Tu n’es qu’un oiseau qui se la pète.
Le
monde court à sa perte. Depuis six semaines, les
anges attaquent les humains et ont entrepris de détruire la
civilisation. Alors que Penryn
tente de prendre soin de sa petite sœur, Paige, handicapée, et de
sa mère, paranoïaque et schizophrène, elle assiste à une scène
terrible : un ange, Raffe,
se fait couper les ailes devant elle par d’autres de son espèce.
Penryn se fait repérer et les anges kidnappent sa petite sœur. L’ange blessé est laissé pour mort. Penryn décide de lui venir en aide, car il est le seul à pouvoir révéler l’endroit où ils ont emmené Paige. Même s’ils sont ennemis, ils entreprennent ensemble leur voyage qui les mène jusqu’à San Francisco, où les anges ont établi leur nid.
Raffe espère pouvoir se faire greffer des ailes et Penryn entrevoit enfin la possibilité de sauver sa sœur. Mais c’était sans compter sur la résistance humaine qui se met en place, la nature maléfique de certains anges et l’évolution de la relation entre Raffe et Penryn...
Penryn se fait repérer et les anges kidnappent sa petite sœur. L’ange blessé est laissé pour mort. Penryn décide de lui venir en aide, car il est le seul à pouvoir révéler l’endroit où ils ont emmené Paige. Même s’ils sont ennemis, ils entreprennent ensemble leur voyage qui les mène jusqu’à San Francisco, où les anges ont établi leur nid.
Raffe espère pouvoir se faire greffer des ailes et Penryn entrevoit enfin la possibilité de sauver sa sœur. Mais c’était sans compter sur la résistance humaine qui se met en place, la nature maléfique de certains anges et l’évolution de la relation entre Raffe et Penryn...
Une
lecture à laquelle je ne m'attendais.
Les
points forts.
L'histoire.
Je
ne reprendrais pas le résumé de l'éditeur mais ici, les anges sont
les méchants – et
pas qu'un peu !
On
a une vision apocalyptique
de notre société. Les anges appellent les hommes des
singes
– c'est dire l'estime qu'ils portent à l'humanité. Tandis
que les hommes essaient de s'organiser dans ce nouveau monde. J'ai
beaucoup apprécié le décors planté par l'auteure. C'est vraiment
très novateur.
Les
personnages.
Raffe et Penryn sont des personnages qui se dévoilent au fil des
pages de manière très intelligente. Leur histoire commence sous nos
yeux de façon très hypothétique. Autant dire qu'on est loin du
coup de foudre (en tous cas du point de vue de Penryn) mais elle
évolue de façon discrète. D'ailleurs, elle ne dit jamais son nom.
C'est certainement ce qui m'aura le plus marqué.
Raffe
est également un personnage très charismatique. Quant à
l'héroïne, son personnage est vraiment celle de la survivante. Elle
n'est jamais dans l'introspection mais toujours dans des instincts de
survie. Ça
rend ce récit mené à la première personne très haletant.
La
fin. Elle
laisse le lecteur sur
sa faim
et on ne peut qu'avoir hâte de découvrir la fin de cette aventure.
Toutes
les questions sont soulevées mais il n'y a que très peu de réponses
voir pas du tout....
Les
points faibles.
Le
début.
Ici, je ne sais pas si cela vient de moi mais j'ai eu du mal à être
captivé d'emblée. Je ne serai pas trop l'expliquer mais le rythme
haletant dont j'ai parlé un peu plus haut n'est pas présent
d'emblée. Il y a une distance entre les héros (je suis polie...)
qui mènent le livre de A à Z ce qui fait qu'avant que leur histoire
débute, il manque quelques choses...
La
romance. Elle
est seulement suggérée mais
tellement
que certaines fois je me suis demandée ce qu'ils ressentaient l'un
pour l'autre.
Pourquoi pas ? Mais
j'ai été un peu perdu. Penryn mène la narration donc on est censé
comprendre ses sentiments mais je dois dire qu'en refermant le livre,
je me demandais ce qu'elle pensait de l'archange... C'est
certainement un choix de ne pas mettre en avant la romance mais ça
donne des personnages pas très « lisibles ».
La
noirceur.
Ici c'est vraiment un critère très personnel et subjectif. Le livre
flirte souvent avec l'épouvante et je dois dire qu'à certains
passages sanglants, l'héroïne nous dit qu'elle a envie de vomir
devant ce qu'elle voit...et bien moi aussi.
C'est
un roman à part. Je le conseille mais attention, il s'agit d'une
histoire assez sombre et la fin est loin d'apporter un Happy End.
J'ai
lu quelque part que Sam Raimi (réalisateur notamment de Spiderman-
le premier-)a acquis les droits du livre. Ça
ne m'a pas du tout surpris, ce livre se vit comme un film et calque
bien à l'univers du réalisateur.
Mon
compagnon tourne son visage vers moi
et m’adresse un sourire comme s’il riait à ce que je venais de
dire. Il penche sa tête tellement près de moi que je me
demande un instant s’il ne va pas m’embrasser. Mais il se
contente d’effleurer mon front du sien.
Raffe
doit donner l’apparence d’un homme affectueux. Personne à part
moi ne peut voir son regard. Il a l’air de souffrir – d’une
douleur qui ne passerait pas avec de l’aspirine. Raffe tourne très
légèrement le dos au moment où les anges s’avancent près de
nous. Ils rient à ce que le guépard vient de dire. Mon compagnon
ferme les yeux, envahi par un sentiment doux amer insondable.
Son
visage est tellement près du mien que nos souffles se mêlent. Raffe
est pourtant très loin, en cet instant, dans un endroit ballotté
par des émotions profondes et douloureuses. Quoi qu’il éprouve,
il semble très humain. J’aimerais le distraire, lui faire penser à
autre chose.
Je
pose une main sur sa joue. C’est agréable. Un peu trop, même. Il
ferme les yeux. Hésitante, je frôle ses lèvres du bout des
miennes.
Il
ne réagit pas, au début, au point que j’envisage de reculer.
Mais
il m’embrasse soudain avec avidité.
Ce
baiser n’est pas celui d’un couple lors d’un premier
rendez-vous ni celui d’un homme dominé par du désir pur. Il
m’embrasse avec le désespoir d’un mourant persuadé que ce
baiser renfermait la vie éternelle. Sa façon d’agripper ma taille
et mes épaules, la pression de sa bouche, me désarçonne au point
que je ne peux plus réfléchir.
La
pression se relâche. Le baiser se fait plus sensuel.
Une
chaleur troublante se diffuse de sa langue au plus profond de moi.
Mon corps me donne l’impression de se fondre dans le sien. Je sens
parfaitementles muscles de son torse contre mes seins,
l’étreinte brûlante de ses mains autour de mes hanches et de mes
bras, ses lèvres humides contre ma bouche.
Puis
tout s’arrête d’un coup.
Raffe
recule, puis inspire une bouffée d’air comme s’il remontait à
la surface d’une mer agitée. Ses yeux sont deux puits d’émotions
bouillonnantes.
Il
détourne la tête avant d’expirer un souffle à peu près
contrôlé.
Puis
il est de nouveau indéchiffrable. Ce qui se passe derrière ses yeux
désormais noirs est totalement impénétrable.
Ce
que j’y ai perçu un peu plus tôt a disparu tellement loin que je
me demande si je n’ai pas tout imaginé. Seule sa respiration
encore un peu rapide trahit son émotion.
— Il
faut que je te dise quelque chose, fait-il en murmurant si bas que
même des anges ne l’entendraient pas, vu le brouhaha qui règne
dans le couloir. Je n’en ai strictement rien à faire de toi.
Ses
épaules se raidissent. Je ne sais pas ce que j’avais espéré
entendre, mais pas ça.
À la
différence de ce cher ange, mes émotions doivent parfaitement se
lire sur mon visage. J’en sens d’ailleurs une me monter aux
joues : l’humiliation.
Raffe
se dégage dans un geste décontracté, se retourne, et franchit la
double porte.
Je
reste plantée dans le couloir à regarder les battants basculer
d’avant en arrière jusqu’à ce qu’ils s’immobilisent.
Un
couple s’avance dans ma direction. L’ange a un bras autour de la
taille d’une femme en robe longue et moulante à paillettes
couleur argent qui brille à chacun de ses mouvements. Lui porte un
costume violet et une chemise rose électrique dont le col descend
jusqu’à ses épaules. Tous deux me dévisagent au moment où ils
passent près de moi.
Quand
un homme en violet et rose criard vous fixe de la sorte, c’est que
quelque chose ne va vraiment pas. Ma robe rouge est peut-être courte
et moulante, mais elle n’est pas déplacée dans cet endroit. Ma
mine étonnée et mon expression humiliée ont plutôt dû attirer
son attention.
Je
m’oblige à prendre un air neutre et à détendre mes épaules.
J’ai
déjà embrassé des mecs auparavant. Ça a pu être un peu bizarre
après, mais pas à ce point. J’ai toujours aimé ça, autant que
le parfum d’une rose, ou l’écho d’un rire par une belle
journée d’été. Ce dont je viens de faire l’expérience avec
Raffe est d’un genre totalement différent. C’était comme de
sentir le sol se dérober sous ses pieds, son ventre se tordre, son
sang affluer dans les veines. Une réaction nucléaire, comparée à
ces autres baisers.
J’inspire
profondément, avant d’expirer.
Il
n’en a strictement rien à faire de moi…
L'extrait :
— Tu
as toujours ses chocolats,
me dit Raffe d’un ton plutôt gentil. Le reste n’est qu’une
affaire de logistique.
Je
ne lève pas les yeux parce qu’ils sont encore pleins de larmes. Je
fais courir mes doigts le long du fauteuil de cuir en guise d’au
revoir avant de m’éloigner.
— Est-ce
que broyer du noir aide les humains à se sentir mieux ? me
lance Raffe à voix basse alors que nous marchons depuis une bonne
heure.
Nous
murmurons depuis que nous avons croisé les cadavres sur la route.
— Je
ne broie pas du noir.
— Mais
oui, bien sûr ! Une fille comme toi, qui passe tout son temps
avec un guerrier demi-dieu comme moi… Pourquoi déprimerait-elle ?
Abandonner le fauteuil roulant de sa petite sœur n’est rien
comparé à ce bonheur…
Je
me prends les pieds dans une branche cassée.
— Tu
plaisantes, j’espère ?
— Sache
que je ne plaisante jamais avec mon statut de guerrier demi-dieu.
— Mon
Dieu !… (Je me rends compte que j’ai oublié de parler à
voix basse.) Tu n’es qu’un oiseau qui se la pète. OK, tu es
musclé. Mais tu sais, un oiseau n’est qu’un lézard un peu
évolué. C’est ce que tu es.
Il
glousse.
— Ah,
l’évolution… (Il se penche vers moi comme s’il allait me
murmurer un secret à l’oreille.) Juste histoire de préciser… Je
suis aussi parfait depuis la nuit des temps.
Il
se tient tellement près que son souffle caresse mon oreille.
— Oh,
s’il te plaît… Ton énorme tête risque de ne plus passer entre
les arbres, si tu continues. Tu risques même de te retrouver coincé
entre deux branches, tu sais. Et après ça, il faudra encore que je
vienne te sauver. (Je lui lance un regard fatigué.) Encore !
Je
me remets aussitôt à marcher pour décourager la réplique
intelligente qui devrait venir.
Mais
non. Raffe me laisserait-il avoir le dernier mot ?
Il
sourit avec un air suffisant, lorsque je me retourne. Il m’a
manipulée pour que je me sente mieux. Butée comme je le suis,
j’essaie de résister, mais il est déjà trop tard.
Je
me sens effectivement mieux.
L'extrait :
— Qu’est-ce
qu’il pleure ?
demande Uriel.
— Sa
Fille de l’homme, fait Bélial.
— Non !
(Uriel semble délicieusement scandalisé.) Pas possible… Pas après
toutes ses recommandations pour nous tenir loin d’elles, toutes ses
croisades contre leur engeance infernale…
Uriel
tourne en cercle autour de Raffe comme un requin.
—
Regarde-toi,
mon pauvre Raffe, toi, l’archange magnifique, à genoux avec une
paire d’ailes de démon pendant de part et d’autre de ton corps.
Et avec une Fille de l’homme crevée entre les bras… (Il se met à
glousser.) On dirait que Dieu m’aime, en fin de compte. Qu’est-ce
qui s’est passé, Raffe ? Aurais-tu trouvé la vie sur Terre
un peu trop solitaire à ton goût ? Tous ces siècles sans
autres compagnons que ces Nephilim que tu as soi-disant si noblement
pourchassés ?…
Raffe
continue de l’ignorer. Il se contente de caresser mes cheveux en se
balançant doucement d’avant en arrière comme s’il essayait
d’endormir un enfant.
— Combien
de temps as-tu tenu ? demande Uriel. Tu l’as repoussée ?
Tu lui as dit qu’elle avait aussi peu de valeur pour toi que
les autres animaux ? Oh, Raffe, tu crois qu’elle est morte en
pensant que tu n’en avais rien à faire d’elle ? Quelle
tragédie… Tu dois vraiment te sentir complètement démoli.
Raffe
lui lance un regard assassin.
— Je
t’interdis de parler d’elle !
Uriel
fait un pas en arrière malgré lui.