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mardi 21 septembre 2021

Lorsque refleuriront les pêchers de Laura Lee Guhrke



 

Au lendemain de la guerre de Sécession, Olivia Maitland vivote avec ses trois filles adoptives en Louisiane, où elle possède des vergers. Faute de main-d'oeuvre, elle est sur le point de perdre sa récolte quand elle recueille chez elle un inconnu grièvement blessé. Olivia le soigne et reprend espoir. Une fois rétabli, l'homme lui prêtera main-forte. C'est un cadeau du ciel ! Drôle de cadeau, en vérité : ancien repris de justice devenu boxeur, Conor Branigan blasphème et use sans vergogne de son charme de bourlingueur irlandais. Olivia aurait-elle fait entrer le loup dans la bergerie?



 

Laura Lee Guhrke a travaillé sept ans dans la publicité, est devenue un traiteur à succès, puis a dirigé une entreprise de construction avant de décider qu’il était plus amusant d’écrire des romans. Figurant régulièrement dans les listes de best-sellers du New York Times et de USA Today, Laura a publié plus d’une vingtaine de romances historiques. Ses livres ont reçu de nombreuses nominations, et elle s’est vu décerné le prix le plus prestigieux pour les auteurs de romance : un RITA Award. Elle vit dans le Nord-Ouest des Etats-Unis avec son mari (ou, comme elle l’appelle, son héros à elle), deux chats despotiques et un Golden Retriever qui fait leurs quatre volonté.



Une très belle romance classique mais qui rempli le contrat. On a une femme vertueuse et un homme brisé par son passé. Elle est est sa rédemption. Il a une répulsion face à l'attachement. Aimer c'est prendre le risque d'être blessé et lui qui a perdu toutes les personnes qu'il aime. Il a pris l'habitude de ne jamais se poser, de ne jamais s'attacher. C'est la seule manière qu'il a trouvé pour échapper à son lourd passé, en allant plus vite que sa mémoire.

C'est donc une belle romance où le héros est obligé de briser les chaînes de son passé pour espérer trouver le bonheur. J'ai passé une très bon moment et je vous recommande cette belle romance !




Chapitre 1

Nord de la Louisiane, 1871

Lorsque Conor Branigan monta sur le ring, les hommes de Callersville se dirent qu’il était trop beau garçon pour être un bon boxeur. Les femmes auraient été d’un autre avis, mais elles brillaient par leur absence.

Un coup d’œil au corps svelte et au visage séduisant de Conor suffit donc aux habitants mâles de Callersville pour décréter que leur champion local serait vainqueur.

Conor s’immobilisa au centre du ring et, comme huées et sifflets l’accueillaient, répondit par un salut insolent, pour le spectacle. Puis, d’un pas nonchalant, il se dirigea vers son coin. En attendant que l’employé du bookmaker enregistre les derniers paris, il balaya du regard la foule du vendredi soir. Après vingt combats dans vingt villes différentes en soixante-dix jours, tous les visages se ressemblaient – luisants de sueur, surexcités et anonymes.

Mais cela ne le dérangeait pas. Faire la tournée des salles de boxe lui convenait. S’il remportait le combat de ce soir, il fêterait sa victoire en prenant un bain chaud, puis il fumerait un bon cigare et partagerait une bouteille de whisky irlandais avec un ange de miséricorde, qu’il renverrait avec un billet d’un dollar et un baiser d’adieu. Demain, il partirait pour une autre ville affronter un autre boxeur.

Pas d’attaches, pas de famille, pas d’obligations. Telle était sa vie à présent, et elle ne lui déplaisait pas.

Les applaudissements éclatèrent quand son adversaire entra dans la tente. Conor se tourna pour regarder Elroy Harlan se frayer un chemin dans la foule. Le favori du soir, champion en titre de la paroisse de Jackson1, était une vraie montagne. Il monta sur le ring sous les acclamations de ses amis et voisins.

À vue de nez, Harlan était plus lourd que lui d’une vingtaine de kilos, mais Conor savait par expérience que les colosses de ce genre sont généralement lents.

Quand Harlan le dévisagea en ricanant de l’autre côté du ring, Conor s’appuya contre les cordes et lui adressa un sourire délibérément provocant.

Saleté d’Irlandais, grogna Harlan.

Le sourire de Conor s’élargit. Un type en colère commettait des erreurs.

La boxe était un métier, un moyen de gagner sa vie. Ce n’était pas une sinécure, mais cela valait mieux que de vider des poissons à Boston ou ramasser le crottin de cheval dans les rues de New York, douze heures par jour et pour un salaire de misère. Cela valait mieux que de frapper sur des rails avec une masse, sous un soleil de plomb. Conor ne travaillait que deux soirs par semaine, cinq mois par an. Le reste du temps, il était libre. Il ne dépendait de personne et n’avait besoin de personne.

Oui, cette vie lui convenait parfaitement.

Tu ne serais pas un peu trop sûr de toi ?

C’était Dan Sweeney, son manager, qui l’interpellait. Conor haussa négligemment les épaules.

Regarde ce type, Danny. Je n’aurai même pas à le toucher. Je danserai autour de lui jusqu’à ce qu’il ait suffisamment le tournis pour s’écrouler tout seul.

Le style de Conor était souvent pour eux un sujet de plaisanterie, mais cette fois Dan ne rit pas. Il jeta un coup d’œil circulaire puis s’approcha, les avant-bras sur les cordes qui les séparaient.

Les paris sont faits, mon gars.

Oui, et alors ?

Dan se frotta la joue.

Sans surprise, ce type est le favori, et de loin. Mais les gens n’ont misé sur lui que des petites sommes, un ou deux dollars, pas plus.

Une pause.

Il y a deux types aux poches bien pleines qui sont venus de La Nouvelle-Orléans. Ils t’ont vu combattre au Shaugnessey’s le printemps dernier, et ils ont parié sur toi. Cinq cents dollars chacun, la mise maximale.

Alors ils seront bientôt encore plus riches.

Non, mon vieux. J’ai croisé le bookmaker, et il m’a laissé entendre qu’il n’avait aucune envie de débourser des sommes pareilles, si tu vois ce que je veux dire.

Conor voyait parfaitement. Si Harlan était vainqueur, les gains seraient nombreux mais dérisoires, et le bookmaker empocherait un joli bénéfice sur les paris des deux hommes de La Nouvelle-Orléans. Au contraire, si Conor remportait le combat, le bookmaker perdrait beaucoup d’argent.

Il veut que je me couche, résuma-t-il à voix haute, plantant ses yeux bleus dans ceux de Dan.

Disons qu’il serait plus sain pour nous tous que ce type gagne.

Conor sourit de nouveau.

Pas question.

Ne sois pas idiot, grommela Dan. Tu pourrais perdre. Ça arrivera fatalement un jour.

Source : kobo.com