Je
ne pourrai jamais assez te remercier.
Tu n'as pas à me remercier, répliqua t il d'un ton bourru. J'aime te faire sourire.
Sauvagement
attaqué par un vampire, John Doolan ne doit sa survie qu’à son
ami Blade, qui l’a transformé en sang bleu afin qu’il guérisse
de ses blessures. Désormais vampire, il doit lutter contre sa soif
perpétuelle. Or, ses pulsions deviennent plus difficiles à
maîtriser lorsqu’il se trouve à proximité d’Esme, la
gouvernante de Blade, la seule femme qu’il désire. Craignant de
perdre toute emprise sur lui-même et de la blesser, John décide de
prendre ses distances. Pourtant, lorsqu’un gang de mercenaires
menace Whitechapel, il n’a d’autre choix que de s’allier avec
Esme, quitte à succomber définitivement à ses instincts…
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-Lecture
finie-
2ème
livre que je lis de Bec Mcmaster et 2ème excellent moment passé
avec la plume de cette auteure.
Je
l'attendais cette nouvelle. Pour celle qui ont lu La fugitive de
Whitechapel, la situation n'est pas simple entre Esme et John. Elle
est la gouvernante de Blade tandis que lui est son bras droit.
Le
géant a survécu a une attaque de vampire plus mort que vivant.
Pour ne pas succomber, son maître Blane a du faire de lui un
sang-bleu. Depuis, il a du mal a juguler sa soif de sang. Celle-ci
est d'autant moins gérable quand la belle Esmé est dans les
parages. La gouvernante de Blane est son amie mais elle ignore tout
de son tourment. Ces deux-là ont de sentiments forts mais le drame
qui a frappé John loin de les rapprocher les a éloigné l'un de
l'autre.
Moi
qui ne suit pas trop à la recherche du format nouvelle, je n'ai pas
boudé mon plaisir avec celle-là. Bec Mcmaster arrive à exacerber
les sentiments de ces personnages et une romantique tel que moi ne
peut qu'adhérer à ce type d'écriture.
La
nouvelle raconte donc la romance entre ces deux très beaux
personnages au charisme fou et tout ça avec un univers Steampunk
toujours présent et aussi bien fichu.
RIP
aidé de Blane et Will va essayer de trouver des draineurs qui
sévissent à Whitechapel. Ces assassins vident leur victime de leur
sang pour les vendre au sang bleu.
Tout
ça nous donne un excellent moment de lecture que je vous conseille
chaudement.
— Tu
m’en veux, reprit-il lentement, parce que j’ai bu le sang de
quelqu’un d’autre ? Parce que tu pensais devenir mon esclave ?
J’aurais dû te dire que je ne t’aurais jamais demandé ça. Tu
n’as pas besoin d’être mon esclave, ni l’esclave de personne.
Esme
secoua la tête en essayant de le contourner. Comment lui dire
qu’elle aurait désespérément voulu être la sienne ? En
particulier quand il lui avait clairement fait comprendre qu’il ne
pensait pas à elle de cette manière.
—
Peu
importe…
Il la
retint de nouveau.
—
Bon
sang, Esme. J’essaie de comprendre. J’essaie. S’il te plaît,
dis-moi ce qui ne va pas.
—
Ce
qui ne va pas ?
Soudain,
elle ne put plus se retenir. À moins de fondre en larmes. Elle le
repoussa.
—
Je…
j’ai ma fierté, John Doolan ! Je ne vais quand même pas te
supplier ! Tu ne veux pas de moi et je ne…
Il
s’imposa devant elle et Esme chancela, surprise, en posant les
mains sur son torse ferme.
—
Je
ne veux pas de toi ? répéta-t-il. Je ne veux pas de ton sang ? (Une
lueur sombre s’alluma dans ses yeux.) C’est ça, n’est-ce pas ?
C’est de ça qu’il s’agit ? Parce que je ne veux pas de
ton fichu
sang ?
Quelque
chose de chaud coula sur la joue d’Esme et elle l’essuya
promptement en espérant qu’il ne l’avait pas vu.
—
Laisse-moi
tranquille, dit-elle d’une voix rauque.
Rip se
raidit.
—
Esme
? Tu pleures ?
—
N-non.
Soudain,
il posa sa main sur sa joue. Esme ferma les yeux quand il la força à
relever la tête tandis qu’une dernière larme coulait en silence
sur sa pommette. Elle ne voulait pas qu’il la voie pleurer, mais la
fermeté de sa main ne lui laissait pas le choix.
Un
pouce rêche essuya la larme.
— Bordel
de merde,
dit-il sur un ton perplexe et essoufflé. Mince, ma belle. Pleure
pas. Je t’en prie, pleure pas. J’en vaux pas la peine.
—
Si,
murmura-t-elle. Ne te rabaisse pas.
Tous
les autres le faisaient déjà bien assez.
«
Aussi dangereux que le péché », murmuraient les prostituées dans
la rue.
Oh
oui, elle les avait entendues et elle savait que lui aussi. Mais dans
son cœur, ce péché était loin d’être repoussant. C’était le
frôlement de son corps ferme contre le sien quand ils se croisaient
dans la cuisine, ou le sourire lent et dangereux qu’il lui
adressait quand ils étaient seuls et qu’il lui chipait de la pâte
à crêpe. Elle seule voyait ce que personne d’autre ne soupçonnait
quand il baissait sa garde et se contentait d’être un homme plutôt
que de forcer sa réputation et d’imposer ses menaces.
—
D’accord,
ma belle, d’accord. Je le dirai plus.
Elle
se sentait submergée par son corps imposant tandis qu’il lui
caressait légèrement la joue.
Il ne
comprenait toujours pas le problème. Et elle pouvait s’éloigner
maintenant, sachant que leur amitié resterait intacte, qu’elle
passerait ses nuits torturée par son désir inassouvi, pendant qu’il
serait allongé de l’autre côté du mur, totalement inconscient de
la véritable nature de ses sentiments pour lui.
Elle
pouvait s’écarter. Il le fallait.
C’était
la chose la plus sensée à faire. Un geste digne d’Esme.
Si
seulement elle le voulait…
— Tu
vas bien ? murmura-t-elle en voyant les ténèbres quitter ses
pupilles.
Rip
cligna les yeux, comme s’il remarquait seulement ses blessures.
C’était probablement le cas. Aux prises avec la faim, un sang bleu
était insensible à quoi que ce soit d’autre qu’à sa cible.
Esme
examina son flanc et l’incita à se pencher en avant. Sa chemise
était rouge et sa plaie se refermait lentement.
—
Tu
n’as pas bu assez de sang, murmura-t-elle. Tu aurais déjà dû
être guéri.
Elle
prit une profonde inspiration et s’empara de l’un des rasoirs
encore posé sur le plateau par terre.
—
Non.
(Rip lui saisit la main en secouant la tête, les yeux de nouveau
noirs.) Non.
Mais
il chancelait. La perte de sang et sa privation forcée
l’affaiblissaient plus que prévu. Esme le chevaucha et s’entailla
le poignet d’un geste bref qui lui arracha un petit sifflement.
—
Tu
en as besoin, lui dit-elle en pressant la blessure contre sa bouche.
Rip
gonfla les narines et essaya mollement de repousser sa main. Mais
l’odeur du sang voila son regard tel un serpent en train de se
faire hypnotiser et, soudain, il cessa de lutter.
Il
posa ses lèvres sur son poignet et un long grognement emplit la
pièce. Esme retint un hoquet en sentant sa langue lécher sa peau et
la vague de chaleur qui se répandait dans son corps. Chaque succion
lui faisait l’effet d’une main chaude qui caressait son
entrejambe. Elle entrouvrit la bouche et colla son corps au sien.
—
Oui,
murmura-t-elle en éprouvant une brûlure intense. Oui.
Elle
sentait le cœur de Rip battre contre elle comme s’il s’agissait
du sien. Il enflammait son sang en faisant écho aux palpitations
entre ses cuisses. Ses doigts la picotèrent, lui rappelant que Rip
n’était pas le seul à avoir perdu du sang aujourd’hui.
—
Rip,
murmura-t-elle. Il faut que tu arrêtes, maintenant.
Il le
fallait, malgré le plaisir qu’elle y prenait. La petite mort dans
toute sa réalité. Esme se mordit la lèvre.
—
John
!
Il
haleta et repoussa sa main. Il lécha ses lèvres empourprées et lui
adressa un regard noir et maléfique. Ses narines s’évasèrent de
nouveau comme s’il humait l’odeur du sang.
—
Couvre-toi,
dit-il d’une voix rauque. Ou je ne pourrai plus m’arrêter.
Esme
arracha un bout de sa jupe. La plaie guérissait déjà grâce à la
salive de Rip. Peu d’esclaves portaient des cicatrices ; seuls ceux
dont le maître ne prenait pas soin de nettoyer la plaie après coup
ou ceux dont le taux du virus n’était pas assez élevé. Elle
songea qu’elle conserverait sûrement celle-ci, étant donné
qu’elle n’osa pas lui demander de la lécher pour la nettoyer.
Sa
marque sur son corps.
Pour
toujours.
Esme
sourit et posa son front contre le sien. Son corps montait et
descendait en rythme avec la respiration de Rip. Elle prit son visage
entre ses mains et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Elle y
sentit le goût du cuivre, à la fois doux et piquant.
—
Je
savais que tu viendrais, murmura-t-elle. Tout ce temps, je savais que
tu viendrais me chercher.
Rip
l’embrassa passionnément.
—
Toujours,
mon amour.