— Je
t’en supplie, ne danse avec aucun autre ce soir. Je ne le
supporterai pas…
Il
ferma les yeux pour ne plus voir que l’écran noir de ses paupières
et relâcha sa prise à grand-peine, un doigt après l’autre. Il ne
perçut qu’un bruissement de jupes, s’éloignant peu à peu,
s’accompagnant d’une déchirante sensation de vide. Mais
n’était-ce pas ce qu’il ressentait depuis toujours, lorsqu’il
ne tenait pas précisément cette jeune femme dans ses bras ?
D’aussi
loin que remontent ses souvenirs, Andraste, issue d’une longue
lignée de sorcières, vit dissimulée aux yeux du monde. Son univers
restreint ressemble à s’y méprendre à une cage dorée, elle qui
ne rêve que de s’envoler. C’est alors qu’une invitation de la
main même de la Reine vient bousculer les plans de sa grand-mère
qui dirige la famille d’une main de fer. Et, une requête royale ne
se refuse pas… à moins de souhaiter perdre la tête.
Sa découverte du monde commence, très loin de ce qu’elle imaginait. La cour est pleine de danger, de rumeurs et de règles qu’elle ne maîtrise pas.
Mais sa plus grande erreur est de succomber au regard aussi noir que la nuit de lord Thadeus Blackmorgan…
Sa découverte du monde commence, très loin de ce qu’elle imaginait. La cour est pleine de danger, de rumeurs et de règles qu’elle ne maîtrise pas.
Mais sa plus grande erreur est de succomber au regard aussi noir que la nuit de lord Thadeus Blackmorgan…
Un
très gros coup de cœur !!!!
Je
ne m'attendais pas du tout à être autant emballé par cette jeune
auteure française mais je suis totalement sous le charme de son
écriture.
Les
points forts
Il
y en a un
paquet à
commencer par l'histoire.
Je ne connais pas trop le style Steampunk. Je n'avais lu en matière
de littérature que Gail Carriger que j'apprécie malgré quelques
longueurs. Ici ce défaut est complètement gommé. Il
n'y a aucun temps morts.
On est très vite emporté par l'histoire. Presque dès les premières
pages on est plongé dans cet univers futuriste rétro si
particulier.
Je
trouve que souvent romance et intrigue ont du mal à trouver leur
équilibre dans une histoire. C'est ici
un plus
car tout s'emboîte à merveille. L'histoire, l'intrigue, la romance
rien n'est oublié et la trame narrative est vraiment maîtrisée.
Les
personnages.
Andraste et Thadeus ont de fortes personnalités. Cela donne lieu à
des personnages haut en couleur mais qui n'en font cependant pas
trop. Là aussi, j'ai trouvé leur personnalité bien maîtrisé.
Notamment le personnage masculin qui arrive à mêler fragilité et
force de façon très intéressante.
La
romance.
J'ai adoré leur première rencontre. Je trouve qu'il s'agit pour moi
d'une
scène cultissime.
Rien que pour ça, je vous le conseille. Elle est des plus réussie.
Ça m'a complètement bluffé. Désolé, je n'en dirai pas plus... ça
gâcherait tout le plaisir ! Dès
le départ, on voit la passion irrépressible de ces deux personnages
que tout opposent. J'ai vraiment ressenti quelque chose de nouveau en
matière de romance. Une vraie connexion que l'auteure amène à nous
faire ressentir : la richesse, la complexité, l'ambivalence de
leur sentiment.
Les
points faibles
Tout
le livre arrive à garder une forme de tension qui donne une lecture
très addictive mais la fin est peut-être trop « parfaite ».
Disons que leurs prises de bec sont tellement savoureuses qu'on est
presque déçu par le happy
end.
Bref
Un
livre que je conseille à 200%.
Enfin,
comment avait-elle pu être aussi écervelée ? S’exhiber
ainsi, dans un couloir, mais où avait-elle eu la tête ?!
— Hum,
Andraste, as-tu besoin d’aide ? Veux-tu que je fasse appeler
la garde ?
Oh
non ! C’était Scott ! Et il pensait que…
— Tu
ferais mieux de déguerpir vite fait, mon offre de l’autre jour au
sujet de tes dents est toujours valable, menaça Blackmorgan, si
glacial tout à coup que la jeune femme en fut troublée.
Probablement
n’appréciait-il pas l’insinuation de son élève. Après tout,
ce n’était pas comme si un médecin l’avait déjà accusé du
même genre de crime la nuit dernière. La chose devait certainement
commencer à lui porter sur les nerfs…
Elle
serra du mieux qu’elle put son corsage contre sa poitrine, se
laissa glisser du promontoire sur lequel on l’avait installée,
puis fit face à son ami… enfin, s’efforça de faire face à son
ami. Car aussitôt Blackmorgan la retint. En quelques mouvements
aussi rapides qu’efficaces, il se débarrassa de sa redingote, lui
en couvrit les épaules, et, d’une main, la maintint fermée sur
elle, l’empêchant en même temps de s’éloigner de lui.
Andraste
déglutit bruyamment, et, rouge de honte, affronta le regard
scandalisé de Scott.
— Tout
va bien, le rassura-t-elle, inutile d’aller chercher qui que ce
soit.
Un
pli vertical se dessina entre les sourcils dorés du jeune homme et à
la révolte succéda le dépit sur ses traits fins et ciselés.
— Tu
en es vraiment sûr ? Ce n’est pas parce qu’il sera bientôt
duc qu’il peut tout se permettre, tu sais. Quoi qu’il t’ait
dit, je suis sûr qu’il t’a menti, qu’il t’a piégée, d’une
manière ou d’une autre.
— Ce
n’est pas ce que tu crois, plaida-t-elle, consciente de la
médiocrité de son propos, elle-même ne sachant pas de quoi il
s’agissait exactement.
La
situation était tellement embarrassante… et le bras que
Blackmorgan avait posé sur elle, si tendu… les choses pouvaient
déraper d’une seconde à l’autre. Ce dernier allait fondre sur
son ami dans un instant et elle ne pourrait le retenir. Elle n’en
aurait pas la force.
— Laisse-nous,
Scott, s’il te plaît, l’exhorta-t-elle avec plus de fermeté que
l’amitié ne le permettait.
Celui-ci
secoua la tête, comme s’il refusait de la croire, puis se résigna
à contrecœur et tourna les talons, s’écriant furieusement :
— Alors
oublie-moi ! Trouve-toi un autre abruti pour t’aider en cours
ou ailleurs !
Andraste
attendit qu’il soit hors de vue pour se dégager de l’emprise de
Blackmorgan. Elle avisa sa tenue – ou plutôt les lambeaux qui
en constituaient la partie supérieure –, et s’écria :
— Oh,
mais quel cauchemar ! Vous avez complètement ruiné ma robe !
— Je
t’en rachèterai une, s’empressa-t-il de promettre d’un ton
étonnement contrit. Une plus belle. Réalisée par le meilleur
tailleur de Néo-Londonia, dans les tissus les plus riches…
— Qu’est-ce
qui vous a pris ?! coupa-t-elle, pertinemment consciente que
c’était plutôt à elle qu’il fallait poser la question.
Pourquoi ne pas avoir clairement dit dès le début que ce que vous
vouliez, c’était me trousser au détour d’un couloir ?!
Au
moins Blackmorgan eut-il la décence d’avoir l’air offensé. Et
c’était ce qu’elle espérait. Elle souhaitait le punir, parce
qu’elle lui en voulait. Il lui avait fait perdre la raison, durant
l’espace de ces quelques minutes entre ses bras, elle avait
totalement succombé à la folie. Pour la deuxième fois ! Et le
moins que l’on puisse dire, c’est que c’était véritablement
effrayant…
— Mais
non ! se défendit-il, visiblement déconcerté. Enfin… pas
exactement. Je ne sais pas, j’ai cru que…
— Que
rien du tout ! l’interrompit-elle encore, optant pour un
mensonge éhonté : Je ne me suis appliquée à vous satisfaire
que parce que c’est ce que vous attendiez de moi. Exactement
comme vous l’entendiez, de la manière qu’il vous
plaisait ! J’estime
avoir largement rempli ma part du contrat aujourd’hui, et même
pour plusieurs jours, tout compte fait. À vous de remplir la vôtre
à présent. Je veux retourner à mes appartements et y demeurer en
sécurité.
La
bouche légèrement ouverte, prêt à répondre, il jeta un regard
douloureux sur le côté, comme si la vue de la jeune femme était
subitement devenue insoutenable, et plissa le nez d’amertume.
Avait-elle
enfin réussi à égratigner un tant soit peu l’amour-propre de cet
homme à l’ego surdimensionné ? Pourvu que oui, elle en
rêvait depuis un bon moment !
— Bien
sûr, acquiesça-t-il finalement. Je vais t’y conduire tout de
suite. Je connais quelques portes dérobées qui nous permettront de
nous y rendre plus discrètement qu’en empruntant les galeries
principales.
L'extrait
— Égal
à toi-même ! siffla Andraste entre ses dents serrées. Tout ça
n’est rien de plus qu’un nouveau chantage, n’est-ce pas ?
C’est maintenant où tu m’abandonnes à mon triste sort ? Le
dédommagement exigé pour tes bons services de la journée ?!
— Bordel
de merde ! jura-t-il à bout de nerfs en la fusillant de son
regard le plus noir – regard qu’elle s’empressa de lui
rendre, affaiblie ou pas.
Mais
comment pouvait-elle être aussi ingrate ?! Il l’avait sauvée,
non ? Il avait pris soin d’elle, il avait eu peur pour elle…
autant déballer ses tripes devant une nuée de rapaces !
Brighton et ses conseils à la noix pouvaient aller se faire pendre
en ce qui le concernait. On ne le reprendrait pas de sitôt à
essayer de se montrer aimable et attentionné envers cette espèce de
harpie !
— Tu
sais quoi ? grinça-t-il en approchant son nez tout près du
sien. Prends-le comme tu veux, cela m’est égal.
Cette
sortie eut au moins le mérite de la faire taire, mettant un terme
définitif à leur dispute. Ils restèrent encore quelques secondes à
s’observer l’un l’autre. Puis, quand il comprit qu’il avait
gagné, Thadeus conduisit une jeune femme d’apparence calme et
docile – en fait, résignée – devant
l’autel où les attendait le prêtre.