Notre
mariage sera un accord à l'amiable. Je financerai votre pépinière,
vous me donnerez un héritier. Et chacun sera libre de mener sa vie à
sa guise. » Le marché est trop tentant. En devenant duchesse de
Westmead, Poppy Cavendish, modeste horticultrice du Wiltshire,
devient une femme puissante qui assure la pérennité de son
entreprise. C'est tout ce qui compte, pense-t-elle avant de tomber
éperdument amoureuse de son mari. Mais Archer n'est pas le
personnage infaillible qu'il prétend être. Il cache de cruelles
cicatrices, tant dans sa chair que dans son âme. Et lorsque Poppy
perce enfin son secret, elle se sent basculer dans le monde inconnu
des plaisirs interdits...
Je
suis passée complètement à côté....
Rien
n'a trouvé grâce à mes yeux. Un seul mot pour condenser mon
ressenti : ENNUI
— Constance,
c’est ridicule, murmura-t-elle.
Archer
était assez de son avis. Après tout, elle portait des pantalons et
des bottes.
— Ce
qui est ridicule, c’est de ne pas savoir danser. Que se
passera-t-il si un beau gentleman vous invite ?
— Eh
bien, je refuserai poliment.
Archer
ravala un rire.
— Balivernes
! s’exclama Constance qui continuait de jouer. Vous répondrez : «
Avec plaisir, milord. » Vous serez emportée par la musique et vous
tomberez amoureuse sous les étoiles. C’est le seul but de la
danse, vous comprenez ?
Elle
se leva, vint prendre Mlle Cavendish par la main et l’entraîna au
centre de la pièce.
— Le
gentleman s’inclinera devant vous et vous ferez la révérence.
Vous placerez vos talons ainsi, afin qu’ils se touchent. Il posera
sa main dans la vôtre. Et cela commencera.
Elle
fit une démonstration, glissant à travers la pièce avec un
cavalier imaginaire, vers l’avant, puis vers l’arrière, sans
cesser de compter en rythme : Un-deux-trois… Un-deux-trois…
Puis
elle devint plus créative, tourbillonna et se retrouva bientôt à
l’autre bout de la bibliothèque, comme portée par la fougue de
son cavalier fantôme.
Mlle
Cavendish la contemplait d’un air atterré.
Amusé,
Archer se décida enfin à révéler sa présence. Il s’approcha et
lui murmura à l’oreille :
— Ma
sœur aurait-elle été séduite par un spectre ?
— Un
spectre pris de boisson, répliqua-t-elle avec un sourire acide.
— Archer
! s’écria Constance. Tu tombes bien. Tu vas jouer les cavaliers
pendant que je jouerai du pianoforte.
— Pas
question, rétorqua-t-il en reculant. Je ne danse pas.
— Si,
tu danses, rétorqua-t-elle en venant lui prendre la main. J’ajoute
que cela te fera le plus grand bien de t’entraîner un peu si tu
veux charmer Mlle Bastian et ses congénères.
D’autorité
elle plaça la main d’Archer dans celle de Mlle Cavendish.
Il
avait passé un temps fou à se répéter les excellentes raisons
pour lesquelles il devait se tenir éloigné de Mlle Cavendish. Il
n’y avait donc qu’une conduite à tenir : se défiler poliment et
courir se réfugier dans ses appartements.
Et
pourtant, maintenant qu’il avait sa main dans la sienne, il ne
pouvait se résoudre à la lâcher.
Constance
rectifia la position de leurs bras, puis, satisfaite, retourna
s’asseoir au pianoforte. Archer articula silencieusement des
excuses à l’adresse de Poppy. Comme les premières notes
s’élevaient, il l’entraîna dans les premiers pas en priant pour
ne pas se tromper. Le menuet n’avantageait pas vraiment un homme de
son gabarit et il n’était pas loin de se sentir balourd et
ridicule à sautiller ainsi les bras écartés.
Poppy
devait penser la même chose car le coin de sa bouche frémissait.
L’instant d’après elle détourna vivement la tête dans une
sorte de hoquet. Archer ricana. Elle lâcha un gloussement. Et tous
deux s’esclaffèrent.
Constance
cessa de jouer pour les fusiller du regard.
— Le
menuet est une affaire sérieuse. Reprenez-vous, les enfants.