Qui
osera me séparer de mon amour ?
Personne,
car notre amour est plus fort que la mort.
Le
résumé :
Diana
Bishop est la dernière d’une longue lignée de sorcières, mais
elle a renoncé
depuis
longtemps à son héritage familial pour privilégier ses recherches
universitaires, une vie simple et ordinaire. Jusqu’au jour où elle
emprunte un manuscrit alchimique : l’Ashmole 782. Elle ignore
alors qu’elle vient de réveiller un ancien et terrible secret, et
que tous – démons, sorcières et vampires – le convoitent
ardemment. Parmi eux, Matthew Clairmont, un vampire aussi redoutable
qu’énigmatique. Un tueur, lui a-t-on dit. Diana se retrouve au
cœur de la tourmente, entre un manuscrit maudit et un amour
impossible.
L'avis :
J'ai
lu ce livre il y a quelques mois de cela et mon avis est partagé.
Deborah Harkness est une auteure à découvrir pour ceux qui ne la
connaisse pas.
Certains
passages sont très enrichissants. On entre dans un univers que
l'auteure maîtrise. La romance entre Matthew et Diana est prenant
mais... je dois dire que je me suis ennuyée à certains moments.
Certains passages très fournis sont un peu lourds et je dois dire
que j'ai fait une lecture en diagonale à certains moments.
Je
vous mets la première partie du 1er chapitre pour vous faire un avis
quant au style de Deborah Harkness.
Bonne
dégustation !
L'extrait :
le
livre relié de cuir n'avait rien de remarquable. Pour un historien
ordinaire, il était, comme des centaines d'autres manuscrits de la
Bibliothèque bodléienne d'Oxford, usé et ancien. Mais je sus qu'il
avait quelque chose d'étrange dès l'instant où je l'eus entre les
mains.
En
cet après-midi de la fin de septembre, la sal e de lecture Duke
Humfrey était déserte et les demandes de consultation étaient
rapidement traitées, maintenant que la cohue des stages d'été
était terminée et que la folie de la rentrée n'avait pas encore
commencé. Malgré tout, je fus surprise quand Sean m'appela au
comptoir.
— Docteur
Bishop, vos manuscrits sont prêts, chuchota-t-il avec un rien de
malice.
Il
épous eta soigneusement les traînées brunâtres des antiques
reliures de cuir sur le devant de son pul jacquard. Une mèche blonde
retomba sur son front.
— Merci,
répondis-je avec vin sourire reconnais ant. (Je dépas ais ef
rontément le nombre de livres qu'un universitaire peut consulter
chaque jour. Lorsque nous étions étudiants, j'avais pris bien des
ver es avec Sean dans le pub aux moulures roses de notre rue ; cela
faisait plus d'une semaine qu'il exauçait toutes mes demandes sans
broncher.) Et ar ête de m'appeler docteur Bishop. J'ai l'impres ion
que tu t'adres es à quelqu'un d'autre.
Il
me rendit mon sourire en faisant glis er les manuscrits sur le vieux
bureau en chêne. Enfermés individuel ement dans des boîtes en
carton gris, ils contenaient tous de remarquables exemples d'il
ustrations alchimiques de la col ection bodléienne.
— Oh,
il en reste encore un. (Sean disparut un instant et revint avec un
épais in-quarto relié d'un simple morceau de vélin un peu taché.
Il le posa sur le des us de la pile et se pencha pour l'examiner.
Les
fines montures dorées de ses limet es bril èrent à la faible
clarté de la vieil e lampe de lecture
en bronze.)Cela faisait longtemps qu'on nous
avait demandé celui-là. Je vais noter qu'il faudra lui préparer un
carton quand tu le rendras.
— Tu
veux que je te le rappel e ?
— Non,
c'est déjà enregistré là, fit-il en se frappant la tempe.
— Tu
dois avoir une tête mieux organisée que la mienne.
Avec
un sourire timide, il tira sur la fiche de consultation, qui restait
coincée entre la couverture et les premières pages.
— El
e ne veut pas se lais er faire, observa-t-il.
Des
voix étouf ées s'élevèrent dans mes oreil es, troublant le
silence habituel de la sal e.
— Tu
as entendu ? demandai-je en me retournant, intriguée.
— Quoi
donc ?
Des
traces de dorure qui bril aient sur le tranchant des pages du
manuscrit at irèrent mon regard.
Mais
el es ne pouvaient être la source de la faible lueur irisée qui
semblait s'évaporer d'entre les pages.
Je
clignai des yeux.
— Rien.
Je
tirai précipitamment le manuscrit à moi, saisie d'un fris on à son
contact. Sean n'avait pas lâché la fiche, qui sortit sans dif
iculté d'entre les pages. Je calai la pile de livres sous mon
menton, prise à la gorge par une odeur âcre qui tranchait avec le
parfum familier de cire et de crayons tail és qui baignait les
lieux.
— Diana
? Ça va ? s'inquiéta-t-il.
— Très
bien. Juste un peu fatiguée, répondis-je en éloignant les livres
de mon nez.
Je
traversai rapidement la section XVe siècle et ses tables
élisabéthaines usées et garnies d'étagères.
Les
fenêtres gothiques at iraient le regard vers les plafonds à cais
ons, où figuraient les armes de l'université, trois couronnes et un
livre ouvert, soulignées de sa devise :Dieu est mon il umination.
Une
universitaire américaine, Gil ian Chamberlain, était la seule autre
personne présente dans la sal e en ce vendredi soir. Enseignant les
let res clas iques à Bryn Mawr, el e pas ait son temps à scruter
des fragments de papyrus protégés entre deux plaques de ver e. Je
pas ai rapidement en es ayant de ne pas croiser son regard, mais le
grincement du vieux parquet me trahit.
Un
picotement me parcourut, comme chaque fois qu'une autre sorcière
posait les yeux sur moi.
— Diana
? fit-el e dans la pénombre.
J'étouf
ai un soupir et m'immobilisai.
— Bonjour,
Gil ian.
Ser
ant sans raison jalousement mes manuscrits contre moi, je gardai mes
distances en me tournant pour qu'el e ne puis e les voir.
— Que
faites-vous pour Mabon ?
Gil
ian venait constamment me demander de pas er du temps avec mes «
sœurs » quand j'étais là.
Les
fêtes wiccanes de l'équinoxe d'automne approchant, el e redoublait
d'ef orts pour que je me joigne au coven d'Oxford.
— Je
travail e, me hâtai-je de répondre.
— Il
y a des sorciers et des sorcières très sympathiques là-bas, vous
savez, observa-t-el e d'un ton pincé. Vous devriez vraiment vous
joindre à nous lundi.
— Merci,
je vais réfléchir, conclus-je en reprenant mon chemin vers Selden
End, la vaste galerie ajoutée au XVIIqui
coupait la sal e. Mais ne comptez pas trop là-des us, je suis sur le
texte d'une conférence.
Ma
tante Sarah m'avait toujours mise en garde : une sorcière ne peut
mentir à une autre. Mais cela ne m'empêchait pas d'es ayer.
Gil
ian eut vin murmure compatis ant, mais me suivit du regard.
Ar
ivée à ma place habituel e devant les vitraux, je réprimai l'envie
de lais er tomber mon fardeau sur la table et de m'es uyer les mains.
Mais, soucieuse du grand âge de ces livres, je les déposai
précautionneusement.
Le
manuscrit qui avait semblé retenir sa fiche de consultation était
sur le des us de la pile. Le dos était orné des armes d'Elias
Ashmole, un alchimiste et bibliophile du xvi e siècle dont les
livres et documents avaient été versés au fonds de la Bodléienne
par le musée Ashmoléen au xix, avec celui-ci, le numéro 782. Je
tendis la main et ef leurai le cuir bruni.
Une
petite décharge me la fit retirer prestement, mais pas as ez ; le
tres ail ement remonta dans mon bras, me donnant la chair de poule
jusqu'aux épaules et à la nuque. El e disparut rapidement, mais el
e me lais a une sensation de vide et de désir inas ouvi. Ébranlée
par cet e réaction, je reculai.
Même
à cet e distance, ce manuscrit me lançait un défi, menaçant la
murail e que j'avais élevée entre ma car ière d'universitaire et
mon statut de dernière des sorcières Bishop. Ici, entre mon
doctorat et ma chaire remportés de haute lut e, les promotions qui
m'at endaient et une car ière bourgeonnante, j'avais renoncé à mon
héritage familial et bâti une vie qui reposait sur la raison et les
capacités profes ionnel es, pas sur des sortilèges et des
intuitions inexplicables. J'étais à Oxford pour achever des
recherches. Une fois terminées et publiées, mes découvertes,
soutenues par une analyse pous ée et présentées à mes col ègues
humains, ne lais eraient aucune place aux mystères et à tout ce qui
ne peut être perçu que par le sixième sens des sorcières.
Mais
- accidentel ement - j'avais demandé à consulter un manuscrit
alchimique néces aire à mon travail qui semblait doué d'un pouvoir
occulte que je ne pouvais ignorer. Cela me démangeait de l'ouvrir et
d'en savoir plus. Pourtant, une force supérieure me retenait : ma
curiosité était-el e seulement intel ectuel e ou bien était-el e
mue par les liens de ma famil e avec la sorcel erie ?
Je
pris une profonde inspiration et fermai les yeux en espérant
m'éclaircir les idées. N'ayant aucun lien avec les Bishop, la
Bibliothèque bodléienne avait toujours été pour moi un refuge. Je
croisai les bras et fixai dans le crépuscule nais ant la référence
782 en me demandant quoi faire.