— Francesca
! Vous avez failli être tuée, hier soir...
— Fariboles
!
Il
lui jeta un regard noir.
A
vingt ans, Francesca Cahill fait toujours aussi peu cas des grincheux
qui voudraient la confiner dans un boudoir à tirer l'aiguille. Ne
leur en déplaise, elle sera détective. Sa prochaine affaire promet
d'être passionnante : elle doit élucider un meurtre. Au cours de
son enquête, elle reverra Rick Bragg, le préfet de police qui la
trouble toujours autant. N'ont-ils pas échangé un baiser ?
Pourtant, Bragg feint de ne plus s'en souvenir. Tant pis, elle doit
se concentrer sur cette enquête qui l'entraîne dans les bas-fonds
de New York où elle est confrontée à un monde qu'une jeune fille
de bonne famille ne soupçonne même pas. Francesca s'obstine, fouine
et finit par découvrir le coupable.
Un
deuxième tome tout aussi bon que le premier mais avec cette fois-ci
une belle cerise sur le gâteau...Calder. A peine entrevue dans le
premier tome. Ici, on est alléché par ce personnage.
Hart
et Bragg étaient à présent nez à nez.
— Je
ne te permets pas de me juger. Tu n'es qu'un bastion refoulé dans
une société aux mœurs dissolues, tout cela pour plaire à Rathe et
à Grâce. J'appelle ça de l'hypocrisie. Moi, au moins, je suis
honnête. Je haïssais Randall. Je vis pour le plaisir, que l'argent
peut acheter, ajouterais-je, or j'en ai énormément. Il n'y a rien
d'hypocrite dans mon attitude.
— Tu
parles ! Tu es désespéré, ne le nie pas. Tu veux attirer
l'attention coûte que coûte, d'où ton comportement scandaleux. Et
ça marche ! Mon père en a attrapé des cheveux blancs, ma mère en
a pleuré des nuits entières. Jusqu'à ce que tu te sauves à seize
ans - pour chercher Randall -, tu avais leur entière attention,
ainsi que la mienne, jour et nuit ! Et jusqu'à vendredi soir, tu
avais obtenu l'attention de la plus grande partie des habitants de
cette ville, avec tes manières excentriques. Mais je crois que le
meurtre de Randall t'a vraiment mis sous les feux de la rampe. Et si
tu étais moins intelligent, je serais convaincu que tu es à
l'apogée du désespoir.
Hart
tremblait.
— J'ai
été clair: je t'interdis de me juger.
Il
serra les poings tant il avait envie de les abattre sur la figure de
son frère.
— Alors,
cesse de transgresser les règles. Cesse de te comporter comme un
gamin délinquant. À ceux-là, on leur tire les oreilles et on leur
botte les fesses. Malheureusement, Lily n'a jamais songé à te
punir, et tu es devenu incorrigible, finalement.
— Ne
prononce plus jamais son nom ! hurla Hart.
— C'était
également ma mère, et il n'y a aucune raison pour que nous
enterrions son souvenir. C'était une bonne mère, bon sang !
Bragg
avait élevé la voix, lui aussi.
— Va
au diable !
Hart
se dirigea vers la porte. Il brûlait d'envie d'étrangler son frère.
Il détestait penser à Lily. Belle, lasse, épuisée... malade...
mourante.
Bragg
l'attrapa par l'épaule.
— Nous
n'en avons pas terminé. Je suis certain que tu me caches quelque
chose.
Hart
se raidit mais il ne se retourna pas.
— ôte
ta sale patte de là ou je te la brise, préfet.
Il
ne plaisantait pas. Jamais Hart n'avait exercé un tel contrôle sur
lui-même. Bragg obtempéra.
— Tu
sais qui a tué Randall, n'est-ce pas ?
Hart
pivota lentement.
— Même
si je le savais, tu serais la dernière personne à qui je le dirais.
— Pourquoi
? Parce que tu protèges le meurtrier ? Ou bien parce que tu me
détestes ?
— Au
choix. Les deux réponses pourraient convenir.
— Si
tu sais qui a assassiné Paul Randall, je te demande de me le dire,
Calder.
Hart
afficha un sourire de pure forme.
— Je
ne sais rien. Amuse-toi bien, Rick. Ton métier te va comme un gant.
Roi des flics.
— Peut-être
qu'une nuit en prison te ferait du bien.
— Essaie,
pour voir ! Mes avocats me tireraient de là en une heure... si tu
osais m'arrêter.
— Peut-être
devrais-je tester les capacités de tes avocats ?
Ils
s'affrontaient du regard. C'était là, maintenant, au grand jour,
l'hostilité, le besoin de savoir qui était le plus fort, le
meilleur, le plus intelligent. Lorsqu'ils étaient enfants, leurs
bagarres se terminaient souvent par un match nul. Lily arrachait
Bragg du dos de Hart, ou Hart du dos de son frère aîné. Un jour,
alors qu'elle les séparait, elle s'était aperçue et qu'un morceau
de l'oreille de Bragg était resté entre les dents de Hart. Bragg en
avait gardé une minuscule cicatrice.
— Vas-y
! lança Hart d'un air de défi.
Rick
ne releva pas le gant, cette fois. Il se contenta de secouer la tête,
dégoûté.
Ils
se fusillaient du regard quand la porte s'ouvrit à la volée,
heurtant Hart dans le dos. Il tressaillit, prêt à sauter à la
gorge de l'intrus.
Mais
c'était une femme, une très belle et très intéressante jeune
femme, et il la regarda avec un intérêt grandissant.
Bragg
aussi la fixait, naturellement.
— Arrêtez,
je vous en prie ! s'écria Francesca.
La
première surprise passée, Bragg parut contrarié.
— Je
vous en supplie, vous êtes frères, poursuivit-elle, les larmes aux
yeux. C'est trop affreux ! Pensez à ce que diraient vos parents,
Rathe et Grâce !
— Je
n'ai pas de parents, ricana Hart. Ils sont morts. Rathe et Grâce
sont ses parents.
— Ils
voulaient devenir les tiens, mais tu as toujours refusé, rétorqua
Bragg avec calme.
— Mes
avocats attendront de tes nouvelles, dit Hart d'un ton mordant, le
regard sombre.
Il
adressa un bref salut de la tête à Francesca et quitta la pièce.
La
jeune femme frémit.
Bragg
se détourna, et elle l'entendit pousser un long soupir.
Elle
s'approcha de lui et, sans réfléchir, posa la main sur son épaule.
— Je
suis désolée, murmura-t-elle.
Il
soupira de nouveau.
— Je
sais. Il est impossible !