Les
combattants du feu
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Au
premier regard. Kat McKenna a craqué pour le lieutenant Howard
Paxton de la caserne 5 de Sugarland. Pas seulement parce qu'il l'a
sauvée des flammes. Un peu parce qu'il est sublime. Beaucoup parce
que c'est un type bien, dévoué, prêt à donner sa vie pour
protéger celle de ses coéquipiers et déterminé à arrêter
l'assassin pyromane qui s'en prend à d'innocentes jeunes femmes. Et
passionnément parce qu'il a mis le feu à tout son être.
C'est
une très belle série que j'ai pris plaisir à découvrir et à
continuer tout au long de chaque tome même si je dois dire que le
cinquième tome qui devait être l'apothéose m'a un peu déçu.
En
tout cas le premier tome est super.
J'ai
mis deux extraits. Le premier est la première engueulade du couple.
La deuxième est la réaction de l'héroïne quand elle voit le héros
se faire tripoter par une autre fille.
Kat
devina qu'ils allaient avoir leur première dispute. Mais elle ne
voyait pas comment y échapper, à moins de lâcher prise et de le
laisser se replier dans sa coquille. Et ça, c'était hors de
question.
—J'ai
l'impression de parler dans le vide avec toi, Howard. Si tu en as
marre de moi, dis-le carrément, ça ira plus vite !
—Qu'est-ce
que tu racontes ? s'exclama-t-il, stupéfait. Mais non, j'aime que tu
sois là ! Je ne veux surtout pas que tu t'en ailles !
—Si
tu as besoin d'une présence, prends un chien, il ne te demandera pas
de parler. C'est sûr, ajouta-t-elle, pour le sexe, ce ne sera
peut-être pas aussi bien...
—Dis
donc, toi, grommela-t-il en se levant. Tu cherches la bagarre ou je
me trompe ?
Oh,
oh. Elle l'avait mis en colère. Kat préféra reculer d'un pas.
—
Non,
répondit-elle posément. J'aimerais que tu me parles de tes
cauchemars.
Tu
dors très peu et quand ça t'arrive... commença-t-elle, écartant
les mains en signe d'impuissance. Tu t'imagines vraiment que je ne
ferai rien pour t'aider ?
—Tu
ne peux pas m'aider, répliqua-t-il froidement. Pas pour ça.
—Bon
sang, Howard ! Tu te permets de me donner des ordres alors que toi,
tu n'es même pas capable d'accepter l'aide que je te propose ?
Ce
n'est pas la même chose.
Kat
poussa un long soupir et regarda le bout de ses chaussures. Compta
silencieusement jusqu'à dix.
—
Tu
veux bien me raconter ce qu'a dit Ford, au moins? Tu avais promis de
ne plus me tenir à l'écart.
Il lui
jeta un coup d'œil méfiant, puis hocha la tête.
—D'accord.
Ce sera vite fait, vu qu'il n'a pas dit grand-chose. Les sandwichs
ont l'air bon, enchaîna-t-il en s'approchant de la table.
—Merci.
Je t'écoute, ajouta-t-elle une fois qu'elle fut assise avant de
mordre dans son sandwich.
—Ford
pense que si l'assassin ne se manifeste plus, c'est parce qu'il a du
mal à
trouver
une maison vide dans le secteur de la caserne 5. Soit il ne sait pas
que même si l'incendie se produisait ailleurs, la caserne 5 serait
obligée d'intervenir, soit il tient à ce que je sois le premier sur
les lieux.
—C'est
ce que je me suis dit aussi. Ce qu'il veut, c'est rendre ta vie et
celle de tes coéquipiers infernale.
—Il
y arrive assez bien jusqu'ici, acquiesça-t-il en soupirant. Je ne
sais plus si je te l'avais dit, mais quand l'assassin a laissé le
portable de Lorna Miller sur mon lit, il avait aussi laissé une
bague de femme à côté.
Kat
sentit son ventre se nouer et perdit soudain tout appétit.
—Non,
tu ne m'en avais pas parlé. Quel genre de bague ?
—Une
sorte d'alliance avec un solitaire. Assez ordinaire. Il y avait du
sang séché
dessus.
—Et
la bague n'appartient à aucune des deux victimes, c'est ça ?
déduisit-elle des bribes de sa conversation avec Ford.
—Exact.
—Bizarre.
—Très.
—Et
le sang séché ?
—Ne
leur appartenait pas non plus. Pas le bon groupe.
—Une
précédente victime ? hasarda-t-elle. Dont tu ne saurais rien. Mais
pourquoi ?
—C'est
la question à un million de dollars. Ford est persuadé que cette
bague n'était pas là pour rien.
—Et
toi ? Qu'est-ce que tu en penses ?
—J'en
pense que je prendrais bien un aller simple pour Tahiti.
Une
fois de plus, il érigeait un mur entre eux. Kat masqua sa déception
du mieux qu'elle put.
—Comment
se fait-il que les parents de Lorna Miller ne se soient pas aperçus
plus tôt que la bague n'appartenait pas à leur fille ?
—Parce
que la brigade des homicides ne la leur avait pas donnée. Comme le
portable lui appartenait, la police n'avait aucune raison de penser
que la bague ne lui appartenait pas. Hier matin, Ford est passé la
leur remettre, et ils ont dit qu'ils ne l'avaient jamais vue. Ford
l'a alors montrée aux amis et à la famille des deux victimes. Sans
résultat.
—Ce
qui ne laissait plus que toi. Tu es sûr et certain de ne l'avoir
jamais vue ?
Il
secoua la tête. Kat prit une bouchée de sandwich et la mâcha sans
conviction.
—Tu
ne manges pas ? demanda-t-elle à Howard.
—Désolé.
Comme
pour se faire pardonner, il croqua à belles dents dans son sandwich.
Il venait à peine de commencer à mâcher que ses yeux
s'arrondirent, comme s'il s'étranglait. Plaquant une main sur sa
bouche, il se leva si précipitamment que sa chaise tomba par terre.
—
Howard?
Qu'est-ce qu...
Mais
il courait déjà vers sa chambre. Kat sursauta au bruit de la porte
qui claqua derrière lui. Alarmée, elle contempla son sandwich
abandonné. Le jambon était peut-être périmé ? Elle le prit, le
renifla, en goûta même un morceau pour en avoir le cœur net. Non,
il avait un goût normal. Pourquoi Howard...
—
Oh,
non !
La
tomate ! Elle avait mis des tranches de tomate dans son sandwich ! Il
lui avait dit qu'il ne supportait pas les tomates, et elle avait
complètement oublié !
Kat se
précipita vers la porte de la chambre pour s'excuser. Elle frappa,
mais il ne répondit pas. Que faire ? Retourner s'asseoir ou entrer
quand même ?
Elle
devait s'assurer qu'il allait bien. Il était peut-être gravement
allergique. Elle ouvrit la porte et jeta un coup d'œil à
l'intérieur. Il n'était pas dans la chambre, mais la porte de la
salle de bains était fermée. Elle s'en approcha et l'entendit se
racler la gorge.
Partagée
entre l'envie de l'aider et de le laisser tranquille, elle s'attarda
devant la porte, bourrelée de remords. Les bruits cessèrent. Elle
attendit encore, impatiente de lui dire à quel point elle était
désolée.
Une
longue minute passa, puis une autre. Howard ne se décidait toujours
pas à
émerger.
Prenant son courage à deux mains, elle gratta discrètement à la
porte.
—
Howard
? Je peux entrer ?
Des
bruits étouffés lui parvinrent. Des bruits semblables à ceux qu'il
faisait la nuit lorsqu'il était en proie à ses cauchemars.
Lentement,
elle ouvrit la porte... et son cœur remonta dans sa gorge.
Howard
était assis par terre, le dos contre la baignoire, les genoux
relevés, les bras croisés enserrant son ventre. Il avait les yeux
fermés et de faibles gémissements, ponctués de halètements
angoissés, franchissaient ses lèvres. De temps à
autre
il baissait la tête, comme pour échapper à des coups invisibles.
Kat
s'agenouilla auprès de lui et posa la main sur sa joue. Sa peau
était moite de transpiration.
—Excuse-moi,
Howard ! Ça m'était complètement sorti de la tête. Tu fais une
réaction allergique, c'est ça ? Tu veux que j'appelle un médecin ?
—Non
! répliqua-t-il en écartant vivement son visage de sa main.
Bon.
Peut-être ne supportait-il pas qu'on le voie quand il était malade.
Elle posa doucement la main sur son épaule.
—Tu
veux que je t'apporte quelque chose ? Un peu d'eau ?
—Non...
gémit-il d'une voix brisée, ses bras se crispant complètement sur
son ventre. Pitié... je ne le répéterai pas...
Kat se
figea. Puis blêmit. Ce n'était pas à elle qu'il parlait. Howard
s'adressait à
quelqu'un
d'autre ! Il n'avait même pas conscience de sa présence !
Prostré
de terreur, il implorait la pitié d'un tourmenteur invisible.
S'agissait-il d'un syndrome post-traumatique ? Et si oui, qu'est-ce
qui l'avait déclenché ?
Une
pauvre petite rondelle de tomate ?
—
Chuuut,
calme-toi, murmura-t-elle d'une voix douce en caressant son biceps.
C'est
moi, Kat. Reviens vers moi, mon grand.
Il
grommela quelque chose d'incompréhensible, sans chercher cette fois
à s'écarter d'elle. Encouragée, Kat continua de chuchoter des
paroles apaisantes et sentit progressivement ses muscles se détendre.
Sa respiration redevint normale, puis il frissonna et redressa la
tête.
—
Kat
? s'étonna-t-il en la dévisageant de ses yeux aux pupilles
dilatées. Qu...
Qu'est-ce
que tu fais là ?
—Je
suis venue voir si tout allait bien, répondit-elle prudemment.
Comment te sens-tu ?
—J'ai
mal au cœur, dit-il en regardant autour de lui, visiblement confus.
Qu'est-ce qui s'est passé ?
—Tu
ne te souviens pas ?
—Pas
trop, croassa-t-il. J'ai mangé de la tomate et j'ai été malade.
J'ai couru ici.
J'ai
dû perdre conscience une minute.
—Howard,
tu n'as pas perdu conscience.
—Si.
Je viens de revenir à moi...
—Non,
Howard, ce n'était pas ça.
Elle
hésita, ne sachant trop comment lui annoncer la chose.
—
Tu
as eu une sorte de... flash-back. Tu avais peur. Tu suppliais
quelqu'un... et tu lui promettais que tu ne le répéterais pas.
Howard
la dévisagea. Déglutit.
—C'est
ridicule.
—Je
te raconte ce que je viens de voir. Tu étais terrifié, et je crois
que c'est la tomate qui a déclenché ce... cette crise. Laisse-moi
parler! ajoutât-elle comme il cherchait à l'interrompre. Chaque
fois que tu entres en sommeil profond, tu fais des cauchemars.
Peut-être que c'est à cause du stress que ce malade te fait subir,
mais tu devrais vraiment envisager de consulter quelqu'un. Un
psychologue ou...
—Je
ne suis pas fou.
Il
avait prononcé chacun de ces mots comme si sa gorge avait été
tapissée de fil barbelé. Son visage était livide et ses grands
yeux sombres reflétaient une frayeur intense.
—Évidemment
que non ! Je n'ai jamais pensé ça, voyons, tu le sais. Il faut que
tu sortes de ce truc, et puisque tu ne peux pas me faire confiance,
tu devrais con-
sulter
un professionnel.
—Je
ne laisserai pas quelqu'un que je ne connais pas me triturer la tête,
siffla-t-il en se levant. Et je te ferai remarquer que je te
fais vraiment confiance.
Kat se
leva à son tour et considéra sa fureur grandissante, plus inquiète
que jamais.
—Non,
tu ne me fais pas confiance, rétorqua-t-elle d'un ton posé. Si tu
me faisais confiance, tu partagerais ce qui est important avec moi.
—Qu'est-ce
que tu racontes ? explosa-t-il. Je partage ma maison, mon lit, toute
ma vie avec toi ! Tout ! Qu'est-ce que tu veux de moi ?
Ton
cœur.
—Je
veux que tu t'ouvres à moi, murmura-t-elle à la place. Que tu me
laisses t'aider, comme les vrais partenaires le font l'un pour
l'autre.
— Tu
veux que je m'ouvre une veine pour que tu puisses me regarder
saigner, c'est ça ? Alors là, ne compte pas sur moi, ma fille,
laissa-t-il tomber avec un ricanement mauvais.
Ces
mots lui firent l'effet d'une gifle.
—
Comment
peux-tu dire une chose pareille ? répliqua-t-elle, piquée au vif.
Il ne s'agit pas demoi, Howard,
mais de nous !
Mais puisque tu refuses de comprendre, enchaîna-t-elle, gagnée à
son tour par la colère, je ne vois pas pourquoi je resterais plus
longtemps chez toi. Limiter une relation de couple aux quatre murs de
ta chambre, c'est très superficiel, tu sais.
Il
recula précipitamment et se cogna contre le mur. Sa colère céda la
place à une surprise choquée. À la souffrance.
—
Superficiel
? Tu crois que faire l'amour avec toi ne veut rien dire pour moi ?
—
Je
commence à le penser, rétorqua-t-elle du tac au tac.
Le
mensonge avait franchi ses lèvres avant qu'elle ait pu le retenir.
Howard n'était pas le seul à souffrir.
—
J'espère
que tu te souviendras que c'est toi qui as dit ça, pas moi.
L'étincelle
qui animait ses beaux yeux bruns mourut. Soufflée comme la flamme
d'une chandelle. Face à son expression glaciale, Kat sentit son sang
se figer dans ses veines.
—
J'ai
été bien inspiré de ne pas te faire de confidences, ajouta-t-il
d'un ton sarcastique, tu en aurais profité pour les piétiner.
Et
voilà, Kat avait trouvé le moyen de lui donner raison. Howard avait
orchestré
le
scénario de leur dispute - inconsciemment, peut-être, mais le
résultat n'en était pas moins là. Il fuyait quelque chose qui
l'épouvantait, et il ne voulait pas entendre parler de l'amour
inconditionnel qu'elle était disposée à lui offrir. Ni maintenant,
ni jamais.
—
J'ai
l'impression que nous nous retrouvons dans une impasse, lieutenant.
Lui
tournant le dos, elle passa dans la chambre, attrapa son sac et y
jeta pêle-mêle ses vêtements et ses affaires de toilette.
—Je
vais appeler ma sœur pour lui demander de venir me chercher.
—Non,
dit-il derrière elle. Je vais te raccompagner.
Kat
préféra s'abstenir de refuser. Howard la raccompagnerait en dix
minutes, alors que Grâce mettrait au moins une heure à venir la
chercher. Une heure à se regarder en chiens de faïence? Plutôt
mourir !
—
Comme
tu voudras.
Un
quart d'heure plus tard, Kat lâcha son sac sur son canapé et écouta
la voiture de Howard s'éloigner.
Il ne
reviendrait pas en arrière. Malgré les conseils de Grâce, Kat
l'avait pressé
de
questions, exigeant de Howard quelque chose qu'il n'était pas prêt
à lui donner. Qu'il n'aurait peut-être jamais été prêt à lui
donner.
Et
elle l'avait perdu.
Elle
s'obligea au calme. Elle ne voulait pas avoir l'impression qu'on
venait de lui arracher le cœur de la poitrine. Mais ses profondes
inspirations se convertirent en sanglots, et le sentiment d'une perte
irrémédiable la submergea.
Kat se
laissa tomber sur le canapé, enfouit son visage dans ses mains et
fondit en larmes.
Dieu
lui était témoin qu'il avait eu envie de se confier à Kat. De la
serrer dans ses bras et de lui raconter cette nuit d'épouvante où
il avait traversé le potager de sa mère de toute la vitesse de ses
petites jambes, et où son propre père avait failli le tuer. Les
mois qu'il avait passés à pleurer après cela, et son chagrin
in-consolable d'avoir été abandonné par la seule personne qu'il
aimait et en qui il avait confiance.
C'était
du moins ainsi qu'il se rappelait ses cauchemars, au fur et à mesure
qu'ils s'étaient précisés. À plus de trente ans de distance,
difficile de différencier les souvenirs réels des accommodements
fiévreux que l'esprit tourmenté d'un petit garçon leur avait fait
subir.
Et
puis, il y avait autre chose. Une vérité que Kat aurait risqué de
découvrir si elle avait un tout petit peu insisté.
Tout
au fond de lui, quelque chose l'empêchait de reconstituer
entièrement cette nuit cauchemardesque. Son esprit luttait contre ce
que son inconscient savait et qu'il s'était appliqué à dissimuler.
Un secret qui le déchirerait. Qui l'anéantirait à
tout
jamais.
S'il
soulevait le voile et laissait entrer le mal, il serait détruit.
Alors
il avait cédé à la peur et avait repoussé Kat.
Il
l'avait perdue. Pour toujours.
Les
intestins liquéfiés, hébétée de surprise, Kat regarda cette
créature à la silhouette irréprochable, moulée dans une tenue de
sport noire, aller retrouver Howard à la portière de sa voiture. Il
la referma et se laissa aller contre tandis que la rousse, plaquant
les mains sur son torse, s'employait à vider l'air de ses poumons...
Et
ceux de Kat par la même occasion.
—
Oh...
Oh, mon Dieu.
La
rousse glissa les mains sous son T-shirt tandis qu'ils s'embrassaient
pendant ce qui lui parut une éternité, mais ne dura en fait que
quelques secondes. Elle rompit alors leur baiser, une de ses mains
s'immisçant sous la ceinture élastique du short de Howard. Il
saisit son poignet, murmurant ce qui ressemblait à une protestation
qui n'entama visiblement pas la volonté de la rousse. Howard
renversa la tête en arrière et ferma les yeux, laissant ses mains
reposer sur les hanches étroites, presque masculines, de la femme.
Le
regard braqué sur les mains de Howard, Kat serra les dents
lorsqu'elle les vit remonter sur ses flancs nus pour aller recouvrir
sa poitrine d'adolescente, moulée par la brassière de sport. Elle
se prépara à subir une souffrance atroce. La souffrance de la
trahison. Au lieu de quoi, elle sentit avec surprise et soulagement
la morsure d'une colère brûlante.
La
rousse faisait glisser le short de Howard sur ses hanches, libérant
son sexe.
Son
membre en érection jaillit entre eux, visiblement disposé à la
satisfaire.
Cette
fois, Kat sentit son sang bouillir.
Et
quand les doigts fuselés de la rousse se mirent à caresser son
membre, une boule de feu la projeta dans l'hyperespace.
Cerveau
déclenché. Fonction Tuer-la-Truie activée.
Elle
sortit de voiture et remonta l'allée en trombe avant même de
réaliser que ses pieds avaient touché le trottoir. Tandis qu'elle
fonçait sur le couple, elle remarqua à peine que Howard laissait
retomber les bras le long de son corps, secouait la tête et se
dégageait de l'étreinte de la rousse.
— Non, Janine.
Attends...
—Écarte-toi
de lui, truie ! rugit Kat avec la voix d'une créature démoniaque
tout droit sortie de l'enfer.
Mon
Dieu, c'est moi qui ai dit ça ?
Howard
et la rousse se séparèrent comme s'ils avaient reçu une décharge
électrique, et il remonta précipitamment son short, contemplant
Kat, bouche bée.
Normal,
son cerveau est concentré entre ses
jambes...
La
rousse fut la première à se ressaisir et ses lèvres formèrent un
petit sourire méprisant.
—
On
ne t'a jamais dit que trois c'est un de trop, ma grosse ? Harry et
moi, on ne donne pas dans le triolisme.
Harry semblait
au bord de la nausée.
Kat
avança d'un pas et eut la satisfaction de voir la rousse reculer,
son visage laissant entrevoir une expression inquiète. Elle n'était
pas du tout certaine de sa position vis-à-vis de Howard et avait
probablement attendu de le coincer dans un moment de vulnérabilité.
Celui-ci n'avait pas dû lui opposer beaucoup de résistance.
—
Ah
ouais ? Et la pension alimentaire, vous ne faites pas non plus ?
riposta-t-elle sans prendre le temps d'y réfléchir à deux fois
avant de proférer un mensonge aussi énorme. On ne formerait pas un
trio, mais un quartet !
La
rousse fronça les sourcils, tâchant d'assimiler ce qu'elle venait
de dire. Elle n'avait visiblement pas inventé l'eau tiède. Howard,
lui, la contemplait comme si elle venait de lui assener un coup de
massue sur la tête.
—Kat...
—Toi,
gronda-t-elle en agitant le doigt sous son nez, tu la boucles !
Sa
bouche se referma aussi sec.
—
Oh
! s'exclama la rousse, son regard passant de l'un à l'autre. Un
enfant ? Tu as mis ta copine en cloque, et puis tu l'as plaquée et
tu vas te tremper le biscuit avec la première venue, c'est ça ?
Howard
écarquilla les yeux, les joues écarlates.
—Non,
s'écria-t-il, ce n'est pas du tout ça !
Alors
là, c'est sans moi, mes petits cocos. Je me passe très bien de ce
genre de salades. J'ai déjà divorcé d'un salaud qui avait fait le
coup à deux nanas avant de me rencontrer. Il paiera une pension
alimentaire à ses deux ex jusqu'à ce qu'il meure d'une crise
cardiaque. Je te souhaite bien de la chance, ricana-t-elle à
l'intention de Kat.
Problème
numéro un résolu. Un halo de rage se reforma autour de Kat, bien
décidée à s'occuper de sa véritable cible.
Tandis
que la Marie-couche-toi-là remontait dans sa voiture, Kat chercha
une arme du regard dans le garage de Howard. Elle s'empara d'une
canne à pêche appuyée au mur et la brandit tel un guerrier
samouraï. Howard leva aussitôt les mains en l'air.
—Ce
n'est pas ce que tu crois, Kat.
—Salaud
! rugit-elle.
Elle
souleva la canne à pêche et lui en flanqua un bon coup sur la tête.
Howard laissa échapper un glapissement de douleur, tentant vainement
de protéger sa tête et ses épaules de ses bras repliés.
Ah!
C'était cent fois mieux qu'une thérapie. Mille fois mieux, même.
Une bouffée euphorique s'empara d'elle, et elle ponctua son discours
de coups bien appliqués.
—Espèce...
—Ouille
!
—...
de fils de...
—Aïe!
—...
pute !
—Je
n'ai pas...
—Pauvre
nul ! J'étais tellement malheureuse que j'étais venue te voir pour
faire la paix avec toi. J'imagine que ça te fait rire, hein ?
—Arrête,
Kat...
—Tes
draps n'ont pas eu le temps de refroidir que tu étais déjà prêt à
en sauter une autre...
—Je
t'ai dit d'arrêter ! hurla-t-il en baissant la tête pour se ruer
sur elle.
Il la
délesta de son arme et la lança dans un coin où elle se brisa net,
puis la saisit par les poignets et la plaqua contre sa voiture, son
torse se soulevant de colère.
—Si
tu avais fait attention, tu aurais vu que je m'apprêtais à la
rembarrer. J'allais lui dire de rentrer chez elle, Kat.
—C'est
ça ! répliqua-t-elle en riant, tremblante de colère.
—C'est
la vérité, soutint-il en se collant à elle. Juste avant que tu
charges sur nous comme une furie, je l'avais repoussée. J'étais
excité, c'est vrai, mais ce n'était pas Janine que je voulais,
c'était toi !
—Je
t'en prie, ne m'humilie pas davantage avec tes mensonges, Howard,
répondit-elle en entendant, horrifiée, sa voix se briser.
Howard
serrait ses bras si fort que ses doigts s'enfonçaient dans sa chair,
mais ce n'était rien en comparaison de la chaleur qui irradiait de
son corps et de son sexe en érection qui s'incrustait contre son
ventre. Une excitation qui, il y avait quelques minutes à peine,
était dirigée vers une autre femme.
Malgré
ses efforts, une larme roula sur la joue de Kat. La confortable
couverture de la colère se dissipa, laissant place au chagrin.
Howard étouffa un juron.
—Je
sais que ça ressemble à un mensonge, mais je te jure que c'est
vrai. Je n'avais pas envie de coucher avec elle. Je n'arrivais pas à
dormir, alors je suis allé au gymnase et elle est venue me rejoindre
dans les douches...
—Je
ne veux pas entendre ça.
—J'avais
mal. À cause de toi et de tout ce qui va de travers dans ma vie.
Elle m'a surpris dans un moment de faiblesse et je suis désolé que
tu aies assisté à
cette
scène, mais Dieu m'est témoin que je n'ai pas - que je ne voulais
pas...
Il
posa sur elle un regard suppliant et passa la main sur les pointes
bicolores de ses cheveux.
—
Même
si tu n'étais pas arrivée, reprit-il, je lui aurais dit de partir.
Délicatement,
il essuya ses larmes. Qui continuèrent à couler. La vision qu'elle
avait eue de Howard en pleine érection, le fait de savoir qu'il
avait accepté que Janine le suive chez lui... Oh, mon Dieu. Sa
poitrine devint brûlante, et la douleur fut si intense qu'elle eut
envie de mourir.