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jeudi 4 septembre 2014

Trop beau pour être vrai - Kristan Higgins


 


  Invitée à son quatrième mariage de l’année… et toujours pas l’ombre d’un cavalier pour l’accompagner !











Invitée à son quatrième mariage de l’année… et toujours pas l’ombre d’un cavalier pour l’accompagner ! Autant dire un cauchemar pour Grace, qui s’imagine déjà les regards apitoyés de sa famille, atterrée de la savoir toujours célibataire après une rupture amoureuse particulièrement mouvementée. Aussi Grace ne voit-elle qu’une solution pour rassurer ses parents et ses sœurs, épouvantés à l’idée qu’elle ne termine sa vie auprès de son chien Angus et de son meilleur ami gay : s’inventer un petit ami. Mais attention, le nec plus ultra des petits amis ! Riche, brillant, drôle, volontaire mais attentionné, solide mais capable d’être tendre. Cerise sur le gâteau : cet homme parfait sera littéralement fou d’elle. Bref, un innocent mensonge, pour rassurer tout le monde… Mais voilà que dès le lendemain, Grace fait la connaissance de son nouveau voisin, Callahan O’Shea. Un regard brûlant, un corps viril : cet homme a tout pour faire naître dans son esprit les fantasmes les plus torrides. Un seul détail cloche : tout juste sorti de prison, le beau Callahan est absolument infréquentable. Surtout aux yeux de la famille de Grace, qui n’attend qu’une chose : qu’elle leur présente son fiancé parfait… surgi tout droit de son imagination.


Une très belle romance truculente.

Le style de Kristan Higgins est vraiment à part.

Un bon moment de lecture.



— Alors pourquoi avez-vous abandonné la comptabilité ? demanda mon père.

Seigneur ! Il était comme un chien sur son os.

— Nous pourrions peut-être arrêter cet interrogatoire, hein ? dis-je fermement.

Cal était immobile à mon côté.

Mon père me lança un regard blessé.

— Chaton, j’essaie juste de comprendre pourquoi quelqu’un abandonne une situation professionnelle stable, agréable et gratifiante, pour un travail manuel plus difficile.

— C’est honnête, comme question, ajouta Andrew.

Ah… Honnête… Le grand mot était lancé. Nous y voilà, pensai-je en fermant les yeux. Et la suite me donna raison.

Cal me lâcha la main.

— J’ai été reconnu coupable de détournement. Plus d’un million de dollars, lâcha-t-il laconiquement. J’ai perdu ma licence de comptabilité et purgé une peine de prison de dix-neuf mois en Virginie. J’ai été libéré il y a deux mois.

Il regarda mon père, puis ma mère, et enfin Andrew.

— D’autres questions ?

— Vous vous êtes évadé de prison ? dit ma grand-mère, en tendant son cou maigre pour dévisager Cal. Qu’est-ce que je disais ! J’en étais sûre !


*  *  *

Lorsque nous quittâmes l’exposition, j’avais tenté tant bien que mal — et plutôt mal, ne m’étant pas préparée à ce que cela se passe ainsi — d’éteindre l’incendie. Difficile de convaincre avec un pauvre : « Ce n’est pas aussi terrible, ni grave que ça paraît… » Je n’avais pas pu compter non plus sur le soutien de Margs, qui avait filé à l’anglaise, prétextant une urgence au boulot, qui devait la retenir au moins jusqu’à minuit.

— Alors, satisfait ? lançai-je à Callahan, en bouclant ma ceinture avec énervement.

— Grace, les difficultés, il vaut mieux les affronter, dit-il, le visage légèrement terreux.

— Tu as eu ce que tu voulais… Tout est donc au mieux dans le meilleur des mondes !

— Ecoute, dit-il sans démarrer, je suis désolé si tu l’as mal vécu, mais ta famille devait savoir.

— Et je leur aurais dit ! m’emportai-je. Mais pas ce soir.

Il me dévisagea pendant une longue minute.

— C’était mentir.

— Ce n’est pas mentir ! C’est amener petit à petit l’idée. Y aller doucement. Prendre en compte la sensibilité des autres, c’est tout.

Nous restâmes assis, dans la voiture, moteur éteint, le regard fixé droit devant nous. J’avais la gorge nouée, mes mains me brûlaient. Et je sentis monter une angoisse sourde en pensant aux appels téléphoniques qui n’allaient pas manquer dans les prochains jours.

— Grace, dit-il doucement, es-tu sûre de vouloir avancer avec moi ?

J’eus un haut-le-cœur.

— Comment peux-tu dire ça ? Je ne te l’ai pas prouvé, toute cette semaine ? J’ai dit au directeur de mon établissement que je te fréquentais, au risque de scier la branche sur laquelle j’étais ! Je t’ai demandé de m’accompagner au mariage de ma sœur ! Ai-je tort de penser que tu n’as pas à porter la lettre écarlate « P » sur le front ! C’est tout ce que je dis !

— Tu voulais que je mente à ton père ?

— Non ! Je voulais juste choisir le moment. Je connais ma famille, Cal. Je voulais les préparer. Au lieu de ça, tu as foncé bille en tête.

— Je n’ai pas de temps à gaspiller.

— Pourquoi ? Tu as une tumeur au cerveau ? Une meute de loups-garous sanguinaires à tes trousses ? Un vaisseau extraterrestre sur le point de t’enlever ?

— Pas que je sache, non, répondit-il sèchement.

— Je suis un peu… Non, en fait, je suis en colère. C’est tout. J’ai juste… Ecoute, j’ai envie de rentrer chez moi. Et je crois qu’on devrait rester chacun chez soi, ce soir.

— Grace…

— Cal, j’ai déjà probablement vingt messages sur mon répondeur, l’interrompis-je. Je dois corriger les derniers devoirs de mes élèves de deuxième année, noter les moyennes d’histoire sur leur bulletin pour vendredi prochain. J’attends la réponse du comité pour la chaire d’histoire et je suis stressée. J’ai besoin de passer un peu de temps toute seule…

— D’accord, dit-il en démarrant.

Le trajet se passa dans un silence total, qu’aucun de nous ne chercha à rompre. A peine eut-il coupé le moteur que je bondis hors de la voiture.

— Bonne nuit, lança-t-il en sortant à son tour.

— Bonne nuit, répondis-je en m’éloignant.

Avant de faire demi-tour sur une impulsion, pour l’embrasser. Une fois. Une autre fois. Une troisième fois.

— Je suis juste un peu tendue, murmurai-je d’une voix radoucie, en m’écartant.

— D’accord. Très jolie aussi.

— On reparle de tout ça demain, tu veux.

— Je ne pouvais pas m’enfermer dans un mensonge, ma chérie, ajouta-t-il, les yeux baissés.

Comment rester longtemps fâchée contre lui ?

— Je comprends.

Les aboiements d’Angus me parvenaient de l’intérieur.

— Mais il faut vraiment que j’aille terminer mon travail.

— Très bien.

Il m’embrassa sur la joue et se dirigea vers sa maison. Avec un soupir, je rentrai chez moi.