Il
souffrait, et cela la déchirait. Qu’il le veuille ou non, elle
l’aiderait si c’était en son pouvoir. Mais d’abord, il fallait
qu’elle découvre de quoi il s’agissait.
Le
résumé :
Cornouailles,
1794.
Lorsqu’elle apprend la disparition de la comtesse de St Just, l’épouse de Simon Granville morte en donnant le jour à une petite fille, Amelia est bouleversée. Car, outre la tristesse qu’elle éprouve pour la jeune femme, cela signifie le prochain retour de Simon à Greystone Manor. Simon avec lequel elle a partagé dix ans plus tôt une folle passion avant qu’il ne la quitte sans explication pour en épouser une autre. Mais quand elle revoit ce dernier, Amelia comprend que les temps ont changé. Bien que la passion flambe de nouveau entre eux, Simon semble sombre et amer. Est-ce à cause de ces fréquents voyages qu’il fait en France où la Terreur fait rage ? Des absences mystérieuses dont il ne veut rien dire. Au point qu’Amelia en vient à douter : lord Granville sert-il vraiment les intérêts de l’Angleterre ? Et peut-elle croire encore en ses promesses ?
Lorsqu’elle apprend la disparition de la comtesse de St Just, l’épouse de Simon Granville morte en donnant le jour à une petite fille, Amelia est bouleversée. Car, outre la tristesse qu’elle éprouve pour la jeune femme, cela signifie le prochain retour de Simon à Greystone Manor. Simon avec lequel elle a partagé dix ans plus tôt une folle passion avant qu’il ne la quitte sans explication pour en épouser une autre. Mais quand elle revoit ce dernier, Amelia comprend que les temps ont changé. Bien que la passion flambe de nouveau entre eux, Simon semble sombre et amer. Est-ce à cause de ces fréquents voyages qu’il fait en France où la Terreur fait rage ? Des absences mystérieuses dont il ne veut rien dire. Au point qu’Amelia en vient à douter : lord Granville sert-il vraiment les intérêts de l’Angleterre ? Et peut-elle croire encore en ses promesses ?
L'avis :
Il
s'agit du 2ème opus de la nouvelle série de Brenda Joyce. Moi qui
avait beaucoup aimé les Warenne, je suis moins emballée. Le livre
est très inégal et à certains moments, je me suis ennuyée. J'ai
l'impression que l'auteure est rentrée dans un style plus policé
qu'auparavant et qui plombe le livre.Le héros passe son temps à
être dépassé par les événements tandis que l'héroïne elle à
pleurer. Le couple ne m'a vraiment pas convaincu.
Je
lirai cependant le troisième tome pour avoir un avis défintif.
Affaire
à suivre !
L'extrait :
Prison du Luxembourg, Paris, mars 1794
Cette
fois, ils venaient pour lui.
Son
cœur fit une embardée. Il n’arrivait plus à respirer. Les nerfs
tendus à se rompre, il se tourna lentement pour scruter le corridor
obscur. Un bruit de pas réguliers approchait.
Il
fallait qu’il reste calme.
Il
revint vers le devant de la cellule et agrippa les barreaux glacés.
Les pas étaient plus sonores à présent.
Une
peur écœurante lui serra les entrailles. Vivrait-il assez pour voir
un autre jour ?
La
cellule puait. Ceux qui l’avaient occupée avant lui y avaient
uriné, déféqué et vomi. Il y avait du sang séché sur le sol et
sur la paillasse où il refusait de s’étendre. Les occupants
précédents avaient dû y être frappés, torturés. Forcément —
des ennemis de la patrie !
Même
l’air qui pénétrait par l’unique fenêtre à barreaux était un
air fétide. La place de la Révolution s’étendait juste à
quelques mètres en dessous des murs de la prison. Des centaines —
non, des milliers de condamnés y avaient été guillotinés. Le sang
des coupables — et des innocents — imprégnait l’air même.
Il
entendait parler à présent.
Il
respira à fond, de nouveau nauséeux.
Quatre-vingt-seize
jours s’étaient écoulés depuis qu’il était tombé dans
une embuscade, à la sortie des bureaux où il exerçait les
fonctions de greffier pour la Commune. On s’était jeté sur lui,
puis on l’avait ligoté et on avait rabattu un capuchon sur sa
tête.
— Traître !
avait craché une voix familière, tandis qu’on le hissait à bord
d’un chariot.
Une
heure plus tard, quelqu’un lui avait arraché le capuchon et il
s’était retrouvé debout au milieu de cette cellule. Accusé de
crimes contre la République, l’avait informé le garde. Il savait
ce que cela signifiait…
A
aucun moment il n’avait vu l’homme dont il avait entendu la voix,
mais il aurait mis la main à couper qu’il s’agissait de Jean
Lafleur, l’un des fonctionnaires les plus radicaux de la
municipalité.
Il
s’était montré très prudent lorsqu’il avait quitté la France
pour aller voir ses deux fils, ses beaux petits garçons innocents…
Mais pas assez, de toute évidence. Ils s’étaient retrouvés à
Londres car c’était l’anniversaire de William. John et lui lui
avaient tellement manqué ! Il n’était pas resté très
longtemps, n’osant s’attarder de peur d’être découvert.
Personne, en dehors de sa famille, n’avait eu vent de sa présence
en ville. Douces et amères retrouvailles, avec l’imminence de son
départ suspendue au-dessus de leur tête…
Mais
au retour, dès l’instant où il avait posé le pied sur la côte
française, il avait senti qu’on l’épiait. Jamais il n’avait
surpris quelqu’un en train de le suivre, et pourtant il était sûr
d’être pisté. Comme la plupart des Français, il avait commencé
à vivre constamment dans la peur. Une ombre le faisait sursauter. Il
se réveillait la nuit en croyant entendre les sinistres coups à sa
porte. Quand ils frappaient chez vous à minuit, c’était qu’ils
venaient vous chercher.
Comme
maintenant.
Il
prit une longue inspiration, luttant contre la panique. S’ils
sentaient sa peur, c’était fini. Pour eux, elle équivaudrait
à un aveu. C’était ainsi que se passaient les choses désormais.
Il
empoigna les barreaux. Plus de sursis. On l’ajouterait à la liste
des condamnés, et il serait exécuté pour ses crimes après un
procès sommaire, ou alors il sortirait libre de prison…
La
lueur d’une torche apparut devant lui, éclairant les murs de
pierre froids et humides. Il distingua des silhouettes. Le bruit des
voix s’était tu.
Il
attendit, immobile, le cœur battant la chamade.
Le
geôlier apparut, un rictus aux lèvres, comme s’il connaissait
déjà son sort et s’en délectait à l’avance. Puis il reconnut
le Jacobin qui s’avançait derrière. Ainsi qu’il l’avait
soupçonné, c’était bien Jean Lafleur, un hébertiste pur et dur,
violent et brutal.
Pâle,
grand et mince, l’homme s’approcha des barreaux. Il souriait,
savourant l’instant.
— Bonjour,
Jourdan. Comment vas-tu aujourd’hui ?
— Je
vais bien.
Comme
il n’implorait pas la pitié ni ne protestait de son innocence, le
sourire de Lafleur s’évanouit et son regard s’aiguisa.
— C’est
tout ce que tu as à dire ? Tu es un traître, Jourdan !
Confesse tes crimes et nous écourterons ton épreuve. Je ferai en
sorte que ta tête tombe la première.
Il
eut de nouveau un sourire mauvais.
Si
les choses devaient en arriver là, c’était en effet une faveur de
passer le premier à la guillotine, plutôt que de rester attaché
pendant des heures à regarder les exécutions en attendant son tour.
— Vous
y perdriez, laissa-t-il tomber avec flegme.
Il
n’en revenait pas d’avoir la voix aussi calme.
Lafleur
le dévisagea, surpris.
— Pourquoi
ne clames-tu pas ton innocence ?
— Cela
servirait-il ma cause ?
— Non.
— C’est
bien ce que je pensais…
— Tu
es le troisième fils du vicomte Jourdan et ta prétendue conversion
n’est qu’un mensonge. Tu n’aimes pas la patrie, espion !
Ta famille est morte et tu vas bientôt la rejoindre au purgatoire !
— A
Londres, il y a un nouveau maître espion.
Lafleur
écarquilla les yeux, stupéfait.
— Qu’est-ce
que tu me chantes ? C’est une ruse ?
— Ma
famille a financé les marchands lyonnais pendant des années, vous
devez le savoir. Nous disposons d’un vaste réseau de relations
parmi les Anglais.
L’autre
l’étudia, suspicieux.
— Tu
as disparu de Paris pendant un mois. C’est donc à Londres que tu
étais ?
— Exact.
— Alors
tu avoues !
— J’avoue
être allé à Londres pour affaires, Lafleur. Regardez autour de
vous ! Les gens meurent de faim à Paris. L’assignat ne vaut
plus rien. Et pourtant, j’ai toujours eu du pain sur ma table.
— La
contrebande est un crime ! rétorqua Lafleur.
Mais
ses prunelles luisaient à présent. Le marché noir était partout à
Paris, on n’y pouvait rien. Et ce n’était pas près de finir.
— Qu’est-ce
que tu as à me donner ? demanda-t-il à voix basse.
— Vous
n’avez pas entendu ?
— On
parle d’argent, là, ou du nouvel espion ?
Jourdan
baissa la voix à son tour.
— Je
n’ai pas que des relations d’affaires en Angleterre. Le comte de
St Just est mon cousin germain. Vous le sauriez, si vous aviez
fait des recherches un peu sérieuses sur ma famille.
Il
sentit que, derrière ses yeux chafouins, l’esprit de Lafleur
travaillait à toute allure.
— St Just
occupe une position éminente dans les cercles les plus
puissants de Londres, reprit-il, poussant prudemment en avant ses
pions. Il sera dans tous ses états d’apprendre qu’un de ses
parents a échappé de peu à la mort. Je crois même qu’il
m’accueillera chez lui à bras ouverts, le cas échéant…
Lafleur
le dévisageait toujours.
— Tu
cherches à nous tromper, dit-il enfin. Si tu pars là-bas, tu ne
reviendras pas !
— Possible,
mais pas sûr. Qui sait ? Je suis peut-être vraiment
l’Enragé que
je prétends être, aussi dévoué que vous à la liberté. Dans ce
cas, je reviendrai avec des informations, du genre que les espions de
Carnot n’obtiendront jamais. Des renseignements précieux qui nous
aideront à gagner la guerre…
Lafleur
le scrutait toujours. Il ne se donna pas la peine d’ajouter que le
bénéfice obtenu s’il tenait sa promesse — à savoir
fréquenter les milieux tories les plus éminents de
Londres et livrer à la République des informations de premier choix
— contrebalançait largement le risque de le voir quitter la France
pour ne plus jamais y revenir. C’était une évidence.
— Je
ne peux pas prendre ce genre de décision tout seul, déclara enfin
Lafleur. Je vais t’amener devant le Comité, Jourdan. Si tu réussis
à les convaincre, tu auras la vie sauve…
Jourdan
n’esquissa pas un geste.
Il
attendit que Lafleur s’éloigne.
Alors
seulement, Simon Grenville s’écroula sur la paillasse jetée à
même le sol.