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samedi 3 décembre 2016

Nuances de gris de Brooke McKinley



Miller Sutton, un agent du FBI très à cheval sur le règlement, commence à voir quelques nuances troublantes de gris dans son monde en noir et blanc...


Miller Sutton, un agent du FBI très à cheval sur le règlement, commence à voir quelques nuances troublantes de gris dans son monde en noir et blanc. Il se retrouve face à face avec ses doutes en la personne de Danny Butler, un trafiquant de drogue de niveau moyen que Miller espère utiliser afin d’attraper un beaucoup plus gros poisson : Roberto Hinestroza, un baron de la drogue que Miller poursuit depuis des années.
Danny n’a aucun intérêt à témoigner contre son patron, que ce soit à cause d’un sentiment tordu de loyauté ou parce qu’il sait que doubler Hinestroza est signe d'une condamnation à mort. Mais il accepte à contrecœur de coopérer, et comme il le soupçonnait, il ne faut pas longtemps à Hinestroza pour comprendre sa trahison.
Miller est surpris de découvrir que Danny n’est pas le voyou à la carrière criminelle auquel il s’attendait ; dans le même temps, Danny se retrouve irrésistiblement attiré par la bonté innée de Miller. Ils commencent à peine à explorer l’attirance entre eux lorsque le tueur à gages de Hinestroza les traque, et ils se retrouvent en fuite pour sauver à la fois leur vie et leur amour, de quelque nature qu’il soit.


Ça va encore, fit remarquer Sutton en rejetant la tête en arrière.
La légère brise vit voleter les mèches blondes de son front. Son visage se détendit pendant une fraction de seconde, offrant à Danny un aperçu de l’homme caché derrière l’insigne. Danny se surprit à constater que c’était un visage qu’il aurait pris plaisir à connaître mieux, si les circonstances avaient été différentes.
Oui, des circonstances qui n’impliqueraient pas que Sutton soit prêt à vendre ton cul pour lui permettre d’approcher Hinestroza.
Sutton tourna la tête pour regarder Danny.
— Je vais chercher la voiture pour que tu n’aies pas à marcher.
C’était la première fois de toute la nuit qu’il donnait l’impression que la blessure de Danny lui importait un peu.
Miller abandonna Danny assis sur la balustrade de pierre à l’extérieur du poste de police. Il ne s’inquiétait pas d’une éventuelle fuite. Il n’y avait nulle part où Danny pourrait aller qu’il ne pourrait pas trouver. Les bruits de ses pas claquaient bruyamment sur le trottoir désert, écrasant sur son passage les feuilles tombées des arbres. Il pouvait sentir l’odeur âcre de la fumée, quelqu’un dans une maison non loin semblait impatient de voir l’hiver arriver. Quelques lanternes de guingois le lorgnaient depuis des porches déserts.
Il conduisit la Crown Victoria bleu foncé jusqu’à l’avant du poste de police, fouillant dans la boîte à gants à la recherche de quelques cigarettes pendant que Danny descendait les marches en boitillant, son visage affichant une grimace tordue. Miller se pencha et ouvrit la porte côté passager.
Il n’était pas d’humeur pour tout ça. C’était peut-être la police locale qui avait livré Danny Butler sur le pas de sa porte, mais il ne se sentait pas particulièrement reconnaissant. Il n’avait pas risqué son cul pendant toutes ces années pour finir par devoir jouer les infirmières. Ça aurait dû être le boulot d’un de ces patrouilleurs mangeurs de donuts.
— Je peux monter derrière ? demanda Danny en se penchant.
— Si tu veux.
Miller haussa les épaules et referma la porte.
Danny grimpa à l’arrière de la voiture en étirant ses longues jambes sur le siège.
— Je ne sais pas si je peux tenir droit, expliqua-t-il, en se penchant en arrière contre la porte. Bon sang, est-ce que tous les flics conduisent la même putain de voiture ? Pas étonnant que nous arrivions à vous repérer à des kilomètres.
— Nous varions les couleurs, déclara Miller, impassible, les yeux sur la route.
— Vous avez une clope pour moi ?
Miller tendit le paquet par-dessus le siège et Danny arracha une cigarette de ses doigts agiles.
— Quel hôpital ? demanda-t-il.
— Saint Luke.
— En général, je vais à Saint-Joseph.
— Quoi ? Tu as une carte de fidélité là-bas ou un truc de ce genre ? Pour deux blessures par balles soignées, la troisième est offerte ?
— Très amusant, répliqua Danny en soufflant la fumée qui flotta dans l’air avant de fusionner à celle de Miller. Pour information, je ne me suis jamais fait tirer dessus.
— Je sais.
Miller attendit quelques secondes.
— Blessure au bas du dos à droite, avec un couteau, pendant que tu étais à Marion. Blessure à la cuisse gauche, tu t’es presque vidé de ton sang avec celle-ci, tu n’as pas voulu dire à l’hôpital comment c’était arrivé. Et une fracture du crâne à Leavenworth. Cicatrice sous tes cheveux, à l’arrière de la tête.
— Quelqu’un a fait ses devoirs, observa Danny, impressionné. Vous voulez un bon point ? Et n’oubliez pas d’ajouter cette soirée à la liste. Je pense qu’elle va laisser une sacrée marque.
Miller grogna et ouvrit la fenêtre pour laisser un peu d’air frais entrer à l’intérieur de l’habitacle enfumé.
— Hé, l’interpella tout à coup Danny. Je ne me sens pas bien. Je pense que je vais vomir.
— Pour l’amour du Ciel, murmura Miller, en jetant un sac froissé McDonald sur le siège arrière. Si tu dois vomir, vomis là-dedans.
— On ne vous a jamais dit que vous étiez nul comme garde-malade ?
La bouche de Miller s’incurva, un sourire se dessinant au coin de ses lèvres.
— C’est déjà arrivé, dit-il, cherchant du regard celui de Danny à travers le rétroviseur, avant de se détourner rapidement.
La dernière chose que Miller voulait, c’était de devenir ami avec Danny Butler. Il avait une mission. Il devait rester concentré sur un seul objectif : Hinestroza. Afin d’y parvenir, il avait besoin d’attirer Danny vers lui tout en conservant une distance professionnelle. Les sentiments n’avaient pas leur place dans l’équation. Tout cela faisait partie du jeu.
Depuis quand la vie d’un homme est-elle devenue un jeu pour toi, Miller ? C’est peut-être un trafiquant de drogue, mais ce n’est pas une raison pour être si froid. Tu as de la glace dans tes veines maintenant ?