Je
te veux.
Je te prendrai à n'importe quel prix
- à tous les prix -
même si ce n'est pour toi qu'une vengeance contre mon cousin.
- à tous les prix -
même si ce n'est pour toi qu'une vengeance contre mon cousin.
Après des années à souffrir d’un amour sans retour, Blay a fini par renoncer à Qhuinn. Il était temps ! Parce que le mâle s’est trouvé une femelle idéale, une Elue, avec laquelle il va avoir un enfant. La réalisation de son vœu le plus cher. Blay trouve la proximité du couple difficile, mais vivre dans l’utopie ne peut que provoquer de douloureux réveils. Il en a déjà fait l’expérience.
Le destin semble donc avoir définitivement séparé les deux soldats vampires… mais la bataille autour du trône s’intensifie et de nouveaux arrivants à Caldwell représentent un danger mortel pour la Confrérie. Quand Qhuinn découvrira la véritable définition du courage, deux cœurs faits l’un pour l’autre pourront enfin fusionner...
Bon,
je viens de le finir et j'en suis encoure toute chamboulée.
Un
maelström de sentiments mais celui qui domine c'est la tristesse
d'avoir refermée la dernière page d'un aussi génialissime opus.
L'histoire
de Blay et Qhuinn était sacrément attendue. Elle a mis sur le devant de
la scène, la romance M/M et cela m'a permis pour ma part de connaître ce
genre nouveau - que j'apprécie beaucoup.
Mais
cela serait trop restrictif de cantonner ce livre dans cette case.
L'histoire de ce couple fonctionne parce qu'elle est belle, juste,
magnifique et émouvante. Elle est un accomplissement logique mais
douloureux pour nos deux guerriers.
Je
garderai aussi en tête l'émergence de deux couples qui me plaisent
énormééééément : Xcor/ Layla et Assault / Sola.
A
mon avis le premier couple va nous tenir en haleine sur plusieurs
tomes comme Blay et Qhuinn avant eux. Je suis impatiente de savoir à
quelle sauce va les faire mijoter Mme Ward. J'en tremble pour eux ;
)
Il
y a aussi le couple Assault / Sola que je n'attendais pas et qui m'a
franchement captivé.
Dire
que j'attends IMPATIEMMENT le tome suivant serait juste un
euphémisme.
Je décompte les jours !
Xcor
venait d’apparaître, debout, les bottes plantées sur la route
droit devant… un corps énorme vêtu de cuir sombre qui semblait
absorber la lumière comme un trou noir.
— Non !
Cria-t-elle. Non !
Elle
ignorait au juste à qui elle s’adressait – ou ce qu’elle niait
–, mais elle était sûre d’une chose, surtout quand il se mit en
marche, avançant, un pas après l’autre : elle sut que le
soldat n’était pas né de son imagination ou de ses terribles
désirs. Il était bien là.
Mets
la voiture en route, se dit-elle. Mets-la en route.
Appuie sur l’accélérateur et sauve-toi.
De
la chair et des os, même aussi terrifiants et féroces que ceux de
ce mâle, ne résisteraient pas à l’impact d’une telle masse
métallique.
Il
était de plus en plus proche.
— Non,
feula-t-elle.
C’était
bien le visage dont-elle se souvenait : symétrique, de hautes
pommettes, des yeux étroits et un froncement permanent entre les
deux sourcils très droits. La lèvre supérieure était déformée,
au point que le guerrier paraissait toujours grogner. Et son corps…
son corps se mouvait comme celui d’un animal sauvage ; ses
épaules se gonflaient d’une puissance qu’il contenait à peine ;
ses lourdes cuisses le portaient en avant avec la promesse d’une
force brutale.
Et
pourtant… elle n’avait pas peur.
— Non,
gémit-elle.
Il
s’arrêta quand il fut à quelques pas devant de la voiture, les
pans de son long manteau de cuir flottaient de chaque côté de lui,
ses armes brillaient de reflets. Il avait les bras ballants, mais ça
ne durera pas. Il leva les mains, avec des gestes lents…
Pour
enlever quelque chose dans son dos.
C’était
une arme à ce qu’elle en vit – qu’il déposa sur le capot.
Ensuite,
ses mains, si puissantes et protégées par des gants de cuir
s’affairèrent à l’avant de son torse… Le mâle ôta deux
revolvers de sous son manteau, puis les dagues qu’il portait dans
des harnais en travers de la poitrine. Une longueur de chaîne. Et
quelque chose qui renvoya de vifs éclats, mais Layla ne sut en
déterminer la nature.
Il
déposa le tout sur la Mercedes.
Puis
il recula d’un pas. Il leva les bras, les écartant de lui. Et fit
un tour complet sur lui-même, lentement.
Layla
avait le souffle court.
Elle
n’était pas de nature guerrière. Ne l’avait jamais été. Mais
d’instinct, elle sut que dans le code d’un combattant, se
désarmer entièrement face à autrui était une vulnérabilité
rarement accordée. Le soldat demeurait létal, bien entendu – un
mâle de sa corpulence, avec son entraînement, était capable de
tuer même à mains nues.
Cependant,
il s’offrait à elle.
Lui
prouvant sans équivoque possible qu’il ne lui voulait aucun mal.
Les
mains de Layla se déplacèrent toutes seules vers les boutons
d’accès des portières, à côté d’elle. Elles se figèrent.
Par contre, elle-même ne restait pas immobile : elle respirait
lourdement, comme si elle était en pleine course, son cœur battait,
la sueur perlait à sa lèvre supérieure…
Elle
déverrouilla les portes.
Que
la Vierge Scribe l’assiste… ! Elle déverrouilla les portes.
Lorsque
le bruit se répercuta au-delà de l’habitacle, Xcor ferma
brièvement les yeux ; son expression s’adoucit comme s’il
venait de recevoir un cadeau qu’il n’espérait pas.
Puis
il se mit en marche et fit le tour…
Dès
qu’il ouvrait la portière côté passager, l’air froid se rua à
l’intérieur. Le mâle glissa son corps énorme dans le siège, à
côté de Layla. Il referma la porte avec un claquement sec, puis se
tourna vers elle. Au même moment, elle accomplissait le même geste.
Grâce
à la lampe intérieure, elle le vit mieux. Il respirait lourdement
lui aussi, son énorme poitrine s’activait comme un soufflet de
forge ; il avait la bouche légèrement entrouverte. Il
paraissait sauvage et primitif, ses traits ayant perdu leur fin
vernis de civilisation – pour dire la vérité, c’est comme si ce
vernis n’avait jamais existé. Layla sut que d’autres auraient
trouvé le mâle hideux à cause de sa difformité, mais à ses yeux…
il était magnifique.
Ce
qui était un péché.
— Vous
êtes vraiment là, dit-elle, comme pour elle-même.
— Oui.
Sa
voix puissante aux fortes sonorités fut pour elle une caresse
auditive. Mais alors, la tonalité changea, comme s’il souffrait –
lorsqu’il lui dit :
— Vous
portez un jeune.
— En
vérité.
À
nouveau, il ferma les yeux ; on aurait cru qu’il venait de
recevoir un coup violent.
— Je
vous ai vue, chuchota-t-il.
— Quand ?
S’étonna-t-elle.
— À
la clinique. Il y a quelques nuits. J’ai cru qu’ils vous avaient
frappé.
— La
Confrérie ? Mais pourquoi…
Quand
il ouvrit les yeux, elle lut tant de douleur dans ses prunelles
sombres qu’elle aurait voulu le réconforter – d’une manière
ou d’une autre.
— À
cause de moi, répondit-il. Je n’ai jamais voulu vous mettre dans
une telle position. Je ne l’aurais pas fait. La guerre devrait vous
être épargnée. Jamais… mon lieutenant n’aurait jamais dû vous
impliquer ainsi. (Sa voix devenait de plus en plus profonde.) Vous
êtes innocente. Même moi, qui suis sans honneur, je l’ai reconnu
instantanément.
S’il
était sans honneur, pensa-t-elle, pourquoi venait-il de se désarmer
pour l’approcher ?
— Avez-vous
un compagnon ? Demanda-t-il d’une voix cassée.
— Non.
Il
montra les dents, lèvres retroussées, exhibant des canines
effrayantes.
— S’il
s’agit d’un viol…
— Non.
Non, non… C’était mon choix. J’ai librement accepté ce mâle.
(Elle posa la main sur son abdomen.) Je voulais un jeune. Quand j’ai
senti venir mon appel, la seule chose que j’ai eue à l’esprit,
c’est combien je voulais devenir mère et avoir une famille en
propre.
Les
yeux étrécis du mâle se refermèrent. Il leva jusqu’à son
visage sa main calleuse et cacha sa bouche abîmée avant de
marmonner :
— J’aurais
souhaité…
Quand
il s’interrompit, elle insista :
— Oui ?
— …
être
digne de vous servir durant votre appel. Afin de vous donner ce que
vous désiriez.
Une
fois de plus, Layla dut lutter contre son impulsion de tendre la main
pour le toucher et le consoler à sa façon. Il réagissait avec tant
de franchise, il souffrait tellement… Elle avait la sensation de
ressentir sa douleur chaque fois qu’elle pensait à lui.
— Dites-moi
au moins qu’ils vous traitent bien… reprit le guerrier. Malgré
l’aide que vous m’avez apportée.
— Oui,
chuchota-t-elle. Ils me traitent parfaitement bien.
Il
enleva sa main, puis, sous le coup du soulagement, laissa tomber sa
tête en arrière.
— Tant
mieux. Vraiment. J’aimerais que vous me pardonniez d’être venu
vous retrouver ce soir. Je vous ai sentie et je n’ai pu résister à
mon désir de vous revoir.
Comme
s’il était attiré par elle. Comme s’il… la voulait.
Ô
douce Vierge de l’Au-delà ! Elle sentait son corps
s’enflammer de l’intérieur.
Le
mâle détourna la tête vers la vitre, ses yeux cherchant l’arbre
dénudé qui se dressait au milieu des champs, sur la colline…
— Pensez-vous
parfois à cette nuit ? Demande-t-il à mi-voix.
Layla
baissa les yeux sur ses mains.
— Oui.
— Et
vous en souffrez, n’est-il pas vrai ?
— Si.
— Moi
aussi. Je garde votre souvenir à l’esprit. Toujours. Mais
j’imagine qu’il s’agit pour moi d’une raison différente de
la vôtre.
Lorsque
Layla inspira profondément, elle sentit à nouveau le battement de
son cœur résonner à ses oreilles.
— Je
ne suis pas certaine… que ma raison soit si différente de la
vôtre.
Elle
devina qu’il tournait la tête vers elle d’un mouvement brusque.
— Qu’avez-vous
dit ? Haleta-t-il.
— Je
crois… que vous m’avez parfaitement entendue.
Instantanément,
un élan vital jaillit entre eux, réduisant à néant l’espace qui
les séparait. Aucun des deux n’avait bougé – pourtant, ils
s’étaient rapprochés.
— Devez-vous
être leur ennemi ? Dit-elle, exprimant à voix haute de ses
pensées intimes.
Il
y eut un très long silence.
— À
présent, il est trop tard. Ce qui a été accompli ne peut être
effacé, ni par des mots, ni par des serments.
— Je
souhaiterais pourtant que ce soit le cas.
— En
cette nuit, en ce moment… je le souhaiterais aussi.
Cette
fois, ce fut Layla qui tourna vivement la tête vers lui.
— Peut-être
existe-t-il un moyen… commença-t-elle avec ferveur.
Il
tendit le bras et, du bout d’un doigt posé délicatement sur ses
lèvres entrouvertes, il la fit taire.
Il
concentra ensuite toute son attention sur la bouche de Layla ;
un grondement presque imperceptible émana de lui… mais il ne
s’autorisa pas longtemps cette réaction. Il se reprit, le son
s’éteignit, comme si le guerrier ne voulait pas faire porter un
fardeau à sa compagne.
Peut-être
aussi craignait-il de lui faire peur.
— Tu
fais partie de mes rêves, murmura-t-il. Chaque jour, tu me hantes.
Ton odeur, ta voix, tes yeux… cette bouche.
Il
fit pivoter sa main et effleura de son pouce calleux la lèvre
inférieure de Layla.
Elle
ferma les yeux et s’offrit à cette caresse, sachant bien qu’elle
n’obtiendrait jamais rien d’autre de lui. Ils étaient dans des
camps opposés de cette guerre. Bien qu’elle en ignore les
spécificités, elle avait entendu suffisamment de réflexions au
manoir pour savoir que le guerrier avait raison.
Il
ne pouvait effacer ce qu’il avait commis.
Ce
qui signifiait qu’ils allaient le tuer…
— Je
n’arrive pas à croire que tu me laisses te toucher, dit-il d’une
voix devenue rauque. Je m’en souviendrai durant toutes les nuits
qu’il me reste à vivre.
Elle
en eut les yeux noyés de larmes. Très chère Vierge Scribe !
Toute sa vie, elle avait attendu un tel moment…
Il
remonta son pouce et lui essuya les joues.
— Ne
pleure pas. Tu es si belle… tu es une femelle de valeur. Ne pleure
pas.
Si
quelqu’un avait dit à Layla qu’un guerrier aussi primitif était
capable d’une telle compassion, elle ne l’aurait pas cru. Et
pourtant, c’était le cas. Envers elle, il l’était.
— Je
dois m’en aller, déclara-t-il tout à coup.
D’instinct,
elle faillit le supplier d’être prudent… mais dans ce cas, elle
aurait pris le parti d’un ennemi du roi, de celui qui tentait de le
détrôner.
— Ma
belle Élue, sache-le, si tu as besoin de moi, je serai toujours là
pour toi.
Il
sortit quelque chose de sa poche – un téléphone. Il l’orienta
vers elle afin qu’elle puisse en voir l’écran. Puis il l’activa
et appuya sur un bouton.
— Peux-tu
déchiffrer ce numéro ?
Layla
cilla et força ses yeux à se concentrer.
— Oui.
Certainement.
— C’est
le mien. Tu sais désormais comment me joindre. Et si ta conscience
exige que tu donnes ce renseignement à la Confrérie, je le
comprendrai.
Elle
réalisa alors que lui ne pouvait lire ce numéro. Et il ne
s’agissait pas d’un défaut de sa vision.
Quel
genre de vie a-t-il menée ? pensa-t-elle tristement.
— Porte-toi
bien, ma belle Élue, dit-il encore.
Lorsqu’il
la regarda, ses yeux étaient ceux d’un amant – mieux encore,
ceux d’un hellren.
Il
sortit ensuite sans ajouter un mot. À l’avant la voiture, il
récupéra ses armes et les remit tout autour de lui-même…
Avant
de se dématérialiser dans la nuit.
L'extrait :
Au
Boudoir écarlate - page facebook
« — Alors, comment ça se passe, mon grand ?
Lorsque Qhuinn enregistra la voie de Rhage, il était évident que le Frère vérifiait que tout le mélodrame était bel et bien terminé. C’était inutile. En entendant l’ordre de Blay d’arrêter les conneries, Qhuinn avait instinctivement obéi, c’était comme si l’autre mec avait activé une télécommande sur sa TV interne.
(Contexte
: Qhuinn a failli mourir dans un accident d’avion et il s’est
promis d’avouer ses désirs et ses sentiments à Blay. Au manoir,
il s’est rendu compte que Saxton a trompé Blay sans savoir qu’ils
ont en fait rompu et il le tabasse. Furax, Blay pénètre dans la
chambre de Qhuinn…)
« — Alors, comment ça se passe, mon grand ?
Lorsque Qhuinn enregistra la voie de Rhage, il était évident que le Frère vérifiait que tout le mélodrame était bel et bien terminé. C’était inutile. En entendant l’ordre de Blay d’arrêter les conneries, Qhuinn avait instinctivement obéi, c’était comme si l’autre mec avait activé une télécommande sur sa TV interne.
Les gens s’agglutinaient, alpaguant Qhuinn et se méfiant manifestement il ait encore envie de sauter sur Saxton pour se remettre à l’étrangler.
— Tu es calmé ? Insista Rhage.
— Ouais, ouais, ça va.
L’étau d’acier qui lui comprimait la poitrine se souleva, puis peu à peu s’écarta. Ensuite, une énorme main lui frappa l’épaule et l’avertit.
— Fritz déteste trouver des cadavres dans le grand hall.
— L’avantage avec la strangulation, souligna quelqu’un, c’est que ça ne laisse aucune trace de sang. C’est bien plus facile à nettoyer.
— Il suffit d’un petit coup de cirage, plaisanta à un autre.
Il y eut à ce moment-là un silence pesant.
— Je monte à l’étage… (Et quand tout le monde le fixa avec des yeux attentifs, Qhuinn secoua la tête.) Je ne recommencerai pas, je le jure sur…
Bordel, sur quoi ? Il n’avait plus ni mère, ni père, ni frère, ni sœur… il n’avait pas de jeune – mais de ce côté-là, c’était juste un « pas encore ».
— Je ne le ferai pas, d’accord ?
Il n’attendit pas de commentaire, il ne voulait vexer personne, mais après un
crash en avion et une tentative de meurtre sur un des rares membres de sa famille qui lui restait, il considérait en avoir assez pour la nuit.
Avec un juron, il se mit à escalader les escaliers – et se souvint tout à coup qu’il lui fallait encore faire une petite étape chez Layla.
Aussi, en haut des marches, il tourna à droite et avança dans le couloir jusqu’à la chambre d’ami où s’était installée l’Elue, puis il frappa doucement à la porte.
— Layla ?
Malgré le fait qu’ils allaient avoir un jeune ensemble, il ne se sentait pas le droit de pénétrer dans sa chambre sans y avoir été invité.
Il recommença à taper sur le panneau, un peu plus fort, tout en haussant la voix :
— Layla ?
Sans doute dormait-elle.
Tournant les talons, il retourna jusqu’à sa chambre, en passant devant le
bureau de Wrath dont les portes étaient fermées, puis il traversa le couloir aux statues. Quand il fut devant la porte de Blay, il ne put s’en empêcher, il s’arrêta et fixa ce foutu panneau.
Merde, il avait failli tuer Saxton.
Il avait envie de terminer ce qu’il avait commencé.
Il avait toujours su que son cousin était une pute – et il détestait vraiment avoir eu raison. Bordel, mais à quoi pensait Saxton ? Le mec avait dans son lit tous les jours de sa putain de vie le nec plus ultra –
Quel fils de pute !
Il allait retourner démolir Saxton…
— Laisse partir, immédiatement !
De nulle part, la voix de Blay résonna dans sa tête une fois encore et, bien entendu, la violence passa au point mort. En un clin d’œil, il passa du taurea sauvage à la position neutre.
Etrange.
Secouant la tête, il marcha jusqu’à sa chambre, y entra et referma la porte.
Après avoir allumé mentalement, il resta planté là, les pieds englués au sol, les bras pendant à ses côtés comme des cordes inertes, la tête ballante au sommet de son échine dorsale. Il ne savait plus où aller.
Sans raison apparente, il évoqua l’un des bien aimés aspirateurs Dyson de Fritz, ces trucs qu’on roulait dans un placard, qu’on abandonnait dans le noir jusqu’à ce qu’un autre doggen en ait l’usage.
Génial. Il en était réduit au niveau d’un aspirateur.
Il finit par pousser un juron, puis s’ordonna de poursuivre son déshabillage et d’aller se coucher. Depuis le coucher du soleil, la nuit avait été une véritable catastrophe ; la bonne nouvelle était que ce désastre était dorénavant terminé : les volets étaient tombés pour boquer la luminosité du soleil. La maison était tranquille.
Il était temps qu’un petit sommeil paradoxal remette ses neurones à neuf.
En enlevant son débardeur d’un geste prudent, il se mit à grogner parce qu’il avait mal partout. Il réalisa avoir laissé son blouson et ses armes en bas, à la clinique. N’importe. Il en avait d’autres de rechange ici s’il en avait besoin durant la journée. Il pourrait aussi aller récupérer ses affaires avant le premier repas.
Il posa la main sur la fermeture éclair de son pantalon et…
Derrière lui, la porte s’ouvrit avec une telle force que le panneau de bois ricocha contre le mur. Elle fut retenue lors du rebond par la poigne très ferme d’un mâle extrêmement en colère.
Planté au seuil de la porte, Blay était en rogne, son corps tremblait d’une rage que même Qhuinn, qui avait portant affronté pas mal de merdes durant sa vie, en resta… Waouh !
— Qu’est-ce qui déconne chez toi ? Beugla le mâle.
Tu déconnes ou quoi ? pensa Qhuinn. Comment le mec pouvait-il ne pas reconnaître une odeur étrangère sur son amant !
— Je pense qu’il va falloir que tu t’expliques avec mon cousin.
Tandis que Blay faisait un pas, Qhuinn fit un geste pour le contourner…
Blay lui prit le bras en montrant les dents, il feula :
— Tu te barres ?
D’une voix très calme, Qhuinn répondit :
— Non, je ferme juste cette putain de porte pour qu’on ne nous entende pas.
— Je n’en ai rien à branler !
Qhuinn évoqua Layla, à l’autre bout du couloir, qui tentait de dormir.
— Moi si.
Se libérant, Qhuinn alla les enfermer tous les deux ensemble. Ensuite, avant de pouvoir se tourner, il dut fermer les yeux et prendre une petite pause.
— Tu me dégoûtes, dit Blay.
Qhuinn laissa pendre à sa tête.
— Il faut que tu dégages de ma vie. (L’amertume de cette voix familière lui perça le cœur.) Je veux que tu me foutes la paix, bordel !
Qhuinn regarda par-dessus son épaule.
— Tu t’en fous qu’il soit avec quelqu’un d’autre.
Blay ouvrait la bouche, la referma, puis il fronça les sourcils très bas.
— Quoi ?
Oh. Génial.
Dans la pagaille, Blay n’avait manifestement pas réfléchi au « pourquoi ».
— Qu’est-ce que tu as dit ? Répéta Blay.
— Tu m’as parfaitement entendu.
Quand il n’y eut aucune réponse, aucun juron, aucun coup de poing ou jet d’objets, Qhuinn se retourna.
Après un moment, Blay croisa les bras, non pas sur sa poitrine, mais autour de son ventre, comme s’il réprimait une nausée.
Qhuinn se frotta le visage et s’exprima d’une voix cassée :
— Je suis désolé. Bordel, je suis désolé… Ce n’est pas ce que je voulais pour toi.
Blay se reprit.
— Quoi… (Ses yeux bleus se fixèrent sur Qhuinn.) C’est pour ça que tu l’as attaqué ?
Qhuinn fit un pas en avant.
— Je suis désolé… C’est juste… J’ai passé la porte, j’ai surpris l’odeur, et j’ai perdu la tête. Je n’ai même pas réfléchi.
Blay cligna des yeux, comme s’il devait affronter un concept qu’il ne reconnaissait pas.
— C’est pourquoi tu as… mais bordel, pourquoi as-tu fait ça ?
Qhuinn fit un autre pas en avant, puis il se força à s’arrêter – malgré le besoin presque irrépressible qu’il éprouvait de s’approcher du mec. Et tandis que Blay secouait la tête comme s’il avait du mal à bien comprendre la situation, Qhuinn pensa qu’il valait mieux qu’il la boucle.
Pourtant, il ne le fit as.
— Tu te rappelles cette fois, à la clinique, il y a plus d’un an de ça… (Il pointa le sol du doigt au cas où le mec aurait oublié où se trouvait le centre d’entrainement.) C’était avant la première fois où toi et Saxton…
D’accord, pas question de compléter cette phrase, du moins pas s’il comptait garder dans l’estomac la bouffe qu’il venait d’ingurgiter.
— Tu te rappelles ce que je t’ai dit ?
Blay parut troublé, aussi Qhuinn l’aida.
— Je t’ai dit que si jamais quelqu’un ne te traiter pas comme tu mérites de l’être, je l’étriperai à mains nues avant de laisser ses morceaux frire au soleil. (Même lui entendit la façon dont sa voix était devenue un grondement menaçant.) Ce soir, Saxton t’a mal traité, aussi j’ai agi comme je me l’étais promis.
Blay se frotta le visage de la main.
— Bon Dieu…
— Je t’avais prévenu de ce qui arriverait. Et s’il recommence, je ne peux te promettre de ne pas terminer ce que j’ai entrepris.
— Ecoute, Qhuinn, tu ne peux pas… tu ne peux pas faire des conneries pareilles. C’est impossible. Point barre.
— Tu t’en fous ? Il t’a été infidèle. Ça n’est pas bien.
Blay poussa un long et lent soupir, comme s’il était las de porter un fardeau.
— Ne recommence pas, c’est tout.
Désormais, c’était Qhuinn qui secouait la tête. Il ne pigeait pas. S’il avait eu une relation avec Blay et que Blay s’écartait ? Il ne s’en serait jamais remis.
Bon Die, pourquoi n’avait-il pas profité de ce qu’on lui offrait ? Il n’aurait pas dû s’enfuir. Il aurait dû rester en place.
Malgré lui, ses pieds avancèrent encore.
— Je suis désolé…
Tout à coup, il se retrouva à répéter ces mots, encore et encore, en même temps que chacun des pas qui le rapprochait de Blay.
— Je suis désolé… je suis désolé… je suis… désolé…
Bordel, il ne savait même plus ce qu’il disait ou faisait ; il ne ressentait que l’urgence de se repentir de ses péchés.
Il en avait tant commis concernant le mâle si honorable qui se tenait devant lui, raide comme un piquet.
Enfin, il ne resta plus qu’un seul pas à accomplir avant que sa poitrine nue ne touche celle de Blay. La voix de Quinn ne fut plus qu’un murmure :
— Je suis désolé.
Dans l’épais silence qui s’ensuivit, les lèvres de Blay s’entrouvrirent sans que rien ne sorte…
Mais pas de surprise. Plutôt comme s’il ne pouvait plus respirer.
Qhuinn en revint à ce qui s’était passé entre Blay et Saxton.
— Ce n’est pas ce que je veux pour toi, dit-il, dévorant des yeux le visage qui lui faisait face. Tu as assez souffert, et je sais que tu l’aimes. Je suis désolé… tellement désolé…
Blay resta planté devant lui, l’expression figée, les yeux papillonnant comme s’ils ne pouvaient se fixer quelque part. Mais Blay ne s’écarta pas, ne recula pas, ne fila pas. Il resta là… juste là où il était.
— Je suis désolé.
De très loin, Qhuinn regarda sa propre main se lever et effleurer le visage de Blay afin de caresser du bout des doigts sa barbe qui repoussait.
Oh Seigneur, le toucher – sentir la chaleur de sa peau – inhaler cette odeur propre et virile.
— Je suis désolé.
Bordel, mais il foutait quoi là ? Merde… trop tard pour trouver la réponse – il fit un pas en avant et posa son autre main sur une lourde épaule.
— Je suis désolé.
Oh Seigneur, voilà qu’il attirait Blay vers lui, qu’il collait ce corps au sien.
— Je suis désolé.
Il remua une de ses mains et la plaqua sur la nuque de Blay, savourant le contact des cheveux épais qui bouclaient sous ses doigts.
— Je suis désolé.
Blay était tout raide, l’échine dorsale aussi tendu qu’un arc bandé ; il gardait les deux bras serrés autour de sa taille. Pourtant, au bout d’un moment, presque comme s’il ne comprenait pas sa réaction, le mâle commença à se pencher en avant, son poids basculant d’abord imperceptiblement, puis plus franchement.
Avec un brusque élan, Qhuinn enveloppa dans ses bras l’être qui comptait le plus dans sa vie. Ce n’était pas Layla – bien qu’il ressente un bref choc en le réalisant. Ce n’était pas John ou son roi. Ce n’était pas les Frères.
Le mâle devant lui était sa seule raison d’exister.
Et même si ça le tuait que Blay soit épris d’un autre, il comptait bien profiter de ce moment, bordel. Il y avait bien trop longtemps qu’il n’avait pas touché le mec… et jamais, il ne l’avait fait comme ça.
— Je suis désolé.
Prenant la tête de Blay entre ses deux paumes, il l’attira plus près et plaça ce visage contre son cou.
— Je suis désolé.
Voyant que Blay se laissait faire, Qhuinn frissonna. Il respira avec peine et laissa s’exprimer toutes ses émotions afin d’être certain de se souvenir éternellement de ce moment. Et tandis que sa main frottait de haut en bas, apaisante sur son dos muslcé, il faisait ce qu'il pouvait pour réparer l'infidélité de son cousin.
— Je suis désolé.
D’un mouvement preste, Blay secoua la tête, puis il recula. Et s’écarta.
Qhuinn sentit ses épaules s’affaisser.
— Je suis désolé.
— Pourquoi n’arrêtes-tu pas de le répéter ?
— Parce que…
Au même moment, leurs yeux se croisèrent. Qhuinn savait que c’était foutu. Il avait trop souvent déconné avec Blay, il y avait eu trop d’erreurs, trop de malentendus délibérés, trop d’années écoulées, trop de dénis – et toujours de son côté. Il avait eu la frousse bien trop longtemps, alors maintenant, c’était foutu.
Lorsqu’il ouvrit la bouche pour émettre une fois encore les trois mots qui lui brûlaient la langue, le regard de Blay devint dur.
— Je n’ai pas besoin que tu m’aides, d’accord ? Je peux me débrouiller seul.
Boum. Boum. Boum.
Son cœur tapait si fort, Qhuinn se demanda si le foutu organe n’allait pas exploser.
— Tu vas rester avec lui ? Demanda-t-il, hébété. Tu vas…
— Ne recommence pas tes conneries au sujet de Saxton – plus jamais. Tu oublies.
Même si ça le tuait, Qhuinn ne pouvait rien refuser au mec.
— D’accord. (Il leva les deux paumes en signe de reddition.) Je n’y toucherai plus.
Blay hocha la tête pour marquer leur accord.
— Je voulais juste t’aider, dit Qhuinn. C’est tout.
— Tu ne peux rien pour moi, rétorqua Blay.
Seigneur, même s’ils s’affrontaient une fois encore, Qhuinn crevait d’envie d’un contact. Soudain, il vit un moyen de l’obtenir. C’était une proposition à risque, mais elle avait au moins une certaine logique.
Il leva les bras avec les mains en avant, avides de s’accrocher – il les referma sur les épaules de Blay.
— S, je peux t’aider.
— Comment ?
Qhuinn se rapprocha jusqu’à ce que sa bouche effleure l’oreille de Blay. Puis, d’un geste délibéré, il posa sa poitrine nue contre celle de Blay.
— Utilise-moi.
— Quoi ?
— Donne-lui une leçon ! (Qhuinn resserra sa prise et recula légèrement la tête de Blay.) Venge-toi, de la même façon. Avec moi.
Pour rendre son offre limpide, Qhuinn sortit la langue et en caressa la colonne de la gorge de Blay.
Il entendit le mâle feuler en réaction, aussi fort ??
Blay lui balança un coup de poing pour le repousser.
— Bordel, mais tu as perdu l’esprit pu quoi ?
Qhuinn prit en coupe son sexe et ses lourdes bourses.
— Je te veux. Je te prendrai à n’importe quel prix – à tous les prix – même si ce n’est pour toi qu’une vengeance contre mon cousin.
L’expression de Blay passait à toute vitesse entre l’incrédulité et la colère noire.
— Espèce de sombre connard ! Pendant des années, tu m’as envoyé bouler et tu changes d’avis comme ça, quand ça te prend ? Merde, ça ne tourne vraiment pas rond dans ta caboche !
De sa main libre, Qhuinn ne mit jouer avec l’un des anneaux qu’il portait au mamelon – tout en se concentrant sur le bas ventre de Blay. Sous le peignoir qu’il portait, le mâle bandait – à fond. Et le tissu éponge ne pouvait rien faire dissimuler une érection pareille.
— Tu déconnes ou quoi ? C’est quoi ces conneries ?
En temps normal, Blay ne jurat pas – il n’élevait même pas la voix. C’était bandant de le voir aussi énervé, au point de se lâcher.
Les yeux vrillés dans ceux de son pote, Qhuinn se laissa lentement tomber genoux.
— Laisse-moi m’occuper de ce…
— Quoi ?
Il s’inclina et empoigna le tissu du peignoir, tirant en avant.
— Viens ici. Laisse-moi te montre ce que je sais faire.
Blay s’agrippa à la cordelette qui attachait les deux pans de son vêtement et serra fort.
— Tu es devenu dingue ? Qu’est-ce que tu fous ?
Bon Dieu – se retrouver à genoux, dans la posture d’un suppliant, lui parut parfaitement approprié.
— Je veux baiser avec toi. Et j’en ai rien à foutre du « pourquoi » – laisse-moi baiser avec toi…
— Après tout ce temps ? Qu’est-ce qui a changé ?
— Tout.
— Tu es avec Layla…
— Non. Je le dirai aussi souvent que tu auras besoin de l’entendre – je ne suis pas avec elle.
— Elle est enceinte.
— Une fois. J’ai couché avec elle une fois et, comme je te l’ai dit, c’était parce que j’ai besoin d’une famille – et elle aussi. Ça n’a été qu’une seule fois Blay, et ça ne se répètera jamais.
La tête de Blay bascula en arrière, ses yeux se crispèrent comme si on lui enfonçait des pointes de fer sous les ongles.
— Ne me fais pas ça ! Pour l’amour du ciel, tu ne peux pas faire ça…
Sa voix se cassa, l’angoisse qu’il ressentait était un triste rappel de tous les problèmes que Qhuinn avait causés.
— Pourquoi maintenant ? reprit Blay ? C’est peut-être toi qui veux te venger de Saxton ?
— Rien à branler de mon cousin ! Pour moi, il ne compte pas. Si tu étais seul, je serai quand même sur ce tapis, à genoux, à t’attendre. Je veux te baiser. Même si tu avais une compagne femelle, même si tu sortais avec tout ce qui est baisable sur la planète, même si tu étais dans un million de situations différentes… je serais quand même là, à tes pieds, à te supplier de me donner quelque chose, n’importe quoi – au moins une fois, même si c’est tout ce que tu as pour moi.
Une fois encore, Qhuinn tendit la main. Il passa sous le peignoir, caressa une jambe forte et musclée… Blay fit un pas en arrière. Qhuinn sut alors qu’il avait perdu ma bataille.
Merde, il allait foirer sa seule chance s’il ne réussissait pas…
— Ecoute, Blay, j’ai fait un max de conneries dans ma vie, mais je suis toujours resté lucide. Cette nuit, j’ai failli y rester – et ça fait sacrément réfléchi un mâle. Là-haut, dans cet avion, à regarder l’obscurité autour de moi, j’ai vraiment cru que je ne m’en sortirai pas. Alors, tout est devenu limpide pour moi. C’est pour ça que je veux être avec toi.
En vérité, ça faisait bien plus longtemps qu’il l’avait réalisé – biiiien avant l’accident du Cessna – mais il espérait convaincre Blay avec cette explication.
Ce fut sans doute le cas. En réponse, le mec vacilla sur ses jambes, comme s’il allait s’écrouler – ou s’en aller. Qhuinn n’avait aucune idée de ce qui suivrait.
Il s’efforça donc de continuer à parler.
— Je suis désolé si j’ai perdu tant de temps – et si tu ne veux plus de moi. Je comprends. Je vais te foutre la paix – je vivrai en assumant les conséquences de ce que j’ai fait. Mais pour l’amour du ciel, s’il y a encore une chance… quelle que soit la raison que tu aies – vengeance, curiosité… merde, même si ta seule raison d’accepter que je te baise est le plaisir de me foutre un pieu dans le cœur, je l’accepterai. Je te veux – à n’importe quel prix. Je te veux.
Pour la troisième fois, il fit une tentative – il tendit la main et remonta d’un geste sinueux le long de la jambe de Blay. Caressant. Suppliant.
— Je paierai n’importe quel prix… je m’en fous…
*****
Penché sur Qhuinn, Blay était conscient de tout ce qui l’entourait d’une façon presque surnaturelle – la sensation de la main de Qhuinn sur l’arrière de sa cuisse, le frôlement du peignoir contre son mollet ; l’odeur du sexe qui s’épaississait dans l’atmosphère.
Il désirait ça depuis tant d’années ; il avait attendu ça toute sa vie – du moins, depuis qu’il avait survécu au change, ce qui lui avait permis de découvrir les pulsions sexuelles. Ce moment était la réalisation ultime de ses innombrables fantasmes, de ses rêves éveillés, de ses désirs les plus secrets.
Et la proposition était sincère. Il ne voyait aucun ombre dans les yeux dépareillés de Qhuinn – aucun doute. Le mâle n’exprimait que bonne vérité toute nue existant dans son cœur, il le savait. Ça ne lui posait même aucun problème de s’exposer ainsi, vulnérable.
Blay ferma brièvement les yeux. La soumission était à l’opposé de tout ce qui définissait Qhuinn en tant que mâle. Jamais le mec ne se rendait, il n’abandonnait rien, ni ses principes, ni ses armes ni lui, encore moi. D’un autre côté, cette volteface se comprenait plus ou moins. Affronter la mort avait tendance à pousser un être à vouloir régler ses comptes avec le ciel – effacer ses péchés.
Il y avait un seul problème : Blay sentait bien que ça n’allait pas durer. C’était bien gentil d’avoir une révélation, mais c’était juste à cause de l’accident d’avion, comme après une attaque cardiaque, sa « révélation » ne fera sûrement pas long feu. Ouais Qhuinn croyait en ce qu’il disait maintenant – il n’y avait aucun doute à cela. Mais c’était difficile à croire que ce sera permanent.
Qhuinn était qui il était. Et très bientôt, après que le choc soit passé – peut-être à la nuit tombée, peut-être la semaine prochaine, peut-être le mois prochain – il redeviendrait lui-même : un mâle fermé et lointain, distant.
Une fois sa décision prise, Blay ouvrit les yeux et se pencha, ce qui rapprocha leurs deux visages. Qhuinn entrouvrit la bouche. Sa lèvre inférieure renflée comme si le mâle goutait déjà l’objet de sa convoitise, et qu’il adorait ça.
Merde ! Le guerrier était si beau avec son torse puissant brillant sous la lumière des lampes, sa peau portant déjà le voile de sueur de l’excitation sexuelle ; ses mamelons percés montaient et descendaient au rythme de sa respiration, au battement de son sang échauffé.
Blay caressa de la main les muscles sinueux du bras de Qhuinn qui reliait leurs deux corps, depuis l’épaisseur ferme de l’épaule jusqu’à la bosse lourde du biceps, les sillons du triceps.
Il écarta la paume posée sur sa cuisse.
Et recula d’un pas.
Qhuinn blêmit au point que son teint devint cendreux.
Dans le silence, Blay ne dit pas un mot. Il ne le pouvait pas – il avait perdu sa voix.
Les jambes tremblantes, vacillantes, il recula jusqu’à heurter le panneau de la porte, et chercha en tâtonnant à en trouver la poignée. Il lui fallut un moment pour avoir suffisamment de coordination psychomotrice pour réussir à la faire tourner. Une fois la sortie ouverte, il quitta la chambre. Il n’aurait pu dire sil referma la porte en la claquant ou pas.
Il ne put aller loin. Il n’avait avancé que d’un mètre en direction de sa chambre quand il s’écroula en arrière, contre la froideur lisse du mur du couloir.
Pantelant. Il était pantelant.
Et tous ses efforts ne lui servaient à rien. Il suffoquait, la poitrine serrée, et son état s’aggravait. D’un seul coup, son champ de vison ne fut plus que des carrés noirs et blancs – comme un jeu d’échec.
Il comprit qu’il était sur le point de perdre conscience, aussi il s’accroupit, dos au mur, et mit la tête entre ses genoux. Malgré son cerveau embrumé, il pria désespérément pour que personne ne passe dans le couloir. Il ne voulait pas avoir à expliquer un truc pareil : il bandait comme un malade devant la porte de Qhuinn, tout tremblant – comme s’il vivait un petit tremblement de terre personnel.
— Oh bon Dieu !
Cette nuit, j’ai failli y rester – et ça fait sacrément réfléchi un mâle. Là-haut, dans cet avion, à regarder l’obscurité autour de moi, j’ai vraiment cru que je ne m’en sortirai pas. Alors, tout est devenu limpide pour moi.
— Non, dit Blay à haute voix. Non…
Il laissa tomber sa tête dans ses mains, il essaya de réfléchir de façon cohérente, d’agit de façon sensée. Il ne pouvait poursuivre cette histoire.
Ces yeux dépareillés et magnifiques, si brûlants, étaient de ceux qui deviennent légendaires.
— Non ! Haleta =-t-il.
Et tandis que sa voix résonnait dans son crâne, il résolut d’écouter ses conseils. Plus de risque. Cette histoire devait s’arrêter là.
Bien longtemps auparavant à cause de ce mâle, il avait perd son cœur.
Il se refusait à perdre aussi son âme.
***
Une heure après, ou deux peut-être, ou davantage… Qhuinn se retrouva étendu u entre ses draps frais à contempler dans le noir un plafond qu’il ne voyait pas.
Blay avait-il ressenti lui aussi cette douleur atroce qui le déchirait ? Par exemple, après ce rejet dans le sous-sol de chez ses parents – quand Qhuinn se préparait à quitter Caldwell et qu’il avait tranché sans ménagement ne plus vouloir aucun lien désormais entre eux deux ? Ou peut-être cette autre fois, lorsqu’ils s’étaient embrassés à la clinique, quand Qhuinn avait refusé d’aller plus loin ? Ou encore cet ultime affrontement, lorsqu’ils avaient vraiment failli passer à l’acte – juste avant la première sortie en tête à tête de Blay avec Saxton ?
Il avait été sacrément minable. Vide. Sans âme.
Tout comme cette chambre – sans lumière, un espace vide comprimé entre quatre murs et un plafond. Ou un sac de peau avec un squelette, ce qu’il était.
Il bougea la main et la plaça sur son cœur, juste pour se rassurer que l’organe battait toujours.
Merde, le destin avait une foutue façon de vous coller une leçon quand il le fallait, quand vous deviez apprendre même sans en être conscient. Après le choc, bien sûr les choses étaient bien plus claires. Qhuinn avait passé bien trop de temps à ne penser qu’à son petit nombril – à ses défauts, ses échecs vis-à-vis de sa famille ou la société. Bien trop longtemps, il n’avait été qu’un bordel de complications emmêlées. Et Blay, qui tenait à lui, s’était trouvé emporté dans le vortex.
Mais lui, avait-il jamais aidé son meilleur ami ? Oui, qu’avait-il accompli pour lui ?
Blay avait eu bien raison de le planter ce soir, de quitter sa chambre. Qhuinn avait offert trop peu – et trop tard. N’y avait-il pas un dicton pour ça ? « Les batailles perdues se résument en deux mots : trop tard. » Et ce n’était pas comme si Qhuinn offrait la moindre chance de gagner. Sous la surface, il n’était plus stable. Ni en paix.
Non il le méritait bien.
Une silhouette le glissa en silence dans sa chambre, puis referma la porte.
A l’odeur, il sut instantanément de qui il s’agissait.
Le cœur de Qhuinn se mit à tambouriner et il redressa d’un sursaut sa tête enfouie dans l’oreiller.
— Blay… ?
Il y eut le doux bruissement d’un peignoir qui glissait des larges épaules d’un mâle très grand. Un moment après, le matelas s’enfonça parce qu’un pois, lourd et vivant, appuyait dessus.
Dans la complète obscurité, Qhuinn tendit les mains, et avec une totale précision, ses mains trouvèrent le cou de Blay et s’y accrochèrent de chaque côté, comme si elles avaient été guidées par un instinct inné.
Il ne parla pas. Il craignait trop que les mots ne dissipent ce miracle.
Levant la bouche, il attira celle de Blay jusqu’à elle, et trouva des lèvres de velours qu’il dévora avec un désespoir affamé – qui lui fut rendu. Tout à coup, le passé réprimé lui revint avec force et fureur. Quand il sentit dans sa bouche le gout du sang, il ignora quelles longues canines avaient percé la chair.
Mais bordel, qui s’en souciait ?
D’un geste sec, il renversa Blay et roula sur lui, lui écartant les cuisses pour pousser son corps entre elles, jusqu’à ce que son sexe rigide frotte contre celui de Blay…
Ils gémirent ensemble.
Enivré par cette peau nue, Qhuinn se mit à onduler des hanches en cadence, de haut en bas, malaxant leurs deux queues – cette friction accentuant la passion du baiser brûlant et humide qu’ils partageaient. Mouvement – frénésie – partout – hâte, hâte, hâte – bordel, plus vite… Trop de désir et de faim dévorante... Impossible de réagir de façon sensée. Il ne sentait que l’endroit où ses mains se posaient, ce corps contre lequel il se frottait ou encore… bordel, tant de peau nue… trop de peau, trop de cheveux où s’agripper, trop de…
Qhuinn explosa dans un orgasme brutal qui lui comprima les couilles ; sa queue convulsa entre leurs deux corps, son sperme se répandit partout.
Ce qui ne le ralentit pas le moins du monde.
D’un mouvement nerveux, il s’écarta de la bouche qu’il aurait pu embrasser durant une centaine d’années encore et descendit le long du corps de Blay. Il tomba sur des muscles n’ayant rien à voir avec ceux des autres mecs humains qu’il avait déjà baisés – cette fois, c’était un vampire, un guerrier – un combattant qui s’était entrainé dur et transformé sa chair en une arme non seulement nécessaire mais sacrément létale. Et bon Dieu, c’était badant – mais plus encore, c’était Blay. Enfin, après toutes ces années, il l’avait.
Blay.
Quand Qhuinn fit passer ses fortes canines sur des abdominaux contractés, il trouva son odeur sur la peau de Blay ; c’était comme un marquage, il comprit qu’il avait agi délibérément.
Et il avait bien l’intention de placer ailleurs cette fragrance aux épices sombres.
Il gronda quand ses mains se refermèrent sur le sexe de Blay, encerclant cette dure colonne d’acier. Le mec se cambra dans le lit en poussant un juron qui rebondit sur les murs de la chambre – comme ce rayon de lumière peu de temps auparavant.
Qhuinn se lécha les lèvres, puis il redressa la queue de Blay et baissa la tête de façon à ce que le gland renflé pénètre dans sa bouche. Il aspira profondément tout en se baissant pour engloutir le sexe jusqu’à la garde ; il veilla aussi à détendre complètement les muscle s de sa gorge. En réaction, Blay donna un coup de reins et s’agrippa des deux mains dans ses cheveux en les tirant – fort. Son geste enfonça son sexe plus profond encore, Qhuinn ne pouvait plus respirer mais il n’en avait rien à branler. Qui avait besoin d’oxygène à un moment pareil ?
Positionnant ses deux paumes sous le cul de Blay, il lui souleva le bassin et se mit à le pomper, de haut en bas, le coup rigide de la violence de la cadence qu’il s’imposait. Il avait les épaules qui se contractaient et se détendaient tandis qu’il offrait à Blay exactement ce qu’il lui avait proposé avant que le mec ne s’enfuie de sa chambre.
Il ne comptait pas s’arrêter là d’ailleurs.
Non.
Tout ne faisait que commencer.
****
Tandis que Blay se débattait contre les oreillers sur le lit de Qhuinn, sa tête faillit se décrocher de son échine dorsale. Il ne se contrôlait plus, mais il ne voulait absolument pas ralentir le rythme. Il ondulait ses hanches de haut en bas, sa queue pénétrait dans la bouche de Qhuinn qui le suçait…
Grace au ciel, il n’y avait pas de lumière.
Il n’arrivait pas à gérer ce qu’il éprouvait – c’était trop… aussi leur ajouter un visuel ? Non, il n’aurait pas supporté de…
Son orgasme explosa, lui coupant le souffle, il senti son corps se dissoudre à chaque pulsation de son sexe. Il jouit dans une succession de spasmes violents, littéralement dévoré par cette bouche… oh merde, Qhuinn ne ralentit pas ses sucions, ce qui prolongea sa jouissance ; les vagues d’un plaisir insensé le traversèrent de part en part, inondant son cerveau, descendant jusqu’à ses couilles, ranimant son corps dans un nouvel état d’existence…
Sans le moindre avertissement, il fut brutalement retourné sur le ventre par une main ferme – comme si son corps ne pesait rien. Puis un bras passa sous son pelvis pour le relever et le mettre à genoux. Il y eut une brève accalmie, durant laquelle tout ce qu’il entendit, fut un souffle rauque dans son dos, qui devint plus fort, plus rapide. Quinn étant pantelant…
Quand il entendit Qhuinn jouir, il sut exactement ce qui avait provoqué cet orgasme.
Alors que son corps était encore faible et tremblant d’anticipation, une lourde main atterrit sur son épaule et…
La pénétration fut un marquage, brutal, brûlant, plongeant en lui jusqu’au tréfonds de son être. Il hurla un juron pour qui lui vida les poumons – non parce qu’il avait mal… En fait, si, il avait mal, mais c’était jouissif. Et il n’avait pas davantage crié d’avoir attendu ça durant une éternité – et c’était pourtant bien le cas.
Non, c’était parce qu’il avait la sensation étrange d’être possédé, réclamé, marqué d’un sceau… Ce qui, pour une raison bizarre le rendait…
Un feulement siffla à son oreille, puis une paire de longues canines lui plongea dans l’épaule. Qhuinn resserra sa poigne sur ses hanches, son torse collé au sien à de si nombreux endroits à présent. Et quand le martelage infernal démarra ; Blay dut verrouiller ses molaires, lever les bras pour maintenir le contact entre leurs deux corps et durcir les jambes pour résister à l’assaut.
D’après lui, la tête de lit heurtait violemment le mur. Pendant une brève seconde, Blay évoqua ce lustre qui vibrait dans la bibliothèque, se balançant en rythme, tandis que Layla subissait elle-aussi ce même traitement.
D’un juron, Blay repoussa cette image. Il ne pouvait s‘autoriser à de tels égarements, il ne pouvait pas. Merde, il aurait largement le temps de ressasser tout ce merdier plus tard.
Pour le moment ? C’était le pied, et ça aurait été un vrai désastre de ne pas en profiter.
Le pilonnage continuait ; Blay glissa les paumes sur le drap de coton, cherchant à se repositionner, à rester en place, il poussa fort sur le matelas. Seigneur, ces cris rauques que poussait Qhuinn – chaque grondement envoyant des échos dans les canines plantées dans sa chair. Et les coups de marteau – ouais, c’était bien le bois du lit. Aucun doute.
A nouveau, la pression bouillonnait dans ses bourses, Blay fut tenté d’empoigner son sexe pour se masturber – mais non, aucune chance. Il avait besoin de ses deux bras pour ne pas…
Ce fut comme si Qhuinn lisait dans son cerveau ; sa main glissa sur son ventre et l’empoigna.
Il n’eut rien d’autre à faire, Blay jouit si violement que sa vision se brouilla – il ne vit plus que des millions de petits étoiles qui clignotaient. Qhuinn trouva aussi l’orgasme, ses hanches cessèrent de l’éventrer pour se figer en position, le temps d’un éclair, avant de reculer de quelques centimètres puis de l’empaler davantage encore pour une explosion sismique. Et – waouh – l’association des deux mâles jouissant en même temps était si érotique que Blay s’enflamma une fois encore. Sans temps de pause Pour récupérer, pas le moindre break. Qhuinn recommença à le marteler – en fait, on aurait pu croire que son orgasme l’avait rendu plus exigeant encore, plus violent.
Tandis que le sexe repartait de plus elle – en dépit de toute la force qu’il possédait dans le haut du corps, Blay ne put empêcher d’être éjecté du lit, proprement, il se récupéra de justesse d’une main à la table de chevet pour se pas s’écraser la tronche contre le mur…
Crac.
— Et merde, grommela-t-il d’une voix cassée. La lampe…
Apparemment, Qhuinn se contrefoutait du mobilier ou des bibelots de sa chambre. Le mâle se contenta de tirer en arrière la tête de Blay afin de l’embrasser, plongeant dans sa bouche sa langue et son piercing, léchant et suçant… comme s’il n’en aurait jamais assez.
La tête vide, Blay n’arrivait plus à savoir où il en était avec tout ça. Dans tous ses fantasmes récurrents au cours des dernières années, il s’était toujours représenté Qhuinn comme un amant exigeant, féroce mais ceci… ceci était à un autre niveau.
Aussi, ce fut de très loin qu’il entendit sa propre voix réclamer :
— Mords-moi… Mors-moi encore.
Quelque part au-dessus de sa tête émergea un rugissement qui lui vit vibre les tympans, puis un autre feulement perça l’obscurité tandis que Qhuinn changeait de position, sa masse imposante se tordant afin que ses canines puissent plonger dans la gorge de Blay.
Avec un cri rauque Blay se retrouva le torse plaqué au plateau de la table de chevet, ce qui envoya valdinguer tout ce qui restait posé là-dessus. Sa peau dégoulinante de sueur crissa sur vernis quand il glissa sur la côté, il jeta une main en avant et trouva sous sa paume la dureté nue du plancher de bois. Poussant de toutes ses forces, il réussit à les maintenir en place, Qhuinn et lui. Avoir le mâle qui buvait à sa veine tout en le baisant, c’état dément…
Trop de fois pour pouvoir les compter… jusqu’à ce que tous les oreillers aient été éjectés du lit, les draps déchirés, l’autre lampe fracassée – Blay n’en était pas certains, mais il pensait bien avoir aussi entendu un tableau s’écrouler.
Quand le silence retomba enfin – que tout redevint immobile après tant d’effort, de rage et de passion, Blay avait le souffle court, rauque et difficile, comme s’il se trouvait sous l’eau.
C’était pareil pour Qhuinn.
Blay sentit une humidité s’étendre sur sa gorge, ce qui suggérait que les choses avaient un tantinet dérapé – parce que Qhuinn n’avait pas scellé la plaie ni la veine qu’il venait d’ouvrir. N’importe. Il s’en foutait. Il ne pouvait plus réfléchir. Il refusait de s’inquiéter. Le coma post-coïtal était trop jouissif, trop parfait, pour être gâché par des détails. Son corps, autrefois hypersensible ou anesthésié, brûlant ou tiède, se retrouvait douloureux et rassasié.
Merde, les draps auraient besoin d’un sacré nettoyage. Et Fritz devrait aussi trouver une super glu efficace s’il comptait réparer ces lampes.
Il était où au juste ?
Tâtonnant de la main, il découvrit un tapis, un cache-sommier… le coffre des couvertures. Oh d’accord – ils avaient quitté le lit en baisant ce qui expliquait sans doute le brouillard dans sa tête.
Quand Qhuinn finit par s’écarter de lui, Blay eut envie de le suivre mais son corps refusa, ne désirant plus rien d’autre que rester inerte et inanimé. Peut-être une reconversion en ballot de vêtement, peut-être…
Des mains tendres le soulevèrent et le firent rouler sur le dos en douceur. Puis il y eut d’autres mouvements et Blay se retrouva appuyé contre les oreillers, dûment réinstallés à leur place légitime. Une souple couverture fut enfin placée sur lui, mais que jusqu’à la taille, comme si Qhuinn réalisait que Blay était encore trop secoué pour supporter le moindre poids, tout en sentait un frisson parce que la sueur commençait à sécher sur sa peau.
Il sentit que ses cheveux furent repoussés en arrière sur son front, puis sa tête fut roulée de côté. Des lèvres aussi douces que de la soie embrassèrent doucement la colonne de son cou, léchant et scellant la double entaille qu’il avait réclamée et reçue.
Quand ce fut terminé, il n’empêcha pas Qhuinn de lui faire tourner la tête vers lui. Même s’il faisait un noir absolu, il savait parfaitement à quoi ressemblait le visage qui le fixait sans le voir – les pommettes enflammées, les lourdes paupières mi-closes, les lèvres rougies…
Le baiser qui se posa sur sa bouche expirait de la vénération, un contact aussi léger que l’air tiède et figé de la pièce. C’était le baiser d’un amant, le genre d’attention que Blay avait désiré plus encore que le sexe passionné qu’ils venaient juste de partager…
Une panique soudaine émergea du centre de sa poitrine et résonna en lui, en un clignement d’œil.
Sans qu’il l’ait voulu, il projeta les mains en avant et repoussa Qhuinn loin de lui.
— Ne me touche pas. Je ne veux pas que tu me touche comme ça – jamais.
Il jaillit du lit et atterrit Dieu seul savait où dans la chambre. Errant au hasard, il heurta plusieurs des meubles, puis réussit enfin à s’orienter en voyant un mince rai de lumière qui lui indiqua la sortie.
Il récupéra par terre son peignoir et ne regarda pas derrière lui en sortant.
Il ne pouvait supporter de voir la scène en pleine lumière.
Ça l’aurait rendu trop réelle.
***
Qhuinn finit par allumer mentalement les lampes de sa chambre lorsqu’il ne supporta plus de rester dans le noir.
Aveuglé par la lumière aveuglante qui remplissait l’espace, il cilla plusieurs fois et dut même se protéger les yeux du bras, quand il finit par contrôler ses rétines, il étudia ce qui se passait autour de lui.
Le chaos. C’était le chaos total.
Ainsi, tout était bel et bien arrivé, hein ? Le plus ironique, c’était que dans son crâne, il y avait un tel bordel qu’en comparaison cette chambre paraissait militairement clean et rangée.
Je ne veux pas que tu me touches comme ça – jamais.
Et merde, pensa-t-il en se frottant le visage. Il ne pouvait vraiment pas blâmer le mec.
Pour commencer, il avait eu la délicatesse d’un taureau en rut. D’une boule de démolition. D’un tank blindé. Le problème, c’est que tout avait été excessif, il n’avait pas pu être patient. Il s’était enflammé sous la force d’un instinct aussi pure que de l’octane – et tout aussi instable. Ouais, il avait pris feu – cette séance avait été un pur moyen d’évacuer cette merde..
Oh Seigneur – il avait marqué le mec.
Bordel. C’était vraiment déconnant en sachant que Blay était épris de Saxton… et qu’il comptait retourner dans le lit de son amant en titre.
D’un autre côté, ça arrivait toujours quand un mâle vampire se retrouvait avec celui qu’il désirait plus que tout, surtout quand c’était leur première fois. Toutes les forces de l’enfer se déchaînaient.
Il va sans dire que ça avait été pour lui le meilleur sexe de toute sa vie, cette première fois après une longue série de presque-mais-pas-tout-à-fait. En plus, à la fin, il avait voulu que Blay en soit cosncient.il avait cherché ses mots – et préféré laisser ses lèvres parler pour lui. Une façon détournée de faire son aveu – sa confession.
Maintenant, il était clair que le mâle ne désirait pas un rapprochement de ce genre.
Ce qui creusait en Qhuinn un autre regret encore plus profond.
Baiser pour se venger n’avait rien à voir avec une attirance, c’était juste une opportunité. Blay l’avait utilisé, comme lui-même l’avait réclamé.
Et il se sentait à nouveau vide. C’était pire qu’avant. Cent fois pire.
Incapable de supporter ses émotions, il bondit sur ses pieds et se mit à jurer. Il avait super mal aux reins ce qui était dû… ouais, bordel, ce qui était une des séquelles de son accident d’avions, mais l’exercice de la dernière heure – ou plus – n’avait franchement rien arranger. Ce matraquage, cette excitation, ce bordel qu’il avait foutu dans la chambre…
Merde.
En passant dans la salle de bain, Qhuinn n’alluma pas, mais il n’en avait nul besoin vu que sa chambre était brillamment éclairée. Ça suffisait. Il alluma l’eau de la douche et attendit qu’elle chauffe. Son corps n’était pas en état d’endurer un autre choc.
C’était pathétique, mais il n’avait aucune envie d’enlever l’odeur de Blay de sa peau. Sauf que ça le rendait fou. D’accord, voilà ce qu’éprouvaient les hellren de la maison quand ils devenaient possessifs. Il avait bien envie de se ruer au bout du couloir, faire irruption dans la chambre de Blay et en éjecter Saxton. En fait, il aurait adoré que son cousin voie ça, histoire qu’il sache bien que…
Là, ses pensées déraillaient complètement, et ça lui foutait la trouille. Pour se changer les idées, Qhuinn pénétra dans la cabine de verre et chercha son savon.
Blay avait déjà une relation – et le lui avait plus que clairement exprimé.
Ils venaient de baiser, d’accord, mais sans rien d’émotionnel, sans connexion…
Et lui, dans ce moment de solitude et de vide, il se trouvait à nouveau projeté dans son passé.
Il n’avait qu’à voir cet interlude comme une nouvelle leçon du destin, li balançant ce qu’il méritait.
Tout en se nettoyant, Qhuinn pensa que le savon n‘était pas aussi doux que la peau de Blay, et qu’il ne sentait pas aussi bon – très loin de là. L’eau n’était pas aussi chaude que le sang du guerrier l’avait été… le shampoing n’avait rien d’aussi relaxant. Rien n’en approchait.
Rien ne le ferait jamais.
Quinn tourna la tête pour offrir au jet son visage, il ouvrit la bouche et se retrouva tout à coup espérer que Saxton recommence à déraper – ce qui était pourtant sacrée minable de sa part.
Le problème, c’est qu’il avait un sinistre pressentiment : sa seule chance de pouvoir encore approcher Blay, c’était que Saxton lui soit à nouveau infidèle.
Il ferma les yeux et évoqua ce moment où il avait embrassé Blay, tout à la fin. Il l’avait vraiment embrassé, de tout son être, tandis que leurs bouches se caressaient en douceur après la tourmente. Et son cerveau écrivit alors un autre scénario – où il n’était pas encore dans les cordes qu’il avait lui-même posées. Non, dans son imagination, les choses se terminaient comme elles l’auraient dû, lui caressant doucement le visage de Blay avant d’allumer mentalement les lampes afin qu’ils puissent se regarder dans les yeux.
Dans son fantasme, il embrassait encore son meilleur ami, puis écarta la tête et déclarait :
— Je t’aime.
Sa voix résonna entre les parois vitrées sous le jet d’eau chaude.
— Je… t’aime.
Il ressentit une telle douleur qu’il en ferma les yeux. Il ignorait ce qui dégouttait sur ses joues, était-ce de l’eau ou essentiellement autre chose ? C’était difficile à dire. »