
On
ne revient jamais en arrière…
À
la seconde où j’ai épargné Isabel, tout a basculé. J’étais
un tueur à gages sans foi ni loi. C’est maintenant mon désir de
la protéger qui guide ma vie. Parce que chaque fois que je me
détourne d’elle, quelque chose m’en empêche. Elle a révélé
au grand jour une facette de moi-même dont je ne peux plus faire
abstraction. Mais qui ne change rien au fait que mon monde n’est
pas fait pour elle.
Isabel
apprend à se défendre, mais rien ne peut la préparer à cette vie
à laquelle tout me ramène. La route qui s’ouvre devant nous sera
longue, et je refuse de faire des promesses que je ne pourrai pas
tenir. Elle a déjà du mal à accepter la sombre histoire de mon
passé – des exploits sanglants consignés dans un carnet rouge qui
la préoccupe davantage que je ne le voudrais. Quand un de mes
anciens complices entreprend de mettre en œuvre un plan extrêmement
risqué, je ne peux plus cacher qui je suis vraiment. On ne revient
jamais en arrière…

Un
deuxième tome qui confirme tout le bien que je pense de cette série.
On est vraiment dans un mixe de road movie/course-poursuite contre la
montre sur fond d'amour maudit.
Bref,
Tristan et Isabel c'est du lourd ! Le bel amnésique n'a
toujours pas retrouvé la mémoire mais sa relation avec Isabel
devient de plus en plus forte et il se rend compte que la femme est
comme elle a été : le
centre de sa vie . On a des moments romantiques comme
je les aime : de la passion, de l'érotisme mais surtout un vrai
suspense qui m'a scotchée à ma lecture tout le temps que cela a
duré.
Les
personnages sont extrêmement bien campés – qu'on les aime ou pas
d'ailleurs. Ils sont vraiment très originaux et ce que j'aime
beaucoup dans cette romance, c'est qu'elle ne ressemble à aucune
autre. C'est donc avec délectation que je vais me plonger dans le
troisième et dernier tome de cette série dont je n'imagine pas DU
TOUT le dénouement !
Bref,
si vous ne connaissez pas et que vous aimez les romantic suspense, je
vous la conseille à %

TRISTAN
Le
temps est parfait pour des funérailles. Je suis assis à la table du
petit-déjeuner. On se retrouvait ici pour manger sur le pouce entre
ses horaires de boulot et les miens. La pluie qui cingle les carreaux
rend la vue encore plus lugubre derrière la fenêtre de devant.
Mourir au printemps, alors que la terre commence tout juste à
revenir à la vie, paraît tellement injuste.
J’aperçois
le reflet d’Isabel dans la vitre tandis qu’elle arrive derrière
moi. Elle me masse les épaules à travers ma chemise. C’est
agréable, et cela dissout l’engourdissement qui m’a gagné
depuis que maman est morte. Les enterrements sont censés vous aider
à avancer, mais je ne ressens rien de différent. Le cortège de ses
collègues de travail, des gens de notre quartier et de quelques
professeurs du lycée qui se sont succédé au funérarium ne m’a
pas permis d’atteindre un autre stade de deuil. J’ai juste
l’impression d’être à vif.
Je
ferme les yeux et soupire lourdement. Je saisis la main d’Isabel,
caresse de haut en bas son avant-bras. Au moins, elle est ici. La
plus belle chose de ma vie qui m’aide à traverser la pire. Elle se
place devant moi et s’installe sur mes genoux. On a été connectés
toute la journée. Une centaine de petits gestes tendres pour me
rappeler qu’elle était avec moi chaque minute.
Elle
me caresse la joue.
— Tu
tiens le coup ?
Les
gens m’ont posé cette question toute la journée. Mais là, c’est
différent. Sa façon de me regarder, les yeux emplis d’amour plus
que de pitié, me fait penser qu’elle pourrait réellement m’aider
à surmonter cette épreuve si je la laissais faire. Je ferme les
paupières et déglutis. Mais je résiste. Je rejette cette idée.
Toute la souffrance. L’amour qu’elle me fait éprouver. Le
chagrin est en train de me ronger de l’intérieur, mais d’une
certaine manière, ses bras autour de moi sont un refuge que je n’ai
jamais connu.
— Ça
va aller, Tristan, chuchote-t-elle. On va s’en sortir.
La
douceur de ses doigts glissant sur ma nuque, chaque contact, est une
brûlure. Comme une invitation à lui montrer combien je souffre.
J’enfouis
mes larmes contre sa poitrine jusqu’à ne plus pouvoir arrêter
cette vague d’émotion. D’apathique, je suis devenu
hypersensible. Une coquille fragile qui se replie sur elle-même. Ma
respiration est saccadée, j’exhale un sanglot douloureux. Le
berceau de son étreinte est tout ce qui m’importe, tandis que la
semaine passée s’abat soudain sur moi tel un déluge. Elle me
répond par de douces caresses et des mots réconfortants. « Je
suis là. Tout ira bien. Je t’aime tellement. »
Je
pleure toutes les larmes de mon corps et je me sens vide. Le pire de
la douleur s’enfuit dans les recoins sombres de mon cœur, laissant
la place à autre chose. L’espoir. Le désir. Isabel.
Je
ne sais pas combien de temps nous restons ainsi dans les bras l’un
de l’autre, comme si l’un de nous risquait de disparaître si
nous osions nous lâcher. Je veux juste la toucher partout,
m’imprégner de chaque centimètre de sa chaleur et de son énergie.
Le passé n’est que mort, perte et souffrance. Alors qu’elle est
ici, légère et vivante. La seule chose qui ait vraiment de
l’importance dans mon monde désormais.
Quand
je pense m’être suffisamment ressaisi, je me plonge dans son
regard orageux.
— Je
veux que tu restes.
Ses
lèvres s’entrouvrent légèrement.
— Je
resterai aussi longtemps que tu auras besoin de moi.
— Et
tes parents ?
— Ils
comprendront. Ils savent que je veux être ici avec toi pour le
moment. Le reste ne compte pas.
Elle
glisse ses doigts dans mes cheveux d’un air absent. Je ferme les
yeux, goûtant la douce sensation. Chaque caresse renforce mon désir
d’elle. Ça peut sembler fou, mais je ne veux plus jamais être
séparé d’elle. Je pense que je pourrais la tenir ainsi et me
délecter d’elle jusqu’à la fin de ma vie.
Je
touche son visage. Suis le contour de ses lèvres, assombries par le
maquillage qu’elle portait aujourd’hui. Je me penche pour
l’embrasser. Doucement au début. Une réexploration de quelque
chose que nous connaissons bien maintenant. Le réconfort des lèvres
soyeuses et des langues de velours. La promesse d’autre chose… de
tous les endroits encore inexplorés.
Mon
baiser s’enhardit et je remonte la main le long de sa cuisse,
relève sa robe noire en même temps. J’ai besoin de me rapprocher
d’elle. De la sentir fébrile. Et lorsque c’est le cas et qu’on
se sépare, je lis le feu et l’hésitation dans ses jolis yeux
noisette. Je m’aventure plus loin, glisse ma main entre ses
cuisses. De plus en plus loin, jusqu’à ce que la dernière
barrière restante soit celle de sa petite culotte. Je sens la
chaleur qui s’en dégage.
Nous
peinons à respirer. Ce n’est pas comme d’habitude. Nos caresses
sont toujours prudentes. Frileuses. Mesurées. Je ne veux pas lui
mettre la pression. Je la laisse toujours me montrer jusqu’où elle
veut aller. Mais aujourd’hui, je suis désespéré. J’aspire à
ensevelir cette agonie qui s’accroche encore aux bords de mon cœur.
Avec elle…
Ses
paupières se ferment. Les petites bouffées d’air provenant de sa
respiration hachée me chatouillent les lèvres. Elle lâche une
infime protestation lorsque j’écarte le tissu et que mes doigts
s’aventurent dans son intimité glissante. J’essaie de ne pas
trop penser combien je désire posséder cette partie d’elle
autrement. Avec nos corps plaqués l’un contre l’autre, je ne
peux cependant pas cacher l’effet que cette caresse a sur moi.
Je
frôle ses lèvres des miennes, les effleure à peine.
— Isabel…
Donne-toi,
je la supplie en silence. Donne-toi tout entière…
Sa
main descend le long de mon cou jusqu’au deuxième bouton de ma
chemise, comme si elle voulait le libérer. Être si proche, si
intime, ne plus former qu’un. Je suis à deux doigts de l’entraîner
dans ma chambre et de lui arracher ses vêtements. J’ai besoin de
savoir où ça nous mène avant d’aller trop loin et de tout
gâcher.
— J’ai
besoin de toi, je souffle entre mes dents, me préparant mentalement
à l’éventualité de devoir en rester là.
La
laisser partir me semble impossible. À cet instant, je suis certain
de n’avoir jamais rien désiré avec autant de force de toute ma
vie.
Son
petit sursaut d’anxiété se mue en autre chose. Indices de son
excitation. Le mouvement nerveux de ses cuisses. Les doux
gémissements qui s’échappent de ses lèvres.
Ce
n’est pas un feu vert, mais je ne peux me résoudre à ralentir.
Je
la prends dans mes bras et la porte jusqu’à ma chambre. J’ouvre
la porte d’un coup de pied et pénètre dans l’obscurité. Le
ciel maussade projette une ombre bleutée sur les murs et sur mon lit
défait. Je la repose au sol, mais la garde serrée contre moi. Les
quelques secondes qui viennent de s’écouler m’ont permis en
quelque sorte de discipliner mon désir.
C’est
alors qu’elle enroule ses bras autour de mon cou, se dresse sur la
pointe des pieds et unit de nouveau nos bouches, comme si nous étions
deux aimants que rien ne pouvait séparer. Je sens ses dents, sa
langue et l’intention sans équivoque derrière ce baiser. Il est
profond et passionné, menace à tout moment la patience à laquelle
je m’accroche de toutes mes forces.
Je
remonte mes mains sur ses flancs, trouve la fermeture à glissière
dans le dos de sa robe et la défais jusqu’à ce que le tissu forme
un petit tas à ses pieds. J’arrête de l’embrasser le temps
d’admirer son corps, hypnotisé par les dessous en dentelle noire
qui la couvrent en partie.
Un
désir intense que je suis incapable de maîtriser me submerge. Je la
fais basculer sur le lit. Elle me fixe du regard, les joues rougies,
sa poitrine se soulève et retombe au rythme de sa respiration
rapide. Elle est la perfection incarnée. Elle est toute ma vie.
Nous
avons dix-huit ans et pensons tout savoir. Peut-être que nous ne
savons rien. Mais ce qu’elle me fait éprouver est bien réel.
Quand elle est dans la pièce, je me sens soudain en sécurité et
aimé, comme si j’étais la personne la plus importante au monde.
Je ne peux en aucun cas me résoudre à ne pas être avec elle
maintenant, même si je le voulais.
Et
je ne le veux pas. Je brûle de m’introduire en elle. De fusionner
nos corps jusqu’à oublier tout ce qui existe en dehors de la
sensation parfaite d’être en elle. Je déboutonne ma chemise et la
jette au sol.
Je
la rejoins sur le lit et m’installe entre ses cuisses. Si peu de
choses nous séparent. C’est enivrant, intime et juste à la fois.
Elle
passe ses mains sur mon torse et soulève ses hanches. Le souffle
court, je lâche un soupir de soulagement et de désir. Je pose mes
lèvres sur les siennes, très délicatement.
— Tu
es sûre que c’est ce que tu veux ?
Ses
yeux luisent dans la pénombre.
— C’est
ce que je veux.
Merci
mon Dieu. Je prie pour qu’elle ne change pas d’avis. On a attendu
assez longtemps. Laissé passer une dizaine d’occasions pour
attendre le moment parfait… le moment le plus propice.
— Je
vais y aller doucement, je lui promets. Je ne veux pas te faire mal.
Jamais.
D’aucune manière.
Mais
elle est vierge, et je ne peux empêcher ce premier déchirement,
même si j’aimerais tellement.
Elle
caresse mon torse, s’arrêtant sur mon cœur.
— Je
me fiche de la douleur. Si ça fait mal, ça ne durera pas
éternellement. Et ça sera avec toi.