menu 2

gfMes dernières chroniques


mercredi 11 mars 2020

Dessine-moi une école où il fait bon vivre - L'expérience d'un professeur qui change l'école de l'intérieur de Cédric Forcadel



 

Une autre école est possible !
Au travers de 15 chroniques délicieusement écrites, abordant des sujets faisant débat tels que les rythmes scolaires, la place des parents dans l'école, la formation des enseignants, les écrans... Cédric Forcadel tord le cou aux idées reçues sur l'école.
Il nous invite, nous enseignants, nous parents et nous citoyens, à un voyage en pédagogie, tiré à la fois de son expérience singulière d'enseignant et de directeur d'école publique près de Rouen, ainsi que des apports des sciences de l'éducation et notamment des pédagogies alternatives.
Son objectif ? Défendre une certaine vision de ce que devrait être l'école publique au quotidien : apprendre tout en s'épanouissant, apprendre tout en vivant en harmonie avec les autres, apprendre tout en s'ouvrant au monde, apprendre en contribuant à construire une société démocratique, égalitaire et fraternelle.
« C'est l'œuvre d'un enseignant exemplaire qui conjugue la volonté de penser et le courage de faire. » (Philippe Meirieu)



Ce livre est une pépite pour tous ceux qui ont à cœur de comprendre l'école actuelle.

L'auteur, Cédric Forcadel est un enseignant et un directeur d'école qui pratique la pédagogie Freinet. Qu'est-ce que c'est la pédagogie Freinet ? Je ne vais pas rentrer dans une définition « verbeuse » mais disons que les époux Freinet sont partis de l'idée que l'apprentissage est un élément naturel à l'homme comme parler ou marcher par exemple. Il revient donc dans cette pédagogie à laisser l'enfant « libre » d'apprendre en lui donnant les supports adaptés. On parle de démarche « naturelle ». L'enfant acquiert le savoir par lui-même.
Je fais court mais c'est important parce que cette vision oriente beaucoup l'ouvrage qui promeut cette pratique.

Pour ma part, étant enseignante, je déteste m'inscrire dans UNE pédagogie. Je pense que c'est la multitude de points de vue qui permet au professeur de piocher et d'obtenir les outils dont il a besoin dans la situation forcément singulière et unique qu'il rencontre dans sa classe.

Je ne dis pas cela dans une quelconque opposition au livre. Bien au contraire. Celui-ci fait échos à bon nombre de réflexions que je me fais et il m'a permis d'enrichir ma perception sur le sujet.
L'auteur propose 15 chroniques qu'il lui semble important pour brosser l'école d'aujourd'hui. Des constats. Pour ce faire et il replonge souvent dans un contexte historique qui permet de mieux les comprendre ainsi que le cheminement de sa réflexion.

C'est extrêmement intéressant même si les propositions pour faire évoluer les choses ne sont pas assez claires ou riches pour moi.
Je vous donne un exemple d'une de ses chroniques : la (mauvais) relation avec les familles. L'auteur dit malicieusement d'ailleurs « je t'haime » en parlant de la relation école/famille. C'est saisissant. On sait et à juste titre que l'enseignement public souffre de plus en plus d'une mauvaise communication avec les parents. Les conséquences sont pesantes et aggravent les conditions de travail des professeurs qui sont par ailleurs de plus en plus stressantes. Il y a un creuset de confiance qui s'installe. C'est une réalité dans toutes les écoles, à plus ou moins grande échelle. Bien sûr que c'est à l'école de trouver des solutions. C'est pourquoi, j'aurais aimé en lire des concrètes de la part de l'auteur...

De la même manière, il fait le constat alarmant mais réel que les enseignants ont une formation initiale qui se dégrade de plus en plus. Cette mauvais entrée dans le métier a des répercussions importantes. Il fait un deuxième constat : il y a des maîtres formateurs qui ont en partie cette charge et qui pourtant interviennent très peu auprès des futurs enseignants de plus en plus démunis. Ce sont pourtant des experts qui sont certainement les plus qualifiés pour cette fonction. Cédric Forcadel met en lumière cette contradiction : l'appauvrissement d'un système alors que toutes les solutions et les ressources sont en son sein...

L'enseignement public est très innovant et coopératif. Celui-ci met ose des pédagogies toujours plus stimulantes, ambitieuses et expérimentales pour les élèves. Pourtant comme je le disais plus haut, l'Education Nationale ne les exploite pas ou très peu....
C'est en cela que Dessine-moi une école où il fait bon vivre est un ouvrage des plus intéressants pour tous. La visions de l'auteur colle a un vraie réalité. C'est une voix qui mérité d'être entendue.




L'autonomie n'est pas l'individualisme, l'indépendance, la capacité à se passer de liens. (...) L'autonomie ne peut donc s'envisager que dans l'appartenance à un réseau de relations sécurisantes et bienveillantes. p27-28




Alors, imaginez-vous des enfants qui lisent mal, voire très mal, entourés de familles ne sachant bien souvent ni lire, ni écrire, et n'étant jamais elles-mêmes allées à l'école, placés devant une pile de cours de 70 cm de haut, sans directives précises, en dehors de l'exigence institutionnelle de rendre des devoirs à intervalles réguliers!
Cette égalité-là, c'est celle du piéton et de l'automobiliste placés sur la même ligne de départ!




"L'enseignement doit offrir à tous d'égales possibilités de développement, ouvrir à tous l'accès à la culture, se démocratiser moins par une sélection qui éloigne du peuple les plus doués que par une élévation continue du niveau culturel de l'ensemble de la Nation". (Conférence d’Henri Wallon prononcé le 23 mars 1946 à Besançon.)