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jeudi 15 novembre 2018

Une braise sous la cendre, Tome 1 de Sabaa Tahir




Sous l'Empire Martial, la défiance est synonyme de mort. Ceux qui ne dédient pas leur sang et leur corps à l'Empereur risquent l'exécution des personnes qu'ils aiment et la destruction de tout ce qui leur est cher.

 



C'est dans ce monde brutal, inspiré de la Rome ancienne, que Laia vit avec ses grands-parents et son frère aîné. Sa famille survit comme elle peut dans les allées sombres et pauvres de l'Empire. Ils ne défient pas l'Empire. Ils ont vu ce qui arrive à ceux qui osent le faire.

Mais quand le frère de Laia est arrêté pour trahison, Laia doit prendre une décision. En échange d'aider les rebelles qui ont promis de secourir son frère, elle doit risquer sa propre vie pour jouer les espionne à l'intérieur même de la plus grande académie militaire de l'Empire.
Là-bas, Laia rencontre Elias, le soldat le plus doué de l'école - et secrètement, le plus réticent. Elias ne veut qu'une chose : se libérer de la tyrannie qu'il se doit d'appliquer de par sa formation. Lui et Laia réalisent rapidement que leurs destinées sont étroitement liées, et que leurs choix pourraient bien changer le sort même de l'Empire.




(Traduction Forum BdP – Merci à elles !)
 

 

Sabaa Tahir est née à Londres mais elle a grandi dans le désert Mojave en Californie, au sein du petit hôtel de 18 chambres tenu par sa famille. Diplômée de UCLA, Sabaa Tahir a d'abord travaillé au service international du Washington Post. Trois ans plus tard, elle a l'idée de son premier roman Une Braise sous la cendre et décide de se consacrer à l'écriture. Elle vit désormais près de San Francisco avec son mari et ses enfants.



-Lecture finie-



Une énorme découverte !



J'avais acheté le livre dès sa sortie mais ils sont très rares ceux que je lis dans la foulée. Je regrette pour celui-ci. C'est une lecture qui m'a bluffée.




Pourquoi ?

Il faut dire tout d'abord que le livre contient beaucoup de violence tant physique que mental. Je ne comprends pas d'ailleurs sa classification young Adult (à partir de 13 ans????). Bon Passons. Le livre est assez (très) violent...et pour moi c'est quelque chose de rédhibitoire. 






C'est comme ça ; j'ai une sensibilité (d'autres dirons que je suis chocotte) et je ne supporte pas que celle-ci soit mise à mal pendant ma lecture. Pourtant j'ai adoré. C'est vous dire la qualité du livre. Alors qu'est-ce qui t'as tant plu?



Premièrement le contexte. On est dans la Rome antique, celle-ci est très largement revisitée mais la plupart des références sont là. C'est un point de départ car après se mêle des éléments tels djinns, goules.... C'est souvent le cas dans les romans fantasy qui empruntent beaucoup au Moyen-Âge mais c'est plus rare avec l'antiquité romaine. On est dans le jus de l’antiquité mais l'auteure se dédouane de la véracité historique pour se laisser parler son imagination et je peux vous dire qu'elle en regorge.



Deuxièmement le style de l'auteure est vraiment très bon. C'est une conteuse. Certes, elle fait parler alternativement les deux personnages principaux Elias et Laia mais c'est elle qui m'a « embarquée». Il y a quelques choses d’envoûtant dans la manière d'écrire son récit.



Troisièmement la construction du récit sans temps mort est bluffante. La société est scindée en deux : les érudits et les martiales. Les intellectuels et les soldats. Les soldats ont asservis les premiers car c'est une société violente où la loi du plus fort prime. La résistance des érudits tend à renverser les forces en présence. Laia, jeune fille érudite rentre par nécessité dans ce combat. Son frère Darin, accusé d'appartenir à la résistance est envoyé en prison avant d'être exécuté. Sa sœur décide de tout faire pour le sauver. Pour cela, elle accepte de devenir l'espionne de la résistance dans la terrible école de Blackiff qui forme les terribles Masks, les plus impitoyables soldats de l'Empire.

Il se superpose à son récit celui d'Elias, futur mask qui a presque fini sa formation et qui ne cherche qu'à recouvrer sa liberté. Il hait la violence qui a façonné son enfance depuis qu'il est arrivé dans l'école à l'âge de 6 ans.



Ce sont deux individus diamétralement opposés. Des ennemis l'un pour l'autre. Pourtant la magnifique plume de Saab Tahir nous en propose un destin hors norme.



Ce sera la quatrième raison de ce coup de cœur. Les personnages. Ils sont magnifiques. Construits avec une force, un charisme qui m'a subjugué et je ne parle pas seulement de nos deux héros mais aussi d'Hélène, l'amie fidèle d'Elias pour qui la vie est si cruelle, testant son attachement à son ami de manière si dure. De l'autre côté, il y a les esclaves invisibles au côté de Laia. Izzy et Cuisinière. Toutes les deux, brisées physiquement se relèvent à leur manière ...comme une ode à l'espoir...et il y en a beaucoup d'autres. Tous ont une « couleur » qui m'aura touché. Quant aux héros : Laia et Elias, ils sont parfaits et portent le récit avec une justesse que j'ai adoré.



- Bref -



Tome 2: Une Torche contre la Nuit

sortie VO avril 2016 








Le fin du livre laisse présager une suite qui je l'espère sera à la hauteur de ce premier tome qui est juste parfait.

Un coup de cœur !












    « Pourquoi serions-nous obligés d’être une esclave érudite et un Mask ? » Je laisse tomber le poignard. « Ce soir, nous pourrions n’être que Laia et Elias. »

M’enhardissant, je tends le bras et tire le bord de ce masque qui n’a jamais eu l’air de faire partie de lui. Le masque résiste, mais je veux le retirer, je veux voir le garçon auquel j’ai parlé toute la nuit et non le Mask que j’ai toujours pensé qu’il était. Je tire plus fort et le masque cède. La face intérieure est criblée de piques maculées de sang. Le tatouage dans son cou est parsemé d’une dizaine de petites blessures.

« Je suis désolée. Je ne me rendais pas compte… »

Il plonge ses yeux dans les miens et soudain ma peau se réchauffe.

« Je suis heureux que tu l’aies enlevé. »

Je devrais détourner le regard. Je n’y arrive pas. Les yeux de sa mère sont gris et fragiles comme du verre brisé, mais ceux d’Elias, bordés de cils noirs, ont une couleur plus profonde, semblable à celle du cœur d’un nuage d’orage. Ils m’attirent, m’hypnotisent, refusent de me lâcher. Je pose mes doigts sur sa peau. Sa barbe de trois jours est rugueuse.

Le visage de Keenan apparaît dans ma tête puis s’efface aussi vite. Il est loin, il se consacre à la Résistance. Elias est ici, devant moi, affectueux, beau et brisé.

C’est un Martial. Un Mask.

Mais pas ici. Pas ce soir, dans cette chambre. Ici et maintenant, il n’est qu’Elias et je ne suis que Laia.

« Laia… »

Sa voix, ses yeux expriment une demande. Que veut-il ? Que je m’éloigne ? Que je m’approche ?

Je me rapproche de lui et il penche son visage vers le mien. Ses lèvres sont douces, mais elles cachent un terrible désespoir. Le baiser parle. Il supplie. Laisse-moi oublier, oublier, oublier.

La cape glisse de mes épaules et mon corps est soudain contre le sien. Il me serre, ses mains caressent mon dos, étreignent mes cuisses. Je m’abandonne à lui, je savoure sa force, sa chaleur. Tels des alchimistes, nous brûlons, fusionnons et créons de l’or.

Soudain, il s’éloigne, les mains tendues devant lui.

« Je suis navré. Je suis vraiment désolé. Je suis un Mask et tu es une esclave… Je n’aurais pas dû…

— Tout va bien. » Mes lèvres brûlent. « C’est moi qui ai… commencé. »

Nous nous fixons l’un l’autre. Il a l’air si perdu, si en colère contre lui-même que je souris, traversée tout à la fois par la tristesse, la gêne et le désir. Il ramasse la cape par terre et me la tend en détournant le regard.






« Si tu le sais, pourquoi te laisses-tu écraser à chaque combat ? Comment peux-tu gagner une Épreuve si tu n’as pas suffisamment confiance en toi pour battre quelqu’un comme Zak ? Tu ne comprends pas ce qui est en jeu ou quoi ?

— Bien sûr que si.

— Ça n’en a pas l’air ! Regarde-toi ! Tu es trop perturbé par cette esclave…

— Ce n’est pas elle qui m’embrouille les idées, d’accord ? C’est un million d’autres choses. C’est… cet endroit. Et ce que nous y faisons. C’est toi…

— Moi ? » Elle a l’air perplexe, ce qui me met encore plus en colère. « Qu’est-ce que j’ai fait… ?

— Tu es amoureuse de moi ! » Je hurle parce que je suis furieux qu’elle m’aime, même si la part logique de moi-même sait que je suis cruellement injuste. « Mais je ne suis pas amoureux de toi et tu me hais à cause de ça. Tu as laissé cette situation détruire notre amitié. »

Elle me fixe. Dans ses yeux, je lis sa douleur sans fard. Pourquoi est-elle tombée amoureuse de moi ? Si elle avait contrôlé ses émotions, nous ne nous serions jamais disputés le soir de la fête de la Lune. Nous aurions passé les dix derniers jours à nous préparer pour la troisième Épreuve au lieu de nous éviter.

« Tu es amoureuse de moi, mais je ne serai jamais amoureux de toi, Helene. Jamais. Tu es comme tous les Masks. Tu étais prête à laisser Laia mourir, simplement parce qu’elle est une esclave…

— Je ne l’ai pas laissée mourir. » Sa voix est calme. « Hier soir, je suis allée la guérir. C’est pour ça qu’elle est en vie. J’ai chanté jusqu’à ce que je n’aie plus de voix et que j’aie l’impression d’avoir été vidée de toute force vitale. J’ai chanté jusqu’à ce qu’elle aille bien.

— Tu l’as guérie ? Mais…

— Quoi ? Tu ne peux pas croire que je puisse faire quelque chose pour un autre être humain ? Quoi que tu dises, Elias, je ne suis pas méchante.

— Je n’ai jamais dit…

— Si. » Elle hausse le ton. « Tu viens de dire que je suis comme tous les Masks. Tu viens de dire que tu ne pourrais jamais – jamais – m’ai… » Elle se détourne et, après quelques pas, se retourne. « Tu crois que j’ai choisi de ressentir ça pour toi ? Je ne supporte pas, Elias, de te voir flirter avec des Illustriennes, coucher avec des esclaves érudites et trouver quelque chose de bien en chacune, sauf en moi. » Un sanglot lui échappe ; c’est la première fois que je la vois pleurer. Elle ravale ses larmes. « T’aimer est la pire chose qui me soit arrivée, pire que les coups de cravache de la Commandante, pire que les Épreuves. C’est une torture, Elias. » Elle passe une main tremblante dans ses cheveux. « Tu ne sais pas ce que c’est. Tu n’imagines pas à quoi j’ai renoncé pour toi. L’accord que j’ai passé…

— De quoi parles-tu ? Quel accord ? Avec qui ? Pour quoi ? »

Elle ne répond pas. Elle part en courant. « Helene ! » Je m’élance après elle. Mes doigts effleurent son visage mouillé pendant une seconde, puis elle disparaît dans le brouillard.




 

« La peur est ton ennemie seulement si tu acceptes qu'elle le soit. »





« Mais je ne suis pas forte. Je suis faible, 

et je suis fatiguée de prétendre le contraire. »




« Ce n''est pas parce que c'est un bon dirigeant que c'est une bonne personne. »