Éditeur :
SEGUIER
Sortie :
2 juin
2016
200
pages
|
Qui,
en voyant les comics sentimentaux des années 1950-1960, ne serait
pas tenté de jouer un mauvais tour à ces jeunes gens lisses et bien
coiffés ? Gabriela Manzoni est passée maître dans l'art du
doublage malveillant : chaque case de bande dessinée est un plan
qu'elle s'amuse, tel un réalisateur lucide et désenchanté, à «
re-tourner » en remplaçant les textes mièvres et bien-pensants par
des reparties cinglantes. Au programme : humour noir, cruauté, et
cynisme haut de gamme. Gabriela recycle également les aphorismes de
certains auteurs moralistes ou des plus célèbres pessimistes,
qu'elle connaît sur le bout de ses doigts. Ce livre rassemble près
de 200 cases de comics « retournées » qui raviront tous les
lecteurs amateurs de Dada, Cioran et Guy Debord compris. Alors
n'hésitez plus : faites du mauvais esprit... et du bon !
Née
une dizaine d'années avant la fin du siècle dernier dans le
sud-ouest de la France, Gabriela Manzoni a suivi au lycée une
formation d'arts appliqués, puis, bachelière, a opté pour des
études supérieures de lettres. Diplômée et volontairement sans
emploi, elle passe son temps scandaleusement libre à faire de
mauvaises lectures et de bonnes rencontres.
Source :http://www.editions-seguier.fr/
Lecture
finie
Je
me suis régalée avec ce petit bijou d'humour insolent.
Il
est difficile de vous parler de ce livre sans vous montrer une
vignette. Si c'était le cas, vous verriez à quel jeu irrévérencieux
l'auteure s'est livrée.
Cela
donne ça :
J'adore
ces comics qui représentent une partie de cette culture américaine
des années 50. L' esthétique vintage me plaît énormément. Il est
vrai que c'est un genre très codifié où l'originalité n'a pas
vraiment sa place. Quel plaisir de voir donc ce retournement, ce
détournement de l’œuvre originale. Il n'y a de parodie. Il y a
véritablement un retournement de l'image d'origine. Elle est support
inspirant...
Ce
n'est pas un livre qu'on lit d'une traite. C'est comme une anthologie
de réflexions comiques, philosophiques, désabusées, politiques...à
lire assurément au second degrés. Tout le monde y trouvera son
compte.
Ainsi
une bulle avec un gros plan d'un couple en voiture. La femme nous
fait part de sa réflexion quant à son compagnon :
« Son
amour de la vie me fait penser à l'érection de l'homme que l'on
pend... ».
Il
y a énormément d'humour dans le livre. Il vient souvent du décalage
entre la légèreté du dessin et la gravité du message véhiculé.
Ainsi, on a une pin up en tenue légère qui se maquille. Devant son
miroir, elle a cette réflexion :
« Linda
veut en finir...que lui dire ? L'ennui avec le suicide, c'est
qu'on ne peut ni le conseiller ni le déconseiller... »
Il
y a énormément de politiquement incorrect. Ça peut faire grincer
des dents ou provoquer des fous rires. Pour moi, il s'agit de la
deuxième option.
J'ai
donc beaucoup aimé l'exercice de style auquel s'est livré Gabriela
Manzoni.
Seul
bémol, je trouve le livre cher pour le format proposé. Il s'agit
d'un livre de poche dont le coût avoisine les 13 euros.
Hormis
cela, j'ai beaucoup aimé le concept qui peut se prêter à d'autres
types de comics. Les références m'ont plu même s'il faut avouer
que les comics retournés que j'ai préféré sont les plus légrs.
Bref,
si vous aimez les comics des années 50.
Si
vous aimez les détournements.
Ne
passez pas à côté de ce livre
qui
réussit admirablement l'exercice.