Sortie :
10 janvier 2018
Éditeur :
Le Livre de Poche
Collection :
Littérature
Nombre
de pages : 384 pages
Empire
du Japon, époque Heian, xiie siècle. Être le meilleur pêcheur de
carpes, fournisseur des étangs sacrés de la cité impériale,
n’empêche pas Katsuro de se noyer. C’est alors à sa jeune
veuve, Miyuki, de le remplacer pour porter jusqu’à la capitale les
carpes arrachées aux remous de la rivière Kusagawa.
Chaussée
de sandales de paille, courbée sous la palanche à laquelle sont
suspendus ses viviers à poissons, riche seulement de quelques
poignées de riz, Miyuki entreprend un périple de plusieurs
centaines de kilomètres à travers forêts et montagnes, passant de
temple en maison de rendez-vous, affrontant les orages et les
séismes, les attaques de brigands et les trahisons de ses compagnons
de route, la cruauté des maquerelles et la fureur des kappa,
monstres aquatiques qui jaillissent de l’eau pour dévorer les
entrailles des voyageurs. Mais la mémoire des heures éblouissantes
vécues avec l’homme qu’elle a tant aimé, et dont elle est
certaine qu’il chemine à ses côtés, donnera à Miyuki le pouvoir
de surmonter les tribulations les plus insolites, et de rendre tout
son prestige au vieux maître du Bureau des Jardins et des Étangs.
(Source
: Stock)
Scénariste
et écrivain, Didier Decoin est notamment l’auteur de John
l’Enfer
(Seuil, prix Goncourt 1977), La
Femme de chambre du Titanic
(Seuil, 1991), Est-ce
ainsi que les femmes meurent ?
(Grasset, 2009), et, chez Stock, de Henri
ou Henry, le roman de mon père
(2006), Une
Anglaise à bicyclette
(2011). Il est membre de l’académie Goncourt et président des
Écrivains de marine.
Miyuki
s'imaginait que les gens aisés vivaient au milieu d'un fouillis
permanent, à l'exemple des paysages dont c'était la confusion qui
faisait toute la beauté. Ainsi la rivière Kusagawa n'était-elle
jamais plus exaltante à contempler qu'après une forte averse,
lorsque les torrents qui l'alimentaient la chargeaient d'eaux brunes,
terreuses, où tourbillonnaient des fragments d'écorce, des mousses,
des fleurs de cresson, des feuilles pourrissantes, noires, crispées;
alors la Kusagawa perdait son aspect miroitant, se couvrait de
cercles concentriques, de spirales d'écume qui la faisaient
ressembler aux tourbillons du détroit de Naruto, dans la Mer
intérieure.
Les
dieux avaient créé le néant pour persuader les hommes de le
combler. Ce n'était pas la présence qui régulait le monde, qui le
comblait: c'était le vide, l'absence, le désempli, la disparition.
Tout était rien. Le malentendu venait de ce que, depuis le début,
on croyait que, vivre, c'était avoir prise sur quelque chose, or il
n'en était rien, l'univers était aussi désincarné, subtil et
impalpable, que le sillage d'une demoiselle d'entre deux brumes dans
le rêve d'un empereur.
Un
monde flottant.