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mercredi 24 décembre 2014

Les combattants du feu, tome 1: L'épreuve des flammes - Jo Davis



 
Je t'aime, Howard Paxton, répéta-t-elle, ses lèvres pleines s'incurvant sur le plus merveilleux des sourires. Je le sais depuis le jour où je t'ai vu sauver cette petite fille dans la rivière. Maintenant que je t'ai dit ça, j'imagine que tu vas prendre tes jambes à ton cou et te sauver à l'autre bout de la terre, non ? C'est peut-être parce que tu es cloué dans un lit d'hôpital que j'ai trouvé le courage de te l'avouer, ajouta-t-elle sur le ton de la plaisanterie.





Les combattants du feu 
 (cliquez sur la couverture pour accédez à l'article)




Au premier regard. Kat McKenna a craqué pour le lieutenant Howard Paxton de la caserne 5 de Sugarland. Pas seulement parce qu'il l'a sauvée des flammes. Un peu parce qu'il est sublime. Beaucoup parce que c'est un type bien, dévoué, prêt à donner sa vie pour protéger celle de ses coéquipiers et déterminé à arrêter l'assassin pyromane qui s'en prend à d'innocentes jeunes femmes. Et passionnément parce qu'il a mis le feu à tout son être. 
 



 
C'est une très belle série que j'ai pris plaisir à découvrir et à continuer tout au long de chaque tome même si je dois dire que le cinquième tome qui devait être l'apothéose m'a un peu déçu.
En tout cas le premier tome est super.
J'ai mis deux extraits. Le premier est la première engueulade du couple. La deuxième est la réaction de l'héroïne quand elle voit le héros se faire tripoter par une autre fille.








Kat devina qu'ils allaient avoir leur première dispute. Mais elle ne voyait pas comment y échapper, à moins de lâcher prise et de le laisser se replier dans sa coquille. Et ça, c'était hors de question.
J'ai l'impression de parler dans le vide avec toi, Howard. Si tu en as marre de moi, dis-le carrément, ça ira plus vite !
Qu'est-ce que tu racontes ? s'exclama-t-il, stupéfait. Mais non, j'aime que tu sois là ! Je ne veux surtout pas que tu t'en ailles !
Si tu as besoin d'une présence, prends un chien, il ne te demandera pas de parler. C'est sûr, ajouta-t-elle, pour le sexe, ce ne sera peut-être pas aussi bien...
Dis donc, toi, grommela-t-il en se levant. Tu cherches la bagarre ou je me trompe ?
Oh, oh. Elle l'avait mis en colère. Kat préféra reculer d'un pas.
Non, répondit-elle posément. J'aimerais que tu me parles de tes cauchemars.
Tu dors très peu et quand ça t'arrive... commença-t-elle, écartant les mains en signe d'impuissance. Tu t'imagines vraiment que je ne ferai rien pour t'aider ?
Tu ne peux pas m'aider, répliqua-t-il froidement. Pas pour ça.

Bon sang, Howard ! Tu te permets de me donner des ordres alors que toi, tu n'es même pas capable d'accepter l'aide que je te propose ?
Ce n'est pas la même chose.
Kat poussa un long soupir et regarda le bout de ses chaussures. Compta silencieusement jusqu'à dix.
Tu veux bien me raconter ce qu'a dit Ford, au moins? Tu avais promis de ne plus me tenir à l'écart.
Il lui jeta un coup d'œil méfiant, puis hocha la tête.
D'accord. Ce sera vite fait, vu qu'il n'a pas dit grand-chose. Les sandwichs ont l'air bon, enchaîna-t-il en s'approchant de la table.
Merci. Je t'écoute, ajouta-t-elle une fois qu'elle fut assise avant de mordre dans son sandwich.
Ford pense que si l'assassin ne se manifeste plus, c'est parce qu'il a du mal à
trouver une maison vide dans le secteur de la caserne 5. Soit il ne sait pas que même si l'incendie se produisait ailleurs, la caserne 5 serait obligée d'intervenir, soit il tient à ce que je sois le premier sur les lieux.
C'est ce que je me suis dit aussi. Ce qu'il veut, c'est rendre ta vie et celle de tes coéquipiers infernale.
Il y arrive assez bien jusqu'ici, acquiesça-t-il en soupirant. Je ne sais plus si je te l'avais dit, mais quand l'assassin a laissé le portable de Lorna Miller sur mon lit, il avait aussi laissé une bague de femme à côté.
Kat sentit son ventre se nouer et perdit soudain tout appétit.
Non, tu ne m'en avais pas parlé. Quel genre de bague ?
Une sorte d'alliance avec un solitaire. Assez ordinaire. Il y avait du sang séché
dessus.
Et la bague n'appartient à aucune des deux victimes, c'est ça ? déduisit-elle des bribes de sa conversation avec Ford.
Exact.
Bizarre.
Très.
Et le sang séché ?
Ne leur appartenait pas non plus. Pas le bon groupe.
Une précédente victime ? hasarda-t-elle. Dont tu ne saurais rien. Mais pourquoi ?
C'est la question à un million de dollars. Ford est persuadé que cette bague n'était pas là pour rien.
Et toi ? Qu'est-ce que tu en penses ?
J'en pense que je prendrais bien un aller simple pour Tahiti.
Une fois de plus, il érigeait un mur entre eux. Kat masqua sa déception du mieux qu'elle put.
Comment se fait-il que les parents de Lorna Miller ne se soient pas aperçus plus tôt que la bague n'appartenait pas à leur fille ?
Parce que la brigade des homicides ne la leur avait pas donnée. Comme le portable lui appartenait, la police n'avait aucune raison de penser que la bague ne lui appartenait pas. Hier matin, Ford est passé la leur remettre, et ils ont dit qu'ils ne l'avaient jamais vue. Ford l'a alors montrée aux amis et à la famille des deux victimes. Sans résultat.
Ce qui ne laissait plus que toi. Tu es sûr et certain de ne l'avoir jamais vue ?
Il secoua la tête. Kat prit une bouchée de sandwich et la mâcha sans conviction.
Tu ne manges pas ? demanda-t-elle à Howard.
Désolé.
Comme pour se faire pardonner, il croqua à belles dents dans son sandwich. Il venait à peine de commencer à mâcher que ses yeux s'arrondirent, comme s'il s'étranglait. Plaquant une main sur sa bouche, il se leva si précipitamment que sa chaise tomba par terre.
Howard? Qu'est-ce qu...
Mais il courait déjà vers sa chambre. Kat sursauta au bruit de la porte qui claqua derrière lui. Alarmée, elle contempla son sandwich abandonné. Le jambon était peut-être périmé ? Elle le prit, le renifla, en goûta même un morceau pour en avoir le cœur net. Non, il avait un goût normal. Pourquoi Howard...
Oh, non !
La tomate ! Elle avait mis des tranches de tomate dans son sandwich ! Il lui avait dit qu'il ne supportait pas les tomates, et elle avait complètement oublié !
Kat se précipita vers la porte de la chambre pour s'excuser. Elle frappa, mais il ne répondit pas. Que faire ? Retourner s'asseoir ou entrer quand même ?
Elle devait s'assurer qu'il allait bien. Il était peut-être gravement allergique. Elle ouvrit la porte et jeta un coup d'œil à l'intérieur. Il n'était pas dans la chambre, mais la porte de la salle de bains était fermée. Elle s'en approcha et l'entendit se racler la gorge.
Partagée entre l'envie de l'aider et de le laisser tranquille, elle s'attarda devant la porte, bourrelée de remords. Les bruits cessèrent. Elle attendit encore, impatiente de lui dire à quel point elle était désolée.
Une longue minute passa, puis une autre. Howard ne se décidait toujours pas à
émerger. Prenant son courage à deux mains, elle gratta discrètement à la porte.
Howard ? Je peux entrer ?
Des bruits étouffés lui parvinrent. Des bruits semblables à ceux qu'il faisait la nuit lorsqu'il était en proie à ses cauchemars.
Lentement, elle ouvrit la porte... et son cœur remonta dans sa gorge.
Howard était assis par terre, le dos contre la baignoire, les genoux relevés, les bras croisés enserrant son ventre. Il avait les yeux fermés et de faibles gémissements, ponctués de halètements angoissés, franchissaient ses lèvres. De temps à
autre il baissait la tête, comme pour échapper à des coups invisibles.
Kat s'agenouilla auprès de lui et posa la main sur sa joue. Sa peau était moite de transpiration.
Excuse-moi, Howard ! Ça m'était complètement sorti de la tête. Tu fais une réaction allergique, c'est ça ? Tu veux que j'appelle un médecin ?
Non ! répliqua-t-il en écartant vivement son visage de sa main.
Bon. Peut-être ne supportait-il pas qu'on le voie quand il était malade. Elle posa doucement la main sur son épaule.
Tu veux que je t'apporte quelque chose ? Un peu d'eau ?
Non... gémit-il d'une voix brisée, ses bras se crispant complètement sur son ventre. Pitié... je ne le répéterai pas...
Kat se figea. Puis blêmit. Ce n'était pas à elle qu'il parlait. Howard s'adressait à
quelqu'un d'autre ! Il n'avait même pas conscience de sa présence !
Prostré de terreur, il implorait la pitié d'un tourmenteur invisible. S'agissait-il d'un syndrome post-traumatique ? Et si oui, qu'est-ce qui l'avait déclenché ?
Une pauvre petite rondelle de tomate ?
Chuuut, calme-toi, murmura-t-elle d'une voix douce en caressant son biceps.
C'est moi, Kat. Reviens vers moi, mon grand.
Il grommela quelque chose d'incompréhensible, sans chercher cette fois à s'écarter d'elle. Encouragée, Kat continua de chuchoter des paroles apaisantes et sentit progressivement ses muscles se détendre. Sa respiration redevint normale, puis il frissonna et redressa la tête.
Kat ? s'étonna-t-il en la dévisageant de ses yeux aux pupilles dilatées. Qu...
Qu'est-ce que tu fais là ?
Je suis venue voir si tout allait bien, répondit-elle prudemment. Comment te sens-tu ?
J'ai mal au cœur, dit-il en regardant autour de lui, visiblement confus. Qu'est-ce qui s'est passé ?
Tu ne te souviens pas ?
Pas trop, croassa-t-il. J'ai mangé de la tomate et j'ai été malade. J'ai couru ici.
J'ai dû perdre conscience une minute.
Howard, tu n'as pas perdu conscience.
Si. Je viens de revenir à moi...
Non, Howard, ce n'était pas ça.
Elle hésita, ne sachant trop comment lui annoncer la chose.
Tu as eu une sorte de... flash-back. Tu avais peur. Tu suppliais quelqu'un... et tu lui promettais que tu ne le répéterais pas.
Howard la dévisagea. Déglutit.
C'est ridicule.
Je te raconte ce que je viens de voir. Tu étais terrifié, et je crois que c'est la tomate qui a déclenché ce... cette crise. Laisse-moi parler! ajoutât-elle comme il cherchait à l'interrompre. Chaque fois que tu entres en sommeil profond, tu fais des cauchemars. Peut-être que c'est à cause du stress que ce malade te fait subir, mais tu devrais vraiment envisager de consulter quelqu'un. Un psychologue ou...
Je ne suis pas fou.
Il avait prononcé chacun de ces mots comme si sa gorge avait été tapissée de fil barbelé. Son visage était livide et ses grands yeux sombres reflétaient une frayeur intense.
Évidemment que non ! Je n'ai jamais pensé ça, voyons, tu le sais. Il faut que tu sortes de ce truc, et puisque tu ne peux pas me faire confiance, tu devrais con-
sulter un professionnel.
Je ne laisserai pas quelqu'un que je ne connais pas me triturer la tête, siffla-t-il en se levant. Et je te ferai remarquer que je te fais vraiment confiance.
Kat se leva à son tour et considéra sa fureur grandissante, plus inquiète que jamais.
Non, tu ne me fais pas confiance, rétorqua-t-elle d'un ton posé. Si tu me faisais confiance, tu partagerais ce qui est important avec moi.
Qu'est-ce que tu racontes ? explosa-t-il. Je partage ma maison, mon lit, toute ma vie avec toi ! Tout ! Qu'est-ce que tu veux de moi ?
Ton cœur.
Je veux que tu t'ouvres à moi, murmura-t-elle à la place. Que tu me laisses t'aider, comme les vrais partenaires le font l'un pour l'autre.
— Tu veux que je m'ouvre une veine pour que tu puisses me regarder saigner, c'est ça ? Alors là, ne compte pas sur moi, ma fille, laissa-t-il tomber avec un ricanement mauvais.
Ces mots lui firent l'effet d'une gifle.
Comment peux-tu dire une chose pareille ? répliqua-t-elle, piquée au vif. Il ne s'agit pas demoi, Howard, mais de nous ! Mais puisque tu refuses de comprendre, enchaîna-t-elle, gagnée à son tour par la colère, je ne vois pas pourquoi je resterais plus longtemps chez toi. Limiter une relation de couple aux quatre murs de ta chambre, c'est très superficiel, tu sais.
Il recula précipitamment et se cogna contre le mur. Sa colère céda la place à une surprise choquée. À la souffrance.
Superficiel ? Tu crois que faire l'amour avec toi ne veut rien dire pour moi ?
Je commence à le penser, rétorqua-t-elle du tac au tac.
Le mensonge avait franchi ses lèvres avant qu'elle ait pu le retenir. Howard n'était pas le seul à souffrir.
J'espère que tu te souviendras que c'est toi qui as dit ça, pas moi.
L'étincelle qui animait ses beaux yeux bruns mourut. Soufflée comme la flamme d'une chandelle. Face à son expression glaciale, Kat sentit son sang se figer dans ses veines.
J'ai été bien inspiré de ne pas te faire de confidences, ajouta-t-il d'un ton sarcastique, tu en aurais profité pour les piétiner.
Et voilà, Kat avait trouvé le moyen de lui donner raison. Howard avait orchestré
le scénario de leur dispute - inconsciemment, peut-être, mais le résultat n'en était pas moins là. Il fuyait quelque chose qui l'épouvantait, et il ne voulait pas entendre parler de l'amour inconditionnel qu'elle était disposée à lui offrir. Ni maintenant, ni jamais.
J'ai l'impression que nous nous retrouvons dans une impasse, lieutenant.
Lui tournant le dos, elle passa dans la chambre, attrapa son sac et y jeta pêle-mêle ses vêtements et ses affaires de toilette.
Je vais appeler ma sœur pour lui demander de venir me chercher.
Non, dit-il derrière elle. Je vais te raccompagner.
Kat préféra s'abstenir de refuser. Howard la raccompagnerait en dix minutes, alors que Grâce mettrait au moins une heure à venir la chercher. Une heure à se regarder en chiens de faïence? Plutôt mourir !
Comme tu voudras.
Un quart d'heure plus tard, Kat lâcha son sac sur son canapé et écouta la voiture de Howard s'éloigner.
Il ne reviendrait pas en arrière. Malgré les conseils de Grâce, Kat l'avait pressé
de questions, exigeant de Howard quelque chose qu'il n'était pas prêt à lui donner. Qu'il n'aurait peut-être jamais été prêt à lui donner.
Et elle l'avait perdu.
Elle s'obligea au calme. Elle ne voulait pas avoir l'impression qu'on venait de lui arracher le cœur de la poitrine. Mais ses profondes inspirations se convertirent en sanglots, et le sentiment d'une perte irrémédiable la submergea.
Kat se laissa tomber sur le canapé, enfouit son visage dans ses mains et fondit en larmes.
Dieu lui était témoin qu'il avait eu envie de se confier à Kat. De la serrer dans ses bras et de lui raconter cette nuit d'épouvante où il avait traversé le potager de sa mère de toute la vitesse de ses petites jambes, et où son propre père avait failli le tuer. Les mois qu'il avait passés à pleurer après cela, et son chagrin in-consolable d'avoir été abandonné par la seule personne qu'il aimait et en qui il avait confiance.
C'était du moins ainsi qu'il se rappelait ses cauchemars, au fur et à mesure qu'ils s'étaient précisés. À plus de trente ans de distance, difficile de différencier les souvenirs réels des accommodements fiévreux que l'esprit tourmenté d'un petit garçon leur avait fait subir.
Et puis, il y avait autre chose. Une vérité que Kat aurait risqué de découvrir si elle avait un tout petit peu insisté.
Tout au fond de lui, quelque chose l'empêchait de reconstituer entièrement cette nuit cauchemardesque. Son esprit luttait contre ce que son inconscient savait et qu'il s'était appliqué à dissimuler. Un secret qui le déchirerait. Qui l'anéantirait à
tout jamais.
S'il soulevait le voile et laissait entrer le mal, il serait détruit.
Alors il avait cédé à la peur et avait repoussé Kat.
Il l'avait perdue. Pour toujours.





Les intestins liquéfiés, hébétée de surprise, Kat regarda cette créature à la silhouette irréprochable, moulée dans une tenue de sport noire, aller retrouver Howard à la portière de sa voiture. Il la referma et se laissa aller contre tandis que la rousse, plaquant les mains sur son torse, s'employait à vider l'air de ses poumons...
Et ceux de Kat par la même occasion.
Oh... Oh, mon Dieu.
La rousse glissa les mains sous son T-shirt tandis qu'ils s'embrassaient pendant ce qui lui parut une éternité, mais ne dura en fait que quelques secondes. Elle rompit alors leur baiser, une de ses mains s'immisçant sous la ceinture élastique du short de Howard. Il saisit son poignet, murmurant ce qui ressemblait à une protestation qui n'entama visiblement pas la volonté de la rousse. Howard renversa la tête en arrière et ferma les yeux, laissant ses mains reposer sur les hanches étroites, presque masculines, de la femme.
Le regard braqué sur les mains de Howard, Kat serra les dents lorsqu'elle les vit remonter sur ses flancs nus pour aller recouvrir sa poitrine d'adolescente, moulée par la brassière de sport. Elle se prépara à subir une souffrance atroce. La souffrance de la trahison. Au lieu de quoi, elle sentit avec surprise et soulagement la morsure d'une colère brûlante.
La rousse faisait glisser le short de Howard sur ses hanches, libérant son sexe.
Son membre en érection jaillit entre eux, visiblement disposé à la satisfaire.
Cette fois, Kat sentit son sang bouillir.
Et quand les doigts fuselés de la rousse se mirent à caresser son membre, une boule de feu la projeta dans l'hyperespace.
Cerveau déclenché. Fonction Tuer-la-Truie activée.
Elle sortit de voiture et remonta l'allée en trombe avant même de réaliser que ses pieds avaient touché le trottoir. Tandis qu'elle fonçait sur le couple, elle remarqua à peine que Howard laissait retomber les bras le long de son corps, secouait la tête et se dégageait de l'étreinte de la rousse.
— Non, Janine. Attends...
Écarte-toi de lui, truie ! rugit Kat avec la voix d'une créature démoniaque tout droit sortie de l'enfer.
Mon Dieu, c'est moi qui ai dit ça ?
Howard et la rousse se séparèrent comme s'ils avaient reçu une décharge électrique, et il remonta précipitamment son short, contemplant Kat, bouche bée.
Normal, son cerveau est concentré entre ses
jambes...
La rousse fut la première à se ressaisir et ses lèvres formèrent un petit sourire méprisant.
On ne t'a jamais dit que trois c'est un de trop, ma grosse ? Harry et moi, on ne donne pas dans le triolisme.
Harry semblait au bord de la nausée.
Kat avança d'un pas et eut la satisfaction de voir la rousse reculer, son visage laissant entrevoir une expression inquiète. Elle n'était pas du tout certaine de sa position vis-à-vis de Howard et avait probablement attendu de le coincer dans un moment de vulnérabilité. Celui-ci n'avait pas dû lui opposer beaucoup de résistance.
Ah ouais ? Et la pension alimentaire, vous ne faites pas non plus ? riposta-t-elle sans prendre le temps d'y réfléchir à deux fois avant de proférer un mensonge aussi énorme. On ne formerait pas un trio, mais un quartet !
La rousse fronça les sourcils, tâchant d'assimiler ce qu'elle venait de dire. Elle n'avait visiblement pas inventé l'eau tiède. Howard, lui, la contemplait comme si elle venait de lui assener un coup de massue sur la tête.
Kat...
Toi, gronda-t-elle en agitant le doigt sous son nez, tu la boucles !
Sa bouche se referma aussi sec.
Oh ! s'exclama la rousse, son regard passant de l'un à l'autre. Un enfant ? Tu as mis ta copine en cloque, et puis tu l'as plaquée et tu vas te tremper le biscuit avec la première venue, c'est ça ?
Howard écarquilla les yeux, les joues écarlates.
Non, s'écria-t-il, ce n'est pas du tout ça !
Alors là, c'est sans moi, mes petits cocos. Je me passe très bien de ce genre de salades. J'ai déjà divorcé d'un salaud qui avait fait le coup à deux nanas avant de me rencontrer. Il paiera une pension alimentaire à ses deux ex jusqu'à ce qu'il meure d'une crise cardiaque. Je te souhaite bien de la chance, ricana-t-elle à l'intention de Kat.
Problème numéro un résolu. Un halo de rage se reforma autour de Kat, bien décidée à s'occuper de sa véritable cible.
Tandis que la Marie-couche-toi-là remontait dans sa voiture, Kat chercha une arme du regard dans le garage de Howard. Elle s'empara d'une canne à pêche appuyée au mur et la brandit tel un guerrier samouraï. Howard leva aussitôt les mains en l'air.
Ce n'est pas ce que tu crois, Kat.
Salaud ! rugit-elle.
Elle souleva la canne à pêche et lui en flanqua un bon coup sur la tête. Howard laissa échapper un glapissement de douleur, tentant vainement de protéger sa tête et ses épaules de ses bras repliés.
Ah! C'était cent fois mieux qu'une thérapie. Mille fois mieux, même. Une bouffée euphorique s'empara d'elle, et elle ponctua son discours de coups bien appliqués.
Espèce...
Ouille !
... de fils de...
Aïe!
... pute !
Je n'ai pas...
Pauvre nul ! J'étais tellement malheureuse que j'étais venue te voir pour faire la paix avec toi. J'imagine que ça te fait rire, hein ?
Arrête, Kat...
Tes draps n'ont pas eu le temps de refroidir que tu étais déjà prêt à en sauter une autre...
Je t'ai dit d'arrêter ! hurla-t-il en baissant la tête pour se ruer sur elle.
Il la délesta de son arme et la lança dans un coin où elle se brisa net, puis la saisit par les poignets et la plaqua contre sa voiture, son torse se soulevant de colère.
Si tu avais fait attention, tu aurais vu que je m'apprêtais à la rembarrer. J'allais lui dire de rentrer chez elle, Kat.
C'est ça ! répliqua-t-elle en riant, tremblante de colère.
C'est la vérité, soutint-il en se collant à elle. Juste avant que tu charges sur nous comme une furie, je l'avais repoussée. J'étais excité, c'est vrai, mais ce n'était pas Janine que je voulais, c'était toi !
Je t'en prie, ne m'humilie pas davantage avec tes mensonges, Howard, répondit-elle en entendant, horrifiée, sa voix se briser.
Howard serrait ses bras si fort que ses doigts s'enfonçaient dans sa chair, mais ce n'était rien en comparaison de la chaleur qui irradiait de son corps et de son sexe en érection qui s'incrustait contre son ventre. Une excitation qui, il y avait quelques minutes à peine, était dirigée vers une autre femme.
Malgré ses efforts, une larme roula sur la joue de Kat. La confortable couverture de la colère se dissipa, laissant place au chagrin. Howard étouffa un juron.
Je sais que ça ressemble à un mensonge, mais je te jure que c'est vrai. Je n'avais pas envie de coucher avec elle. Je n'arrivais pas à dormir, alors je suis allé au gymnase et elle est venue me rejoindre dans les douches...
Je ne veux pas entendre ça.
J'avais mal. À cause de toi et de tout ce qui va de travers dans ma vie. Elle m'a surpris dans un moment de faiblesse et je suis désolé que tu aies assisté à
cette scène, mais Dieu m'est témoin que je n'ai pas - que je ne voulais pas...
Il posa sur elle un regard suppliant et passa la main sur les pointes bicolores de ses cheveux.
Même si tu n'étais pas arrivée, reprit-il, je lui aurais dit de partir.
Délicatement, il essuya ses larmes. Qui continuèrent à couler. La vision qu'elle avait eue de Howard en pleine érection, le fait de savoir qu'il avait accepté que Janine le suive chez lui... Oh, mon Dieu. Sa poitrine devint brûlante, et la douleur fut si intense qu'elle eut envie de mourir.