Silence Hollingbrook aime tous les enfants dont elle s'occupe à l'orphelinat, mais sa préférence va pour Mary Darling, qu'elle a élevée comme sa fille. Un jour, l'enfant est enlevée...
Silence
Hollingbrook aime tous les enfants dont elle
s'occupe à l'orphelinat, mais sa préférence va pour Mary
Darling, qu'elle a élevée comme sa fille.
Un jour, l'enfant est enlevée... pas Mickey
O'Connor,
un voleur sans foi ni loi, qui prétend en être
le père ! Si Silence ne veut pas être séparée de Mary, elle doit
accepter d’habiter chez Mickey, celui qui, neuf
mois plus tôt, l'a compromise et a brisé son mariage...
J'adore
Mme Hoyt, elle a été de celles qui ont déniaisé le genre de la romance historique. Ces personnages sont loin d'être
manichéens. C'est la cas ici. Mickey (elle aurait pu par contre se
passer de ce prénom) est un héros assez répulsif dans les deux
premiers tomes de la série. Il a détruit la vie de Silence par jeu et
ne le regrette pas. C'est donc un personnage peu attachant mais qui
se rachète pour devenir un vrai chevalier.
Tout l'intérêt du roman
réside donc dans cette rédemption. J'aime donc ce livre pour cette
raison mais quand le tigre devient un bon matou à la fin, le livre
perd toute sa saveur.
— Pourquoi
gardez-vous tous ces trésors dans une même pièce? demanda-t-elle.
Vous ne craignez donc pas les voleurs?
Mickey
sourit.
— Vous
croyez qu'on viendrait me cambrioler chez moi?
Elle
rougit.
— Non,
bien sûr. Mais vos hommes pourraient être tentés.
— Je
les paie bien, répliqua Mickey. Mieux, en tout cas, qu'ils ne
pourraient l'espérer partout ailleurs dans Londres. S'ils étaient
quand même tentés. Cela vous surprendra peut-être, mais je suis
réputé violent.
Silence
frissonna.
— Je
sais.
Mickey
était conscient que sa violence la mettait mal à l'aise. Mais comme
il ne pouvait changer sa nature, il préféra penser à autre chose.
— Quant
à la question de savoir pourquoi j'empile tous mes trésors dans une
même pièce, avouez que le résultat ne manque pas d'être
impressionnant.
— Alors,
c'est la seule raison? Pour impressionner les gens?
Mickey
la dévisagea quelques instants, avant de décider qu'il pouvait bien
tout lui dire.
— Je
vous ai parlé de mon enfance. Du fait que j'avais été contraint de
mendier pour gagner de quoi manger.
Elle
hocha la tête, incertaine.
— Eh
bien, dès que j'ai rapporté mon premier butin, je me suis juré que
je n'aurais plus jamais à mendier quoi que ce soit.
Elle
écarquilla les yeux.
— Mais
c'était il y a longtemps. Depuis, vous êtes devenu riche.
— Est-on
jamais assez riche?
— Oh,
Mickael.
Une
lueur de compassion - pour lui - brillait dans ses prunelles.
Il
en fut si ému qu'il s'approcha d'elle avec l'intention de la prendre
dans ses bras.
Mais
au même moment, deux de ses hommes entrèrent.
Ravalant
un juron, Mickey leur indiqua le coffre.
— Portez
ça dans sa chambre, leur ordonna-t-il, et, se tournant vers Silence,
il ajouta: Soyez prête pour 19 heures, ce soir.
Et
tandis qu'il quittait la pièce, il se demanda s'il pourrait survivre
à l'épreuve qu'il s'infligeait: courtiser une veuve chaste.
L'extrait :
— Que
c'est romantique, tonna une voix.
Le
Vicaire et une demi-douzaine de ses hommes venaient de sortir de la
prison juste derrière le petit groupe formé par Silence, Harry et
Bert.
Harry
n'eut pas le temps de pivoter qu'il se retrouva cloué au sol. Bert
recula comme deux hommes braquaient leur pistolet sur lui. En un clin
d'œil, Charlie referma la main sur la nuque de Silence comme s'il
s'agissait d'un chien. Elle tenta d'agripper les doigts qui la
meurtrissaient, et chercha, affolée, le regard de Mickael.
— C'est
ta dame, Mickey? demanda le Vicaire. Non. Non.
Du
sang coulait de la tête d'Harry, mais il essayait de se redresser,
preuve qu'il était conscient. Bert, toujours sous la menace des deux
pistolets, n'était pas en mesure d'aider Silence.
— Elle
ne m'est rien, mentit Mickael, s'efforçant de contrôler sa voix.
Laisse-la aller, Charlie.
— Oh,
je le ferai peut-être un jour! répliqua le Vicaire. Mais je vais
d'abord lui apprendre à me servir convenablement. Après tout, ta
mère est morte, Mickey. J'ai besoin d'une remplaçante. Et puis,
j'ai patiemment attendu ce moment depuis ton arrestation, histoire
que tu le savoures pleinement.
Mickey
sentait un flot de bile lui monter à la bouche. Il croisa le regard
de Silence. Elle avait peur, visiblement, mais elle avait retrouvé
son calme.
— Je
t'aime, Mickael.
Mickey
ferma brièvement les paupières, avant de foudroyer le Vicaire du
regard.
— Dis
ton prix. N'importe lequel.
Le
visage de Charlie se déforma dans une parodie de sourire.
— J'ai
déjà mon prix, mon garçon. Ta mort et ta femme. Je prendrai
peut-être aussi ta fille, mais ce sera juste un dessert. Ça,
ajouta-t-il en secouant Silence, c'est mon plat de résistance.
Mickey
rugit et voulut se jeter sur lui, mais l'un des soldats qui
l'entouraient le frappa et il tomba à genoux.
— Vous
allez laisser une dame se faire enlever? leur cria-t-il.
Ils
se tenaient là, aveugles et sourds au drame qui se jouait devant
eux.
Charlie
s'esclaffa.
— Ils
laisseront faire du moment qu'on les paie convenablement. Ceux-là ne
font pas partie des dragons de Trevillion. Ils aiment l'or et se
fichent de savoir d'où il vient. À présent écoute-moi bien: je
serai en train de baiser ta femme à l'instant où tu rendras ton
dernier souffle.
Là-dessus,
le Vicaire fit signe à ses hommes et tourna les talons.
Silence
eut à peine le temps de jeter à Mickey un dernier regard horrifié.
Elle voulut se débattre, mais le Vicaire la secoua brutalement.
Les
soldats obligèrent Mickey à monter dans la charrette cependant que
l'aumônier regardait ostensiblement dans une autre direction. Tous
avaient été soudoyés par Charlie Grady. Si les hommes de Mickey
venaient le secourir à Tyburn, comme prévu, il n'y aurait plus
personne pour aider Silence.
— Allez
prévenir Winter Makepeace de ce qui s'est passé! Cria-t-il à Bert
et à Harry. Dites-lui de prendre mes hommes et de la récupérer.
Dites à l'équipe de renoncer à toute autre mission. C'est compris?
Rien ne doit les retarder pour sauver Silence!
La
charrette s'ébranla. Mickey vit Bert aider Harry à se relever, puis
les deux hommes s'éloignèrent pour exécuter son dernier ordre.
Bert le servait loyalement depuis cinq ans, mais Bran aussi l'avait
servi loyalement, jusqu'à ce qu'il décide de trahir. Or,
maintenant, Mickey partait pour le gibet. Il n'aurait aucun moyen de
récompenser Bert pour sa loyauté. Celui-ci le savait, et pouvait
très bien choisir de fuir.
Et
Silence le paierait au prix fort.
L'extrait :
Quand
Silence vit Mickael
faire irruption dans la chambre, elle crut d'abord qu'elle était
devenue folle. Les terribles événements de ces dernières heures
avaient dû lui altérer l'esprit pour qu'elle s'imagine que son mari
était là devant elle, vivant.
Puis
il ouvrit la bouche.
— Je
suis désolé, dit-il d'une voix râpeuse qu'elle ne lui connaissait
pas.
Bondissant
sur ses pieds, Silence se jeta dans ses bras et l'étreignit de
toutes ses forces.
— Je
suis désolé, répéta-t-il. Pardonne-moi, Silence. Je suis
tellement désolé.
Elle
voulut capturer ses lèvres, mais il s'écarta, et elle découvrit,
sidérée, qu'il avait les larmes aux yeux.
— Je
le tuerai, ne t'inquiète pas. Mais s'il te plaît, ne renonce pas à
nous. Je m'occuperai bien de toi, et tu guériras, je te le promets.