-moi, et je le ferai.
L'extrait :
— Arrête…
Personne n’a envie de ça. Tout ce qui les intéresse, c’est de
savoir pourquoi tu as jeté ton dévolu sur moi. Et puis je plains
ceux qui pensent avoir une chance avec moi. Je suis absolument et
définitivement amoureuse de toi.
— Tu
sais pourquoi c’est toi que je veux ? J’ignorais que j’étais
perdu jusqu’à ce que tu me trouves. J’ignorais que j’étais
seul avant la première nuit que nous avons passée tous les deux
dans mon lit. Avec toi, j’ai tout juste. Tu es celle que
j’attendais, Poulette.
L'extrait :
J’imaginais
combien elle devait être furax, mais même si mon dos m’élançait
après avoir servi de punching-ball pendant ces vingt dernières
minutes, la savoir dans l’appart était un vrai soulagement.
— Je
t’interdis de me dire ce que je dois faire ! Je ne suis pas à
toi, Travis !
Ses
paroles firent germer une colère sourde en moi. Je pivotai, revins
vers elle, posai les mains sur le lit et la regardai bien en face.
— MAIS
MOI, JE T’APPARTIENS ! hurlai-je avec une telle puissance que
je sentis le sang me monter au visage.
Abby
me regarda elle aussi, refusant de battre ne serait-ce qu’un seul
cil. Haletant, je restai en arrêt sur ses lèvres.
— Je
t’appartiens, répétai-je, dans un murmure cette fois, ma colère
s’effaçant pour laisser le désir l’emporter.
Abby
leva les mains, mais au lieu de me gifler, elle prit mon visage et
attira ma bouche sur la sienne. Sans hésiter, je la pris dans mes
bras et la portai jusqu’à ma chambre. Je me laissai tomber sur le
lit sans la lâcher.
Abby
attrapa mes vêtements, impatiente de me les retirer. Je défis sa
robe d’un mouvement leste, puis elle l’ôta et la jeta sur le
sol. Nos regards se trouvèrent, je l’embrassai, et poussai un
gémissement quand elle m’embrassa en retour.
Avant
que j’aie eu le temps d’y réfléchir, nous étions nus tous les
deux. Abby agrippa mes fesses, essaya de m’attirer en elle, mais je
résistai, l’adrénaline annihilant les effets du whisky et de la
bière. Je retrouvais mes esprits, et ne pouvais m’empêcher de
penser aux conséquences définitives de ce que nous étions en train
de faire. Je m’étais comporté comme un connard, et je l’avais
mise en colère, mais avant toute autre chose, je ne voulais pas
qu’Abby puisse un jour penser que j’avais profité de ce moment
d’égarement.
— On
est tous les deux ivres, dis-je d’une voix rauque.
— S’il
te plaît.
Ses
cuisses enserrèrent mes hanches, et je la sentis frémir
d’impatience.
— Ce
n’est pas comme ça que ça marche.
Luttant
contre le brouillard de l’alcool qui me soufflait que les
prochaines heures avec elle valaient le coup quoi qu’il arrive
ensuite, je posai mon front contre le sien. Je crevais d’envie de
faire l’amour avec elle, mais je redoutais tout autant le
lendemain, et la honte que ressentirait Abby. Si elle souhaitait
vraiment aller jusqu’au bout ce soir, j’avais besoin qu’elle
m’en donne la preuve.
— J’ai
envie de toi, murmura-t-elle contre ma bouche.
— J’ai
besoin que tu me le dises.
— Je
te dirai tout ce que tu voudras.
— Alors
dis-moi que tu m’appartiens. Dis que tu veux bien à nouveau de
moi. Je ne ferai rien si nous ne sommes pas ensemble.
— Nous
n’avons jamais vraiment été séparés, si ?
Je
secouai la tête, caressai ses lèvres du bout des miennes. Cela ne
me suffisait pas.
— J’ai
besoin de te l’entendre dire. J’ai besoin de savoir que tu es à
moi.
— J’ai
été à toi à la seconde où nous nous sommes rencontrés, dit-elle
d’un ton suppliant.
Je
la regardai dans les yeux un long moment, puis sentis un demi-sourire
se dessiner sur mes lèvres, espérant qu’elle disait vrai, et ne
se laissait pas emporter par les circonstances. Je me penchai et
l’embrassai tendrement, et elle m’attira doucement en elle. J’eus
littéralement le sentiment de fondre.
— Dis-le
encore.
Quelque
part, j’avais du mal à croire que cela arrivait.
— Je
suis à toi, souffla-t-elle. Je ne veux plus jamais être séparée
de toi.
— Promets-le-moi,
dis-je en me glissant plus loin en elle.
— Je
t’aime. Je t’aime à jamais.
Elle
avait parlé en me regardant droit dans les yeux, et j’eus alors la
certitude qu’elle ne me faisait pas une promesse vide de sens.
Je
plaquai ma bouche sur la sienne, les mouvements de nos corps
s’accélérèrent. Plus rien n’avait besoin d’être dit, et
pour la première fois depuis plusieurs mois mon univers retrouvait
son équilibre. Abby se cambra, noua ses jambes autour de ma taille.
Je goûtais chaque parcelle de sa peau, comme un affamé. Ce que
j’étais, quelque part. Une heure passa, puis une autre. Et
même l’épuisement venant, je continuai, craignant, si je
m’arrêtais, de me réveiller et de découvrir que tout cela
n’était qu’un rêve.
L'extrait :
C’est
alors qu’à quelques mètres de là apparut une silhouette
solitaire qui se dirigeait vers la cafétéria. Abby.
Elle
avait remonté ses cheveux en chignon, et quand elle fut plus près,
je remarquai qu’elle n’était pas maquillée. Elle marchait bras
croisés, n’avait pas mis de manteau, juste un épais cardigan.
— Poulette ?
dis-je en sortant de l’obscurité.
Abby
sursauta, s’arrêta, puis sembla se détendre en voyant que c’était
moi.
— Merde,
Travis ! Tu m’as fait peur !
— Si
tu répondais au téléphone quand je t’appelle, je ne serais pas
obligé de me cacher dans la pénombre.
— T’as
une de ces têtes…
— J’ai
eu une semaine difficile.
Elle
serra les bras autour d’elle, et je dus me retenir de la prendre
contre moi pour la réchauffer.
Elle
soupira.
— Heu…
en fait, j’allais manger, là. Je t’appelle plus tard, d’accord ?
— Non.
Il faut qu’on parle.
— Trav…
— J’ai
dit non à Benny. Je l’ai appelé mercredi et j’ai refusé.
J’espérais
un sourire, ou au moins un signe d’approbation. Elle resta
impassible.
— Je
ne sais pas quoi te dire, Travis.
— Dis
juste que tu me pardonnes. Que tu veux bien de moi à nouveau.
— Je
ne peux pas.
Je
me décomposai. Elle voulut me contourner. Instinctivement, je me mis
en travers de sa route. Si elle partait, là, je la perdais.
— Je
ne mange plus. Je ne dors plus. Je suis incapable de me concentrer
sur quoi que ce soit. Je sais que tu m’aimes. Tout sera comme
avant, si tu acceptes de recommencer.
Elle
ferma les yeux.
— Toi
et moi… ça ne peut pas fonctionner, Travis. Plus que toute autre
chose, tu es obsédé par l’idée de me posséder.
— C’est
faux. Je t’aime plus que ma vie, Poulette.
— Voilà
où je veux en venir. Tes propos n’ont pas de sens.
— Mais
si, ils en ont un. C’est la vérité.
— D’accord…
Alors dans quel ordre tu classes les choses, exactement ? Il y a
d’abord l’argent, ensuite moi, ensuite ta vie ? À moins
qu’il n’y ait quelque chose avant l’argent ?
— Écoute,
je me rends bien compte que j’ai fait une connerie. Je comprends
ton point de vue. Mais si j’avais su que tu me quitterais,
jamais je n’aurais… je voulais juste pouvoir prendre soin de toi.
— Tu
l’as déjà dit.
— Je
t’en prie, ne fais pas ça. Je ne le supporte pas… ça fait trop
mal ! lâchai-je, au bord de la panique.
La
bulle dans laquelle Abby se retranchait quand nous n’étions
qu’amis était de retour, plus épaisse que jamais. Elle n’écoutait
pas. Je n’arrivais pas à l’atteindre.
— C’est
fini, Travis.
— Ne
dis pas ça…
— Si.
C’est terminé.
Rentre chez toi.
— Mais
c’est toi,
chez moi.
Abby
se tut, et l’espace d’un instant je crus que j’avais réussi à
percer la bulle, mais son regard devint flou, soudain, et la bulle
reparut.
— Tu
as fait ton choix, Travis, et j’ai fait le mien.
— Je
n’irai pas à Las Vegas, je ne reverrai pas Benny… Je compte
finir mes études. Mais j’ai besoin de toi. Vraiment besoin.
Tu es ma meilleure amie.
Pour
la première fois depuis mon enfance, des larmes me brûlèrent les
yeux et roulèrent sur mes joues. Incapable de me retenir, je pris
Abby dans mes bras et posai mes lèvres sur les siennes. Sa bouche
était froide, raide, alors je pris son visage entre mes mains et je
l’embrassai plus fort, dans l’espoir d’obtenir une réaction.
— Embrasse-moi,
suppliai-je.
Les
lèvres d’Abby restaient fermes, mais son corps était inerte. Si
je l’avais lâchée, elle serait tombée.
— Embrasse-moi !
S’il te plaît, Poulette. Je lui ai dit non !
Elle
me repoussa.
— Laisse-moi
tranquille, Travis !
Elle
voulut s’éloigner, mais je l’attrapai par le poignet. Bras
tendu, elle s’arrêta, mais ne se retourna pas. Je tombai à
genoux.
— Je
t’en supplie, Abby. Ne fais pas ça.
Elle
regarda par-dessus son épaule. Ses yeux descendirent sur son bras,
puis sur le mien. Elle s’arrêta sur le tatouage de son nom, à mon
poignet. Et se détourna vers la cafétéria.
— Laisse-moi,
Travis.
Ce
fut pire qu’un coup de poing en plein ventre. Tout espoir de
renouement évanoui, j’ouvris la main, laissai glisser ses doigts.