— Dis-moi
ce qu’il faut que je fasse.
Les yeux verts de Vanessa étincelèrent d’un éclat diabolique et un coin de sa bouche se releva.
— Il t’a donné des leçons de séduction, non ?
— Oui…, répondit Lucie d’un ton méfiant.
— Eh bien c’est simple, déclara son amie en se rapprochant d’elle. Rentre chez toi, mets ces leçons en pratique et prouve-lui que l’élève a dépassé le maître.
Les yeux verts de Vanessa étincelèrent d’un éclat diabolique et un coin de sa bouche se releva.
— Il t’a donné des leçons de séduction, non ?
— Oui…, répondit Lucie d’un ton méfiant.
— Eh bien c’est simple, déclara son amie en se rapprochant d’elle. Rentre chez toi, mets ces leçons en pratique et prouve-lui que l’élève a dépassé le maître.
Beau, altruiste, intelligent, le Dr Stephen Mann est l’homme idéal… selon
Lucie
Miller,
kiné à l’hôpital. Or Stephen n’a que faire d’elle. Jusqu’à
ce que Reid
Andrews
s’en mêle. Sportif de haut niveau, blessé à l’épaule, Reid a
besoin d’une rééducation express s’il veut pouvoir remonter sur
le ring dans quelques jours. Qui d’autre que Lucie Miller, la
petite sœur de son meilleur ami, pourrait l’aider ? Reid lui
propose un marché : Lucie se consacre entièrement à le soigner, en
échange de quoi il l’initie à l’art de la séduction.
Reid a
deux semaines devant lui. Deux
semaines pour faire de Lucie une déesse de volupté.
Qui sait s’il ne se prendra pas lui-même à son propre jeu ?
C'est
une lecture sympathique
mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Et
pourtant....
Le
héros est un boxeur qui a reçu trop de coup et qui s'éprend de la
petite sœur de son meilleur ami. Là je me disais ça sent le CDC
(Coup De Coeur)...
un
bad boy qui se sent indigne de sa demoiselle
+
un
amour interdit
=
CDC
Au
final, le livre est loin de tenir toutes ses promesses. Alors non je
ne me suis pas ennuyée mais j'étais loin de ne pas pouvoir quitter
ce bouquin comme pour Real de Katy Evans (dont le héros est aussi un
boxeur). Tout est très aseptisé et par moment j'ai eu l'impression
de lire un roman Harlequin (il y en a des très bien...mais il y en a
beaucoup de très nuls et jamais de très originaux).
Bref
On
est dans une romance très conventionnelle qui a pris les ingrédients
qui fonctionnent en ce moment. Elle a trouvera certainement son
public (
et tant mieux!)
mais pour ma part, je l'ai trouvé fade et la passion trop gentille
pour être crédible.
Il
se dépêcha d’enfiler sa tenue de sport et alla
courir. Le soleil déjà haut dans le ciel tapait fort, et avec le
rythme rapide de ses baskets frappant le bitume, il lui était
impossible de méditer. Cela lui rappelait plutôt le tic-tac d’une
bombe à retardement. Le décompte des secondes le rapprochant du
moment où il lui annoncerait sa décision.
La
perspective de quitter Lucie le faisait atrocement souffrir.
Avant
d’aller voir son père, il avait pensé proposer à Lucie de
l’accompagner à Las Vegas. Mais bien que son paternel fût un
vieil homme aigri à l’esprit étroit, Reid ne pouvait pas lui
donner entièrement tort.
Lucie
n’avait vraiment pas le profil requis pour partager le quotidien
d’un lutteur. La mère de Reid oui, mais pas Lucie. Cette dernière
aimait la ville dans laquelle elle vivait et appréciait de
travailler dans une petite structure qui lui permettait de tisser des
liens étroits avec ses patients. Et Reid savait que sous des dehors
brouillons, c’était quelqu’un de routinier. Elle détestait
l’imprévu. S’adapter au changement, faire preuve de spontanéité
– deux choses qui caractérisaient Reid et dont il n’était pas
peu fier – n’étaient vraiment pas dans les cordes de Lucie.
Voyager
à Las Vegas aurait relevé pour elle d’un véritable choc
culturel. Elle serait sans doute parvenue à rétablir un semblant de
routine, mais cela aurait impliqué qu’elle ne le voie presque
jamais quand il se préparait pour un combat. Reid passait
pratiquement tout son temps à s’entraîner, à suivre un régime
alimentaire draconien et à étudier les combats de son futur
adversaire. Le soir venu, il tombait de fatigue, s’écroulait sur
son lit, se levait à l’aube et recommençait.
Sans
parler de ses déplacements, des séances de dédicaces. Des ragots
que la presse people publiait sur son compte. Toutes choses qui
enveniment inévitablement une relation de couple. Reid avait été
témoin des complications que rencontraient les lutteurs quand ils
essayaient de vivre avec une femme. Le stress générait de
nombreuses disputes, leurs compagnes devenaient amères et
maudissaient le sport qui accaparait tout le temps libre de leur
conjoint – quand ce n’était pas le conjoint lui-même.
Cela
aurait tué Reid si Lucie – pourtant si tendre et généreuse –
avait été blasée et pleine d’amertume sous prétexte qu’il ne
supportait pas l’idée de vivre sans elle. Elle était parfaite
pour lui, il le savait, mais cela ne voulait pas dire que Reid lui
correspondait.
Elle
méritait bien mieux. Elle méritait d’être l’absolue priorité
de celui avec qui elle ferait sa vie. Quelqu’un qui pourrait poser
un congé quand l’envie lui prendrait de passer la journée au lit.
Quelqu’un dont la profession ne comporterait pas le risque d’être
un jour victime d’une commotion cérébrale ou d’une mort par
étranglement.
Ce
quelqu’un-là ne pouvait pas être Reid.
Quand
il regagna la rue de Lucie, il ralentit sa course, repoussant au
maximum l’instant où il faudrait l’affronter. Il posa les mains
sur ses hanches et inspira à fond pour tenter de chasser la nausée
qui le menaçait. Mais à chaque pas, la sensation s’accrut. Il
pourrait s’estimer heureux s’il arrivait jusque sous la douche
sans vomir.
Pour
la première fois de sa vie, Reid avait peur du combat qui
l’attendait.
*
Assise
à la table de la cuisine, le menton en appui sur une main, Lucie
pianotait de l’autre le rythme du Cavalier solitaire en
attendant que Reid sorte de sa chambre.
En
rentrant de son jogging, il avait vaguement agité la main à son
intention avant de filer sous la douche, puis s’était enfermé
dans sa chambre. Il y avait de cela au moins vingt minutes, ce qui
faisait dix-huit minutes de plus que nécessaire pour enfiler un
short et un tee-shirt. Et qu’elle frisait la paranoïa.
Apparemment, tomber amoureuse l’avait transformée en adolescente
névrosée. Super.
Elle
entendit enfin la porte s’ouvrir au bout du couloir. Elle ramassa
son stylo et fit mine de se concentrer sur la grille de sudoku
qu’elle avait partiellement remplie au petit bonheur la chance. Sa
vie en eût-elle dépendu qu’elle aurait été incapable de se
concentrer.
Elle
fit mine de ne pas remarquer sa présence – elle se serait fait
hacher menu plutôt que d’avouer à Reid dans quel état de nerfs
il la mettait. Il s’éclaircit la gorge.
Elle
leva les yeux, un sourire aux lèvres… qui s’effaça quand elle
aperçut le sac qu’il tenait à la main et l’expression de son
visage.
— Qu’est-ce
qui t’arrive ?
— J’ai
reçu un coup de fil de Butch. Scotty est de retour et il veut que je
finisse mon entraînement avec lui.
— Oh.
Son
ego professionnel en prit un coup, car les propos de Reid
sous-entendaient qu’elle était incapable de faire aussi bien que
le fameux Scotty. Elle l’ignora toutefois et envisagea la situation
d’un point de vue logique.
— Eh
bien tant mieux pour toi. C’est important que tu retrouves tes
habitudes et ton entraîneur.
— Cela
n’a rien à voir avec tes compétences, Lu. Tu as accompli un vrai
miracle avec mon épaule. Je n’aurais jamais récupéré aussi vite
si j’avais bossé avec quelqu’un d’autre. J’en suis
convaincu.
— Merci.
Fierté professionnelle
= apaisée.
— Je
comprends, déclara-t-elle avec un grand sourire. Et comme je suis
encore en vacances, ça va enfin me donner l’occasion de découvrir
Las Vegas !
— Je
ne crois pas que ce soit une bonne idée. Je ne vais plus du tout
avoir de temps à te consacrer. Je ne mène pas le même train de vie
quand je suis là-bas. Je ne pourrai rien te faire visiter et tu te
retrouveras coincée toute la journée chez moi, ce ne sera
franchement pas drôle.
Lucie
sentit que quelque chose clochait. Était-ce vraiment le fait qu’il
n’aurait pas le temps de lui faire visiter la ville qui le
dérangeait ?
— Ce
n’est pas grave, assura-t-elle. J’explorerai Vegas toute seule
pendant la journée.
Reid
passa une main dans ses cheveux, puis la fit glisser sur son visage.
— Le
soir, je serai trop crevé pour passer du temps avec toi, Lucie. On
ne se verrait vraiment jamais.
Non.
Non, non, non. Il ne pouvait pas faire ça. Elle se leva, croisa les
bras sur sa poitrine et le toisa.
— Tu
veux bien m’expliquer ce qui t’arrive, Reid ? J’ai la très
désagréable impression que tu cherches à m’évincer. Avec des
prétextes minables, par-dessus le marché.
— Ne
rends pas les choses plus difficiles, s’il te plaît. Tu sais à
quel point je t’apprécie, mais ce truc entre nous, ajouta-t-il en
faisant aller et venir sa main entre eux, c’était temporaire. Tu
te souviens ?
— Si
je m’en souviens ? Mais oui, parfaitement, Reid. Et je me
souviens aussi que tout cela a changé la nuit dernière. À moins
que tu aies l’audace de prétendre le contraire aujourd’hui…
Reid
se tut pendant quelques minutes – ou quelques secondes ? Le
silence s’éternisa si longtemps qu’il aurait aussi bien pu durer
une heure. Reid demeurait parfaitement immobile, à l’exception du
muscle de sa mâchoire qui tressautait. Ce qui signifiait qu’il
était agacé. Lucie, elle, était au bord de l’explosion.
Finalement,
il rompit le silence et les paroles qu’il prononça étaient si
tranchantes que Lucie les reçut comme une volée de coups de
couteau :
— La
nuit dernière était géniale. Comme toutes les autres. Mais notre
arrangement est terminé. Tu voulais que Mann te remarque et
s’intéresse à toi, c’est désormais chose faite. J’ai rempli
ma part du contrat. Et toi aussi puisque je suis rétabli à temps
pour reprendre l’entraînement avant mon combat. Alors voilà,
c’est comme ça.
— Non,
ce n’est pas comme ça ! Tu prends la fuite comme un lâche,
voilà ce qui se passe ! Tu invoques le soi-disant marché qu’on
avait passé ensemble comme prétexte pour te couvrir !
Le
flot d’adrénaline qui la submergeait déclencha en elle une légère
sensation de vertige mais elle s’agrippa au dossier de la chaise
pour garder l’équilibre.
— Les
choses ont changé entre nous, Reid, poursuivit-elle. Tu le sais
aussi bien que moi.
— Je
reconnais que les choses ont évolué. De cliniques, nos rapports
sont progressivement devenus plus intimes mais, Lucie, regarde les
choses en face : coucher avec quelqu’un qu’on aime bien
s’inscrit forcément dans
l’intimité.
Tous
deux avaient haussé le ton et, dans un coin de sa tête, Lucie se
dit que s’ils continuaient, Mme Egan ne tarderait pas à venir
frapper à sa porte. Ou pire encore, à appeler son frère. Mais elle
passa outre.
— Et
qu’est-ce que tu fais des sentiments, espèce d’abruti ?
s’emporta-t-elle. Parce que moi, j’en ai pour toi, si tu veux
tout savoir. Je suis amoureuse de toi, Reid !
Un
silence absolu s’abattit sur eux. Même le tic-tac régulier de la
pendule cessa. Le temps semblait s’être arrêté. Peut-être qu’un
ange allait apparaître pour se pencher à son oreille et lui
susurrer de sages conseils. Ou bien lui offrirait-on la possibilité
de revenir quelques secondes en arrière, au moment de son aveu. Un
aveu qui la rendait aujourd’hui plus vulnérable qu’elle ne
l’avait jamais été.
Le
regard de Reid était étrangement froid. Comme lorsque l’arbitre
proclamait le début d’un combat. Jamais encore il n’avait posé
un tel regard sur elle, et Lucie eut l’impression de défaillir. Or
quand il prit la parole, elle réalisa qu’elle n’était pas
encore morte.
— Ton
ex-mari, tu l’aimais aussi, Lucie. Et tu sais ce que tu y as gagné.
Non,
son regard ne l’avait pas achevée. Mais ses paroles, si.
— Sors,
parvint-elle à articuler malgré le nœud qui lui nouait la gorge.
Je ne veux plus jamais te voir, ajouta-t-elle en clignant des yeux
pour refouler des larmes brûlantes.
Sans
la moindre excuse, sans la moindre hésitation, il pivota sur ses
talons. Six pas plus tard, il était sorti de sa vie. Pour toujours.