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mardi 1 avril 2014

La Société, tome 3 : A votre service ! d'Angela Behelle



Vois-tu Cali, les affaires, c'est comme le sexe. Tout est question d'abord de séduction, de préliminaires. Il faut savoir attirer son adversaire, l'allonger tout alangui dans son lit avant de le baiser en beauté. Mais, ça ne suffit pas. Pour réussir longtemps et se maintenir au top, il faut se retirer en douceur en laissant son partenaire satisfait.







Le résumé :
Les jeunes femmes d'aujourd'hui croient-elles encore aux contes de fées ?

C'est peu probable pour ce qui concerne Pascaline Villers.
A vingt-six ans, celle que tout le monde surnomme Cali a cessé de rêver au prince charmant. Elle se contente d'un job pas franchement à la hauteur de ses espérances dans un hôtel parisien poussiéreux et tue le temps comme elle le peut.
Aussi, quand sa meilleure amie, la pétillante et dévergondée Daphné lui propose de la remplacer incognito comme serveuse dans une partie fine donnée par un notable libertin et membre de La Société, elle y voit une excellent occasion de se distraire tout en arrondissant substantiellement sa fin de mois.
Pasccaline va alors découvrir à ses dépens qu'on ne badine pas avec les règles strictes de l'organisation secrète et qu'on ne défie pas Alexis Duivel sans en payer chèrement les conséquences.
Acculée par le troublant vice-président de la Société à honorer sa dette et défendre la cause de son amie, la loyale Cali s'attend à tout sauf à trouver beaucoup d'intérêt et de plaisir dans le travail d'un genre très très particulier qui s'impose à elle, et pourtant...

Après "Qui de nous deux ?" et "Mission Azerty", ce troisième opus de la série va vous éclairer davantage dur certaines valeurs fondamentales régissant la Société qui sait se montrer tout aussi implacable envers ceux qui la menacent que généreuse envers ceux qui la servent, jusqu'à faire croire parfois, aux contes de fées.


L'extrait :
- Qu'est ce que tu veux de moi?
- Je dois absolument rentrer à New York pour samedi, mais je serai de retour pour la signature d'un nouveau contrat d'ici un mois. Je veux que tu sois là.
- Tu veux donc m'obliger à suivre tes romances sur papier glacé et à t'attendre dans l'ombre d'un hôtel de luxe? J'ai l'impression que tu me juges mal, Daniel. Je suis peut-être une employée, une domestique habituée à recevoir des ordres et à être docile mais je ne suis ni une prostituée, ni un objet.
Daniel se hérisse de mes propos et me fait taire en balançant un coup de poing rageur sur la table, renversant au passage son verre de vin à moitié plein.
- Jamais je ne t'ai traitée de la sorte, s'écrie-t-il.
Je ne me laisse pas impressionner par son éclat de colère et je soutiens son regard furibond.
- Si, à l'instant.



L'extrait :
9 heures ! J'arrive devant la grille de l'hôtel particulier de Neuilly dont l'adresse figure sur le bout de papier que m'a donné Daphné.
Mon cœur bat trop vite et je dois prendre une grande inspiration pour me calmer un peu avant de sonner.
Un type d'un certain âge, habillé en livrée, vient m'ouvrir. Je lui présente mon badge sans rien dire comme me l'a recommandé ma copine.
— Ah, vous voilà, soupire-t-il. Je commençais à manquer de bras.
Il me précède dans l'allée puis dans la maison.
— Vous pouvez déposer vos affaires ici. Vous êtes en tenue déjà à ce que je vois ! C'est bien, vous n'aurez pas beaucoup de temps. Venez, continue-t-il d'un ton gentil.
La salle dans laquelle sont disposées, de part et d'autre, deux longues tables est meublée de profonds canapés de velours, de tables basses et de tapis moelleux dans lesquels mes talons s'enfoncent. Il y règne une ambiance feutrée particulière. Le jour déclinant y entre, à peine filtré par d'épais rideaux de velours écarlates. Le majordome me désigne la table où sont alignés de nombreux verres à pied.
— Commencez donc à dresser les seaux à champagne. Les premiers invités ne vont pas tarder.
Là, je suis dans mon élément.
Je me presse d'obéir et je m'active près de la table quand le maître des lieux arrive.
Je sais que c'est lui. Daphné m'a fait une description détaillée de Renaud Frécourt, magistrat quinquagénaire et membre de la Société depuis le début et féru des soirées fines où on se passe les femmes comme les petits fours.
Il inspecte les derniers détails sans s'attarder sur moi. J'ai droit tout au plus à un signe de tête auquel je réponds pareillement.
Ouf !
À 20 heures précises, le défilé commence.
Je compte approximativement une bonne trentaine de participants, tous masqués et vêtus, pour ce qui concerne les dames, de robes très osées. Ils se connaissent tous plus ou moins à en juger aux bribes de conversation que j'entends de-ci, de-là. Je peux même deviner qu'un tel est avocat, un tel est un notaire tandis qu'un autre est un haut fonctionnaire lui aussi dans la justice... des gens bien sous tous rapports. Monsieur Frécourt invite visiblement dans son cercle restreint.
Madame Frécourt fait son apparition avec un peu moins d'une heure de retard, je gage qu'elle ménage ses effets. Elle est d'une blondeur éblouissante et porte une robe si échancrée qu'elle ne cache rien de ses seins artificiels, ni de son pubis épilé qu'on aperçoit par la fente audacieuse de sa tenue.
Son arrivée marque le début des vraies festivités. Les couples éclatent, se dispersent. Certains s'éclipsent dans des recoins, d'autres au contraire s'embrassent en pleine lumière.
À chacun de mes passages, je reçois quelques fessées gentilles ou des caresses qui se font plus audacieuses au fur et à mesure que le niveau du champagne diminue dans les verres.
J'ai croisé deux ou trois fois monsieur Frécourt. Il m'observe d'un drôle d'air qui ne m'inspire pas confiance. Je tente de mon mieux d'éviter son chemin, mais une manœuvre délicate me place nez à nez avec lui. Il me retire mon plateau des mains et le tend avec autorité à son majordome.
— Suivez-moi, ordonne-t-il sur un ton qui ne souffre pas la contestation.
Je trottine sur ses talons dans les couloirs de la maison splendide. Il me ramène à la cuisine.
— Prenez vos affaires et venez !
Je ramasse mon sac et je le suis de nouveau. Avec une clé qu'il tire de sa poche, il ouvre la porte de ce que je devine être son bureau. Il me fait un signe d'entrer et referme soigneusement derrière nous. Mes mains sont moites et mes jambes tremblent un peu.
— Veuillez enlever votre masque ! exige-t-il.
J'obtempère timidement. Il se dresse face à moi, les mains dans le dos, l'air furieux.
— Qui êtes-vous, mademoiselle ?
— Je m'appelle Pascaline Villers.
— Qui vous a donné mon adresse et ce costume ? interroge-t-il sur le ton du magistrat.
— Une amie.
— Ce soir, j'attendais mademoiselle Daphné Lefèvre. S'agit-il de cette jeune femme ?
— Oui, j'avoue timidement.
— Pourquoi avez-vous pris sa place ? aboie-t-il en devinant nos accointances.
— Elle a eu un empêchement, je mens de mon mieux pour protéger mon amie mais je dois bien reconnaître que ça sent le roussi.
Il se dirige vers le bureau et s'empare du téléphone. Il compose un numéro qu'il connaît par cœur et patiente en me lorgnant d'un air mécontent.
— Alexis ? Désolé de vous déranger à cette heure. Pourriez-vous venir jusque chez moi ? Nous avons un grave problème... Oui, je sais, j'en suis navré mais la règle numéro un a été transgressée.
Je devine à son air que son interlocuteur a marqué un moment d'étonnement muet.
La règle numéro un transgressée ?
Voilà qui m'inspire une angoisse nouvelle.
Renaud Frécourt attend le verdict de son correspondant qui paraît le rassurer.
— Très bien, je vous attends !