La vie
de Victoria bascule un jour d’été ensoleillé, quand son cœur
sombre en même temps qu’elle au fond du lac.
Lui,
le sang-mêlé mis à l’écart par son peuple, lui le beau Tsigane
aux yeux gris et à la peau trop mate pour les gadjos mais trop pâle
pour les siens, est aux antipodes de la jolie blonde issue de
l’aristocratie.
Et
pourtant ! Le destin se joue des conventions et des apparences. Le
vieux chêne vert sera témoin de cet amour hors du temps qui unit
deux âmes que tous cherchent à séparer.
Il y a
bien longtemps qu'Emma a quitté l'adolescence, et elle donnerait
tout pour y retourner, d'ailleurs. Mais elle a su conserver une âme
ouverte, sensible et pleine de gaieté, qui lui permet avec hilarité
de se considérer comme une Young Adult.
Amoureuse
de la littérature, même et surtout des grands classiques, elle
dévore parallèlement la New Romance. C'est dans ce contexte
passionnel qu'elle fait la connaissance d'Anna Todd. Un premier diner
partagé avec la best-seller américaine, et ses envies d'écrire,
tapies au fond d'elle depuis son enfance, resurgissent et la mènent
sur Wattpad, où elle écrit au gré de son inspiration, son premier
roman « Chirurgicalement vôtre ».
Infirmière
en vrai, mais romancière en rêve, Emma laisse sa plume être guidée
par les rencontres que lui offre la vie, mais également par les
magnifiques paysages qui font la fierté de la région bordelaise
dans laquelle elle vit.
Mauvaise
élève qui n'écrit jamais avec de plan, mais cependant poète et
chargée d'une bonne dose d'humour, Emma fait partie de ces personnes
à qui il ne faut jamais rien confier. Car prenez garde ! Tout ce que
vous direz pourra et sera retenu contre vous, et sera utilisé dans
un de ses romans.
Le
résumé me tentait énormément mais je dois avouer que j'ai eu du
mal à finir ce roman. Comment vous l'expliquer ? Rien ne m'a
déplu mais je n'ai pas non plus été captivée.
Il me
semble que l'action ou la mise en place est trop lente à mon
goût...La romance met du temps à s'installer. Il y a trop de
clichés qui sont amenés de façon trop brutale...
Je
pense lire un autre livre de cette auteure pour avoir un avis plus
éclairé mais clairement, je suis passé à côté de celui-ci.
— Viens,
susurre-t-elle en prenant ma main.
Elle
nous mène jusqu’à la baignoire toujours pleine, et lâche ma main
pour la vider.
Nous
sommes toujours nus, mais elle comme moi n’en éprouvons aucune
gêne. Je la regarde remplir à nouveau le bain, assise sur le
rebord, sa main caressant la surface de l’eau pour s’assurer de
la température. Je contemple son dos si fin, au toucher si délicat,
et ne peux m’empêcher de venir le baiser. J’appuie mes lèvres
en différents endroits et ne m’arrête que lorsque je suis certain
de n’avoir négligé aucune zone, de sa nuque jusqu’à ses reins.
—
Viens, répète-t-elle.
Elle
grimpe dans la baignoire, glisse dans l’eau et me fait signe de
prendre place derrière elle.
Je
m’immerge à mon tour et accède à sa demande, mes bras la
ramenant au plus près de moi.
—
Regarde.
Elle
cale son dos contre mon torse et désigne le miroir face à nous.
—
Dis-moi ce que tu vois,
m’intime -t-elle toujours dans un murmure.
—
Je vois… une jeune femme
belle à en mourir, dont le sourire n’a d’égal que sa force et
son courage
Ses
joues rougissent, mais ses lèvres s’étirent plus largement,
dévoilant ses dents d’une blancheur immaculée. Elle relève son
menton et reprend un air plus fier.
—
Que vois-tu d’autre ?
—
Mmm, je vois derrière elle
un garçon plutôt pas mal…
Le
désir s’invite dans ses yeux et elle mord sa lèvre inférieure
tandis que sa poitrine se gonfle.
—
Je confirme, affirme-t-elle
sans cesser de sourire.
—
… qui m’a l’air fou
amoureux.
—
D’elle ?
—
Oh que oui.
—
Comment le sais-tu ?
—
Je le vois dans le regard
qu’il lui offre.
—
Pourquoi ? Comment la
regarde-t-il ?
—
Comme un homme qui a perdu
la raison. Comme un homme qui sait à peine comment on fait pour
respirer. Il la regarde comme une reine, une muse, comme le bien le
plus précieux qu’on puisse trouver sur cette Terre.
Elle
pince les lèvres dans une moue émue, mais reprend contenance en
feintant l’orgueil.
—
Et elle, comment le
regarde-t-elle ?
—
Mmm, je ne sais pas trop…
Sûrement comme le héros qu’il est. Et probablement comme le gars
le plus beau du coin. Je pense qu’elle a de la chance ! argué-je
avec condescendance.
Victoria
se détourne du miroir et balaie l’eau de sa main pour
m’éclabousser le visage.
—
Tu es arrogant et vaniteux.
Ce n’est pas du tout ce que moi je vois dans ce miroir, me
sermonne-t-elle en me jetant dessus un faux regard noir.
—
Ah oui ? Alors dis-moi ce
que tu vois.
—
C’est vrai qu’elle voit
un héros, reprend-elle après un court silence. Mais pas au sens où
tu l’entends. Certes, il l’a un jour sauvée de la noyade, mais
il l’a sauvée de bien des manières différentes. Il lui a permis
de ne jamais sombrer, parce qu’elle n’a toujours vu que son
visage, même durant ses cauchemars. Il lui a redonné la vue malgré
la puissance du soleil qu’il lui a mis devant les rétines. Grâce
à lui, elle a de nouveau cru en l’amour et en la vie. Elle a
retrouvé le sourire et l’espoir. La joie et le bonheur. Grâce à
lui, elle a eu envie de vivre et d’être aimée pour ce qu’elle
est à ses yeux. Elle s’est sentie belle et importante. Voilà ce
que je moi je vois.
Je
la serre tellement fort que j’ai peur de lui briser les os. Mais je
suis incapable de relâcher la pression, et d’autant moins alors
qu’elle tourne son visage vers le mien et m’embrasse avec un
total abandon.
Nous
glissons des « je t’aime » entre nos nombreux baisers et
restons dans ce bain durant un long moment, sans jamais quitter des
yeux l’image que nous renvoyons. Celle de ces deux jeunes gens
éperdument fous amoureux l’un de l’autre qui ne pensent à rien
d’autre qu’à l’instant présent. Un présent où nul frère,
nul flic et nul parent n’existent. Non, ils choisissent d’éloigner
pour quelque temps le danger et les conséquences qui traînent dans
son sillage.
—
Nous devrions sortir de ce
bain. Tu grelottes et tu es en train de me donner un aperçu de celle
que tu seras dans cinquante ans, lui dis-je en me moquant de ses
doigts flétris par l’eau.
Elle
m’asperge de nouveau et reste face à moi.
—
Et est-ce que tu m’aimeras
toujours dans cinquante ans ? me demande-t-elle avec un soupçon
d’inquiétude.
—
Bien sûr. Même lorsque tes
cheveux auront pris la couleur de cette salle de bains et que tu ne
te souviendras même plus de qui je suis.
—
Jure-le-moi.
—
Je te le jure.
—
Jusqu’à ce que la mort
nous sépare ?
—
Jusqu’à ce que la mort
nous sépare, soufflé-je au creux de sa bouche que je baise avec
douceur.
—
Bien ! clame-t-elle en se
mettant debout. Maintenant, on mange. J’ai faim.
Elle
sort de la baignoire avec entrain alors que je suis englué dans le
trouble que la nouvelle promesse que je viens de lui faire a
déclenché. Je ne pense pas que Victoria entende celle-ci comme moi
je l’entends. À croire qu’elle a définitivement transformé le
vagabond que je suis en une chose ridiculement romantique.