Je
considérais les Argents comme des dieux intouchables
que rien ne pouvait menacer ni effrayer. Je sais à présent que
l’inverse est vrai. Ils ont vécu si longtemps au sommet, protégés
et isolés, qu’ils ont oublié que la chute était possible. Leur
force est devenue leur faiblesse.
Dans
le royaume de Norta, la couleur de votre sang décide du cours de
votre existence. Sous l’égide de la famille royale, les
Argents, doués de pouvoirs hors du commun, règnent sur les Rouges,
simples mortels, qui
servent d’esclaves ou de chair à canon.Mare
Barrow,
une Rouge de dix-sept ans, tente de survivre dans une société qui
la traite comme une moins que rien. Quand elle révèle sans le
vouloir des pouvoirs extraordinaires et insoupçonnés, sa vie change
du tout au tout. Enfermée
dans le palais royal d’Archeon et promise à un prince argent, elle
va devoir apprendre à déjouer les intrigues de la cour, à
maîtriser un don qui la dépasse,
et à reconnaître ses ennemis, pour faire valoir l’indépendance
de son peuple.
Lecture
finie
Le
livre très (trop) médiatisé du moment.
Pas
moyen d'y échapper...
Je
trouve qu'il faut se défier de ces façons de faire connaître un
livre. Ça les expose de façon trop brutale à contrario des livres
qui acquièrent une notoriété de façon plus lente et moins
agressive.
Trop
de pub, tue la pub...Parenthèse fermée .
Les
points fort
Un
style. J'y
ajouterai l'univers
que sa plume sert. L'auteure nous en propose un riche et même s'il
s'inspire beaucoup de choses déjà vus propre à la littérature
dystopique et fantaisy, c'est vraiment très prenant pour
peu qu'on y adhère.
Les
personnages.
A l'instar du monde proposé par l'auteure, on a une galerie de
personnages très fouillés, riche en couleurs et aucun ne laisse
indifférent. Tous sont charismatiques...qu'on les aime ou qu'on les
déteste.
L'histoire.
On
a une trame narrative qui est convenue et très originale à la fois.
J'explique mon discours de Normands. Comme pour l'univers mise en
place dont
je parlais plus haut,
l'auteure propose quelque chose d'originale et personnelle tout en
empruntant à des références déjà connues. Par
exemple,
le dénouement final se passe dans une arène. Ça n'était pas sans
me rappeler le film Gladiator
de Ridley Scott ou les nombreux autres films et romans qui se
finissent avec un « combat final ». Cependant,
il n'en reste pas moins que c'est très bien fait et le récit
enchaîne les retournements de situations de manière savoureuse.
La
romance.
Alors mon petit cœur de guimauve vous prévient tout de suite, la
romance n'est pas le point central du roman. Tant mieux (et
oui, je ne pensais pas un jour l'écrire!)
car
les différentes personnages centraux (trois
hommes et une femme)
ne sont pas particulièrement enclins à laisser parler leur fibre
romantique. Il y beaucoup de coup bas entre eux qui aurait desservi
une belle histoire d'amour comme
je l'entends.
Il n'en reste que Cal et Mare sont vraiment « un couple »
addictif et la fin nous donne vraiment envie de connaître le devenir
de leur relation.
Les
points faibles
Le
début du récit est
un peu lent.
En tout cas, malgré le style auquel j'ai tout de suite adhéré,
j'ai eu du mal à accrocher rapidement. Il faut dire que l'univers
est complexe et il m'a peut-être fallu un peu de temps pour m'y
retrouver.
Le
personnage principal. Je
vais nuancé. Mare est un bon personnage mais certains choix qu'elle
fait m'ont vraiment prodigieusement agacé. Au début du roman, elle
est une jeune fille rouge
un peu paumé. Elle n'est pas une fille
idéale
dans le sens où elle est une voleuse avec
des valeurs un peu douteuses.
La notion de bien et de mal sont très aléatoires.
Pourquoi
pas ?
Mais
ça ne l'a pas forcément rendu sympathique. Durant tout le récit ,
mon sentiment s'est renforcé. Elle noue des relations avec de
nombreux personnages mais elle n'est jamais vraiment très honnête
envers eux. Cette duperie m'a gêné. D'ailleurs à la fin du livre,
un des personnages Lucas
lui dit ce qu'il pense d'elle :
« Je
ne suis rien à vos yeux. Un instrument dont on se débarrasse après
l’avoir utilisé.
(...)Vous
êtes comme tous les autres. Sans cœur, égoïste, froide. À notre
image. Ils ont fait du beau travail. »
Mare
fait des choix que je trouve douteux et qui ne la rende pas très
sympathique. Certes elle évolue dans un nid de vipères mais elle
n'est pas une petite souris innocente.
Bref
Une
très bonne lecture qui propose un habile cocktail de plusieurs
types de littérature...dystopie, young adulte, fantaisy...
Le tout dans un univers où conspiration, mensonge et duperie font la
loi.
Avis
aux amateurs !
— Cal
ne tournera jamais le dos à la couronne – à votre père.
— Je
connais mon frère. Entre te sauver toi, ou sauver sa couronne, il
n’hésitera pas. Tu le sais aussi bien que moi.
— Il
ne me choisira jamais.
Ma
peau devient brûlante au souvenir du baiser volé. Cal m’a tirée
des griffes d’Evangeline. Cal m’a empêchée de m’enfuir
et de me mettre dans une situation plus compliquée. Il m’a évité
la conscription. J’ai été trop occupée à tenter de sauver les
autres pour remarquer que Cal a toujours pris soin de moi. Qu’il
m’aime à ce point.
J’ai
soudain du mal à respirer. Maven secoue la tête.
— Il
te choisira toujours.
Farley
laisse échapper un rire moqueur.
— Vous
voulez que je fasse reposer l’opération tout entière, la
révolution même, sur un coup de cœur entre deux adolescents ?
Je n’arrive pas à y croire.
Une
expression étrange se peint sur le visage de Kilorn, assis en face
de moi. Lorsque Farley cherche du soutien auprès de lui, elle n’en
trouve pas.
— Moi,
si, murmure-t-il sans me quitter des yeux.
— Tu
vas vraiment partir avec la Légion ?
Le
simple fait de prononcer ces mots me terrorise. Son hochement de tête
est presque imperceptible.
— La
place d’un général est au côté de ses hommes.
— La
place d’un prince est au côté de sa princesse. D’Evangeline, m’empressè-je d’ajouter.
Bien
joué, Mare !
La
chaleur épaissit soudain l’atmosphère de la pièce, alors que Cal
n’a pas esquissé le moindre mouvement.
— Elle
s’en sortira sans moi. On ne peut pas dire qu’elle me soit très
attachée. Et elle ne me manquera pas non plus.
Incapable
de croiser son regard, je garde le mien rivé droit devant moi. Par
malheur, il tombe sur le torse de Cal, et sur sa chemise beaucoup
trop fine. Je l’entends inspirer brusquement. Puis ses doigts se
glissent sous mon menton et font basculer ma tête en arrière. Des
flammes dorées vacillent dans ses yeux, reflet de la chaleur qui
monte en lui.
— Toi,
tu me manqueras, Mare.
J’ai
beau désirer de tout mon être rester immobile, arrêter le temps et
prolonger ce moment indéfiniment, je sais que c’est impossible.
Quels que soient mes sentiments, ou mes convictions, Cal n’est pas
le prince auquel je suis promise. Plus important encore, il est du
mauvais côté. Il est mon ennemi. Il représente l’interdiction
absolue.
À
contrecœur, d’un pas hésitant, je recule pour quitter cette bulle
de chaleur à laquelle je me suis habituée.
— Je
ne peux pas…
Ce
sont les seuls mots que je réussis à articuler. Bien sûr mes yeux
me trahissent. Je sens monter des larmes de rage et de regret, des
larmes que je m’étais juré de ne jamais verser. Peut-être que
l’approche de son départ a rendu Cal intrépide et imprudent,
autant de choses qu’il n’était pas avant. Il me prend par la
main et m’attire vers lui. Il est en train de trahir son seul
frère. Je suis en train de trahir ma cause, de trahir Maven et de me
trahir, moi, pourtant je n’ai aucune envie d’arrêter.
N’importe
qui peut trahir n’importe qui.
Ses
lèvres rencontrent les miennes, brûlantes et insistantes. Le
contact m’électrise d’une façon inédite. Cette étincelle n’a
rien de destructeur, c’est une étincelle de vie.
J’ai
beau vouloir me dérober, je m’en sens incapable. Cal est une
falaise et je me jette dans le vide avec délectation. Un jour il
comprendra que je suis son ennemie et tout ceci ne sera plus qu’un
souvenir oublié. Mais pas encore.
Je
voudrais hurler. Cal se retourne pour m’observer à travers les
barreaux. Il a beau être privé de ses pouvoirs à cause de ces
maudits murs, un brasier se déchaîne dans ses yeux.
— Qu’est-ce
que ça fait ? grogne-t-il, presque nez à nez avec moi.
Qu’est-ce que ça fait d’avoir été manipulée, Mare Barrow ?
À
une époque, j’aurais donné n’importe quoi pour l’entendre
prononcer mon véritable nom. Aujourd’hui, il me fait l’effet
d’une brûlure. Moi qui croyais les manœuvrer tous les deux, Maven
et Cal. J’ai été si bête…
— Je
suis désolée, me forcé-je à dire.
Je
méprise ces mots, mais je n’en ai pas d’autre.
— Je
ne suis pas Maven, poursuis-je. Mon objectif n’était pas de te
blesser. Je n’ai jamais voulu qu’il t’arrive du mal.
Plus
bas, dans un murmure à peine audible, j’ajoute :
— Tout
n’était pas faux.
Sa
tête produit un bruit si retentissant en frappant les barreaux qu’il
a dû se faire mal. Il ne réagit pas pourtant. Comme moi, il a perdu
la capacité d’éprouver douleur ou peur. Trop d’événements se
sont succédé.
Une
étrange chaleur s’abat sur moi, une chaleur qui pourrait émaner
du soleil alors que nous sommes à plusieurs mètres sous terre.
Cette chaleur m’est aussi familière que mes propres éclairs, et
elle m’enveloppe en lieu et place de l’étreinte qui nous est
interdite. Ils ont beau qualifier Cal d’ennemi, ils ont beau le
craindre, je le laisse réchauffer ma peau et je laisse son regard
consumer le mien.
Nos
souvenirs communs défilent dans ma mémoire : je me rappelle la
moindre des secondes que nous avons passées ensemble. Notre amitié
a disparu, remplacée par la seule chose que nous ayons encore en
commun. Notre haine pour Maven.
Je
n’ai pas besoin d’être un chuchoteur pour savoir que nous
partageons la même pensée : Je le tuerai.