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mardi 20 mars 2018

Caroline & West, Tome 1 : Plus loin de Robin York

Éditeur : Milady (Roman grand format)
Sortie : 22 février 2016
416 pages






La réputation de Caroline est ruinée depuis que son ex a publié sur Internet des photos d’elle en pleine action. 



 


La réputation de Caroline est ruinée depuis que son ex a publié sur Internet des photos d’elle en pleine action. Alors qu’elle tente de faire disparaître toute trace de ce scandale, un garçon qu’elle connaît à peine prend sa défense. West n’est pourtant pas un jeune homme fréquentable, ce n’est un secret pour personne. Le père de Caroline a beau interdire à sa fille de lui adresser la parole, elle se sent irrésistiblement attirée par lui. Finira-t-elle par lui dire qu’elle voit en lui autre chose qu’un bon ami ? 







 
 Robin York a grandi sur le campus d'une université, étudié à l'université, travaillé à l'université et épousé un professeur d'université. Elle se demande toujours pourquoi elle n'a pas eu plus tôt l'idée de se lancer dans la littérature New Adult. Elle est mère de famille à ses heures perdues, sait faire du caramel au beurre salé comme personne et réfléchit à ses intrigues en allant courir, marcher ou faire du vélo. 

 
    Lecture finie

Une découverte à ne pas louper!



En matière de romance New Adult ,

je vous conseille de ne pas passer à côté de celle-ci qui se démarque vraiment.



Pourtant le postulat de départ ne m'avait pas vraiment convaincue. Caroline, le personnage principal vient de rompre avec son petit ami Nate. Ils étaient ensemble depuis trois ans. Le jeune homme prend mal les choses et pour se venger met sur le net des photos de Caroline et lui en train de faire l'amour. En fait c'est surtout elle que l'on peut identifier. C'est le début de ce que l'on appelle le « revenge porn ». Je pense que je n'ai pas besoin de vous traduire. La jeune fille est une jeune étudiante privilégiée qui se destine à une carrière prestigieuse dans le droit. Autant dire que ses photos, outre le traumatisme à se retrouver la cible et le support d'une pornographie de bas étage , met en danger l'avenir même de la jeune femme.



Le début du livre commence par la descente aux enfers de la jeune femme. Ce qui se met sur internet ne peut jamais s'oublier et quand c'est quelque chose que l'on a pas décidé, à fortiori une partie tronquée de son intimité, comment dépassé ce « viol » ?



La jeune femme qui n'a jamais fait quoi que ce soit de mal, ne sait pas comment réagir. A cela, elle doit gérer la relation trouble qui commence entre elle et le bad boy du campus West.



Voilà, il s'agit là du postulat de départ. Le sujet n'est pas forcément accrocheur pour moi . Je dois dire même qu'il est un peu rédhibitoire. On s 'éloigne un peu de la romance pour côtoyer tout le misérabilisme qu'on peut trouver sur le net. L'anonymat qu'internet permet à mis paradoxalement en lumière des comportements violents terribles.



Le sujet est d'actualité et n'est pas à prendre à la légère. Ce n'est pas forcément ce que je cherche dans ce type de romance. Mais comme souvent la construction du récit et le style de l'auteure ont fait la différence.


On a un style totalement addict. C'est du 100% "scotch lecture".

On suit cette histoire avec les regards alternés de West et Caroline comme souvent dans la romance New Adult. Mais ici, j'ai trouvé que cela avait tout son sens. West et Caroline sont diamétralement opposés. Si bien que j'avais hâte de lire le chapitre suivant pour connaître le point de vue de l'autre. De plus chacun a des secrets gardés. Il nous faut pour avancer dans l'histoire connaître les pensées de chacun.



Il faut dire que le très gros plus de ce roman, ce sont les personnages. Je vous invite vraiment à rencontrer West et Caroline car ils sont marquants, touchants, émouvants, sexys... Une palette de couleurs qui m'a plu. Ils ont un charisme fou qui donne toute sa saveur au roman. Il y a une forme d'équilibre entre ces deux là que j'ai adoré. Il n'y en a pas un plus que l'autre (même si forcément, j'ai craqué pour le bad boy) qui aura pris le pas. On a l'impression très palpable que ce qu'ils vivent, ce qu'ils ressentent est plus fort qu'eux. Ils sont emportés et nous avec. On a ce sentiment grâce à une très belle écriture forte, sensuelle et émouvante...



Bref



C'est une énième romance sur les opposés qui s'attirent mais l'auteure dépasse ce cliché avec une force qui m'aura bluffé. Je n'ai pas vu le temps passé aux côtés de West et Caroline.

Un coup de cœur !


Qu’est-ce qui se passe si tu cours après l’amour de ta vie et qu’il te réduit en miettes ?

Qu’est-ce qui se passe si tu n’oses pas lui courir après et que tu te rends compte que tu es déjà fichu ?

Qu’est-ce qui se passe quand tu comprends qu’il n’y a pas de bonne solution – seulement toi et la fille que tu aimes et redoutes à la fois ? Une bombe à retardement, une mère à qui tu ne peux pas faire confiance, une sœur qui a besoin de toi, un père déterminé à foutre en l’air tout ce que tu accomplis de bien.

Je n’ai pas eu le courage de foncer plus loin, mais je n’avais pas vraiment réfléchi à l’autre possibilité.

Plus loin ou rien.

À moi de décider.

Il faudrait vraiment être con pour choisir rien.



 
On est comme on naît, et ce n’est pas quelque chose dont on se défait facilement. On aimerait bien y croire – après tout, c’est l’essence du rêve américain –, mais la vérité, c’est que, même si on fait fortune, on ne pourra jamais acheter l’aisance de ceux qui sont nés riches. Il ne suffit pas d’enfiler des fringues de luxe. Un pauvre qui a réussi pensera toujours comme un pauvre. Ses rêves resteront des rêves de pauvre, et ses désirs des désirs de pauvre.






— Tu ne peux pas débarquer chez moi sans prévenir. On ne sera jamais comme ça, toi et moi.

On ne sera jamais comme ça.

C’est donc ça, la raison de son petit manège détestable.

— Tu veux reprendre tes distances.

Il refuse toujours de croiser mon regard. Je me dis d’abord que ça fait partie de son petit jeu, pour me donner le rôle de la pouffe hystérique et pleurnicharde, puis je me rends compte qu’il a les yeux brillants et qu’il a du mal à déglutir.

C’est d’une voix enrouée qu’il me dit :

— Je vais être très occupé, c’est tout. J’ai plus de matières qu’au premier semestre et je vais travailler un soir supplémentaire à la boulangerie, alors je ne pense pas que…

— Pour qui tu te prends ?!

— Quoi ?

— C’est bien avec toi que j’ai parlé au téléphone avant-hier ? Et la veille ? Et le jour d’avant ? Et tous les après-midi où il n’y avait personne à la maison ? C’était toi ou c’était un mec qui avait la même voix que toi ?

— Tu sais très bien que c’était moi.

— Alors à quoi tu joues ?

Il croise les bras, incapable de me regarder.

— Je préférerais qu’on arrête cette histoire.

— « Cette histoire » ?

— Nous.

— Tu es en train de me larguer, c’est ça ?

— On n’a jamais été ensemble.

Ces quelques mots heurtent le sol entre nous, et je regarde l’endroit où ils atterrissent, aux pieds de West, dans la neige sale et verglacée. Il se tient bien droit, tout raide, les jambes écartées, les bras croisés. Derrière lui, le restaurant est illuminé, comme un port dans la tempête.

Il avait tout prévu. Ça faisait partie de son plan.

Pourtant, il a beau essayer, il n’arrivera pas à me convaincre que ça ne lui fait pas mal, à lui aussi.

On n’a jamais été ensemble.

On n’est pas amis.

Il y a moins de quarante-huit heures, il me disait qu’il avait envie de mettre la tête entre mes jambes et de faire jouer sa langue jusqu’à ce que mes cuisses en tremblent. Je ne sais pas ce qui s’est passé, ce qui a changé. Il ne s’est pas donné la peine de me le dire.

Après tout, il ne me dit jamais rien.

Je devrais être en colère, mais je suis surtout surprise et terriblement déçue. Je pensais qu’on serait déjà dans son lit, nus, rayonnants, qu’il enfilerait un préservatif pour que je puisse enfin – enfin ! – le sentir en moi.

Au lieu de ça, il est tellement distant que je ne retrouve plus le garçon que je connais dans les traits de son visage.

— C’est ça, dis-je en regardant l’endroit où ces quelques mots pathétiques sont allés s’écraser. On n’a jamais été ensemble.

Il jette un coup d’œil au restaurant derrière lui.

— Il faut que j’y aille.

Je devrais le laisser partir.

Je devrais lui dire d’aller se faire foutre.

Mais j’ai besoin de m’accrocher à quelque chose, d’avoir une idée de ce qui va se passer ensuite.

— Quand est-ce qu’on se voit… ? À la boulangerie ? Ou est-ce que tu comptes venir à la soirée du club de rugby, samedi ?

— Oh, je suis sûr qu’on va se croiser.

— OK. Super. Génial, West.

Il fronce les sourcils. Peut-être que j’ai réussi à l’atteindre malgré sa cuirasse.

Peut-être que ce sont les larmes brûlantes qui roulent le long de mes joues et tombent dans mon cou, déjà glaciales.

— Je te souhaite une excellente soirée, West. Tu as raison, on se croisera un de ces jours. Heureusement qu’on n’était pas amis parce que, sinon, tu me manquerais peut-être. Ce serait encore pire si on avait été ensemble. Je serais dégoûtée. Encore heureux qu’on ne l’ait jamais été, hein ? Je ne sais pas ce qui m’a pris de croire le contraire. Tu as raison, c’est pourtant évident. Je ne vois pas du tout ce qui a pu m’induire en erreur. C’est peut-être toutes ces heures passées à se faire jouir au téléphone, ça a embrouillé ma pauvre petite cervelle de fille. Ou alors c’est toutes ces nuits qu’on a partagées à la boulangerie. À moins que ce ne soit la fois où j’ai dormi dans ton lit et où tu m’as serrée dans tes bras pendant que je pleurais sur le carrelage de ta salle de bains. Au temps pour moi, West, c’était pourtant flagrant qu’il n’y avait rien entre nous.

— Caroline…

Je recule, glisse sur le verglas et tombe sur le coccyx. La douleur fait redoubler mes larmes. West me tend la main pour m’aider, mais je le repousse.

— C’est bon. Ça va. Passe une bonne soirée.

Je me relève tant bien que mal, et tant pis si son regard s’est adouci. Tant pis si son visage reflète toute la douleur que je ressens. Je ne le laisserai plus m’atteindre.

Je tourne les talons avant que mes émotions me rattrapent.

Je marche de plus en plus vite, puis je me mets à courir parce que, si je m’autorise à analyser ce qui vient de se passer, je vais être obligée de conclure qu’il m’a brisé le cœur exprès, sans même daigner m’expliquer pourquoi.