Invitée
à son quatrième mariage de l’année… et toujours pas l’ombre
d’un cavalier pour l’accompagner !
Invitée
à son quatrième mariage de l’année… et toujours pas l’ombre
d’un cavalier pour l’accompagner ! Autant dire un cauchemar pour
Grace, qui s’imagine déjà les regards apitoyés de sa famille,
atterrée de la savoir toujours célibataire après une rupture
amoureuse particulièrement mouvementée. Aussi Grace ne voit-elle
qu’une solution pour rassurer ses parents et ses sœurs, épouvantés
à l’idée qu’elle ne termine sa vie auprès de son chien Angus
et de son meilleur ami gay : s’inventer un petit ami. Mais
attention, le nec plus ultra des petits amis ! Riche, brillant,
drôle, volontaire mais attentionné, solide mais capable d’être
tendre. Cerise sur le gâteau : cet homme parfait sera littéralement
fou d’elle. Bref, un innocent mensonge, pour rassurer tout le
monde… Mais voilà que dès le lendemain, Grace fait la
connaissance de son nouveau voisin, Callahan O’Shea. Un regard
brûlant, un corps viril : cet homme a tout pour faire naître dans
son esprit les fantasmes les plus torrides. Un seul détail cloche :
tout juste sorti de prison, le beau Callahan est absolument
infréquentable. Surtout aux yeux de la famille de Grace, qui
n’attend qu’une chose : qu’elle leur présente son fiancé
parfait… surgi tout droit de son imagination.
Une
très belle romance truculente.
Le
style de Kristan Higgins est vraiment à part.
Un
bon moment de lecture.
— Alors
pourquoi avez-vous abandonné la comptabilité ? demanda mon
père.
Seigneur !
Il était comme un chien sur son os.
— Nous
pourrions peut-être arrêter cet interrogatoire, hein ? dis-je
fermement.
Cal
était immobile à mon côté.
Mon
père me lança un regard blessé.
— Chaton,
j’essaie juste de comprendre pourquoi quelqu’un abandonne une
situation professionnelle stable, agréable et gratifiante, pour un
travail manuel plus difficile.
— C’est
honnête, comme question, ajouta Andrew.
Ah…
Honnête… Le grand mot était lancé. Nous y
voilà, pensai-je en fermant les yeux. Et la suite me donna
raison.
Cal
me lâcha la main.
— J’ai
été reconnu coupable de détournement. Plus d’un million de
dollars, lâcha-t-il laconiquement. J’ai perdu ma licence de
comptabilité et purgé une peine de prison de dix-neuf mois en
Virginie. J’ai été libéré il y a deux mois.
Il
regarda mon père, puis ma mère, et enfin Andrew.
— D’autres
questions ?
— Vous
vous êtes évadé de prison ? dit ma grand-mère, en tendant
son cou maigre pour dévisager Cal. Qu’est-ce que je disais !
J’en étais sûre !
* * *
Lorsque
nous quittâmes l’exposition, j’avais tenté tant bien que mal
— et plutôt mal, ne m’étant pas préparée à ce que cela
se passe ainsi — d’éteindre l’incendie. Difficile de
convaincre avec un pauvre : « Ce n’est pas aussi
terrible, ni grave que ça paraît… » Je n’avais pas pu
compter non plus sur le soutien de Margs, qui avait filé à
l’anglaise, prétextant une urgence au boulot, qui devait la
retenir au moins jusqu’à minuit.
— Alors,
satisfait ? lançai-je à Callahan, en bouclant ma ceinture avec
énervement.
— Grace,
les difficultés, il vaut mieux les affronter, dit-il, le visage
légèrement terreux.
— Tu
as eu ce que tu voulais… Tout est donc au mieux dans le meilleur
des mondes !
— Ecoute,
dit-il sans démarrer, je suis désolé si tu l’as mal vécu, mais
ta famille devait savoir.
— Et
je leur aurais dit ! m’emportai-je. Mais pas ce soir.
Il
me dévisagea pendant une longue minute.
— C’était
mentir.
— Ce
n’est pas mentir ! C’est amener petit à petit l’idée. Y
aller doucement. Prendre en compte la sensibilité des autres, c’est
tout.
Nous
restâmes assis, dans la voiture, moteur éteint, le regard fixé
droit devant nous. J’avais la gorge nouée, mes mains me brûlaient.
Et je sentis monter une angoisse sourde en pensant aux appels
téléphoniques qui n’allaient pas manquer dans les prochains
jours.
— Grace,
dit-il doucement, es-tu sûre de vouloir avancer avec moi ?
J’eus
un haut-le-cœur.
— Comment
peux-tu dire ça ? Je ne te l’ai pas prouvé, toute cette
semaine ? J’ai dit au directeur de mon établissement que je
te fréquentais, au risque de scier la branche sur laquelle j’étais !
Je t’ai demandé de m’accompagner au mariage de ma sœur !
Ai-je tort de penser que tu n’as pas à porter la lettre écarlate
« P » sur le front ! C’est tout ce que je dis !
— Tu
voulais que je mente à ton père ?
— Non !
Je voulais juste choisir le moment. Je connais ma famille, Cal. Je
voulais les préparer. Au lieu de ça, tu as foncé bille en tête.
— Je
n’ai pas de temps à gaspiller.
— Pourquoi ?
Tu as une tumeur au cerveau ? Une meute de loups-garous
sanguinaires à tes trousses ? Un vaisseau extraterrestre sur le
point de t’enlever ?
— Pas
que je sache, non, répondit-il sèchement.
— Je
suis un peu… Non, en fait, je suis en colère. C’est tout. J’ai
juste… Ecoute, j’ai envie de rentrer chez moi. Et je crois qu’on
devrait rester chacun chez soi, ce soir.
— Grace…
— Cal,
j’ai déjà probablement vingt messages sur mon répondeur,
l’interrompis-je. Je dois corriger les derniers devoirs de mes
élèves de deuxième année, noter les moyennes d’histoire sur
leur bulletin pour vendredi prochain. J’attends la réponse du
comité pour la chaire d’histoire et je suis stressée. J’ai
besoin de passer un peu de temps toute seule…
— D’accord,
dit-il en démarrant.
Le
trajet se passa dans un silence total, qu’aucun de nous ne chercha
à rompre. A peine eut-il coupé le moteur que je bondis hors de la
voiture.
— Bonne
nuit, lança-t-il en sortant à son tour.
— Bonne
nuit, répondis-je en m’éloignant.
Avant
de faire demi-tour sur une impulsion, pour l’embrasser. Une fois.
Une autre fois. Une troisième fois.
— Je
suis juste un peu tendue, murmurai-je d’une voix radoucie, en
m’écartant.
— D’accord.
Très jolie aussi.
— On
reparle de tout ça demain, tu veux.
— Je
ne pouvais pas m’enfermer dans un mensonge, ma chérie,
ajouta-t-il, les yeux baissés.
Comment
rester longtemps fâchée contre lui ?
— Je
comprends.
Les
aboiements d’Angus me parvenaient de l’intérieur.
— Mais
il faut vraiment que j’aille terminer mon travail.
— Très
bien.
Il
m’embrassa sur la joue et se dirigea vers sa maison. Avec un
soupir, je rentrai chez moi.