Oui,
les Mystères de Paris relèvent du feuilleton, comme La Cousine
Bette, comme Splendeurs et misères des courtisanes, chefs-d'œuvre
de Balzac, comme tout Dumas et presque tout Sand ; et, comme Hugo
dans Les Misérables, Sue donne à son feuilleton une extraordinaire
dimension dans le noir. Le mélo est là, assurément. Et colossal,
coupant le souffle avec la brutalité en noir et blanc de ses
éclairages violents, avec ses héros campés sans ambiguïté dans
la noblesse ou dans l'atroce ; avec surtout, puisqu'il s'agit de
Paris et de ses mystères, un extraordinaire décor posant la cité
moderne comme un personnage épique : ville-foule, ville-château
bâtie sur un monde d'entrailles souterraines, caves-caveaux, égouts,
couloirs ; ville-cancer qui attire et qui dévore, use, corrompt,
ouvrant à la fois toutes les avenues du pouvoir et tous les chemins
de la perdition.
Le monumental triomphe de ce roman nous
confond encore aujourd'hui. Tous les contemporains l'ont lu, dans
toutes les classes de la société...
J'avoue avoir pris mon temps avant de me lancer dans la rédaction de cette chronique pour pouvoir peser mes mots et exprimer au mieux mon ressenti.
Ce livre audio est le deuxième que j'écoute. J'ai découvert ce type de support avec la peste d'Albert Camus lu par Christian Gonon. C'est un vrai bijou que je vous conseille. J'ai donc eu envie de continuer l'aventure avec un grand classique de la littérature française.
J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique Babelio. J'avais hâte de lire le livre mais j'avoue que le support avait aussi son importance. Après tout, on peut aussi créer une bibliothèque de livres audios. J'avoue avoir eu une grosse déception en recevant ce CD dans une pochette plastique quelconque. Je me suis même demandé si il n'y avait pas eu une erreur dans l'envoi...
Je pense que non et j'en suis fort déçue car je pensais réagir sur l'objet CD et son écrin que je pensais mieux mis en valeur.
Il me reste donc à parler uniquement de la lecture de cette ouvrage. Il ne s'agit que du 1er volume. Celui-ci est lu de manière efficace mais je n'ai pas vraiment été captivé outre mesure. Il y a des longueurs et j'avoue ne pas avoir vu la plus value par rapport au livre. Attention, la lecture est bonne mais pas assez sans doute pour me captiver plus d'une quinzaine de minutes à chaque fois.
Bref, j'avoue être partagé et je ne sais pas si je vais continuer à découvrir les livres sous format audio.
C'est un peu le même sentiment qui domine pour ma fille de 12 ans qui l'a lue. Un bon moment mais rien de mémorable....
Il
eût été très difficile d'assigner un caractère certain à la
physionomie de Rodolphe ; elle réunissait les contrastes les plus
bizarres.
Ses traits étaient régulièrement beaux, trop beaux
peut-être pour un homme. Son teint d'une pâleur délicate, ses
grands yeux d'un brun orangé, presque toujours à demi fermés et
entourés d'une légère auréole d'azur, sa démarche nonchalante,
son regard distrait, son sourire ironique, semblaient annoncer un
homme blasé, dont la constitution était sinon délabrée, du moins
affaiblie par les aristocratiques excès d'une vie opulente. [...]
Certains plis du front de Rodolphe révélaient le penseur profond,
l'homme contemplatif... et pourtant la fermeté des contours de sa
bouche, son port de tête quelques fois impérieux et hardi,
décelaient alors l'homme d'action dont la force physique, dont
l'audace, exercent toujours sur la foule un irrésistible
ascendant.
Souvent, son regard se chargeait d'une triste
mélancolie, et tout ce que la commisération a de plus secourable,
tout ce que la pitié a de plus touchant, se peignait sur son visage.
D'autres fois, au contraire, le regard de Rodolphe devenait dur,
méchant ; ses traits exprimaient tant de dédain et de cruauté
qu'on ne pouvait le croire capable de ressentir aucune émotion
douce.