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jeudi 13 novembre 2014

Angelfall, tome 1 : Penryn et la fin du monde - Susan Ee





  Tu n’es qu’un oiseau qui se la pète. 
OK, tu es musclé. Mais tu sais, un oiseau n’est qu’un lézard un peu évolué. C’est ce que tu es.













Le monde court à sa perte. Depuis six semaines, les anges attaquent les humains et ont entrepris de détruire la civilisation. Alors que Penryn tente de prendre soin de sa petite sœur, Paige, handicapée, et de sa mère, paranoïaque et schizophrène, elle assiste à une scène terrible : un ange, Raffe, se fait couper les ailes devant elle par d’autres de son espèce.

Penryn se fait repérer et les anges kidnappent sa petite sœur. L’ange blessé est laissé pour mort. Penryn décide de lui venir en aide, car il est le seul à pouvoir révéler l’endroit où ils ont emmené Paige. Même s’ils sont ennemis, ils entreprennent ensemble leur voyage qui les mène jusqu’à San Francisco, où les anges ont établi leur nid.

Raffe espère pouvoir se faire greffer des ailes et Penryn entrevoit enfin la possibilité de sauver sa sœur. Mais c’était sans compter sur la résistance humaine qui se met en place, la nature maléfique de certains anges et l’évolution de la relation entre Raffe et Penryn... 
 


Une lecture à laquelle je ne m'attendais.
Les points forts.

L'histoire. Je ne reprendrais pas le résumé de l'éditeur mais ici, les anges sont les méchants – et pas qu'un peu !

On a une vision apocalyptique de notre société. Les anges appellent les hommes des singes – c'est dire l'estime qu'ils portent à l'humanité. Tandis que les hommes essaient de s'organiser dans ce nouveau monde. J'ai beaucoup apprécié le décors planté par l'auteure. C'est vraiment très novateur.

Les personnages. Raffe et Penryn sont des personnages qui se dévoilent au fil des pages de manière très intelligente. Leur histoire commence sous nos yeux de façon très hypothétique. Autant dire qu'on est loin du coup de foudre (en tous cas du point de vue de Penryn) mais elle évolue de façon discrète. D'ailleurs, elle ne dit jamais son nom. C'est certainement ce qui m'aura le plus marqué.

Raffe est également un personnage très charismatique. Quant à l'héroïne, son personnage est vraiment celle de la survivante. Elle n'est jamais dans l'introspection mais toujours dans des instincts de survie. Ça rend ce récit mené à la première personne très haletant.

La fin. Elle laisse le lecteur sur sa faim et on ne peut qu'avoir hâte de découvrir la fin de cette aventure. Toutes les questions sont soulevées mais il n'y a que très peu de réponses voir pas du tout....

Les points faibles.

Le début. Ici, je ne sais pas si cela vient de moi mais j'ai eu du mal à être captivé d'emblée. Je ne serai pas trop l'expliquer mais le rythme haletant dont j'ai parlé un peu plus haut n'est pas présent d'emblée. Il y a une distance entre les héros (je suis polie...) qui mènent le livre de A à Z ce qui fait qu'avant que leur histoire débute, il manque quelques choses...

La romance. Elle est seulement suggérée mais tellement que certaines fois je me suis demandée ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre. Pourquoi pas ? Mais j'ai été un peu perdu. Penryn mène la narration donc on est censé comprendre ses sentiments mais je dois dire qu'en refermant le livre, je me demandais ce qu'elle pensait de l'archange... C'est certainement un choix de ne pas mettre en avant la romance mais ça donne des personnages pas très « lisibles ».

La noirceur. Ici c'est vraiment un critère très personnel et subjectif. Le livre flirte souvent avec l'épouvante et je dois dire qu'à certains passages sanglants, l'héroïne nous dit qu'elle a envie de vomir devant ce qu'elle voit...et bien moi aussi.



C'est un roman à part. Je le conseille mais attention, il s'agit d'une histoire assez sombre et la fin est loin d'apporter un Happy End.



J'ai lu quelque part que Sam Raimi (réalisateur notamment de Spiderman- le premier-)a acquis les droits du livre. Ça ne m'a pas du tout surpris, ce livre se vit comme un film et calque bien à l'univers du réalisateur.

Mon compagnon tourne son visage vers moi et m’adresse un sourire comme s’il riait à ce que je venais de dire. Il penche sa tête tellement près de moi que je me demande un instant s’il ne va pas m’embrasser. Mais il se contente d’effleurer mon front du sien.

Raffe doit donner l’apparence d’un homme affectueux. Personne à part moi ne peut voir son regard. Il a l’air de souffrir – d’une douleur qui ne passerait pas avec de l’aspirine. Raffe tourne très légèrement le dos au moment où les anges s’avancent près de nous. Ils rient à ce que le guépard vient de dire. Mon compagnon ferme les yeux, envahi par un sentiment doux amer insondable.

Son visage est tellement près du mien que nos souffles se mêlent. Raffe est pourtant très loin, en cet instant, dans un endroit ballotté par des émotions profondes et douloureuses. Quoi qu’il éprouve, il semble très humain. J’aimerais le distraire, lui faire penser à autre chose.

Je pose une main sur sa joue. C’est agréable. Un peu trop, même. Il ferme les yeux. Hésitante, je frôle ses lèvres du bout des miennes.

Il ne réagit pas, au début, au point que j’envisage de reculer.

Mais il m’embrasse soudain avec avidité.

Ce baiser n’est pas celui d’un couple lors d’un premier rendez-vous ni celui d’un homme dominé par du désir pur. Il m’embrasse avec le désespoir d’un mourant persuadé que ce baiser renfermait la vie éternelle. Sa façon d’agripper ma taille et mes épaules, la pression de sa bouche, me désarçonne au point que je ne peux plus réfléchir.

La pression se relâche. Le baiser se fait plus sensuel.

Une chaleur troublante se diffuse de sa langue au plus profond de moi. Mon corps me donne l’impression de se fondre dans le sien. Je sens parfaitementles muscles de son torse contre mes seins, l’étreinte brûlante de ses mains autour de mes hanches et de mes bras, ses lèvres humides contre ma bouche.

Puis tout s’arrête d’un coup.

Raffe recule, puis inspire une bouffée d’air comme s’il remontait à la surface d’une mer agitée. Ses yeux sont deux puits d’émotions bouillonnantes.

Il détourne la tête avant d’expirer un souffle à peu près contrôlé.

Puis il est de nouveau indéchiffrable. Ce qui se passe derrière ses yeux désormais noirs est totalement impénétrable.

Ce que j’y ai perçu un peu plus tôt a disparu tellement loin que je me demande si je n’ai pas tout imaginé. Seule sa respiration encore un peu rapide trahit son émotion.

Il faut que je te dise quelque chose, fait-il en murmurant si bas que même des anges ne l’entendraient pas, vu le brouhaha qui règne dans le couloir. Je n’en ai strictement rien à faire de toi.

Ses épaules se raidissent. Je ne sais pas ce que j’avais espéré entendre, mais pas ça.

À la différence de ce cher ange, mes émotions doivent parfaitement se lire sur mon visage. J’en sens d’ailleurs une me monter aux joues : l’humiliation.

Raffe se dégage dans un geste décontracté, se retourne, et franchit la double porte.

Je reste plantée dans le couloir à regarder les battants basculer d’avant en arrière jusqu’à ce qu’ils s’immobilisent.

Un couple s’avance dans ma direction. L’ange a un bras autour de la taille d’une femme en robe longue et moulante à paillettes couleur argent qui brille à chacun de ses mouvements. Lui porte un costume violet et une chemise rose électrique dont le col descend jusqu’à ses épaules. Tous deux me dévisagent au moment où ils passent près de moi.

Quand un homme en violet et rose criard vous fixe de la sorte, c’est que quelque chose ne va vraiment pas. Ma robe rouge est peut-être courte et moulante, mais elle n’est pas déplacée dans cet endroit. Ma mine étonnée et mon expression humiliée ont plutôt dû attirer son attention.

Je m’oblige à prendre un air neutre et à détendre mes épaules.

J’ai déjà embrassé des mecs auparavant. Ça a pu être un peu bizarre après, mais pas à ce point. J’ai toujours aimé ça, autant que le parfum d’une rose, ou l’écho d’un rire par une belle journée d’été. Ce dont je viens de faire l’expérience avec Raffe est d’un genre totalement différent. C’était comme de sentir le sol se dérober sous ses pieds, son ventre se tordre, son sang affluer dans les veines. Une réaction nucléaire, comparée à ces autres baisers.

J’inspire profondément, avant d’expirer.

Il n’en a strictement rien à faire de moi…

L'extrait :
Tu as toujours ses chocolats, me dit Raffe d’un ton plutôt gentil. Le reste n’est qu’une affaire de logistique.

Je ne lève pas les yeux parce qu’ils sont encore pleins de larmes. Je fais courir mes doigts le long du fauteuil de cuir en guise d’au revoir avant de m’éloigner.



Est-ce que broyer du noir aide les humains à se sentir mieux ? me lance Raffe à voix basse alors que nous marchons depuis une bonne heure.

Nous murmurons depuis que nous avons croisé les cadavres sur la route.

Je ne broie pas du noir.

Mais oui, bien sûr ! Une fille comme toi, qui passe tout son temps avec un guerrier demi-dieu comme moi… Pourquoi déprimerait-elle ? Abandonner le fauteuil roulant de sa petite sœur n’est rien comparé à ce bonheur…

Je me prends les pieds dans une branche cassée.

Tu plaisantes, j’espère ?

Sache que je ne plaisante jamais avec mon statut de guerrier demi-dieu.

Mon Dieu !… (Je me rends compte que j’ai oublié de parler à voix basse.) Tu n’es qu’un oiseau qui se la pète. OK, tu es musclé. Mais tu sais, un oiseau n’est qu’un lézard un peu évolué. C’est ce que tu es.

Il glousse.

Ah, l’évolution… (Il se penche vers moi comme s’il allait me murmurer un secret à l’oreille.) Juste histoire de préciser… Je suis aussi parfait depuis la nuit des temps.

Il se tient tellement près que son souffle caresse mon oreille.

Oh, s’il te plaît… Ton énorme tête risque de ne plus passer entre les arbres, si tu continues. Tu risques même de te retrouver coincé entre deux branches, tu sais. Et après ça, il faudra encore que je vienne te sauver. (Je lui lance un regard fatigué.) Encore !

Je me remets aussitôt à marcher pour décourager la réplique intelligente qui devrait venir.

Mais non. Raffe me laisserait-il avoir le dernier mot ?

Il sourit avec un air suffisant, lorsque je me retourne. Il m’a manipulée pour que je me sente mieux. Butée comme je le suis, j’essaie de résister, mais il est déjà trop tard.

Je me sens effectivement mieux.


L'extrait :
Qu’est-ce qu’il pleure ? demande Uriel.

Sa Fille de l’homme, fait Bélial.

Non ! (Uriel semble délicieusement scandalisé.) Pas possible… Pas après toutes ses recommandations pour nous tenir loin d’elles, toutes ses croisades contre leur engeance infernale…

Uriel tourne en cercle autour de Raffe comme un requin.

Regarde-toi, mon pauvre Raffe, toi, l’archange magnifique, à genoux avec une paire d’ailes de démon pendant de part et d’autre de ton corps. Et avec une Fille de l’homme crevée entre les bras… (Il se met à glousser.) On dirait que Dieu m’aime, en fin de compte. Qu’est-ce qui s’est passé, Raffe ? Aurais-tu trouvé la vie sur Terre un peu trop solitaire à ton goût ? Tous ces siècles sans autres compagnons que ces Nephilim que tu as soi-disant si noblement pourchassés ?…

Raffe continue de l’ignorer. Il se contente de caresser mes cheveux en se balançant doucement d’avant en arrière comme s’il essayait d’endormir un enfant.

Combien de temps as-tu tenu ? demande Uriel. Tu l’as repoussée ? Tu lui as dit qu’elle avait aussi peu de valeur pour toi que les autres animaux ? Oh, Raffe, tu crois qu’elle est morte en pensant que tu n’en avais rien à faire d’elle ? Quelle tragédie… Tu dois vraiment te sentir complètement démoli.

Raffe lui lance un regard assassin.

Je t’interdis de parler d’elle !

Uriel fait un pas en arrière malgré lui.