India,
issue d'une riche famille, décide de se consacrer aux plus miséreux
et de soigner ceux qui en ont besoin, dans le faubourg le plus mal
famé de la ville...
Londres,
1900. Son diplôme de médecin en poche, India, issue d'une riche
famille, décide de se consacrer aux plus miséreux et de soigner
ceux qui en ont besoin, dans le faubourg le plus mal famé de la
ville. C'est dans ce quartier sordide et peu fréquentable pour une
femme de son rang qu'elle sauve la vie de Sid Malone, célèbre
gangster, aussi attirant que dangereux, et dont le charme trouble ne
la laisse pas insensible, d'autant qu'il est tout l'opposé de son
fiancé, politicien perfide et ambitieux, qui n'a qu'une idée en
tête: épouser India pour toucher sa dot et en faire une femme au
foyer...
Lecture
finie
Un
très très très
très gros
coup de cœur !
C'est
vrai que c'est un pavé mais franchement à peine commencé je ne
pouvais plus le lâcher.
India
est une aristocrate qui cherche à s'émanciper des contraintes
faites aux femmes en ce début de 20ème siècle. Elle veut faire ce
qu'elle veut de sa vie. Après six années de médecine, elle est
devenue une des rares femmes médecins d'Angleterre. C'est
un personnage de femme extraordinaire. Moi qui d'ordinaire ne
suis pas trop portée sur le milieu médical, j'ai été ébahi par
les avancées de la médecine à travers le regard de cette femme
passionnée. Elle contrebalance avec le héros, Sid
qui lui nous entraîne dans la noirceur des bas fonds londoniens...
L'un
des gros points forts de roman c'est le brio de l'auteure à mêler
la petite et la grande histoire de manière tout aussi passionnante.
La
grande histoire de l'Angleterre du début du 20ème siècle ; sa
misère sociale, ses avancées médicales, la mise en avant de
certains partis politiques jusque là marginalisés au profit des
partis conservateurs, les derniers grands explorateurs....
C'est une
période riche dont Jennifer Donnelly propose un aperçu qui m'a
convaincue et vraiment captivée.
Quant
à la petite histoire...Elle
est juste sublime. C'est vraiment une romance « épique »
comme on peut l'imaginer dans une grande saga. J'ai beaucoup pensé à
Ken Follet dans ses grandes sagas historiques ou alors Tatiana
de Paulina Simmons. On a une structure narrative riche en
rebondissements. Le couple phare partage la vedette avec d’autres
personnages tout aussi captivants. Ils sont partie prenant de
l'histoire avec un charisme qui nous les fait tout autant apprécier.
Cependant,
je dois dire qu'India et Sid sont vraiment un couple dont l'amour
contrarié va vraiment très loin. On
a le grand huit des émotions. Rien ne leur est épargné
à notre plus grand plaisir. Il faut dire qu'ils tombent sur « des
méchants vraiment méchants ». Ce
Freddie Lytton,le dit méchant est un personnage mais qui
m'a fait bouillir tant il était ignoble tout en m'en
délectant....
Bref
Sid
était allongé sur son lit, yeux clos, cherchant le sommeil. Il
n’avait pas dormi depuis trois jours et était exténué. Il ne
pensait qu’à se reposer, mais n’y parvenait pas, par la faute de
cris stridents qui montaient à travers le plancher. Finalement, n’y
tenant plus, il se leva, mit ses bottes et descendit rageusement.
C’était le début de la soirée et, le Barkentine étant encore
presque vide, il vit la cause du vacarme dès qu’il arriva en bas.
C’était India qui se disputait avec Desi pardessus le bar.
—Je
sais qu’il est là ! Il faut que je le voie ! Prévenez- le, au
moins !
—Je
sais pas de qui vous voulez parler.
— C’est
un comble, vous travaillez pour lui !
Sid se
décida à intervenir.
— C’est
bon, Des, je m’en occupe.
India
se tourna vers lui en l’entendant.
— Que
me vaut l’honneur de votre visite, docteur Jones? demanda-t-il, la
voix rauque de fatigue.
India
montra la boîte à cigares.
—Je
crois que vous le savez aussi bien que moi.
— Ah,
je vois. Venez, nous allons en parler dans mon bureau.
Il la
précéda dans l’escalier pour la guider jusqu’à sa chambre,
ferma la porte sur eux et passa aussitôt à l’attaque.
— Vous
êtes revenue alors que je vous l’avais interdit! Et cette fois,
avec dix mille livres sur vous. Vous êtes complètement folle !
—J’ai
pris un fiacre qui m’a presque amenée jusqu’au bout.
— Peu
importe. Je vous interdis de venir ici !
India
ne répondit pas, trop occupée à regarder autour d’elle. Le lit
en fer avec ses draps défaits, les vêtements par terre. La
bouteille de whisky sur la table de nuit.
—Tenez,
dit-elle, soudain gênée. Reprenez ça. Je ne peux pas accepter
votre argent. Vous n’auriez pas dû me l’envoyer. Vous savez très
bien ce que je pense du... de...
— De
l’argent sale ?
— Exactement.
— Vous
êtes une vraie tête de mule.
— Enfin,
Sid, nous connaissons parfaitement tous les deux la provenance de cet
argent!
— Ne
me faites pas la morale, je ne suis pas d’humeur.
Les
yeux d’india lançaient des éclairs.
— C’est
à vous que je pense, Sid, à vous !
Il se
détourna, ne parvenant plus à soutenir son regard.
— Si
vous me donnez cet argent, c’est pour soulager votre conscience
sans changer de vie. Je ne peux pas vous laisser faire ça.
— Mais
non ! C’est pour vous aider ! Pour aider vos patients! hurla-t-il
en redressant la tête.
Il se
reprocha aussitôt son emportement. Ils se disputaient encore, alors
qu’il n’avait envie que de s’allonger avec elle sur le lit, de
la prendre dans ses bras, de l’écouter parler. Seul son corps,
seule sa voix réussiraient à le calmer. Avec elle, il pourrait
dormir. Si seulement elle voulait bien se coucher près de lui.
— Faites
comme vous voudrez, soupira-t-il. Mais si vous me rendez cet argent,
je vous le renverrai demain. Je l’adresserai à Ella. Elle, je
pense qu’elle le prendra. File est beaucoup moins cabocharde que
vous.
India
jeta la boîte sur le lit.
— Bravo,
c’est bien, railla-t-il. Et pour quelle raison faites-vous ça ?
Pour me donner une leçon ? Pour m’humilier? Eh bien je vais vous
dire: je reste indifférent. Il n’y a que les malades qui en
souffriront. Rendez-moi cet argent au nom de vos grands principes si
vous voulez, restez blanche comme neige, refusez de prendre des
risques et de mettre les pieds dans la fange, comme nous autres. Là,
pourtant, vous feriez beaucoup. Vous sauveriez des vies, vous
aideriez les gens d’ici.
Voyant
qu’India avait les larmes aux yeux, il se reprocha d’avoir été
trop dur. L’épuisement le rendait brutal.
— Pardon,
je ne voulais pas vous faire de peine...
— Il
y a une vie que je tiens vraiment à sauver, coupa- t-elle d’une
voix tremblante. Plus que toutes les autres. Et si je prenais cet
argent, je la perdrais aussi sûrement que si je l’avais tuée.
Sid, il faut abandonner cette existence.
— Mais
vous ne comprendrez jamais! s’exclama- t-il en la fusillant du
regard. Vous et votre belle morale ! Vous devriez savoir que certains
criminels sont trop endurcis pour être sauvés.
— C’est
faux !
Sans
lui laisser le temps de réagir, elle franchit les quelques pas qui
les séparaient et l’embrassa. Brutalement, passionnément. Il fut
envahi par un puissant mélange d’émotions. Surprise, désir,
amour, tristesse... crainte, aussi. Il avait peur d’elle et de ses
exigences, mais il avait aussi peur de la faire souffrir.
Il la
prit dans ses bras et la serra à la broyer. Puis il la lâcha. Elle
leva vers lui un regard interrogateur.
Il
secoua la tête.
— Pourquoi?
demanda-t-elle.
— Parce
que vous êtes quelqu’un de bien, quelqu’un de bon. Vous êtes si
droite que vous arriveriez presque à me faire croire à la
possibilité d’une vie meilleure, alors que pour moi il n’y a que
l’enfer.
— Vous
ne voulez pas de moi.
— Si,
bien sûr que si ! Je vous désire plus que je n’ai jamais désiré
aucune femme. Mais je ne peux pas. Je ne veux pas. Il ne le faut pas.
Vous le savez comme moi. Vous l’avez dit vous-même. Partez,
ajouta-t-il doucement. Je vais demander à Ozzie de vous raccompagner
à Brick Lane.
—Je
ne partirai pas.
— India...
—Je...
je vous aime.
Il y
eut un long silence. Un brandon roula dans l’âtre, un chien aboya
dans la nuit. Et, pendant tout ce temps, le cœur de Sid battait à
tout rompre.
— Pardon?
—Je
vous aime.
— Non,
India...
Elle
baissa la tête, vaincue par l’émotion.
Sid en
resta muet. Elle était tout pour lui. Il ne rêvait de rien d’autre
au monde que de son amour malgré ses craintes.
— Ce
serait une terrible erreur, vous le savez.
F.lle
leva vers lui un regard empreint d’une profonde douleur.
—Je
comprendrais que vous ne m’aimiez pas. Je l’accepterais. Mais si
vous avez des sentiments pour moi, je vous en conjure, ne m’humiliez
pas.
—Je
vous aime, dit-il en la reprenant dans ses bras. Je vous aime, India.
Bon Dieu oui, je vous aime !
Ils
restèrent ainsi un long moment, puis il sentit des lèvres brûlantes
se poser sur sa joue, sa bouche. Il répondit à ces baisers avec
trop de violence. Il voulait son corps, il voulait sa peau contre la
sienne, il voulait sentir cogner son cœur. Il la voulait tout de
suite, sans attendre.
S’il
fallait se noyer, alors, qu’ils se noient. Cet amour était voué à
l’échec, il le savait. Ils souffriraient, ils se damneraient, ils
en mourraient tous les deux. C’était une passion dont on ne
revenait pas, mais quelle importance, au fond? Qu’avait-il à
perdre?
Il
déboutonna le corsage d’india, la débarrassa de sa camisole. La
lueur du feu dansait sur sa peau, y jetant des ombres. Il embrassa la
courbe de son épaule, les creux délicats à la base de sa gorge.
Ses seins délicats et adorables.
—J’ai
besoin de boire un verre, dit-elle. J’ai froid.
—Je
vais te réchauffer.
Il
défit sa jupe, la lui retira, puis ôta ses jupons. Il délaça ses
bottes et fit glisser les bas le long de ses jambes. Quand elle fut
nue, il la dévora des yeux. Elle rougit sous ce regard et voulut se
cacher avec sa jupe.
— Non,
dit-il en la lui enlevant des mains. Je veux te voir. Tu es belle,
magnifique. Tu ne le sais pas?
Il
l’attira sur le lit et T’embrassa pour savourer toute sa beauté,
toute sa douceur. Rien n’existait plus que cet instant, cette
chambre, et elle. Il glissa les lèvres jusqu’à ses seins, puis
goûta son ventre doux et plat, mordit sa hanche saillante. Elle rit
parce qu’il la chatouillait, et il s’enchanta de ce rire. Il la
voulait joyeuse, heureuse. Il sut la rendre aussi brûlante qu’elle
s’était crue glacée.
— Sid,
murmura-t-elle, prends-moi.
Il fut
tendre, attentif et lui laissa le temps de s’ouvrir à lui,
langoureusement.
Elle
chercha sa bouche, plongea les doigts dans ses cheveux roux. Elle
devenait sauvage, pressante. Et au moment où il croyait ne plus
pouvoir l’attendre, elle fut prise d’un grand frisson et cria son
nom. Eperdu, il la rejoignit dans le plaisir. Ensuite, il la garda
dans ses bras et la couvrit de sa chemise.
—Je
t’aime, Sid, je t’aime tellement, murmura- t-elle.
Fermant
les yeux, elle se blottit contre lui, la tête posée sur son bras.
Il souleva du bout du doigt une boucle moite collée à sa joue. La
respiration d’india redevint plus lente, plus régulière, et elle
s’endormit. N’osant plus bouger de peur de la réveiller, il
resta songeur à regarder les flammes dans la cheminée. Il la
veillerait toute la nuit et, au marin, il lui referait l’amour,
puis il l’emmènerait dans un endroit très beau, un endroit
merveilleux. Au bord de la mer... Elle eut un soupir heureux qui
attira son regard. Admirant sa touchante beauté, il se demanda alors
s’il ne venait pas de commettre le méfait le plus terrible de sa
triste carrière.
Ses
yeux étincelaient, et Sid, à travers ce regard, la comprit. Elle
était courageuse et indomptable. Elle avait un caractère difficile,
mais elle était droite. Impatiente, aussi. Pourtant, sa générosité
la rendait capable de rester auprès d'un patient pendant des heures,
couverte de son sang. Toute fluette qu'elle était, elle n'hésitait
pas à tenir tête à des hommes dangereux, à les malmener et à
veiller seule sur des mauvais garçons comme lui. C'était une femme
exceptionnelle et rare...