Les
lecteurs du très sensuel "amant de mes songes" n'ont pas
seulement rencontré le passionné Michel des Anges, mais également
son ami de toujours : le mystérieux Gabriel, un homme au passé
aussi sombre que la nuit londonienne.Sans ressource et
terrorisée par un poursuivant anonyme, Victoria Childers, 34 ans,
n'a plus qu'une seule chose de valeur : son innocence. Son prix lui
assurera la sécurité. Mais Gabriel ne veut pas sa virginité - il
veut l'homme qui la traque. Piégés ensemble dans une demeure où
chaque désir peut être réalisé, Victoria et Gabriel sont plongés
dans un jeu mortel de passion et de poursuite, où la plus grande
menace est l'appétit charnel et la seule règle est de survivre.
(source :
traduction JA, trouvée sur BdP – Merci à elle !)
Lecture
finie
C'était
un livre très attendue de cette auteure qui a peu publié au final.
Quatre livres traduits à ce jour. Le premier tome de cette série
avait été édité, il y a presque cinq ans. L'attente aura été
longue... mais j'avais beaucoup aimé le premier opus.
Les
points forts.
Une
écriture sensuelle très maîtrisée
qui va loin tout en étant très sentimentale, ça donne à sa patte
érotique une touche très belle, très sensible et jamais vulgaire.
Rien de salaces.
Le
couple.
La relation, la rencontre entre ces deux-là est des plus
improbables. Si on passe ça, la construction de leur romance fait
sur un crescendo de passion est juste superbe.
Elle
Vieille
fille vierge qui cherche le contact dont elle a toujours été privé.
Lui
Prostitué,
torturé par un passé fuit au contraire tout contact physique.
Robin
Schone met souvent en avant la lumière de Victoria contre
l'obscurité de Gabriel. Quelle
force l'emportera ?
J'ai trouvé ça très beau avec des personnages dont on voit leur
désir poignant d'accéder au bonheur.
Les
points faibles
Des
facilités scénaristiques.
Je ne suis pas sûre d'avoir vraiment compris «
le pourquoi du comment ».
Le grand dénouement tombe un peu à plat et le grand méchant est
WTF ?.
L'ambiguïté
des rapports entre Michael et Gabriel ne m'a pas emballé. Robin
Schone aurait du soit pousser la carte de l'attraction entre les deux
hommes jusqu’au bout ou alors montrer leur lien fraternel. C'est
espèce d'entre deux ne bénéficie pas au récit. Ce flou donne des
personnages qui semble bâcle. L'auteure évoque souvent leur amour
mais lequel ?
J'ai
trouvé ça bavard par moment.
Pourtant, je n'ai quasiment pas pu lâcher le livre. Une
contradiction qui me permet de dire que j'apprécie énormément la
plume de Robin Schone qui est une des meilleures en matière de
littérature érotico-historique même si le récit comporte beaucoup
de défauts. Ça reste un excellent moment de lecture qui ravira les
amateurs du genre.
— Il
cherchera à m’atteindre en te faisant du mal.
Le
cœur de Victoria sauta un battement. Deux, même. Qui donc était
cet homme qui traquait Gabriel, alors même qu’il se savait traqué
par lui ?
—
T’atteindrait-il
vraiment… s’il me faisait du mal ?
—
Oui.
Sa
poitrine se contracta.
—
Pourquoi ?
—
Parce
que j’ai envie de toi, Victoria.
Elle
sentit ses yeux la picoter.
—
Je
veux que tu me caresses, ajouta-t-il.
Elle
cessa de respirer.
—
Je
veux que tu m’aimes.
Son
cœur s’arrêta de battre.
—
Oui,
il m’atteindrait s’il te faisait du mal, conclut-il, la lueur
argentée de son regard animant les ombres grises de son passé. Cela
me tuerait de te voir mourir parce que tu as su me toucher, moi,
pas seulement sexuellement. Tu m’as touché par ta passion et ton
honnêteté. C’est sans doute ce que voulait l’homme qui t’a
fait venir ici. Il te verra dans mes yeux et sentira ton odeur sur ma
peau. Il voudra te posséder. Et il ne reculera devant rien pour te
tuer. Simplement parce que tu m’as touché.
Il
ne voulait pas lui faire de mal.
Mais
sa volonté de ne pas faire le mal ne l’avait pas empêché de se
prostituer par le passé. Ou de tuer.
Et
il savait qu’elle ne suffirait pas à l’arrêter aujourd’hui
non plus.
La
caresse se prolongea… s’accentua…
Il
faillit céder au plaisir fulgurant qui s’empara de ses bourses.
Mais
il ne voulait pas du plaisir.
Instinctivement,
Victoria se cambra. Elle n’avait jamais connu la douleur que les
hommes peuvent infliger aux femmes, mais se disposait à tout
accepter de lui.
Gabriel
répéta son murmure contre sa chevelure et sa joue mouillée.
Encerclant, pressant, encerclant, pressant plus fort, encerclant
encore et pressant plus fort encore, amadouant son corps pour lui
faire accepter le sien comme il avait appris à le faire vingt-sept
ans auparavant.
—
C’est
cela que vous voulez, mademoiselle Childers ?
—
Oui.
Victoria
ferma les yeux et sa bouche chercha celle de Gabriel, quêtant le
réconfort auprès de celui qu’elle avait invité à la violer.
Pour
qu’il ne souffre pas.
Mais
il ne serait jamais délivré de sa souffrance.
—
Alors,
Victoria, c’est bien cela que vous voulez ? répéta-t-il
suavement.
De
ses mains pressées contre la paroi, Victoria tentait de repousser
plaisir et douleur.
Mais
elle ne le pouvait pas. Gabriel lui-même, fort de sa longue
expérience, n’avait pas pu le faire.
—
Il
vous suffit de me demander d’arrêter pour que j’obéisse
aussitôt. Demandez-moi d’arrêter, Victoria.
Ou
bien il mourrait. En l’emportant avec lui.
Victoria
accepta l’extrémité de son sexe en elle. Et prononça la sentence
de mort.
—
Ne
vous arrêtez pas.
Des
échos du passé retentirent sous son crâne.
— Arrête…
Arrête… Arrête…
Suivis
de :
— N’arrête
pas… N’arrête pas… N’arrête pas…
Les
muscles de ses cuisses et de ses fesses se contractèrent. Sa main
gauche glissa le long du bras de Victoria – un bras de femme,
doux, menu, qui marquait facilement –, flatta le creux de sa
taille et se posa sur sa hanche.
Il
n’arrêta pas.
Les
doigts écartés de Victoria se replièrent, elle serra les poings.
Elle s’efforçait de s’adapter à l’invasion de sa chair.
Sa
souffrance vibrait dans la moiteur embuée.
Gabriel
enfouit le visage dans sa chevelure.
Il
ne voulait pas cela.
L’eau
crépitait sur eux, un homme et une femme liés par leur peur et leur
désir.
—
Dis-moi
d’arrêter, Victoria, chuchota Gabriel.
—
N’arrête
pas ! haleta-t-elle.
—
Dis-moi
d’arrêter, Victoria, insista-t-il en se retirant légèrement.
Plaisir.
Douleur.
Gabriel
ne voulait pas qu’elle voie l’obscurité quand elle atteindrait
l’orgasme.
Voir
les anges. La petite mort.
Gabriel
voulait qu’elle voie les anges, pas la mort.
—
N’arrête
pas ! s’écria-t-elle, l’écho de son cri retentissant tel
un glas funèbre.
Il
revint en elle.
—
Dis-moi
d’arrêter, Victoria.
—
Je
te sens en moi. (Elle aspira l’air embué, l’eau s’immisça
dans sa bouche.) Oh, mon Dieu !
Gabriel
la sentait tout autant. Va-et-vient coulissant de la chair. Plaisir
grandissant, étourdissant, cherchant une issue.
Il
fallait qu’elle lui dise d’arrêter.
Il
s’immergea entièrement en elle.
Le
bassin de Victoria heurta la paroi de cuivre.
—
Oh,
mon Dieu !
Le
cri avait jailli du fond de sa gorge.
Fournaise.
Gabriel
ne se souvenait pas d’avoir connu une femme aussi brûlante. La
moiteur de sa peau et la chaleur d’étuve de son corps se
conjuguaient pour former des nœuds au creux de ses bourses.
—
Dis-moi
d’arrêter, Victoria, répéta-t-il d’une voix rauque avec la
sensation de basculer inéluctablement dans le passé.
—
Est-ce
que tu lui as demandé d’arrêter ? répliqua-t-elle.
—
Oui !
laissa-t-il échapper entre ses dents.
Il
se retira partiellement, pour son plaisir à lui, pas pour celui de
Victoria.
—
Je
lui ai dit d’arrêter.
Victoria
se mordit la lèvre – elle avait une très jolie bouche, la
lèvre inférieure légèrement plus pleine que l’autre. L’eau
coulait sur sa tempe.
Il
ne s’était pas arrêté. Pas avant que le deuxième homme ne lui
ordonne d’arrêter.
Son
cauchemar avait alors commencé.
—
Dis-moi
d’arrêter, implora Gabriel.
Mais
les anges n’implorent pas.
Les
fesses de Victoria se contractèrent.
—
Non.
L’alliance
du plaisir et de la douleur coupa un instant le souffle à Gabriel.
—
Alors
supplie-moi de continuer, cracha-t-il, impitoyable.
—
Force-moi
à te supplier, Gabriel, le défia-t-elle, faisant corps avec lui.
—
À me
supplier de quoi, Victoria ? rétorqua-t-il d’une voix
dangereusement douce, le corps tremblant de désir. Veux-tu que je te
force à me supplier d’arrêter ?
Souffrance.
—
Oui.
—
Ou
veux-tu que je te force à me supplier de continuer ?
Plaisir.
—
Oui,
répéta-t-elle, haletante.
Prête
à accepter sa souffrance et son plaisir.
Mais
Gabriel se refusait à partager sa souffrance avec elle.
Il
avait envie de croire, ne serait-ce qu’un instant, qu’il avait
trouvé une âme et que cette âme s’appelait Victoria Childers.
Cette femme avait vu son vrai visage en s’abîmant dans le plaisir,
le visage d’un homme qui avait renoncé à être un ange.
Gabriel
saisit la hanche de Victoria. Ses doigts s’épanouirent sur l’os
saillant du bassin. Ses muscles se contractèrent.
Un
puissant besoin de la pilonner jusqu’à ce qu’elle lui crie
d’arrêter l’avait saisi. Jusqu’à ce qu’elle le supplie.
Il
voulait que Victoria franchisse le voile des apparences et fasse
revivre le gamin sans nom qui avait cru pouvoir être un ange.
—
Ils
m’ont enchaîné, dit-il, sa voix se mêlant au flux de l’eau. Je
ne pouvais pas bouger. Je ne pouvais pas lutter.
Il
n’avait pu qu’endurer son sort jusqu’à ce que celui-ci
devienne insupportable.
Gabriel
se retira lentement jusqu’à ne plus laisser en elle que le
battement de son cœur.
Il
ne lui épargnerait rien de la vérité.
—
Il
n’a pas utilisé de lubrifiant, précisa-t-il.
Les
deux hommes l’avaient possédé à seule fin de le faire souffrir.
Parce
qu’il avait aimé un garçon aux cheveux noirs et aux yeux violets.
Un
garçon qui lui avait appris à lire et à écrire.
Un
garçon que Gabriel avait préféré rejoindre dans la prostitution
plutôt qu’être séparé de lui.
Victoria
l’acceptait. Tout comme il avait accepté de se laisser prendre.
—
Il
existe un terme issu du grec, enchaîna Gabriel, l’eau ruisselant
sur son visage. L’algolagnie. Il définit le plaisir sexuel
indissociable de la souffrance physique. Veux-tu savoir comment la
souffrance devient plaisir, Victoria ? murmura-t-il.
Se
sentant mourir à l’intérieur.
Le
passé prenant le pas sur le présent.
—
Oui.
(Victoria absorba l’air, l’eau, sa queue.) Oui, je le veux.
Gabriel
n’avait pas supplié avant que la souffrance devienne plaisir. Mais
Victoria ne le comprendrait qu’une fois qu’elle en aurait fait
l’expérience.
Il
voulut soudain qu’elle comprenne.
Qu’elle
pardonne ce qu’il ne pourrait jamais pardonner.