— Tu
représentes la pire des complications qui soit : le mariage.
Le résumé :
Trois fiançailles ratées... et Jaine est toujours à la recherche de celui qui
Leur aventure tourne au cauchemar quand l'une d'elles est assassinée. Terrorisées mais prêtes à tout pour venger leur amie, les trois autres mènent l'enquête...
L'avis :
Très bon moment de lecture!
C'est
une écriture à laquelle je ne m'attendais pas du tout de la part de
Linda Howard. C'est léger et franchement drôle par moments.
Jaine
est une célibataire trentenaire grande gueule qui cherche « l'homme
parfait » sans se faire trop d'illusions.
Un
soir avec ses copines, elles dressent la liste des qualités que
devraient avoir cette perle rare.
En
parallèle, elle tombe sous le charme de son voisin: Sam Donovan,
un flic qui l'aidera quand elle deviendra la cible d'un tueur énervé
par « la liste ».
Écrit il y a de nombreuses années, le livre traine déjà une bonne
réputation. Peut-être un peu trop...
Qu'on
se comprenne : je conseille ce livre car j'ai passé un très
bon moment mais...j'avais tellement entendu de commentaires
enthousiastes que je m'attendais à une pépite.
Il
y a cependant des passages qu'il faut absolument lire !
Bonne
dégustation!
L'extrait :
Survint
alors un incident indépendant de sa volonté. Elle rinçait sa
tasse, debout devant son évier, quand la cuisine du voisin
s'illumina, révélant la silhouette de Sam.
Ses
poumons se bloquèrent.
— Jésus
Marie Joseph, geignit-elle quand elle retrouva un peu d'air.
Jamais
elle n'aurait pensé en découvrir autant sur le Sam. Tout, en
l'occurrence. Il se tenait devant son réfrigérateur, nu comme un
ver. Elle eut juste le temps d'admirer son derrière avant qu'il ne
sorte une bouteille de jus d'orange, la dévisse et la porte à ses
lèvres en se retournant.
Elle
oublia aussitôt le popotin. La proue du navire en jetait bien plus
que la poupe, et ce n'était pas peu dire. Cet homme était
sévèrement burné.
— Mon
Dieu, BooBoo, s'écria-t-elle. Non. mais tu as vu ça?
Rarement
Dame Nature s'était montrée aussi généreuse. Grand, le ventre
plat, musclé comme un étalon...
Elle
colla son front contre la vitre et distingua son torse massif et
velu. Elle connaissait déjà sa belle gueule. Ses yeux de braise,
ses dents blanches et son rire chaud. Et voilà qu'il en avait dans
le caleçon.
Elle
porta la main à sa poitrine. Son cœur faisait davantage que
palpiter; il essayait carrément de lui défoncer le thorax. D'autres
organes se joignaient à lui pour exprimer leur émoi. L'espace d'une
seconde, elle voulut auditionner pour le rôle du matelas.
Indifférent
au tumulte intérieur de sa maîtresse comme au spectacle saisissant
qui se jouait en face, BooBoo continuait de se lécher les pattes. Ce
chat ne savait pas reconnaître les bonnes choses.
Jaine
se retint à l'évier pour ne pas tomber dans les pommes.
Heureusement qu'elle avait renoncé aux hommes, sans quoi elle serait
déjà en train de tambouriner à sa porte. Mais renoncement ou pas,
elle demeurait sensible à l'art, et Dieu sait si son voisin entrait
dans cette catégorie, à mi-chemin entre une statue grecque et une
star du X.
Bien
que cette idée la révulse, elle se devait de lui demander de tirer
les rideaux. C'était l'usage entre voisins, non? Ne voulant pas
perdre une miette de la parade, elle chercha le téléphone à
tâtons, puis se ravisa. Elle ignorait aussi bien le numéro de Sam
que son nom de famille. Vous parlez d'une voisine ! En deux semaines
elle n'avait pas trouvé le moyen de se présenter. Cela dit, lui non
plus ne s'était pas donné cette peine. Et sans l'intervention de
Mme Kulavich, elle ignorerait jusqu'à son prénom.
Mais
il lui restait une dernière carte. Elle avait noté le numéro des
Kulavich sur le bloc près du téléphone, et elle parvint à
détourner les yeux suffisamment longtemps pour le lire en entier.
Elle composa le numéro et songea avec un temps de retard que ses
voisins pouvaient être encore couchés.
Mme
Kulavich décrocha à la première sonnerie.
— Allô!
dit-elle d'une voix enjouée qui indiquait que Jaine ne l'avait pas
tirée pas du lit.— Bonjour, madame Kulavich. C'est Jaine Bright, votre nouvelle voisine. Comment allez-vous?
On
ne pouvait échapper aux règles de la bienséance, encore moins avec
les personnes âgées. Et Jaine espérait bien y passer dix ou quinze
minutes. Sam descendit la bouteille de jus d'orange et balança le
cadavre.
— Oh
! Jaine ! Quel plaisir de vous entendre ! s'écria Mme Kulavich comme
si elle revenait d'un long voyage.
La
vieille dame faisait partie de ces gens qui s'expriment au téléphone
à coups de points d'exclamation.
— Nous
allons très bien ! Et vous donc ?— Bien, répondit-elle automatiquement, sans lâcher son voisin des yeux.
Il
sortait à présent un carton de lait. Beurk ! Il n'allait tout de
même pas mélanger ça au jus d'orange? Il déplia l'ouverture du
carton et renifla. Ses biceps se gonflèrent tandis qu'il portait la
brique à ses lèvres. Ah, la vache ! souffla-t-elle en écartant le
combiné. Mais le lait devait mal passer, car il secoua vivement la
tête et reposa le carton.
— Que
dites-vous ? demanda Mme Kulavich.— Euh... Bien, je vais bien.
Jaine
fit un effort pour rassembler ses pensées.
— Oui,
je voulais vous demander le nom de famille de Sam. Je dois l'appeler
au sujet d'une bricole.
Bel
euphémisme...
— Donovan,
mon cœur. Sam Donovan. Mais je peux aussi vous donner son numéro de
téléphone. Il a conservé celui de ses grands-parents. J'apprécie
drôlement, car cela me permet de m'en souvenir. Il est plus facile
de vieillir que de s'assagir, vous savez.
Elle
rit de sa propre plaisanterie. Jaine l'imita, sans comprendre ce
qu'il y avait de drôle. Elle nota le numéro que Mme Kulavich lui
dictait, ce qui n'est pas facile lorsqu'on regarde ailleurs.
Elle
remercia et salua sa charmante voisine, puis inspira profondément.
Il fallait le faire. Si douloureux que ce fût, il fallait prévenir
Sam. Alors elle prit son souffle et composa son numéro. Elle le vit
traverser la cuisine et s'emparer d'un sans-fil. Elle le découvrait
maintenant de profil. Miam. Miam-miam.
La
salive affluait sous sa langue. Ce maudit mec la faisait carrément
baver.
— Donovan
à l'appareil.
Sa
voix était rocailleuse et cassante, comme s'il n'était pas bien
réveillé.
— Euh...
Sam?— Ouais?
On
faisait plus accueillant. Elle voulut déglutir, mais constata que
c'était ardu avec la langue pendante. Elle la rentra dans sa bouche
et soupira de regret.
— C'est
Jaine, la nouvelle voisine. Ça m'embête de vous dire ça, mais
peut-être préféreriez-vous... tirer vos rideaux ?
Il
se tourna face à la fenêtre, et ils s'observèrent un instant à
travers leurs deux allées de garage. Il ne bondit pas sur le côté,
ne disparut pas derrière un mur, ne fit rien qui puisse indiquer de
la gêne. Non, il souriait. Bon sang, elle ne supportait pas ça.
— Vous
vous êtes rincé l'œil, hein? dit-il en se rapprochant du carreau
pour attraper le rideau.— Oui, c'est vrai.
Cela
faisait bien cinq minutes qu'elle n'avait pas cligné des paupières.
— Merci,
dit-elle lorsqu'il disparut derrière ses tentures.— Tout le plaisir était pour moi, répondit-il en riant. N'hésitez pas à me renvoyer l'ascenseur.
Il
raccrocha sans lui laisser le temps de répondre, ce qu'elle n'aurait
pu faire de toute façon. Elle baissa son store et se frappa le
front. Mais oui, enfin ! Elle n'aurait eu qu'à baisser son store et
basta !
L'extrait :
— Qu'est-ce
que t'as foutu, bon sang ? hurla Sam en fondant sur elle tandis
qu'elle verrouillait sa portière.
Surprise
par une telle réaction, elle lâcha un sac plastique.
— Merde
! pesta-t-elle en se baissant pour le ramasser. C'est ton nouveau
métier, de m'effrayer?— Il faut bien que quelqu'un s'en charge.
Il
l'empoigna et la retourna face à lui, le nez dans ses pectoraux. Il
était torse nu.
— Il
est 20 heures, tu as peut-être un tueur au cul, et il ne te
viendrait pas à l'idée de téléphoner pour dire où tu te trouves
! Tu mérites bien plus qu'une grosse frayeur!
Elle
était fatiguée, tendue, la pluie s'intensifiait et elle n'était
pas d'humeur à se faire sermonner. Elle leva la tête pour le
regarder, le visage détrempé.
— C'est
toi qui m'as dit d'acheter un boîtier et un portable, alors c'est ta
faute si je suis en retard !— Et il t'a fallu trois heures pour faire ce qu'une personne normalement constituée expédierait en une demi-heure?
Insinuait-il
qu'elle n'était pas normale ? Outrée, elle plaqua les mains sur le
torse nu et poussa de toutes ses forces.
— Depuis
quand je te parle, à toi ?
Il
recula d'environ deux centimètres.
— Depuis
une semaine ! vociféra-t-il.
Et
sur ce, il l'embrassa.
La
bouche de Sam était ferme et agressive, et son cœur battait la
chamade sous la paume de Jaine. Comme chaque fois qu'il l'embrassait,
elle eut l'impression que le temps s'arrêtait. Le goût salé de Sam
la submergea; sa peau était brûlante malgré les trombes d'eau qui
les douchaient tous deux. Il verrouilla son étreinte jusqu'à
presque lui couper la respiration, et elle sentit de nouveau poindre
son érection.
Il
tremblotait, et soudain elle comprit combien il s'était inquiété.
Ce grand gaillard solide comme un roc et fort comme un taureau voyait
au quotidien, et sans flancher, des choses à vous faire pâlir
d'horreur. Mais ce soir, il avait eu peur. Peur pour elle.
Elle
éprouva une soudaine douleur dans la poitrine, comme si son cœur se
comprimait. Les jambes flageolantes, elle se laissa tomber contre
Sam, comme pour se couler sur sa peau, et se dressa sur ses orteils
pour répondre à son baiser avec la même ardeur, la même passion
que lui. Il émit un râle bestial, et de fougueux le baiser devint
affamé. Puis il plongea une main dans sa chevelure et lui tordit le
cou pour lui dévorer la gorge. Le visage martelé par la pluie, elle
ferma les yeux, abandonnée aux bras d'acier qu'elle ne voulait
quitter pour rien au monde.
Après
la surcharge émotionnelle des trois derniers jours, elle aspirait à
se réfugier dans la chair, à refouler sa peine et son angoisse pour
se laisser posséder corps et âme par Sam. Il la souleva dans les
airs pour l'emmener, et elle ne protesta que lorsqu'il cessa de
l'embrasser, ne se débattit que pour mieux l'étreindre.
— Tu
vas te tenir tranquille, bordel ? grommela-t-il en l'écartant sur le
côté tandis qu'il gravissait les marches de son perron.— Pourquoi? souffla-t-elle d'une voix vaporeuse, possédée.
— Parce que je ne vais pas tenir longtemps avec tes conneries ! répliqua-t-il vertement.
Jaine
considéra le problème le temps d'une pulsation cardiaque. Le seul
moyen qu'elle connût de ne pas l'exciter consistait à rompre tout
contact physique, ce qui revenait à se punir soi-même.
— Souffre
! dit-elle.— Souffre ?
Il
parut scandalisé. Il ouvrit violemment la porte et la conduisit à
l'intérieur. La salon était sombre, révélé par la faible lueur
de la cuisine. Sam embaumait la chaleur, la pluie et le cheveu
mouillé. Voulant caresser ses larges épaules, Jaine fut retenue par
ses multiples sacs. Elle les jeta à terre, puis happa son corps
telle une sangsue.
Dans
une débauche de jurons, il effectua quelques pas et l'épingla au
mur. D'une main brouillonne, il fit sauter le bouton et éventra la
fermeture Éclair de Jaine. Le pantalon s'effondra à ses chevilles.
Elle se débarrassa de ses chaussures à la force du mollet, et Sam
la souleva du périmètre de tissu froissé. Elle noua aussitôt ses
jambes autour de sa taille, et serra de toutes ses forces, comme pour
fusionner leurs deux corps et maîtriser l'incendie qui couvait en
elle.
— Attends
!
Haletant,
il pressa de tout son poids pour maintenir Jaine au mur tandis qu'il
la décrochait de sa taille. La cage thoracique écrasée, elle
parvint tout juste à protester d'un geignement avant qu'il n'attrape
l'élastique de sa culotte et la fasse glisser le long de ses jambes
nues.
Ah
! d'accord.
Elle
se demanda pourquoi elle avait décidé de le faire languir au moins
deux semaines, voire un cycle menstruel entier. Mais aucune raison
valable ne lui vint à l'esprit, primo parce qu'à ce jeu-là elle
serait aussi frustrée que lui, deuzio parce qu'elle avait une peur
bleue d'être la prochaine victime du tueur et qu'elle s'en voudrait
terriblement de mourir sans avoir fait l'amour avec Sam.
Jaine
fit voler son slip d'un coup de pied, Sam fit redécoller Jaine, et
Jaine releva les genoux. Il avança une main tatillonne entre ses
jambes tandis qu'elle lui déboulonnait le jean, qui chuta aussitôt.
Elle retint son souffle lorsque, ce dernier obstacle levé, elle
sentit son pénis rigide, nu et bouillant arpenter ses cuisses. Une
vague de plaisir l'électrisa, attisant chacune de ses terminaisons
nerveuses. D'instinct, elle se cambra. Elle en voulait plus, il lui
en fallait plus.
Fulminant,
il rehaussa Jaine de quelques millimètres. D'abord rétif, le corps
de Jaine admit son visiteur petit à petit, centimètre par
centimètre. Elle sentit ses entrailles se contracter sous une
irrépressible sensation de...
Sam
stoppa net, le souffle court, ses joues en feu plongées dans le cou
de Jaine. D'une voix étouffée, il demanda crûment :
— Tu
es sous pilule ?
Elle
planta ses ongles dans les épaules de Sam, et faillit pleurer de
rage. Comment pouvait-il s'arrêter maintenant ? Seule l'extrémité
de son pénis était entrée, et ça ne suffisait pas, loin de là.
Ses muscles vaginaux se démenaient pour l'aspirer quand Sam hurla :
— Tu
es sous pilule, oui ou merde ?— Oui, parvint-elle enfin à répondre, avec la même rage dans la voix.
Il
la plaqua contre le mur et, d'un unique coup de reins, s'introduisit
en entier.
Elle
s'entendit pousser un cri, mais lointain, détaché, Chaque cellule
de son corps était suspendue aux va-et-vient qu'il imprimait,
intenses et rapides, tout comme l'orgasme qui s'ensuivit. Ce fut une
immense explosion intérieure, et elle se tortilla contre lui,
tremblante gémissante au gré de ses spasmes pelviens. Le monde
alentour avait cessé d'exister.
Il
jouit la seconde d'après, s'enfonçant en elle avec force quasi
animale. Jaine tamponnait le mur à chaque poussée, s'affaissant
délibérément pour gagner encore en profondeur. Orgasme numéro
deux.
Sam
retomba lourdement, moite de sueur et de pluie, gonflant et
dégonflant le torse en quête d'oxygène. La maison baignait dans un
silence que seuls rompaient le roulement de la pluie sur le toit et
le sifflement de leurs poumons exténués. Le mur était froid dans
le dos de Jaine, mais trop ferme pour être confortable.
Elle
aurait aimé dire quelque chose d'intelligent, mais son esprit
faisait grève. Et la situation était trop sérieuse, trop grave
pour les quolibets. Alors elle ferma les yeux et se reposa sur
l'épaule de Sam, le temps que son cœur retrouve un rythme
raisonnable, et que ses muscles finissent de se détendre.
Dans
un murmure inintelligible, il resserra son étreinte, un bras dans le
dos de Jaine et l'autre sous ses fesses, et prit le chemin de la
chambre.
La
pièce était sombre et fraîche, le lit immense. Sam libéra Jaine
de son chemisier et de son soutien-gorge, qui finirent en boule sur
la moquette.
Elle
constata, surprise, que son propre corps était prêt à remettre le
couvert. Elle noua ses jambes à celles de Sam et souleva son bassin
pour savourer ses ondulations, l'attirer le plus loin possible, et le
bouquet final s'avéra plus fort encore que les précédents. Jaine
tremblait toujours quand il s'abandonna dans un grondement guttural.
Bien
plus tard, quand les pouls furent stabilisés, la sueur asséchée,
et les forces à demi recouvrées, il roula sur le côté et ramena
un avant-bras sur ses yeux.
— Saloperie,
lâcha-t-il dans un souffle.
Le
silence de la pièce permit à Jaine de l'entendre. Un zeste
d'agacement lui pinça les lèvres. Vu qu'elle se sentait aussi vive
qu'un mollusque, ce zeste était déjà énorme.
— Comme
c'est romantique, persifla-t-elle.
Ce
type ne cessait de la peloter depuis une semaine, et maintenant
qu'ils étaient passés à l'acte, le seul commentaire qui lui venait
aux lèvres était «saloperie», comme s'il regrettait déjà.
Il
découvrit ses yeux et se tourna vers Jaine.
— J'ai
tout de suite deviné que tu serais une source de complications.— Non mais dis donc ! s'insurgea-t-elle en se redressant. Je ne complique la vie de personne. Je suis quelqu'un de très bien, quand je n'ai pas affaire à un abruti !
— Tu représentes la pire des complications qui soit : le mariage.
Étant
donné que trois hommes avaient déjà trouvé mieux à faire que
d'épouser Jaine, ce commentaire n'était pas des plus délicats.
Surtout venant d'un homme qui venait de lui donner trois orgasmes
explosifs. Elle empoigna l'oreiller et lui fouetta le visage avant de
sauter du lit.
— Compte
sur moi pour t'épargner cette peine, dit-elle en cherchant
frénétiquement son soutien-gorge et son chemisier.
Où
était l'interrupteur, bordel ?
— Puisque
je suis une source d'emmerdements, je vais rester sagement de mon
côté de l'allée et tu resteras sagement du tien ! dit-elle en
haussant le ton à chaque syllabe.
Ah
! Cette forme blanche devait être son soutien-gorge. Elle se baissa
pour le ramasser, et pécha une chaussette. Sale, qu'elle lui balança
au visage. Il l'écarta et sauta du lit à son tour.
— Qu'est-ce
que t'as fait de mes putains de fringues ? hurla-t-elle en rejetant
la main qu'il lui tendait. Et où se trouve ce putain d'interrupteur
?— Tu veux bien te calmer? dit-il d'une voix suspecte.
Mais
il riait, le salaud ! Il se moquait d'elle ! Les yeux de Jaine se
mirent à picoter.
— Va
te faire foutre, tonna-t-elle en se dirigeant vers la porte. Et tu
peux garder ces putains de fringues, parce que je préfère rentrer
chez moi à poil que de rester une seconde de plus avec un abruti
sans cœur...
Un
bras herculéen l'enserra par la taille, bloquant toute expiration.
Elle agita les bras, et rebondit sur le lit. « Whoof ! » fit l'air
en quittant ses poumons.
Elle
eut juste le temps d'inspirer avant que Sam ne s'écrase sur elle. Il
riait, tout en l'immobilisant avec une facilité déconcertante ;
cinq petites secondes plus tard, elle ne pouvait plus rien remuer.
Stupeur
et colère ! Il bandait à nouveau. Son engin se dressait à la
commissure des cuisses serrées de Jaine. S'il se figurait qu'elle
allait les écarter après ce qu'il...
Il
se déhancha et glissa un genou expert entre ses jambes, qui
s'ouvrirent illico. Un deuxième déhanchement et il s'introduisit en
douceur, et elle voulut crier parce que c'était si bon et elle
l'aimait et c'était un abruti ! Un nouveau chapitre s'écrivait dans
ses déboires avec les hommes.
Elle
fondit en larmes.
— Pleure
pas, bébé, murmura-t-il en s'activant tout en douceur.— Si je veux, geignit-elle en se cambrant.
— Je t'aime, Jaine Bright. Veux-tu être ma femme ?
— Plutôt crever !
— Tu n'as pas le choix. Après tous les gros mots que tu viens de lâcher, tu me dois un bon mois de salaire. Mais la dette s'efface si tu deviens ma femme.
— Cette règle n'existe pas.
— Je viens de l'inventer.
Il
ramena ses grandes mains sur les joues de Jaine, et passa le pouce
sur ses pommettes pour essuyer les larmes.
— Tu
as dit « saloperie ».— Et que dire d'autre quand on voit ses glorieuses années de célibat partir en fumée ?
— Tu as déjà été marié.
— Ouais, mais ça ne compte pas. J'étais trop jeune pour savoir ce que je faisais. Je confondais baiser et faire l'amour.
Elle
aurait aimé que ce soit toujours le cas. Comment pouvait-il mener
une telle conversation tout en poursuivant sa besogne ? Non, en fait
elle aurait aimé qu'il la boucle et qu'il continue exactement comme
ça. En plus vite, peut-être. Et plus dur, aussi.
Il
lui embrassa les tempes, les pommettes, puis le petit pli de son
menton.
— On
m'a toujours dit que le sexe était différent dans les bras d'une
femme qu'on aime. Mais je n'y croyais pas. Pour moi, le sexe était
le sexe. Et puis il y a eu toi, et c'était comme me brancher à une
prise.— Ah ! c'était donc ça ces gesticulations et ces bruits de fauve ?
Elle
renifla.
— Ouais,
grosse maligne, c'était donc ça. Cela dit, tu n'étais pas en reste
question bruitage. C'était si différent, tu comprends ? Plus chaud.
Plus fort. Et c'était à peine fini que j'avais déjà envie de
remettre ça.— Et tu ne t'es pas gêné.
— C'est bien la preuve de ce que j'avance. Sérieusement, comment t'expliques que je sois encore d'attaque après avoir joui deux fois? C'est soit un miracle, soit de l'amour.
Il
l'embrassa et ajouta :
— Tes
crises de nerfs m'ont toujours excité.— Je t'en ferai, des crises de nerfs ! Quand un homme est furax, on dit que môssieur est fâché, mais dès que c'est une femme, c'est tout de suite de l'hystérie...
Elle
s'interrompit, frappée par ce qu'il venait de dire :
— Toujours
?— Toujours. Comme la fois où tu as renversé ma poubelle, avant de m'aboyer dessus et de planter ton index sur mon torse.
— Tu bandais ? demanda-t-elle, sciée.
— Comme un cheval.
— Ben mon con... combre.
— Maintenant réponds à ma question, insista-t-il.
Elle
ouvrit la bouche pour dire «oui», mais elle se ravisa :
— Les
fiançailles ne m'ont jamais réussi. Ça laisse trop de temps au mec
pour réfléchir.— Je saute cette étape-là. On ne va pas se fiancer, juste se marier.
— Dans ce cas, oui, je veux bien être ta femme.