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mardi 17 mars 2015

Mauvaises graines - Michèle Rosaux


La vie est un combat,
L’Amour un soldat,
Tombant au champ d’honneur,
La main sur le cœur.


Derrière les murs et les grilles d’un orphelinat, il est des secrets bien gardés, des pratiques douteuses, des expériences douloureuses qu’on ne souhaite partager avec personne. « L’empitié » n’y est pas la bienvenue. Surtout lorsqu’elle émane de Louis, le petit nouveau et qu’elle s’adresse à moi, Johnny Yankee, l’éternel rebelle, l’insoumis, la mauvaise graine. Ce n’est pas après quinze ans de lutte acharnée pour susciter crainte et respect que je vais me laisser attendrir par ce freluquet ! Même s’il a du miel au fond des yeux, si son visage est auréolé de boucles de soleil et si un seul de ses sourires met mon cœur à genoux.





Un livre d'une grande charge émotionnelle.


Les points forts

J'ai trouvé le personnage principal éblouissant. L'écriture à la première personne donne à Johnny beaucoup de force. C'est lui « la mauvaise graine », la mauvaise herbe...de celle qui donne de belle fleur dans des lieux improbables. C'est le cas ici. Le récit se passe dans un orphelinat qui sera l'enfer de ces jeunes mais qui permettra de voir éclore une magnifique histoire entre notre héros et un nouveau pensionnaire Louis dit Lou. De façon progressive et à contre courant de la haine et la violence qui est leur quotidien.



Le style de l'auteure qui allie pudeur et dureté m'a vraiment emballé. Elle à un style très original qui se démarque. Beaucoup de tournures locales (le récit de passe en Belgique) un brin désuète donne une couleur au récit qui m'a plu.

Les points faibles

Le récit est très sombre. Peut-être trop pour moi. La noirceur, la violence de certains passages le destinent à un lectorat averti. Les traitements infligés aux enfants sont pour beaucoup très durs à lire.

Bref

Avec ce livre, je me suis éloignée de mon univers « habituel » et de ma zone de confort mais je ne le regrette absolument pas. Michèle Rosaux est une auteure à découvrir. Et même si son livre n'est pas tendre au final c'est une belle histoire d'amour .




Pfff ! C’est normal qu’elles se moquent de nous, t’as vu notre dégaine ?

Je baissai les yeux sur nos vêtements. Avec nos vieux pulls troués, nos shorts informes et nos chaussures au cuir usé, je dus reconnaître que nous offrions effectivement un spectacle des plus affligeants. Je ne suis pas prêt de me trouver une nana, pensai-je, dépité. Qu’aurais-je eu à lui offrir ? J’étais pauvre comme Job, sans aucune famille et je crevais la dalle les trois quarts du temps. Je relevai la tête et croisai le regard rieur de Dédé.

T’es jeune, t’es beau et… t’as le meilleur pote du monde, me dit-il avec un grand sourire.

Toi au moins, tu sais mettre en avant l’aspect positif des choses, marmonnai-je.

Il éclata soudain de rire, me prit par le cou et entonna à pleins poumons la Brabançonne, sous le regard éberlué des passants. Je ne savais plus où me mettre. J’étais gêné au-delà des mots. Pourtant, je ne fis rien pour l’arrêter. C’était mon Dédé tout craché ça. Une espèce de jeune chien fou, qu’aucune laisse ne retenait et qui gambadait avec insouciance, tête et queue joyeusement redressées.