Ce
n'est pas tous les jours qu'un homme croise un castor décapité
marchant sur le bord d'une route, pas même dans le monde déjà
bien rempli de Dean Robillard, quarterback des Chicago Stars.
Ce n'est pas tous
les jours qu'un homme croise un castor décapité marchant sur le
bord d'une route, pas même dans le monde déjà bien rempli de Dean
Robillard, quarterback des Chicago Stars. Il s'agit d'un castor de
sexe féminin en plus, comme le suggèrent les cheveux noirs, trempés
de sueur, tirés en queue de cheval. Rêvant d'un peu de distraction
dans sa vie déprimante et bien rangée, Dean décide de s'arrêter
sur le bord de cette route du Colorado et d'ouvrir sa porte à son
drôle de Castor... L'histoire d'amour inoubliable entre un golden
boy sur le déclin et une femme intelligente qui a appris à ne
jamais dépendre de personne, sauf d'elle-même.
Je
viens de finir le 7ème tome de la série Chicago Stars avec encore
un sourire aux lèvres.

Je
trouve que Susan Elizabeth Phillips appartient à la même famille
que Jill Shalvis – que j'ai découvert il y a peu- ou Kristan
Higgins par exemple.
Leurs
livres recèlent toujours une belle histoire mais pas que ça. Ce
sont « des
livres qui font du bien ». Ils
sont plein de couleurs, d'amour, de drôlerie, de tendresse ...et de
tous pleins d'autres choses positives. Je m'y plonge avec la même
délectation que je tends mon visage vers le soleil quand il est
lumineux...pour
me faire du bien.
Je
n' ai lu que cette série de cette auteure mais à chaque fois, j'ai
trouvé les mêmes ingrédients qui ont toujours donné un résultat
des plus savoureux.
Ici,
j'ai ri...mais vraiment.
Il y a des passages, des répliques qui sont à la limite du
cultissime.
Dean
et Blue : c'est juste une histoire improbable mais là où je le
reprocherai à d'autres , ici c'est vraiment secondaire et ce n'est
pas le but de ce livre de toute façon On est dans un scénario
ubuesque mais tant mieux car Mme Phillips se permet alors toutes les
fantaisies pour notre plus grande plaisir.
Ceci
n'est pas un livre mais un moment de douceur XXL.

– Qui
est la brune que j'ai aperçue avec vous l'autre jour ? Ta domestique
?
–
Une
assistante très efficace que je n'ai jamais vue nue. Tu as quelqu'un
dans ta vie en ce moment ?
–
Absolument.
Moi.
–
Tant
mieux.
Un
croissant de lune brillait dans le ciel. Blue se gara près de la
grange fraîchement repeinte et se dirigea vers la porte latérale.
Elle était fermée à clé. Celle de devant aussi. Un sentiment de
panique la submergea. Et si Dean était déjà parti ? Mais en
s'approchant du patio, elle entendit la balancelle grincer, et
distingua une silhouette baraquée assise dessus. La porte
moustiquaire était déverrouillée. Elle pénétra à l'intérieur,
perçut un tintement de glaçons. Il la vit, mais ne dit pas un mot.
–
Je
n'ai pas volé le collier de Nita, murmura-t-elle en se tordant les
mains.
–
Je
ne t'ai jamais crue coupable.
–
Personne
n'y croit, pas même Nita.
–
J'ai
perdu le fil, tellement ils ont violé tes droits civiques. Tu
devrais les traîner au tribunal.
–
Nita
sait que je n'en ferai rien.
–
À
ta place, je n'hésiterais pas.
–
Normal.
Tu te sens moins impliqué dans cette communauté que moi.
–
Si
tu te sens si proche de ces gens, pourquoi t'enfuies-tu ?
–
Parce
que...
–
Tais-toi,
interrompit-il en posant son verre. Tu tournes le dos à tout ce qui
te tient à cœur.
Elle
n'avait plus l'énergie de se battre.
–
Je
suis lâche. Tu avais raison. Le problème, c'est que beaucoup de
gens très bien ont pris soin de moi au cours des ans.
–
Et
tous t'ont abandonnée. Je sais.
Il
était impassible, indifférent. Blue ramassa son verre, but une
gorgée d'alcool, s'étrangla.
Dean
se leva, alluma la lampe neuve comme s'il craignait de se retrouver
seul face à elle dans l'obscurité. Il n'était pas rasé, ses
cheveux étaient aplatis sur un côté et il avait de la peinture sur
le bras, mais il aurait tout de même pu poser pour une publicité
Coup d'envoi.
–
Je
m'étonne qu'on t'ait relâchée. J'avais cru comprendre que ça
n'arriverait que lorsque Nita aurait signé tous les papiers la
semaine prochaine.
–
Ils
ne m'ont pas relâchée. Je me suis plus ou moins évadée.
–
Quoi
?
–
À
condition de rapporter la voiture du chef Wesley avant qu'il quitte
son service, il ne se rendra compte de rien. Entre nous, cette prison
est un moulin.
Il
lui arracha le verre des mains.
–
Tu
t'es évadée et tu as piqué le véhicule de patrouille ?
–
Je
ne suis pas stupide à ce point. C'est son véhicule personnel. Une
Buick. Et je n'ai fait que l'emprunter.
–
Sans
le prévenir.
–
Je
suis certaine qu'il ne m'en voudra pas.
Sa
colère refit soudain surface et elle se laissa choir sur la
balancelle.
–
Merci
de t'être précipité à mon secours.
–
Le
montant de ta caution s'élève à mille cinq cents dollars.
–
Le
budget que tu consacres à tes produits capillaires !
rétorqua-t-elle. Tu allais t'envoler pour Chicago sans m'avoir
revue, n'est-ce pas ? Me laisser pourrir en cellule.
–
Tu
ne pourris pas. Il paraît que le chef Wesley t'a prêtée au Club
des seniors hier pour un cours de peinture à l'huile.
–
Dans
le cadre de travaux d'intérêt général... Tu te réjouis de ma
situation, n'est-ce pas ?
Il
fit mine de réfléchir.
–
Au
bout du compte, ce n'est qu'une péripétie. Si Nita ne s'en était
pas mêlée, tu serais loin.
–
Je
regrette que... tu ne m'aies pas au moins rendu visite.
–
Tu
n'as été on ne peut plus claire sur tes sentiments lors de notre
dernière conversation.
–
Et
tu te laisses arrêter par ce genre de peccadille ? s’écria-t-elle,
un trémolo dans la voix.
–
Que
fais-tu ici, Blue ? s'enquit-il d'un ton las. Tu veux enfoncer le
clou ?
–
Tu
me crois à ce point mesquine ?
–
Tu
as fait ce que tu avais à faire. À présent, c'est mon tour.
–
J'ai
quelques problèmes de confiance en mon prochain, mais ça n'a rien
de surprenant.
–
Tu
as des problèmes de confiance, des problèmes artistiques, des
problèmes de faux airs d'endurcie, et des problèmes de fringues.
–
Je
m'apprêtais à faire demi-tour quand le chef Wesley m'a ordonné de
me garer sur le bas-côté !
–
Mais
oui, bien sûr, ironisa-t-il.
–
C'est
la vérité ! s'exclama-t-elle, sidérée qu'il refuse de la croire.
Tu avais raison. Je... je t'aime.
–
Hon-hon,
fit-il avant d'avaler une gorgée de whisky.
–
C'est
vrai. Je t'assure.
–
Alors
pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu es sur le point de
vomir.
–
J'en
suis encore à me faire à cette idée... Je... j'ai eu tout le temps
de réfléchir ces derniers jours. Je... je t'accompagnerai à
Chicago. Nous vivrons ensemble un temps. Histoire de voir comment ça
se passe entre nous.
Un
silence glacial s'ensuivit. Elle s'agita.
–
La
proposition ne tient plus, lâcha-t-il finalement. Tu n'es pas la
seule à avoir eu le temps de réfléchir.
–
J'en
étais sûre ! C'est exactement ce que je craignais depuis le début
! s ecria-t-elle en se levant d'un bond. Je n'ai jamais été pour
toi qu'une passade.
–
Tu
n'as fait que prouver ce que je savais déjà. Voilà pourquoi je
n'ai pas confiance en toi.
Elle
lui aurait volontiers flanqué un coup de poing.
–
Comment
est-ce possible ? Je suis la personne la plus fiable sur cette terre
! Demande à mes amis.
–
Les
amis avec qui tu ne communiques que par téléphone parce que tu ne
restes jamais plus de quelques mois dans une même ville ?
–
Je
viens de te dire que j'acceptais de te suivre à Chicago, non ?
–
Moi
aussi, j'ai besoin de me sentir en sécurité. J'ai attendu longtemps
avant de tomber amoureux. Pourquoi a-t-il fallu que ce soit de toi,
je l'ignore. Quoi qu'il en soit, sache que je ne veux pas me
réveiller chaque matin en me demandant si tu es toujours dans les
parages.
Elle
avait la nausée.
–
Alors
on fait quoi ? bredouilla-t-elle.
–
À
toi de me le dire.
–
On
pari pour Chicago.
–
Ça
te plairait, n'est-ce pas ? Tu adores la nouveauté. En revanche,
prendre racine quelque part te terrifie.
Dans
le mille. Il se mit debout.
–
Supposons
que je t'emmène à Chicago. Je te présente à mes amis. On s'amuse
comme des fous. On rigole. On se querelle. On fait l'amour. Un mois
passe, puis un deuxième. Et ensuite...
Il
haussa les épaules.
–
Tu
te réveilles un matin, et je ne suis plus là, acheva-t-elle.
–
Je
me déplace beaucoup durant la saison du football. Comment le
supporteras-tu ? Et les femmes. Elles se jettent au cou de n'importe
quel uniforme. Comment réagiras-tu quand tu verras du rouge à
lèvres sur le col de ma chemise ?
–
Tant
que ce n'est pas sur ton caleçon Coup d'envoi, je devrais assumer.
Il
ne daigna pas sourire.
–
Tu
ne comprends pas, Blue. Les femmes me poursuivent sans arrêt, et je
ne suis pas du genre à leur tourner le dos sans leur avoir adressé
un sourire ou un compliment. Parce que c'est ce qu'elles veulent,
parce que j'y prends plaisir, et parce que je suis ainsi.
Un
charmeur-né. Elle aimait cet homme.
–
Je
ne te tromperai pas, ce n'est pas dans ma nature. Mais le croiras-tu
si tu cherches sans cesse des preuves que je ne t'aime pas ? Si tu me
mets dans le même panier que tous ceux qui t'ont déçue jusqu'ici ?
Je ne peux pas surveiller mes moindres faits et gestes, censurer mes
moindres paroles sous prétexte que j'ai peur de te perdre. Tu n'es
pas la seule à avoir des plaies à panser.
Cette
logique irréfutable la paniqua.
–
En
somme, à moi de mériter ma place au sein de l'équipe Robillard ?
C'est ça ?
–
Oui.
L'extrait :
Blue
se concentra sur sa respiration dans l'espoir de se calmer, mais sa
panique s'obstinait à refaire surface. Elle observa Joli Garçon à
la dérobée. Gay, lui ? Malgré les boots et ce physique à tomber
par terre, il dégageait assez de mégawatts hétérosexuels pour
illuminer la population féminine tout entière. Activité à
laquelle il se vouait sans doute depuis qu'il avait émergé du canal
utérin de sa mère, aperçu son reflet dans les lunettes de
l'obstétricien et adressé un V de victoire à la planète.
L'extrait :
Blue posa le regard
sur le lit. Dean Robillard avait envie d’elle et s’attendait
qu’elle cède à ses avances, mais il ignorait son aversion pour
les aventures d’une nuit. A 1 université, elle avait vu ses
copines coucher à droite et à gauche. Pourtant, loin de les
satisfaire, ces relations éphémères semblaient les déprimer. Blue
connaissait la ritournelle, elle n’allait pas tomber dans ce piège.
Si elle omettait de compter Monty (et c’était le cas), elle
n’avait eu que deux amants, tous deux artistes et égocentriques,
trop contents de la laisser prendre les rênes. Cela lui convenait
mieux.