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jeudi 11 février 2016

Anges Déchus, Tome 1 : Convoitise de J.R. Ward

 


7 péchés capitaux,
7 âmes.









Jim Heron est capable du pire comme du meilleur. Ce qui lui vaut d’être choisi par les forces du bien et du mal pour décider du destin des Hommes. Sept âmes dans la balance, sept âmes à sauver ou à damner.

Sa première mission : Vin DiPietro, un entrepreneur obnubilé par l’appât du gain qui n’a jamais aimé… jusqu’au jour où il rencontre Marie-Terese. Mais, entre eux se dresse un démon, bien décidé à voler l’âme de Vin…


Prologue

"Démon." Un bien vilain mot.
Et si vieux jeu. Dés qu'on évoque ce nom, les gens s'imaginent des scènes d'apocalypse à la Jérôme Bosch. Ou pire, l'Enfer de Dante, ce ramassis de foutaises. Franchement... des flammes, des âmes torturées et des gens gémissant dans tous les coin...
Non, l'enfer n'a rien à voir avec tout cela. Alors, certes, il y fait un peu chaud. Et si on devait nommer un peintre officiel, Bosch arriverait sans doute en tête de liste.
Mais là n'est pas la question. Le démon, lui, a une conception bien plus sympathique et moderne de la chose. Il se considère plutôt comme un coach en développement personnel. Une sorte d'Oprah Winfrey, version maléfique.
L'influence. Voilà le maître mot.
Pour bien comprendre, il faut savoir que les caractéristiques spirituelles ne sont pas si différentes des qualités du corps humain. Notre organisme conserve bon nombre de structures vestigiales, comme l'appendice, les dents de sagesse et le coccyx, toutes inutiles et risquant même de compromettre le bon fonctionnement de l'ensemble.
Eh bien, pour les âmes, c'est la même chose. Elles sont lestées de tout un tas d'accessoires superflus qui les empêchent de réaliser leur potentiel, de petites parties bien-pensantes végétant telle une excroissance attendant l'infection. La foi, l'espoir, l'amour... La prudence, la modération, la justice et la force morale... tout ce bazar qui bourre le cœur de moralité, entravant l'attrait inné de l'homme pour le mal.
Le rôle d'un démon est d'aider les gens à discerner et exprimer leur vérité intérieure sans être embrouillés par toutes ces conneries qui détournent l'humanité. Tant qu'ils restent fidèles à leur vraie nature, tout va dans le bon sens.


Et c'était plutôt le cas, ces derniers temps. Entre toutes les guerres, le crime, le manque de respect pour l'environnement, cette fosse à purin qu'était devenu Wall Street et toutes les inégalités à travers le monde, tout se passait bien.
Mais ce n'était pas suffisant et le temps était compté.
Pour faire une analogie avec le sport, la Terre était le terrain de jeu et le match se jouait depuis le jour où le stade avait été construit. Les démons formaient l'équipe locale, celle des visiteurs était composée d'anges vantant les mérites exagérés d'un bonheur illusoire, le paradis.
Où le peintre officiel était Walt Disney. Berk.
Chaque âme incarnait un quaterback, qui participait ainsi à la lutte universelle du bien contre le mal, et le tableau d'affichage réfléchissait la valeur morale de ses actions sur Terre. Le jeu débutait à la naissance et prenait fin avec la mort, après quoi le score était ajouté au résultat global. Les entraîneurs avaient l'interdiction de quitter la ligne de touche, mais ils étaient autorisés à faire entrer des joueurs complémentaires aux côtés des humains, pour influencer les évènements, et demander des temps morts dans le but de galvaniser l'équipe.
Communément appelés "expériences de mort imminente".
Seulement voilà, tel un spectateur grelottant sur son siège devant un match amical insipide, le ventre gonflé de hot-dogs, pendant qu"un type lui hurle dans les oreilles, le Créateur lorgnait la sortie.
Trop d'échappées, trop de temps mort. Trop de matchs nuls suivis de prolongations interminables. Ce qui s'annonçait comme une rencontre passionnante avait perdu tout intérêt. Dorénavant, la consigne était claire : "Faut conclure, les gars!"
Selon la nouvelle règle, les deux camps devait convenir d'un quaterback. Un seul quaterback et sept matchs.
Au lieu d'un interminable défilé d'humains, ils ne disposaient plus que de sept âmes pour faire pencher la balance entre le bien et le mal... sept chances de déterminer si l'humanité était bonne ou mauvaise. Aucun résultat nul n'était autorisé et l'enjeu était... le sort de monde.
Si l'équipe des démons gagnait, elle remportait le stade ainsi que tous les ex et futurs joueurs. Et les anges seraient réduits en esclavage pour l'éternité.
A côté de ça, torturer les vilains pécheurs paraissait aussi excitant qu'une tasse de camomille.
En cas de victoire des anges, la Terre ne serait rien d'autre qu'un putain de matin de Noël géant, une vague déferlante et étouffante de bonheur, de chaleur, de tendresse et de partage. Selon ce scénario cauchemardesque, les démons cesseraient d'exister, pas simplement dans l'Univers, mais dans le cœur et l'esprit de l'humanité.
Plutôt se faire piétiner les bourses par des talons aiguilles que de passer l'éternité au pays des Bisounours.
Les démons ne supportaient pas l'idée de perdre. C'était tout bonnement impossible. Sept chances, ce n'était pas beaucoup, d'autant que les visiteurs avaient remporté le tirage au sort leur permettant d'aborder le quaterback chargé d'orienter la trajectoire des sept "ballons", pour ainsi dire.
Ah, oui... le quaterback. Naturellement, le choix de ce poste stratégique avait donné lieu à de vives discussions. Mais au final un nom était sortit du lot, un homme jugé acceptable par les deux équipes... et que les deux entraîneurs espéraient voir jouer pour leur propre camp.
Pauvre homme... S'il savait dans quelle galère il allait être embarqué.
Cependant, les démons n'étaient pas prêts à laisser une telle responsabilité incomber à un humain. Après tout, le libre arbitre était malléable, et c'était bien là le fondement de toute la partie.
Alors ils ont décidé d'envoyer un des leurs sur le terrain. C'était tout à fait contraire aux règles, bien sûr, mais parfaitement conforme à leur nature, et pour couronner le tout, ils étaient les seuls à pouvoir le faire.
C'était d'ailleurs leur gros avantage : le seul élément appréciable chez les anges, c'est qu'ils restaient toujours dans les clous.
Ils y étaient obligés.
Quelle bande de nazes !