Shea
savait ce qu'il cherchait à faire, savait qu'il ne pensait pas ce
qu'il disait. Mais elle s'enfuit quand même. Elle bondit de sa
chaise, rafla son sac à main au passage et sortit de la chambre en
courant. Plus tard, elle regretterait peut-être d'avoir abandonné
si vite, mais à cet instant-là, elle ne désirait plus qu'une chose
: fuir la fureur de Tommy. Sa souffrance infinie.
Pour ses
collègues, Jimmy Skyler a tout. Mais le golden boy de la station 5
cache un douloureux secret. Il a été un champion de football
américain jusqu’à ce qu’une tragédie fasse exploser son rêve.
Depuis, il se bat avec ses choix y compris celui d’avoir choisi de
devenir pompier. Son seul rayon de soleil est une infirmière, Shea
Ford. Quand un sauvetage dangereux conduit Tommy aux urgences,
n’est-ce pas une très bonne opportunité pour la séduire ? Mais
un criminel rôde, créant des feux volontaires et cette affaire
pourrait bien menacer leur vie et leur amour.
Shea
pénétra dans le couloir à l'instant précis où une civière
franchissait la double porte à vive allure, poussée par deux
pompiers dont l'un tenait en l'air une poche de transfusion, et tirée
par trois autres. Shea les reconnut immédiatement. Parmi les trois
qui se trouvaient à l'avant, il y avait Zack Knight, le fiancé de
sa meilleure amie. Dans d'autres circonstances, elle lui aurait
adressé un sourire et un signe de la main, mais son regard était
rivé au visage de l'homme aux cheveux blonds qui gisait sur la
civière, les yeux fermés.
Des
yeux dont elle savait qu'ils étaient bleus comme un ciel d'été. Du
côté droit de la tête, son pansement et ses cheveux étaient
imprégnés de sang dont les coulées maculaient également son
visage.
Elle
sentit ses genoux faiblir et se laissa aller contre le mur pour
garder l'équilibre tandis que ses poumons se vidaient complètement.
La voix tonitruante du capitaine Tanner retentit par-dessus le
bourdonnement de ses oreilles.
— Plaie
ouverte à la tête, aboya-t-il à l'intention du Dr Brown qui venait
d'émerger d'une chambre. Il a perdu connaissance mais son état est
stable.
C'est
le côté droit de son corps qui a encaissé le choc, mais il n'y a
pas de fracture et aucun signe d'hémorragie interne.
Shea
ferma les yeux et ses mains se mirent à trembler.
Ô
mon Dieu, Tommy.
— Shea,
on a besoin de vous par ici.
L'ordre
du Dr Brown la fit réagir. Une part d'elle-même avait eu envie de
se sauver en courant, de monter dans sa voiture et de rentrer chez
elle à toute allure pour se cacher au fond de son lit. Elle ne
voulait pas voir Tommy dans cet état. Tommy était solide, lumineux,
sociable. Et merveilleusement sexy.
L'homme
qui était étendu sur cette civière paraissait affreusement jeune.
Vulnérable.
Malgré le relief nettement défini de ses muscles sur son torse nu,
personne n'aurait cru possible qu'il ait eu l'énergie d'empêcher un
homme deux fois plus gros que lui de tomber dans le vide en
n'utilisant que la force du haut de son corps.
C'était
pourtant ce que Tommy avait fait. Au péril de sa vie.
Tels
les rouages d'une mécanique bien huilée, deux des pompiers, le Dr
Brown, Shea et un infirmier se placèrent autour de la civière pour
faire passer Tommy sur le lit d'hôpital.
— À
trois, dit le Dr Brown.
La
translation s'opéra sans à-coups, et le médecin jeta un coup d'œil
au groupe de pompiers anxieux.
— Le
capitaine peut rester dans la chambre au cas où j'aurais des
questions. Les autres, dehors !
Brown
assouplissait parfois le règlement pour les blessés qui portaient
l'uniforme, mais personne ne protesta.
Avant
de quitter la chambre, Zack adressa à Shea un sourire tremblotant et
un hochement de tête, qu'elle lui retourna avant de s'affairer
efficacement autour de Tommy. Le Dr Brown souleva une paupière, puis
l'autre, et examina les yeux à l'aide du faisceau lumineux de sa
lampe de poche.
— Depuis
combien de temps a-t-il perdu conscience ?
Le
capitaine se raidit et se passa la main sur le ventre comme s'il
souffrait d'aigreurs d'estomac.
— Pas
plus d'un quart d'heure, je dirais. On est arrivés ici très vite.
— Les
pupilles sont légèrement dilatées, mais réagissent à la lumière.
Il ne devrait pas tarder à reprendre connaissance, annonça-t-il.
Il
rangea sa lampe dans sa poche, se pencha au-dessus du patient et
écarta le pansement de son crâne. Il étudia attentivement la
blessure, la palpa, puis émit un grognement.
— On
ne pourra pas poser d'agrafes. La blessure est trop superficielle.
Plus
une éraflure qu'une perforation.
— Son
traumatisme doit être léger, dit Shea en priant pour que ce soit le
cas.
— Oui,
acquiesça le médecin. Probablement. Mais je serai plus tranquille
une fois qu'il aura passé les examens neurologiques, qu'il se
réveillera et qu'il parlera. Nettoyez la plaie pendant que je
prescris un scanner.
Shea
enfila une paire de gants en latex, écarta les cheveux de la tempe
de Tommy et nettoya la plaie à l'aide d'un antiseptique. Il gémit
et remua un peu tandis qu'il revenait à lui. Shea sentit la tête
lui tourner de soulagement. Le bruit incita le capitaine à se
rapprocher du lit.
— Skyler
? Tu m'entends ? demanda-t-il en penchant un visage plissé
d'inquiétude au-dessus du plus jeune de ses hommes.
Tommy
tourna la tête vers lui et grommela quelque chose
d'incompréhensible.
— On
ne bouge pas, dit Shea en remettant délicatement sa tête en place.
Tommy
inspira par la bouche avec un bruit mouillé en réponse à ses
soins, mais demeura immobile.
— Il
reprend déjà conscience. C'est bien.
— Oui,
répliqua-t-elle en déposant une compresse souillée sur un plateau
avant d'en prendre une autre.
Voilà,
c'est nettoyé. Comme il ne saigne plus, je ne vais pas mettre de
pansement. Autant éviter de lui raser les cheveux pour rien.
— J'aime
mes cheveux comme ils sont, merci, marmonna Tommy.
Shea
sentit son cœur bondir et observa son visage. Ses cils palpitèrent,
ses paupières se soulevèrent lentement, et elle se retrouva en
train de contempler des yeux d'un bleu de myosotis encore un peu
troubles. C'était la chose la plus merveilleuse qu'elle ait vue de
sa vie.
— Tu
as de la veine que ton cerveau soit encore dans ton crâne, gamin,
dit Sean, son visage reflétant un profond soulagement.
— Mon
cerveau... Ouais, mon cerveau est en place.
Les
lèvres du capitaine se relevèrent sur un sourire.
— Bon,
il est temps de te faire passer un petit test. Donne-moi ton nom
complet, fils.
Il
eut une seconde d'hésitation.
— Thomas
Wayne Skyle
—
Je
suis venu te présenter mes excuses au sujet de mon comportement
samedi dernier, dit-il d'un ton plus calme. Ça ne se fait pas de
planter quelqu'un comme ça. C'était grossier de ma part, et
j'espère que tu ne m'en veux pas.
Shea
n'avait encore jamais vu Tommy aussi sérieux, et quelque chose dans
son attitude fit naître en elle une crainte diffuse.
— Bien
sûr que non, et tu n'as pas d'excuses à me présenter. C'est moi
qui t'ai blessé, et j'en suis désolée. Je sais ce que tu penses de
Forrest, mais je ne peux rien y changer.
Il
émit un petit rire triste et se passa la main dans les cheveux,
ébouriffant ses mèches blondes dans tous les sens.
— Vraiment
? Alors je crois qu'on s'est tout dit, mais puisque je suis un
irrécupérable masochiste, autant en avoir le cœur net. Est-ce que
tu as des sentiments pour moi ?
— Oui,
murmura-t-elle. On est amis, non ?
Un
éclair de douleur passa dans ses beaux yeux bleus.
— «
Amis » comme Forrest est ton ami ? Quelqu'un de moyennement
intéressant avec qui tu échanges des propos ennuyeux autour d'un
verre ?
— Non.
Est-ce que tu as oublié ce qui s'est passé quand on a dansé
ensemble ? Quand on s'est embrassés ? Tu es bien plus que cela pour
moi.
Il
tendit la main vers elle et effleura sa joue de la jointure de ses
doigts repliés.
— Je
n'ai rien oublié, mais ce n'est pas moi qui me suis écarté. Tu ne
veux pas que les choses aillent plus loin entre nous, c'est ça ?
J'ai beau faire, tu refuses de te laisser atteindre. Tu veux que je
te lâche pour de bon ? Regarde-moi, dis-moi de partir et je te
laisserai tranquille, tu ne me reverras plus jamais. Est-ce que c'est
ce que tu veux ?
Il
était sincère. Partir l'aurait anéanti, mais pour elle, il
l'aurait fait.
Ne
plus jamais voir Tommy ? Être privée de son sourire, de son rire,
de son merveilleux appétit de la vie ? Si Shea le laissait partir,
une autre qu'elle ne ferait pas la même erreur. Une femme peut-être
encore plus belle que Daisy Duck. Dans ses bras. Dans son lit. Cette
seule idée la rendait malade.
Ce
changement de point de vue lui fit envisager d'un œil nouveau la
façon dont Tommy avait réagi lorsqu'il l'avait vue au bras d'un
autre homme.
— Je
me suis écartée par réflexe et c'est mon problème, pas le tien.
Elle
saisit une de ses mains et entrelaça ses doigts aux siens,
appréciant au passage leur contact rugueux. Des mains de
travailleur.
— J'ai
besoin de toi dans ma vie et ce que je ressens pour toi me fait du
bien, Tommy, mais ça me fait un peu peur aussi. C'est lié à des
problèmes contre lesquels je me bats depuis longtemps, bien avant de
te connaître.
Des
trucs moches.
— Quels
problèmes ? Explique-moi, Shea.
— Un
autre jour, d'accord ? Pour l'instant, tu veux bien être encore un
petit peu patient avec moi ?
Elle
n'avait pas envie de parler de cela maintenant. Tout était encore
trop neuf entre eux.
— Je
ne te forcerai jamais à parler de quoi que ce soit tant que tu ne
seras pas prête à le faire, ma douce, dit-il en serrant sa main
pour l'attirer vers lui. C'est toi qui décides de tout, de A à Z,
et si tu as envie de parler, je suis là. Mais j'avoue que
j'apprécierais beaucoup que tu arrêtes de dribbler avec moi comme
si j'étais une balle de basket. Si tu veux bien me promettre ça,
j'aurai toute la patience du monde.
Il
déposa un baiser sur le bout de son nez, et elle sourit.
— J'arrête
le dribble, promis. Tu n'as pas idée de l'effet que tu me fais.
— C'est
vrai. Faudrait peut-être que tu me montres...
Shea
se redressa légèrement, referma la main sur la base de son sexe, en
lécha l'extrémité puis la suça tendrement.
— Pauvre
bébé. Il faut s'occuper de lui, aussi.
— On
va s'en occuper, promit-il d'une voix grave. Mais si tu continues
comme ça, tout sera fini en deux secondes et j'ai d'autres projets.
— D'accord,
mais la prochaine fois, j'aurai le droit d'y goûter aussi longtemps
que je voudrai.
La
lueur malicieuse qu'il vit briller dans ses yeux fit bondir son sexe.
— Ça
marche. Mets-toi à quatre pattes, je veux te prendre par-derrière,
ma douce.
— Oh,
oh, on s'encanaille, jeune homme ?
— Non,
une petite levrette n'a rien de canaille à côté de mes plus
secrets fantasmes. Une autre fois, je te les raconterai et tu pourras
choisir celui que tu as envie de concrétiser avec moi.
— Hmm...
Tout un programme! dit-elle en se mettant à quatre pattes.
Alors,
qu'est-ce que tu attends ?
Tommy
savourait le spectacle de cette femme qui s'offrait ainsi à lui, ses
boucles folles ruisselant dans son dos, ses genoux écartés révélant
l'adorable coquillage rose et nacré de son sexe, luisant des
attentions qu'il venait de lui prodiguer et disposé à l'accueillir.
Il
enfila le préservatif, puis fit courir un doigt le long de sa fente
pour écarter ses lèvres. Mon Dieu, il ne pourrait pas se retenir
bien longtemps.
Il
plaça une main sur sa hanche, guida l'extrémité de son sexe entre
ses lèvres moites et la pénétra de toute sa longueur. Sa chaleur
enveloppa son sexe au bord de l'explosion comme un gant qu'il sentit
palpiter doucement, affolant ses sens.
Pas
maintenant...
— Si
tu savais comme tu es belle, râla-t-il. Tu es à moi, Shea.
Elle
cala ses petites fesses rebondies au creux de son aine et il se mit à
aller et venir en elle, pas trop vite. Elle accompagna aussitôt ses
poussées.
— Oh,
oui, gémit-elle. Oui, comme ça, c'est bon !
Tommy
perdit tout contrôle. Libéra la bête rugissante qui mourait
d'envie de la baiser à fond, sans ménagement, presque méchamment.
Les poussées de son sexe se firent plus profondes. Il la besogna de
plus en plus vite et ses cris d'extase apaisèrent ses dernières
craintes. Shea voulait être prise brutalement, elle savait qu'il ne
lui ferait aucun mal.
Il
avait gagné sa confiance.
Cette
merveilleuse révélation déchaîna complètement la bête qui était
en lui. Un rugissement prodigieux accompagna son ultime poussée, et
il agrippa furieusement ses hanches pour la plaquer contre lui et la
pénétrer aussi profondément que possible, comme s'il cherchait à
établir entre eux un contact au-delà du simple aspect physique. Son
orgasme le bouleversa de fond en comble. Shea lui appartenait, pour
toujours, se dit-il tandis que les délicieuses contractions de sa
vulve prolongeaient sa jouissance.
Il
la recouvrit de son corps et resta en elle un moment, tremblant et
haletant. Jamais encore il n'avait joui avec une telle intensité.
Aucune femme n'avait su tirer de lui un orgasme aussi dévastateur.
Il n'avait pas connu autant de femmes que son père le prétendait,
mais il possédait quand même une certaine expérience, et jamais
encore il n'avait partagé cette impression de fusion totale,
absolue, avec une femme qu'il aimait.
Mon
Dieu, oui. Je l'aime.
Tommy
l'avait apporté dans le jardin et avait obstinément refusé de lui
révéler ce qu'il contenait. Le sourire qu'il lui adressa aurait
suffi à faire fondre sa petite culotte si elle en avait porté une.
— Encore
un peu de patience, ma douce, répondit-il d'une voix suave.
Allonge-toi
sur le dos et ferme les yeux.
Aussi
curieuse qu'excitée, Shea obéit docilement.
— Interdit
de tricher.
— Promis.
Elle
l'entendit ouvrir la fermeture du sac, suivi d'un bruit sec. Un bruit
de couvercle ? Elle sentit ensuite la main de Tommy caresser son
ventre et une de ses cuisses.
— Étends
les bras au-dessus de ta tête et croise les poignets comme si tu
étais attachée.
Elle
s'exécuta.
— Parfait.
Maintenant écarte les jambes, que je puisse t'admirer.
Cet
ordre sensuel fit durcir ses pointes de seins aussi efficacement
qu'une caresse. La main de Tommy remonta jusqu'à ses seins, dont il
effleura subtilement les mamelons tout en lui parlant.
— Comme
tu es belle quand tu t'offres à moi comme ça. Je peux te faire tout
ce que je veux et tu adoreras ça, n'est-ce pas ?
— Oui,
souffla-t-elle en sentant son entrejambe devenir brûlant.
— Tu
en as tellement besoin. Tu as besoin que je te fasse tout ce que j'ai
envie de te faire devant tout le monde.
Ses
doigts s'immiscèrent délicatement entre les replis de son sexe.
— Je
crois bien avoir vu un rideau bouger, là-bas. Imagine qu'ils te
regardent pendant que je m'amuse avec toi.
— Tommy,
gémit-elle.
— Oui,
ma douce ? Tu veux que je m'occupe bien de toi ? Tu es toute moite,
tu sais ? Tu es tellement mouillée que je ne devrais même pas avoir
besoin de ça, mais ça n'en sera que meilleur.
Le
contact de ses doigts disparut, et elle perçut un bruit mouillé.
Puis il étala quelque chose de liquide sur son sexe en insistant sur
son clitoris, et elle eut l'impression que tout son corps se
transformait en une immense zone érogène. De se désintégrer
entièrement pour devenir son jouet.
— Oooh,
gémit-elle lorsqu'il glissa un doigt en elle. Elle adorait se sentir
entièrement nue devant lui, et le plaisir que déclenchait cette
situation l'amena à se poser des questions sur elle-même. Tommy lui
avait avoué ses légers penchants exhibitionnistes, mais il semblait
bien qu'il n'était pas le seul.
Il
enduisit ses pointes de seins de ce mystérieux liquide huileux et
quand il les pinça tendrement, Shea se cambra, le souffle coupé. Il
agaça les pointes encore un moment, puis se plaça entre ses cuisses
ouvertes.
— Plie
les genoux en gardant les jambes bien écartées, exigea-t-il d'une
voix rauque.
Elle
obéit et imagina le spectacle qu'elle devait lui offrir dans cette
position.
— Je
voudrais ouvrir les yeux pour te voir.
— Non.
Garde-les fermés. Contente-toi de ressentir.
Elle
sentit un filet d'huile couler sur son sexe, et les doigts de Tommy
le caressèrent jusque dans le moindre repli, avant d'encercler son
clitoris palpitant et durci. Un filet d'huile coula entre ses fesses
et un doigt de Tommy suivit son sillage, étalant le liquide jusque
dans...
— Tu
ne vas pas...
— Chuuut.
Détends-toi. Ouvre-toi à moi, ma douce, murmura-t-il. Fais- moi
confiance, offre-toi complètement.
Shea
se sentit incapable de résister à la séduction de sa voix, gagnée
par le délicieux parfum d'interdit de cette situation.
Un
doigt généreusement lubrifié plongea dans l'ouverture étroite.
Tourna lentement pour l'agrandir en douceur. Elle le sentit bouger
sans qu'il écarte sa main et perçut soudain son souffle sur sa
fente.
— Voilà,
c'est bien. Comme ça tu m'appartiens complètement, ma douce.
Si
tu pouvais voir comme tu es belle quand tu te tortilles sous mes
caresses, quand tout ton corps me supplie de continuer. Tu veux que
je continue, hein, ma douce ?
— Oui
! Continue, Tommy ! Continue, je t'en supplie.
— Qu'est-ce
que tu veux que je continue, ma douce ? Dis-le !
— Je
veux que tu continues ce que tu fais avec tes doigts et ta bouche.
Oh,
Tommy...
La
sensation de plénitude s'accentua, accompagnée d'une légère
brûlure lorsqu'il introduisit deux autres doigts. Une sensation à
la fois étrange et agréable. Qui lui donnait l'impression de
quelque chose de plus étroit qu'un simple contact physique. Pourquoi
?
La
réalité la submergea en même temps qu'une vague de plaisir.
Se
soumettre à cet homme, lui appartenir totalement, déclenchait en
elle un sentiment d'accomplissement total.
Sa
langue chaude léchait sa fente. Uniquement la pointe de sa langue.
La titillait comme une plume. Si légère que cela la rendait folle.
Elle avait l'impression de ne plus former qu'une boule de sensations.
— Tu
veux ma bouche, ma douce ?
— Oui
!
Son
rire flotta dans l'air.
— Tout
ce que tu voudras, ma belle impatiente. Je vais te donner ma bouche
et je vais te manger jusqu'à ce que tu fondes sous ma langue. Mais
je n'en aurai pas encore fini avec toi.
— Tommy
!
— Tu
sais ce que je te ferai, après ? Je te baiserai, ma douce. Là,
ajouta-t- il en faisant tourner ses doigts. Je te baiserai jusqu'à
ce que tu cries et que tu jouisses à nouveau pour moi.
Elle
sentit alors sa langue glisser le long de sa fente, savourer
avidement sa chair. Fidèle à sa parole, il dévora sa vulve comme
un affamé, sans oublier le moindre repli. La vague du plaisir
grossit en elle alors qu'elle s'efforçait de la contenir, mais
lorsqu'il s'attaqua à son clitoris pour le sucer comme un bonbon,
elle déferla avec la violence d'un tsunami.
Oubliant
de garder les mains au-dessus de sa tête, elle enfouit les doigts
dans ses cheveux et chevaucha la crête du plaisir avec un cri.
Un
ultime frisson la parcourut, et elle sentit sa bouche s'écarter
d'elle.
Instinctivement,
elle tendit les bras pour le retenir.
— N'aie
pas peur, ma belle, je ne vais nulle part. Je suis juste en train de
me préparer. Tu peux regarder, si tu veux.
Elle
ouvrit les yeux... pour découvrir un dieu païen agenouillé entre
ses cuisses. Le regard rivé au sien, il déchira l'emballage d'un
préservatif qu'il enfila sur son sexe en érection, puis renversa un
flacon au-dessus de son sexe dont il étala le contenu du va-et-vient
de son poing fermé.
Shea
déglutit difficilement, partagée entre l'anxiété et l'excitation.
— Tu
crois que ça va rentrer ?
Les
coins de sa bouche se soulevèrent. Il était mortellement séduisant
tandis qu'il se préparait ainsi au clair de lune.
— Si
ça ne rentre pas, je ne te ferai pas mal. Fais-moi confiance.
— C'est
ce que j'ai fait jusqu'ici, non ?
Il
ne répondit pas. Il se contenta de se pencher en avant pour glisser
les mains sous ses fesses, qu'il souleva sans effort.
— Cale
tes jambes sur mes épaules.
Shea
se retrouva plus exposée que jamais dans cette position. Elle se dit
vaguement qu'elle aurait dû avoir peur, mais s'aperçut que ce
n'était absolument pas le cas. Un brouillard languide enveloppait
tous ses membres, comme si Tommy l'avait ensorcelée.
Il
écarta ses fesses et en approcha l'extrémité de son sexe. Donna
une légère poussée, une expression affamée recouvrant brusquement
ses traits.
— Oh!
— Tout
va bien, ma douce.
Centimètre
par centimètre, il glissa lentement en elle.
— Comment
te sens-tu ?
— Comblée,
gémit-elle. Délicieusement comblée.
— Ça
y est presque. Si seulement tu pouvais voir mon sexe entrer en toi...
Son
aine entra en contact avec ses fesses et elle sentit ses bourses
caresser le bas de son dos.
— Aaah...
oui, râla-t-il.
— Bouge,
fais quelque chose, supplia-t-elle, ses mains s'agrippant à la
serviette de part et d'autre de son corps. J'ai besoin de te sentir.
Il
se mit à aller et venir, lentement d'abord, pour lui laisser le
temps de s'adapter à lui. Un feu entièrement nouveau la consuma, un
feu auquel elle était incapable de résister. De plus en plus
dévorant.
— Oh,
oui ! Tu es toute douce, Shea.
Elle
frappa son dos de ses talons, subjuguée par la merveilleuse
sensation d'être empalée sur lui. Possédée par lui.
— Plus
fort !
Son
ordre mit instantanément le feu aux poudres et il lui donna ce
qu'elle voulait, ses hanches la pistonnant sans merci. Immobilisant
son corps d'une main, il approcha l'autre de son sexe et caressa
impitoyablement son clitoris durci. À sa profonde stupéfaction,
Shea sentit un nouvel orgasme la submerger de fond en comble.
— Oh,
oui !
Tommy
la pénétra d'une longue poussée, puis s'immobilisa, rejeta la tête
en arrière et laissa échapper un rugissement. Un flot de chaleur
l'inonda, lui apportant enfin ce qu'elle désirait. Jamais encore
Shea n'avait vu un homme aussi beau quand il était en proie à
l'extase.
Elle
sentit son sexe palpiter encore un peu en elle, puis il se détendit.
Redescendit
du point culminant de l'orgasme, ouvrit les yeux et lui sourit.
— Tu
as été fabuleuse.
— Moi
? C'est toi, le dieu sublime qui m'a séduite sous les étoiles.
— Tu
as l'homme que tu mérites, ma douce, répliqua-t-il en se retirant
d'elle avec une infinie délicatesse Il s'allongea auprès d'elle, et
elle roula sur le côte pour lui faire face.
— Tu
es mon homme, dit-elle en caressant sa joue. Et je t'aime.
Il
écarquilla les yeux, la serra dans ses bras et bascula au-dessus
d'elle.
— Redis-le.
— Je
t'aime.
Il
laissa échapper un rire de joie pure, puis recouvrit ses lèvres
d'un long baiser.
— Je
t'aime aussi. Et je n'ai jamais autant regretté de ma vie de devoir
travailler le lendemain.
—
II...
t'a violée ? demanda Tommy, bouleversé.
— J'avais
dix-sept ans. J'ai fêté mes dix-huit ans sur un lit d'hôpital,
après avoir failli mourir d'une hémorragie suite à une fausse
couche. Et quelques mois après, mes parents sont morts.
— Et
lui ? Qu'est-ce qu'il est devenu ? s'enquit-il à voix basse.
— Il
a purgé une peine de prison et il a perdu sa bourse de footballeur à
l'université. Ce qu'il est devenu après, je n'en sais rien et ça
ne m'intéresse pas.
Tommy
détourna le regard.
— Je
comprends mieux pourquoi tu as mis si longtemps à m'accorder ta
confiance, dit-il d'un ton amer. Il faut croire que c'était écrit :
toi et moi, ça n'aurait jamais pu marcher. Tu m'as d'abord vu comme
le rappel sinistre de ce que tu as perdu... Et maintenant ? Je ne
suis plus qu'un pauvre clown, plus pathétiquement sinistre que
jamais.
— Quoi
? s'écria-t-elle, alarmée. Tu n'as rien d'un clown, Tommy! Je
t'aime ! Je me fiche complètement de ce que tu feras pour gagner ta
vie, je me fiche de ta cicatrice. Ça n'a aucune importance.
— Regarde-moi
dans les yeux et jure-moi que je ne t'ai jamais rappelé ce mec.
— C'est
vrai, au début, tu me faisais penser à lui, reconnut-elle. Mais
seulement à cause de ton physique et de ton passé de footballeur.
J'avais peur de te faire confiance, mais ce n'était pas à cause de
ta personnalité.
— Côté
physique, tu ne risqueras plus jamais de me confondre avec lui, pas
vrai ?
— Ne
fais pas ça, Tommy, dit-elle, les yeux brûlants des larmes qu'elle
refusait de laisser couler par crainte d'entériner sa défaite.
Tommy
essayait de la repousser en utilisant tous les arguments possibles et
imaginables, et elle sentait qu'elle perdait du terrain.
Elle
vit les yeux de Tommy s'embuer de larmes, eux aussi, mais il tint
bon.
— C'est
fini.
— Non,
Tommy. Ne dis pas ça.
— Toi,
tu t'en sortiras. Il te reste toujours ton conseiller municipal avec
ses beaux costards, ses belles manières et son gros portefeuille.
Son
cœur se déchira.
— Ce
n'est pas lui que je veux, Tommy. C'est toi.
— Sors.
— Tommy,
je t'...
— Dégage
!
Shea
savait ce qu'il cherchait à faire, savait qu'il ne pensait pas ce
qu'il disait. Mais elle s'enfuit quand même. Elle bondit de sa
chaise, rafla son sac à main au passage et sortit de la chambre en
courant. Plus tard, elle regretterait peut-être d'avoir abandonné
si vite, mais à cet instant-là, elle ne désirait plus qu'une chose
: fuir la fureur de Tommy. Sa souffrance infinie.
Elle
ne pouvait même pas le traiter de lâche. En prenant la fuite, elle
était aussi lâche que lui.
Shea
m'a plaqué.
La
faire fuir avait été tellement facile.
Ce
qui prouvait qu'il avait eu raison. Il leur avait ainsi épargné à
tous deux bien des souffrances. Il avait évité à la femme qu'il
aimait de s'attacher à un homme qui n'avait plus aucun avenir. Un
homme avec qui, dès le début, elle n'avait pas eu envie de vivre.
Un homme qui lui rappelait de mauvais souvenirs.
Il
survivrait sans elle. Il y arriverait.
Seul
dans la pénombre croissante de la pièce, il plaça sa main gauche
devant ses yeux, et laissa couler ses larmes.