Cette
position le rendait vulnérable. D'autant plus vulnérable que Cori
entrava ses chevilles aux pieds de la chaise. Il se retrouvait nu
devant elle, pieds et poings liés, livré à son bon plaisir. Un
enivrant frisson parcourut ses veines.
Les
combattants du feu
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Zack sauve des vies et combat les incendies, cependant son appétit pour la vie s’est soudain éteint lorsqu’il a sauvé une danseuse exotique à la langue bien pendue, nommée Corrine Shannon qui va rapidement le faire bouillonner de désir.
Mais à peine ont ils cédé à leur passion mutuelle qu’ils sont menacés par deux ennemis qui ont des tonnes de chance de leur faire beaucoup de mal. Vont-ils pouvoir contenir leur passion le temps de sauver leur vie ou va-t-elle s’éteindre aussi vite qu’elle a éclaté ?
Certainement le
meilleur tome de la série.
Cori
était vêtue en danseuse de harem. Ou en princesse d'Orient. Un
voile diaphane d'étoffe moirée flottait sur ses bras et le long de
ses jambes jusqu'à ses pieds nus. Sa luxuriante chevelure d'or
retombait librement sur ses épaules. Les pans des écharpes nouées
autour de son cou descendaient jusqu'à son nombril orné d'une
pierre bleue, et dissimulaient partiellement un soutien-gorge de
sequins rutilants tout en faisant ressortir le galbe généreux de
ses seins. Zack aurait volontiers fait courir la pointe de sa langue
sur cette belle chair ferme jusqu'au minuscule triangle d'étoffe qui
recouvrait son sexe.
— Je
te plais ?
— Un
peu ! coassa-t-il en se redressant pour avancer vers elle.
— Non
! Reste où tu es. Ne bouge pas.
Cori
s'avança jusqu'à la chaîne stéréo et sélectionna une fréquence
diffusant un blues instrumental et sirupeux, délicieusement
évocateur de sexe et d'alcool fort. Zack serra les poings, se
préparant au supplice.
Cori
tira une chaise devant lui et lui fit signe de s'asseoir.
— Ce
soir, je ne danserai que pour toi.
Zack
prit place sur la chaise, tellement émerveillé qu'il remarqua à
peine la morsure du bois frais sur ses fesses nues.
— À
partir de maintenant, déclara-t-elle, interdiction absolue de
parler. Contente-toi de ressentir, ajouta-t-elle en baissant les
yeux vers son sexe. Oublie tout et laisse-toi aller.
L'ordre
le plus délicieux que Zack ait jamais reçu.
Cori
éleva gracieusement les bras en l'air et se mit à onduler des
hanches au
rythme de la musique, ses mouvements imitant parfaitement
l'acte sexuel.
Subjugué,
Zack la regarda dénouer lentement une des écharpes qui ceignaient
son cou, l'éloigner de son corps et la faire voleter autour d'elle
comme si elle était animée d'une vie propre, lui imprimant de
fascinants motifs.
Elle
se mit ensuite à danser autour de lui en prenant tout son temps.
Passa l'écharpe sur son cou et en plaqua les pans contre son torse.
La sensation voluptueuse de la soie sur son ventre lui donna la chair
de poule. Elle se pencha vers lui et approcha ses seins suffisamment
près de son visage pour qu'il les prenne en bouche.
— Laisse
tes bras pendre le long de ton corps et croise-les derrière ton dos,
lui susurra-t-elle à l'oreille.
Le
cœur battant, Zack lui obéit. Elle n'allait quand même pas...
Si
! Il faillit protester, mais se retint in extremis. Il
avait trop envie de savoir jusqu'où elle avait l'intention d'aller,
et il la laissa docilement entraver ses poignets au dossier de la
chaise.
Cori
émit un petit grondement satisfait et revint se planter devant lui.
Un sourire félin errant sur ses lèvres, elle se dépara de ses deux
autres écharpes, les déploya autour d'elle et en entoura son cou
comme elle l'avait fait avec la première.
A
la différence qu'elle s'agenouilla cette fois devant lui. Zack
baissa les yeux et battit des cils quand il découvrit la perle
translucide couronnant son pénis. Mon Dieu, pourvu qu'il soit
capable de réprimer l'orgasme qui contractait déjà ses testicules.
Jamais il n'avait subi une offensive de charme aussi dévastatrice.
— Écarte
les jambes et aligne-les aux pieds de la chaise.
Cette
position le rendait vulnérable. D'autant plus vulnérable que Cori
entrava ses chevilles aux pieds de la chaise. Il se retrouvait nu
devant elle, pieds et poings liés, livré à son bon plaisir. Un
enivrant frisson parcourut ses veines.
11
désirait cela ardemment : lui appartenir corps et âme. Plus que
tout au monde.
Cori
se redressa, vérifia ses liens d'un regard, puis se remit à danser
devant lui.
— Superbe
! approuva-t-elle. Un festin que je savoure des yeux.
EIle
lui tourna le dos et fit glisser le voile recouvrant ses jambes
et ses bras, qui parurent se dissoudre comme par magie, la laissant
seulement vêtue de son string et de son soutien-gorge, Zack
n'arrivait pas à détacher les yeux de la ficelle étincelante
séparant les sphères parfaites de ses fesses.
Elle
passa les mains dans son dos, dégrafa son soutien-gorge, descendit
lentement les bretelles sur ses bras, le lança en l'air et se
retourna.
Zack
en eut le souffle coupé. Sa chevelure soyeuse encadrait les mamelons
roses de ses seins nus. Cette déesse lui appartenait et il n'en
revenait toujours pas de sa bonne fortune.
Elle
s'approcha et s'agenouilla entre ses genoux écartés. Pencha la tête
en avant et lapa d'un preste coup de langue la perle liquide qui
brillait au bout de son sexe.
— Mmm,
délicieux. Je vois que tu apprécies d'être à ma merci.
Ses
lèvres enserrèrent son gland et il renversa la tête en arrière.
Toute pensée cohérente déserta son esprit. Il n'était plus que
l'esclave du plaisir dont sa bouche le régalait. Sa petite langue
rose courut le long de son sexe, en lécha le moindre relief, et ses
doigts fuselés caressèrent ses testicules. Sa bouche s'empara alors
de son extrémité pour la sucer goulûment. La vision de ses lèvres
happant son gland faillit avoir raison de lui, et ses hanches se
soulevèrent spontanément pour l'inciter à l'avaler complètement.
Cori s'exécuta et un long gémissement lui échappa.
Puis
elle se redressa. Écarta les jambes et enfourcha hardiment la
chaise, posant ses cuisses sur les siennes. Cette position amena ses
seins devant son nez et plaça sa fente tout près de son sexe.
— L'heure
de la danse exotique privée vient de sonner pour toi, petit pompier.
Détends-toi et profite bien du spectacle.
Cori
plaqua son mont-de-Vénus contre son sexe et le fit délicatement
coulisser le long de sa fente, son membre brûlant effleurant à
peine ses replis féminins.
Les
mains sur ses épaules, elle renversa la tête en arrière et sa
chevelure effleura ses genoux. Zack contempla à travers ses
paupières entrouvertes la sublime créature qui jouissait du pouvoir
qu'elle exerçait sur lui.
Une
jouissance partagée. L'excitation qu'elle éveillait en lui était
tellement puissante qu'il craignait de ne pouvoir résister
longtemps.
— Cori,
je t'en supplie...
— Je
suis tout ouïe, mon amour.
Cette
fois, Zack était perdu.
— Baise-moi
!
Cori
cala son sexe devant l'ouverture de sa fente, introduisit le gland à
l'intérieur et s'immobilisa. Zack eut l'impression que son cœur
allait exploser.
— Regarde-moi
te baiser, dit-elle.
— Oui,
je... Ah oui!
Un
filet de sueur roula sur sa tempe quand son regard se concentra sur
sa fente qui avalait lentement son sexe. Doucement, tout doucement,
Cori enflamma ses sens. Sa fente luisante l'engloutit petit à petit.
Elle
se mit à le chevaucher, et son cerveau cessa de fonctionner. Il lui
appartenait, il était son jouet,
sa
chose, elle se servait de lui pour se faire du bien jamais
encore il n'avait éprouvé une sensation aussi voluptueuse. Elle le
possédait complètement et il aurait voulu que cela ne s'arrête
jamais.
— Oh
oui, ma belle ! Prends-moi, sers-toi bien de moi, ne t'arrête
surtout pas... continue comme ça.
Un
gémissement guttural franchit les lèvres de Cori qui accéléra
la cadence, chevauchant hardiment la colonne de chair rigide de son
membre. De plus en plus vite, de plus en plus fort. Les parois
de son sexe l'enserraient de leur caresse frénétique, Zack bascula
les hanches en avant pour accompagner ses mouvements.
Cori
s'empalait sur son sexe dans le plus total abandon et l'amenait au
bord de l'extase. Le frisson annonciateur de l'explosion désormais
familier chatouilla la base de sa colonne vertébrale...
— Oh,
oui ! Comme ça, ma belle, c'est bon ! Oui !
Zack
se soulagea brutalement en elle dans un cri rauque. Se répandit à
longs traits, délicieusement prolongés par les contractions de sa
vulve. Les bras noués autour de son cou, Cori gémissait contre lui,
palpitante, de petits cris incohérents franchissant ses lèvres.
Bile
se laissa aller contre lui et ils restèrent ainsi, enlacés et
haletants, pendant un long moment.
Zack
fit marcher Cori devant lui tandis qu'ils se dirigeaient vers le fond
du parking. La rage et l'effroi bouillonnaient dans son ventre, et il
était bien déterminé à tuer l'ordure qui les menaçait s'il avait
le malheur de s'en prendre à Cori.
Il
n'avait pas cru une seconde que cet homme puisse être son mari
revenu d'entre les morts. Cori l'avait approché de près lorsqu'il
se faisait passer pour Tony Banning, et elle l'aurait reconnu. Un tic
physique ou verbal l'aurait trahi. Changer de visage en recourant à
la chirurgie esthétique forme un masque qui recouvre la peau, mais
ne peut pas dissimuler la pourriture de l'âme.
Cori
était choquée et effrayée. Quand elle aurait les idées claires,
elle réaliserait que cet homme n'était pas Alex. Qui pouvait-il
bien être ?
Quelqu'un
qui non seulement convoitait ses cinquante millions, mais estimait en
outre y avoir droit.
— Avancez
jusqu'aux arbres, ordonna-t-il derrière eux. Jusqu'à la camionnette
garée en dessous.
Une
fois qu'ils seraient à l'intérieur de ce véhicule, leurs chances
de survie chuteraient drastiquement. Zack se dit que s'il se
retournait et fonçait sur l'homme pour lui prendre son arme, Cori
aurait le temps de courir se réfugier au bar. L'autre ne pourrait
pas les surveiller tous les deux en même temps, surtout dans cette
obscurité.
Malheureusement,
«Tony» avait bien conçu son plan. Il passa devant eux, posa
les
clefs de la camionnette sur le capot et recula.
— Cori,
c'est toi qui conduiras. Je m'installerai à côté de toi. Mais
avant toute chose, ton copain va ouvrir la portière, s'asseoir sur
un des sièges de la rangée du milieu et boucler sa ceinture.
Zack
prit place sur le siège derrière celui du passager et boucla sa
ceinture. Peut-être parviendrait- il à l'étrangler par-derrière...
Tony
braqua son arme sur Cori quand ils s'assirent à l'avant. Sur son
signe de tête, elle démarra la camionnette. Tony se tourna vers
Zack avec un sourire mauvais.
— Tiens,
c'est pour toi, joli cœur.
Quelque
chose de léger rebondit sur son torse et tomba sur ses genoux.
Intrigué, Zack baissa les yeux et découvrit une seringue remplie
d'un liquide clair. Son sang se figea.
— Injecte-toi
ça dans les veines jusqu'à la dernière goutte.
— Non.
— Le
liquide que contient cette seringue n'est pas mortel, mais si tu
refuses, je n'hésiterai pas à te tirer une balle entre les yeux, et
Cori aura ta mort sur la conscience au cours de la longue nuit qui
suivra.
— Tu
as l'intention de nous tuer tous les deux, de toute façon.
— C'est
vrai. Mais si tu choisis de mourir maintenant, je tiens à t'avertir
de ce qui se passera ensuite. Une fois qu'elle aura transféré
l'argent sur mon compte, je la baiserai toute la nuit. Je la
sodomiserai et elle aura beau t'appeler à l'aide, tu ne seras plus
là pour l'entendre. Elle pleurera et me suppliera d'arrêter...
— La
ferme.
Le
poing de Zack s'était refermé sur la seringue.
I frémissant
de rage, il s'efforça de garder la tête froide. Cet homme voulait
faire pression sur eux en les menaçant tour à tour. Zack n'avait
pas le choix. Obéir lui permettrait peut-être de gagner du temps.
D'une
main sûre, il retira le capuchon de la seringue.
— Non,
Zack ! Ne fais pas ça, l'implora Cori.
Sans
la regarder, il releva sa manche et tendit le bras. Enfonça
l'aiguille de la seringue dans une veine au creux du coude. Injecta
le liquide jusqu'à la dernière goutte.
Le
feu et la glace se répandirent dans son organisme et vidèrent ses
poumons. Quand son cœur 'emballa, il déglutit. Ses doigts lâchèrent
la seringue.
Une
lueur mauvaise passa dans les yeux de l'homme.
— Évidemment,
il se peut aussi que j'aie menti, eut-il le temps de l'entendre
grincer.
Sa
vision se brouilla et tout devint noir autour de lui.
Les
cris désespérés de Cori furent les derniers sons qui lui
parvinrent.
Horrifiée,
Cori vit Zack fermer les yeux. Son bras retomba mollement le long de
son corps.
— Zack
! Zack !
Un
hurlement s'éleva dans sa poitrine, jailli des profondeurs de son
être.
— Il
est mort ? demanda-t-elle en se tournant vers «Alex». Parce que je
te préviens que s'il est mort, je me fous complètement de ce qui
peut m'arriver, et ton précieux argent pourrira loin de loi!
La
gifle qui atteignit sa joue renversa sa tête en arrière, et des
étoiles dansèrent devant ses yeux. Cela la ramena à la raison.
Elle devait réfléchir.
Non,
il n'avait pas encore tué Zack. Il avait besoin de la coopération
de Cori pour récupérer l'argent.
— Je
peux tâter son pouls ?
— D'accord,
mais pas de mouvements brusques.
Cori
se tourna vers Zack, souleva son bras et saisit son poignet entre ses
doigts. Son pouls battait. Le soulagement la submergea et elle pivota
pour reprendre le volant.
— Où
va-t-on ?
— Une
fois que tu auras atteint la route, tu prendras à droite.
Cori
suivit ses indications et pria pour que Shea ou les amis de Zack
sortent du bar et voient la camionnette partir. Malheureusement,
personne ne sortit quand ils passèrent devant.
Elle
quitta la ville. Au bout d'une vingtaine de ^minutes, il lui ordonna
de s'engager sur une petite route de campagne. Ils s'enfoncèrent en
direction des collines, abandonnant la civilisation derrière eux,
les branches squelettiques des arbres dénudés évoquant des doigts
osseux.
Finalement,
il lui ordonna de s'engager dans une allée conduisant à un chalet
niché au cœur de la forêt, modeste, mais en bon état. La lumière
brillait à l'une des fenêtres.
Serons-nous
encore en vie quand nous sortirons de là ? songea-t-elle.
Une
vision d'Alex enterrant leurs corps dans la forêt la fit frémir
d'angoisse.
Du
calme, il ne te tuera pas avant d'avoir l'argent.
— Sors
lentement.
— Et...
Et Zack?
— Tais-toi.
Tu verras bien.
Cori
descendit de voiture. Alex la rejoignit, agitant son arme en
direction de la maison pour l'inciter à avancer. Elle progressa sur
le terrain inégal, se haïssant d'abandonner Zack dans la voiture.
— Entre,
dit-il après avoir ouvert la porte.
Cori
pénétra dans le chalet, sobrement meublé
mais
plutôt agréable. Dans le living moquetté, elle découvrit un grand
écran plat et un canapé. Bizarrement, le canapé avait été
déplacé et poussé contre un mur. Les pieds du meuble avaient
laissé des marques dans la moquette à son ancien emplacement devant
la télé. Au milieu de la pièce se trouvait une chaise.
Une
grande cheminée de pierre occupait presque tout un pan de mur. Un
bureau surmonté d'un ordinateur portable était placé contre celui
d'en l ace. C'était là qu'il avait l'intention de la forcer à
transférer l'argent sur son compte.
Une
paire de menottes attachée à une chaîne retenue par un anneau fixé
dans le mur vint confirmer cette hypothèse.
Cori
faillit rire. Faillit seulement. Si Alex avait suspecté qu'elle
ignorait comment opérer un virement électronique, comment franchir
le labyrinthe de protections qui entourait son compte, ils seraient
déjà morts.
Heureusement
que j'ai appelé Joaquin pour tout lui avouer avant qu'on se mette en
route pour le bar...
Comment
il les trouverait dans ce chalet isolé, Cori préférait éviter d'y
penser.
— Assieds-toi
au bureau.
Elle
s'exécuta en évitant de le regarder et réprima un frisson lorsque
la menotte se referma sur son poignet avec un cliquetis métallique.
— On
fait moins la fière, maintenant, hein ? Attends un peu de voir ce
que j'ai l'intention de faire à ton copain.
Cori
lui lança un regard noir, mais ne réagit pas à son rire mauvais
quand il se dirigea vers la porte. Dès qu'il fut sorti, elle bondit
de sa chaise pour se précipiter vers l'anneau, qu'elle tira de
toutes ses forces.
Rien
à faire. Il était solidement vissé dans le bois et il aurait fallu
des tenailles pour l'en déloger.
Les
pas qui retentirent sur les marches du porche l'incitèrent à se
rasseoir précipitamment. Des coups sourds ponctuaient la progression
des pas sur les marches. Alex franchit la porte du salon à reculons,
tirant Zack par les pieds. La colère bouillonna en elle lorsqu'elle
comprit que les coups sourds qu'elle venait d'entendre avaient été
produits par la tête de Zack cognant sur les marches.
Alex
installa péniblement Zack sur la chaise, puis, travaillant
rapidement, il trancha la corde qu'il avait passée autour de son cou
en tronçons dont il se servit pour ficeler Zack au dossier de la
chaise. Il fit ensuite passer ses bras derrière le dossier, les
entrava et en fit autant avec ses chevilles qu'il attacha aux pieds
de la chaise. La corde mordait sa chair, à cause du poids mort de
son corps qui étirait les liens.
Son
visage était pâle, et son souffle faible. Il avait perdu ses
lunettes.
— Nous
allons tranquillement attendre qu'il se réveille, annonça Alex en
se passant la main dans les cheveux.
Il
disparut dans une pièce qui devait être la cuisine, à en juger
d'après les bruits qui lui parvinrent. Une porte de frigo qui
s'ouvre. Alex remuant ce qui s'y trouvait.
Cori
comprit subitement son erreur.
Cet
homme ne pouvait pas être Alex. Alex ne s'était jamais passé la
main dans les cheveux, mais surtout, il n'avait jamais levé le petit
doigt pour se faire à manger.
Si
cet homme avait été Alex, il l'aurait traînée dans la cuisine,
frappée pour l'obliger à lui préparer de quoi manger.
Qui
que soit cet étron à face humaine, ce n'était pas Alex.
Pourtant,
pour une raison qu'elle ignorait, il avait cherché à le lui
faire croire. Il était plus patient et rusé que ne l'avait été
Alex.
Ce
qui le rendait dix fois plus dangereux.
Zack
reprit conscience par paliers. Il avait mal. Partout. Sa bouche était
sèche comme du coton. Pourquoi?
Il
voulut plier les bras pour étirer ses muscles endoloris, mais fut
incapable de bouger.
— Zack,
mon amour ?
La
voix de Cori, nouée d'anxiété. Où était-elle ?
Il
passa sa langue sur ses lèvres, essaya de déglutir. Mon Dieu, il
mourait de soif. Il voulut ouvrir les veux, mais ses paupières
semblaient collées.
Il
avait mal aux fesses aussi. Il était assis sur quelque chose de dur
et inconfortable. Il remua les chevilles et les poignets.
Attachés. Attachés
?
Leur
enlèvement lui revint en mémoire en un éclair. La panique et la
nausée firent remonter un flot de bile dans sa gorge et il résista
à l'envie de vomir. Ses yeux s'ouvrirent enfin, la pièce tournoya
autour de lui.
— Cori?
râla-t-il. Où...
— Elle
est là, lui répondit la voix déplaisante.
Des
bruits de pas se rapprochèrent.
— Content
que tu sois de retour parmi nous. La petite garce a refusé de
coopérer jusqu'à ce qu'elle soit sûre que tu n'étais pas mort.
Zack
se concentra sur la tache floue qui se dressait devant lui. Sa vision
s'était améliorée, mais il n'arrivait pas à faire le point. Ses
lunettes. Il les avait perdues. C'était extrêmement irritant. Il
n'arrivait pas à distinguer clairement le visage de Cori. S'il
devait mourir comme ça, ligoté comme du bétail, il voulait au
moins pouvoir emmener son image avec lui.
La
frayeur qui lui faisait écarquiller les yeux était nettement
visible, mais il craignait de ne pas remarquer les signaux furtifs
qu'elle pourrait lui adresser à l'insu de leur ravisseur.
— Salut,
ma belle. C'est nettement moins rigolo que la dernière fois que je
me suis retrouvé ligoté sur une chaise.
Ah
! Il distingua son sourire tremblotant. Il soutint son regard et lui
envoya un message silencieux. Aide-moi à faire traîner la
situation.
— Combien
de temps suis-je resté inconscient ? demanda-t-il.
— Deux
heures...
— La
ferme ! intervint l'homme en abattant la main sur la joue de Cori
dans un claquement retentissant. S'il a besoin de savoir quelque
chose, c'est à moi de le lui dire !
— Nooon
! hurla Zack en tirant de toutes ses forces sur ses liens.
La
langue de Cori darda pour lécher le sang sur sa lèvre inférieure.
Des mèches de cheveux retombaient devant ses yeux dont elle
foudroyait l'homme d'un regard chargé de haine pure.
— Tu
n'es pas trop mal à l'aise ? lança celui-ci en reportant son
attention sur Zack.
Il
gloussa, puis regarda Cori.
— Si
tu refuses de te connecter à ton compte suisse maintenant, tu devras
me regarder tailler ton copain en rondelles.
Le
regard effrayé de Cori croisa celui de Zack, qui hocha
imperceptiblement la tête. Même si elle savait comment effectuer un
virement, elle ne pour- tait pas transférer cinquante millions d'un
compte a un autre sans l'intervention d'un conseiller.
— Tu
n'es pas son ex-mari, jeta Zack pour détourner son attention. Qui
es-tu?
— Je
n'ai jamais dit que je l'étais, rétorqua l'homme, luttant
visiblement contre une irrépressible envie de se vanter. Notre air
de famille l'aura induite en erreur. Je suppose que je lui dois des
remerciements pour avoir hâté la mort de mon frère. Je me présente
: Lionel Gunter. Le monde est petit, n'est-ce pas, ma chère
belle-sœur ?
Cori
demeura un instant bouche bée.
— Alex
ne m'a jamais parlé d'un frère, finit-elle par dire. Aucun membre
de sa famille ne s'est manifesté après sa mort, ni n'a assisté à
son enterrement.
— Bien
que ce soit moi qui ai soufflé l'idée à mon bon à rien de frère
qu'il serait extrêmement lucratif de se lier à une héritière de
la dynastie hôtelière des Delacruz, il n'a pas jugé bon de me
faire figurer sur son testament. Même si je n'avais pas été en
prison à ce moment-là, je ne vois pas pourquoi je me serais donné
la peine d'assister à son enterrement.
— Histoire
de cracher sur sa tombe, peut-être ? suggéra Zack.
Eloigne
son attention de Cori... se dit-il.
Lionel
sourit, et Zack songea qu'il prendrait immensément plaisir à lui
rectifier le portrait.
— Dans
d'autres circonstances, j'en serais peut- être venu à t'apprécier,
Knight.
— Tu
m'excuseras de ne pas considérer cette remarque comme un compliment.
— Prends-le
comme tu veux, ça m'est complètement égal. Bientôt, je disposerai
de la fortune qui aurait dû me revenir, au lieu d'atterrir entre les
mains d'une pute de bas étage qui n'aura pas été sa femme plus de
quoi... ? cinq minutes, à tout casser.
— Je
t'ai déjà dit que Joaquin est sur tes traces. Quand il t'aura
retrouvé, tu pourras dire adieu à la vie, répliqua sèchement
Cori.
— Mais
je sais qu'il me retrouvera. J'y compte bien, riposta Lionel d'un ton
parfaitement détaché.
— Il
te tuera, insista Cori.
— Vraiment
? Parce que tu t'imagines que je suis remonté jusqu'à toi sans
complice ?
Elle
blêmit.
— Joaquin
ne me trahirait jamais. Tu
mens !
— Crois-tu
? Alors laisse-moi te dire une bonne chose, fit Lionel en
s'approchant d'elle pour caresser sa joue. Dans quelques heures, tes
frères vont arriver ici pour sauver la mise, comme convenu. L'un
d'eux est mon complice. Celui qui m'a informé de la mort prématurée
de ton époux et le cerveau de cette opération... Il mourra comme
les autres. Je ne suis pas partageur. C'est extrêmement désagréable
de se faire doubler, tu ne trouves pas? Essaye de deviner lequel de
tes trois frères t'a vendue, ma chérie.
Zack
n'eut pas le temps d'intervenir que Cori lui avait craché au visage.
L'espace d'un instant, il crut que Lionel allait la frapper, mais
celui-ci se détourna d'elle, lentement. Essuya son nez et sa joue
d'un revers de manche. Serra le poing. Et vint se planter devant
Zack.
Son
soulagement céda le pas à la peur. Le monstre allait le frapper
pour mettre Cori au pas. Jouer avec ses émotions. Zack savait qu'il
tiendrait le coup, même si ça tournait mal. Pour Cori, il était
prêt à tout.
Mais elle ?
Tiendrait-elle le coup ?
Le
premier coup de poing l'atteignit à la mâchoire, et Cori poussa un
cri. La tête de Zack partit sur le côté et il eut l'impression que
son cou se dévissait. Le sang qui afflua dans sa bouche coula sur
son menton.
Tu
as une droite de femmelette, fanfaronna- t- il en envoyant un crachat
sanglant sur les chaussures de Lionel.
Le
deuxième coup le cueillit en plein ventre. Des vagues de nausée
l'assaillirent et il lutta contre l'envie de vomir. Un troisième
coup atteignit ses côtes, du côté gauche. Puis un autre, encore un
autre. Ventre, côtes. Il se pencha autant qu'il le put et absorba
les chocs en contractant les muscles de son abdomen.
Il
survivrait à ce traitement. Pendant quelques heures, en tout cas. À
moins qu'une de ses côtes ne se brise et perfore un poumon. Ou le
cœur. Autrement, l'ordure mettrait longtemps à le tuer en lui
cognant dessus. Il risquait même de se briser la main.
— Arrête,
le supplia Cori. Je t'en supplie !
Lionel
lui jeta un regard froid.
— Transfère
l'argent.
Derrière
elle, l'écran de l'ordinateur était allumé. Elle hésita, chercha
conseil dans le regard de Zack. Désespérée, ne sachant que faire.
— Elle
ne le fera pas, cracha Zack.
— Si,
elle le fera.
Lionel
redoubla ses efforts, concentrant ses coups sur son ventre. Pour le
briser, parce qu'il savait que sa victime ne pourrait pas encaisser
éternellement.
Il
cognait, encore et encore. Zack tirait sur ses liens, à bout de
souffle. S'étranglait. La nausée lui tordait les tripes, mais il
n'avait rien à rendre. Cette indignité, au moins, lui était
épargnée.
Il
avait depuis longtemps perdu le compte des coups lorsque Lionel fit
une pause. Zack releva la tête. Sourit. Un mélange de sang et de
salive coula de sa bouche.
— Vas-y
doucement, mec. Je ne peux pas me permettre un nouvel arrêt de
travail.
— Je
reconnais que tu as les couilles bien accrochées, ricana Lionel.
Il
alla j usqu'à la cuisine et en revint aussitôt, un grand couteau de
boucher à la main.
— Ce
sera vraiment dommage de te les couper.
Cori
poussa un cri. Zack ne la regarda pas. Son regard était rivé à la
lame de vingt centimètres. Lionel se plaça entre ses cuisses
écartées, saisit l'encolure de son polo, l'incisa avec la lame,
puis la fit vivement glisser jusqu'en bas, partageant nettement le
vêtement en deux.
Par
réflexe, Zack baissa les yeux quand son tortionnaire rabattit les
pans du polo sur ses épaules. La lame du couteau dessina un sillon
écarlate sur son ventre, et il regarda le sang perler avec une sorte
de fascination hébétée. Le fil de la lame était si bien aiguisé
qu'il n'avait même pas senti la morsure de la coupure, qui
commençait seulement à piquer.
Superficielle.
Lionel se contentait de jouer avec les nerfs de Cori.
Mais
la vue du sang l'avait échauffé.
Lionel
plaça la lame effilée derrière son oreille et lui fit décrire un
arc de cercle sur la peau délicate jusqu'à sa gorge. Zack ne
ressentit aucune douleur quand un liquide tiède coula sur son cou,
son torse. La morsure ne se fit sentir qu'après, mais il l'ignora.
Conserva une expression impassible, le regard braqué sur celui de
son bourreau, sans ciller.
— Connecte-toi
à ton compte, ordonna calmement Lionel à Cori sans détacher le
regard de celui de Zack.
— Non,
ma belle. Ne le fais pas.
La
lame glissa sur son torse. Traça une nouvelle entaille sur ses
pectoraux. Puis une autre. Le sang coula et Cori produisit un sanglot
étouffé.
— Je
t'en supplie, arrête, gémit-elle. Je vais essayer de me connecter.
Lionel
tourna vivement la tête vers elle.
— Tu
vas essayer ?
Qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
— Je...
Je ne suis pas sûre de me souvenir de mon numéro de compte. Il est
très long et je ne suis pas certaine de l'avoir mémorisé
correctement.
Zack
connaissait bien sa voix et il comprit, au Ion faussement
conciliateur qu'elle venait d'employer, qu'elle lui mentait pour
gagner du temps.
Il
leva la tête, croisa son regard et y décela une étincelle de
malice qui échappa à Lionel. Elle se tourna vers l'ordinateur et
Zack l'encouragea silencieusement, lui envoya une bouffée d'amour en
espérant qu'elle la perçoive.
Ses
doigts pianotèrent sur le clavier. Hésitèrent, effacèrent ce
qu'ils venaient de composer. Reprirent, alignèrent une série de
chiffres et de lettres sur deux lignes. Son index droit enfonça la
touche d'entrée.
Accès
refusé.
— Recommence
! gronda Lionel.
Cori
lui jeta un bref coup d'œil par-dessus son épaule, puis recommença.
De temps en temps, elle s'interrompait. Effaçait, faisait mine de
réfléchir, reprenait. Nouvel essai.
Accès
refusé.
— J'essaye
! Je vais y arriver !
— Tu
as intérêt, siffia-t-il.
Si
sa troisième tentative échouait, Zack savait qu'elle ne pourrait
plus accéder à son compte.
— Garce
! fit Lionel d'un ton mauvais. Je vais te montrer ce qui se passe
quand on se fout de ma gueule.
Il
alla jusqu'à la cheminée, posa le couteau dessus et s'empara d'un
tisonnier. Lorsqu'il se retourna, son regard se posa sur Zack et un
affreux sourire déforma ses traits.
— Non,
murmura Cori. Je m'en souviens, main tenant. Je vais me connecter
et...
— Laisse-moi
te donner une petite leçon qui t'incitera à y réfléchir à deux
fois avant de me prendre pour un con.
Zack
fut saisi d'une telle frayeur qu'il fut incapable d'articuler le
moindre son. Tout son corps se glaça. Tétanisé d'effroi, il
regarda sans mot dire Lionel approcher de lui, tenant négligemment
la tige de métal de sa main droite.
— Je
vais t'exploser, annonça-t-il posément.
Il
leva le tisonnier en l'air comme une batte de base-bail.
Une
cuisante douleur s'empara du flanc de Zack. Son hurlement se mêla à
celui de Cori. Avec le bruit qui affluait à ses oreilles, il avait
eu l'impression que ses côtes explosaient. Il lutta pour retrouver
son souffle, pour...
Un
deuxième coup projeta son estomac contre sa colonne vertébrale. La
douleur fut insupportable. Jamais encore il n'avait ressenti une
telle souffrance. Il baissa la tête, et une violente quinte de toux
le saisit. Une toux rauque qui remonta dans sa gorge en faisant un
raffut effroyable. Des taches écarlates maculèrent son jean.
Il
crachait du sang. Mauvais signe. Très mauvais
signe.
Cette
fois, il n'encaisserait plus très longtemps.
Si
tu ne trouves pas quelque chose pour vous tirer de là, tu es mort,
Zack...
Il
eut vaguement conscience d'entendre Cori sangloter. Supplier Lionel
d'arrêter. Le tisonnier atterrit sur le sol. Lionel l'avait lâché.
— Tu
as compris qu'il ne faut pas jouer avec mes nerfs ?
— Oui,
je te le jure. Je sais comment me connecter.
Vas-y,
ou je te garantis que ton copain ne survivra pas au prochain round.
Nouveau
cliquetis du clavier. Lionel laissa échapper un grondement de
satisfaction. Zack releva ht tête et s'efforça de concentrer son
regard sur la page qui s'affichait à l'écran, mais ne parvint pas à
déchiffrer les caractères qui y figuraient.
— Qu'est-ce
qui se passe ? grommela Lionel en agitant la main vers l'écran.
Cori
avait cliqué sur plusieurs icônes et inscrit son numéro de compte
dans la barre de demande de virement. Elle secoua la tête, renifla
et se passa les mains sur le visage.
— Le
site me bloque. Je ne suis pas autorisée a effectuer un virement
aussi important en ligne, et mon conseiller n'est pas disponible.
Elle
leva les yeux vers Lionel, interrompant sa tirade avant qu'il ait le
temps d'ouvrir la bouche :
— Mais
je connais quelqu'un qui peut nous permettre de le faire quand même.
— Il
vaudrait mieux que tu saches le faire toi- même, parce que je n'ai
pas de temps à perdre ! rugit Lionel.
Cori
adressa à Zack un regard entendu, et il lui sourit malgré l'agonie
qu'endurait son corps.
— Zack
peut le faire. Il a un QI de génie et c'est un hacker expérimenté.
Lionel
fit passer son regard vers lui, balançant visiblement entre
soulagement et irritation.
— Et
c'est maintenant que tu le dis ? Qu'est-ce qui me prouve que tu ne
racontes pas n'importe quoi ?
— A
toi de décider si tu as envie de le faire ou non, répliqua-t-elle
en haussant les épaules. Zack m'a dit qu'il avait réussi à
s'introduire dans des fichiers du FBI quand il avait douze ans. Si
quelqu'un est capable de t'enrichir rapidement, c'est lui.
Lionel
se tut. Il réfléchissait. Zack savait déjà ce qu'il allait
décider. Lionel n'avait pas le choix.
— D'accord,
céda-t-il en le toisant. Tu t'en charges. Va t'asseoir à sa place
et occupe-t'en, sinon je lui tranche la gorge.
Il
alla prendre le couteau sur le manteau de la cheminée et coupa les
liens de Zack. Celui-ci remua les doigts et se frotta les bras pour
activer sa circulation sanguine, après quoi il se leva lentement,
peinant à trouver son équilibre. Il tituba jusqu'au bureau et
s'affala sur la chaise que Cori venait de libérer. Sa présence à
son côté le galvanisa.
Il
plaça ses doigts au-dessus du clavier et invoqua des talents dont il
ne se servait plus depuis des années.
Mais
il avait un plan.
Zack
adressa une prière au Ciel pour que Cori et lui survivent, une fois
que Lionel découvrirait ce qu'il avait fait des cinquante millions
de dollars.