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dimanche 11 octobre 2015

L'Ange de Whitechapel - Jennifer Donnelly

 

India, issue d'une riche famille, décide de se consacrer aux plus miséreux et de soigner ceux qui en ont besoin, dans le faubourg le plus mal famé de la ville...




  

Londres, 1900. Son diplôme de médecin en poche, India, issue d'une riche famille, décide de se consacrer aux plus miséreux et de soigner ceux qui en ont besoin, dans le faubourg le plus mal famé de la ville. C'est dans ce quartier sordide et peu fréquentable pour une femme de son rang qu'elle sauve la vie de Sid Malone, célèbre gangster, aussi attirant que dangereux, et dont le charme trouble ne la laisse pas insensible, d'autant qu'il est tout l'opposé de son fiancé, politicien perfide et ambitieux, qui n'a qu'une idée en tête: épouser India pour toucher sa dot et en faire une femme au foyer...






Lecture finie

Un très très très très gros coup de cœur !


Une épopée brillantissime qui m'aura tenue en haleine sur presque 1000 pages.
C'est vrai que c'est un pavé mais franchement à peine commencé je ne pouvais plus le lâcher.
India est une aristocrate qui cherche à s'émanciper des contraintes faites aux femmes en ce début de 20ème siècle. Elle veut faire ce qu'elle veut de sa vie. Après six années de médecine, elle est devenue une des rares femmes médecins d'Angleterre. C'est un personnage de femme extraordinaire. Moi qui d'ordinaire ne suis pas trop portée sur le milieu médical, j'ai été ébahi par les avancées de la médecine à travers le regard de cette femme passionnée. Elle contrebalance avec le héros, Sid qui lui nous entraîne dans la noirceur des bas fonds londoniens...
L'un des gros points forts de roman c'est le brio de l'auteure à mêler la petite et la grande histoire de manière tout aussi passionnante.
La grande histoire de l'Angleterre du début du 20ème siècle ; sa misère sociale, ses avancées médicales, la mise en avant de certains partis politiques jusque là marginalisés au profit des partis conservateurs, les derniers grands explorateurs....


C'est une période riche dont Jennifer Donnelly propose un aperçu qui m'a convaincue et vraiment captivée.

Quant à la petite histoire...Elle est juste sublime. C'est vraiment une romance « épique » comme on peut l'imaginer dans une grande saga. J'ai beaucoup pensé à Ken Follet dans ses grandes sagas historiques ou alors Tatiana de Paulina Simmons. On a une structure narrative riche en rebondissements. Le couple phare partage la vedette avec d’autres personnages tout aussi captivants. Ils sont partie prenant de l'histoire avec un charisme qui nous les fait tout autant apprécier.
Cependant, je dois dire qu'India et Sid sont vraiment un couple dont l'amour contrarié va vraiment très loin. On a le grand huit des émotions. Rien ne leur est épargné à notre plus grand plaisir. Il faut dire qu'ils tombent sur « des méchants vraiment méchants ». Ce Freddie Lytton,le dit méchant est un personnage mais qui m'a fait bouillir tant il était ignoble tout en m'en délectant....

Bref

Une romance historique 
que je conseille chaudement !






Sid était allongé sur son lit, yeux clos, cherchant le sommeil. Il n’avait pas dormi depuis trois jours et était exténué. Il ne pensait qu’à se reposer, mais n’y parvenait pas, par la faute de cris stridents qui montaient à travers le plancher. Finalement, n’y tenant plus, il se leva, mit ses bottes et descendit rageusement. C’était le début de la soirée et, le Barkentine étant encore presque vide, il vit la cause du vacarme dès qu’il arriva en bas. C’était India qui se disputait avec Desi pardessus le bar.
Je sais qu’il est là ! Il faut que je le voie ! Prévenez- le, au moins !
Je sais pas de qui vous voulez parler.
—       C’est un comble, vous travaillez pour lui !
Sid se décida à intervenir.
—       C’est bon, Des, je m’en occupe.
India se tourna vers lui en l’entendant.
—       Que me vaut l’honneur de votre visite, docteur Jones? demanda-t-il, la voix rauque de fatigue.
India montra la boîte à cigares.
Je crois que vous le savez aussi bien que moi.
—       Ah, je vois. Venez, nous allons en parler dans mon bureau.
Il la précéda dans l’escalier pour la guider jusqu’à sa chambre, ferma la porte sur eux et passa aussitôt à l’attaque.
—       Vous êtes revenue alors que je vous l’avais interdit! Et cette fois, avec dix mille livres sur vous. Vous êtes complètement folle !


J’ai pris un fiacre qui m’a presque amenée jusqu’au bout.
—       Peu importe. Je vous interdis de venir ici !
India ne répondit pas, trop occupée à regarder autour d’elle. Le lit en fer avec ses draps défaits, les vêtements par terre. La bouteille de whisky sur la table de nuit.
Tenez, dit-elle, soudain gênée. Reprenez ça. Je ne peux pas accepter votre argent. Vous n’auriez pas dû me l’envoyer. Vous savez très bien ce que je pense du... de...
—       De l’argent sale ?
—       Exactement.
—       Vous êtes une vraie tête de mule.
—       Enfin, Sid, nous connaissons parfaitement tous les deux la provenance de cet argent!
—       Ne me faites pas la morale, je ne suis pas d’humeur.
Les yeux d’india lançaient des éclairs.
—       C’est à vous que je pense, Sid, à vous !
Il se détourna, ne parvenant plus à soutenir son regard.
—       Si vous me donnez cet argent, c’est pour soulager votre conscience sans changer de vie. Je ne peux pas vous laisser faire ça.
—       Mais non ! C’est pour vous aider ! Pour aider vos patients! hurla-t-il en redressant la tête.
Il se reprocha aussitôt son emportement. Ils se disputaient encore, alors qu’il n’avait envie que de s’allonger avec elle sur le lit, de la prendre dans ses bras, de l’écouter parler. Seul son corps, seule sa voix réussiraient à le calmer. Avec elle, il pourrait dormir. Si seulement elle voulait bien se coucher près de lui.
—       Faites comme vous voudrez, soupira-t-il. Mais si vous me rendez cet argent, je vous le renverrai demain. Je l’adresserai à Ella. Elle, je pense qu’elle le prendra. File est beaucoup moins cabocharde que vous.
India jeta la boîte sur le lit.
—       Bravo, c’est bien, railla-t-il. Et pour quelle raison faites-vous ça ? Pour me donner une leçon ? Pour m’humilier? Eh bien je vais vous dire: je reste indifférent. Il n’y a que les malades qui en souffriront. Rendez-moi cet argent au nom de vos grands principes si vous voulez, restez blanche comme neige, refusez de prendre des risques et de mettre les pieds dans la fange, comme nous autres. Là, pourtant, vous feriez beaucoup. Vous sauveriez des vies, vous aideriez les gens d’ici.
Voyant qu’India avait les larmes aux yeux, il se reprocha d’avoir été trop dur. L’épuisement le rendait brutal.
—       Pardon, je ne voulais pas vous faire de peine...
—       Il y a une vie que je tiens vraiment à sauver, coupa- t-elle d’une voix tremblante. Plus que toutes les autres. Et si je prenais cet argent, je la perdrais aussi sûrement que si je l’avais tuée. Sid, il faut abandonner cette existence.
—       Mais vous ne comprendrez jamais! s’exclama- t-il en la fusillant du regard. Vous et votre belle morale ! Vous devriez savoir que certains criminels sont trop endurcis pour être sauvés.
—       C’est faux !
Sans lui laisser le temps de réagir, elle franchit les quelques pas qui les séparaient et l’embrassa. Brutalement, passionnément. Il fut envahi par un puissant mélange d’émotions. Surprise, désir, amour, tristesse... crainte, aussi. Il avait peur d’elle et de ses exigences, mais il avait aussi peur de la faire souffrir.
Il la prit dans ses bras et la serra à la broyer. Puis il la lâcha. Elle leva vers lui un regard interrogateur.
Il secoua la tête.
—       Pourquoi? demanda-t-elle.
—       Parce que vous êtes quelqu’un de bien, quelqu’un de bon. Vous êtes si droite que vous arriveriez presque à me faire croire à la possibilité d’une vie meilleure, alors que pour moi il n’y a que l’enfer.
—       Vous ne voulez pas de moi.
—       Si, bien sûr que si ! Je vous désire plus que je n’ai jamais désiré aucune femme. Mais je ne peux pas. Je ne veux pas. Il ne le faut pas. Vous le savez comme moi. Vous l’avez dit vous-même. Partez, ajouta-t-il doucement. Je vais demander à Ozzie de vous raccompagner à Brick Lane.
Je ne partirai pas.
—       India...
Je... je vous aime.
Il y eut un long silence. Un brandon roula dans l’âtre, un chien aboya dans la nuit. Et, pendant tout ce temps, le cœur de Sid battait à tout rompre.
—       Pardon?
Je vous aime.
—       Non, India...
Elle baissa la tête, vaincue par l’émotion.
Sid en resta muet. Elle était tout pour lui. Il ne rêvait de rien d’autre au monde que de son amour malgré ses craintes.
—       Ce serait une terrible erreur, vous le savez.
F.lle leva vers lui un regard empreint d’une profonde douleur.
Je comprendrais que vous ne m’aimiez pas. Je l’accepterais. Mais si vous avez des sentiments pour moi, je vous en conjure, ne m’humiliez pas.
Je vous aime, dit-il en la reprenant dans ses bras. Je vous aime, India. Bon Dieu oui, je vous aime !
Ils restèrent ainsi un long moment, puis il sentit des lèvres brûlantes se poser sur sa joue, sa bouche. Il répondit à ces baisers avec trop de violence. Il voulait son corps, il voulait sa peau contre la sienne, il voulait sentir cogner son cœur. Il la voulait tout de suite, sans attendre.
S’il fallait se noyer, alors, qu’ils se noient. Cet amour était voué à l’échec, il le savait. Ils souffriraient, ils se damneraient, ils en mourraient tous les deux. C’était une passion dont on ne revenait pas, mais quelle importance, au fond? Qu’avait-il à perdre?
Il déboutonna le corsage d’india, la débarrassa de sa camisole. La lueur du feu dansait sur sa peau, y jetant des ombres. Il embrassa la courbe de son épaule, les creux délicats à la base de sa gorge. Ses seins délicats et adorables.
J’ai besoin de boire un verre, dit-elle. J’ai froid.
Je vais te réchauffer.
Il défit sa jupe, la lui retira, puis ôta ses jupons. Il délaça ses bottes et fit glisser les bas le long de ses jambes. Quand elle fut nue, il la dévora des yeux. Elle rougit sous ce regard et voulut se cacher avec sa jupe.
—       Non, dit-il en la lui enlevant des mains. Je veux te voir. Tu es belle, magnifique. Tu ne le sais pas?
Il l’attira sur le lit et T’embrassa pour savourer toute sa beauté, toute sa douceur. Rien n’existait plus que cet instant, cette chambre, et elle. Il glissa les lèvres jusqu’à ses seins, puis goûta son ventre doux et plat, mordit sa hanche saillante. Elle rit parce qu’il la chatouillait, et il s’enchanta de ce rire. Il la voulait joyeuse, heureuse. Il sut la rendre aussi brûlante qu’elle s’était crue glacée.
—       Sid, murmura-t-elle, prends-moi.
Il fut tendre, attentif et lui laissa le temps de s’ouvrir à lui, langoureusement.
Elle chercha sa bouche, plongea les doigts dans ses cheveux roux. Elle devenait sauvage, pressante. Et au moment où il croyait ne plus pouvoir l’attendre, elle fut prise d’un grand frisson et cria son nom. Eperdu, il la rejoignit dans le plaisir. Ensuite, il la garda dans ses bras et la couvrit de sa chemise.
Je t’aime, Sid, je t’aime tellement, murmura- t-elle.
Fermant les yeux, elle se blottit contre lui, la tête posée sur son bras. Il souleva du bout du doigt une boucle moite collée à sa joue. La respiration d’india redevint plus lente, plus régulière, et elle s’endormit. N’osant plus bouger de peur de la réveiller, il resta songeur à regarder les flammes dans la cheminée. Il la veillerait toute la nuit et, au marin, il lui referait l’amour, puis il l’emmènerait dans un endroit très beau, un endroit merveilleux. Au bord de la mer... Elle eut un soupir heureux qui attira son regard. Admirant sa touchante beauté, il se demanda alors s’il ne venait pas de commettre le méfait le plus terrible de sa triste carrière.







Ses yeux étincelaient, et Sid, à travers ce regard, la comprit. Elle était courageuse et indomptable. Elle avait un caractère difficile, mais elle était droite. Impatiente, aussi. Pourtant, sa générosité la rendait capable de rester auprès d'un patient pendant des heures, couverte de son sang. Toute fluette qu'elle était, elle n'hésitait pas à tenir tête à des hommes dangereux, à les malmener et à veiller seule sur des mauvais garçons comme lui. C'était une femme exceptionnelle et rare...