Sophie
Lundgren était bien la dernière personne que Sam Kelly s'attendait
à repêcher blessée dans ce lac...
Kelly Group International (KGI): une entreprise familiale
top-secrète, élite, spécialisée dans les opérations militaires
dont le gouvernement ne veut pas se charger.
La dernière personne que Sam Kelly s'attendait à sauver était bien Sophie Lundgren. Ils avaient vécu une courte mais intense relation alors que Sam était en mission d'infiltration, puis Sophie avait disparu.
Elle a passé les derniers à fuir, sachant que la moindre erreur pourrait lui coûter la vie et celle de l'enfant qu'elle porte. Aujourd'hui, elle refait surface avec une mise en garde pour Sam : c'est lui qui est désormais en danger
La dernière personne que Sam Kelly s'attendait à sauver était bien Sophie Lundgren. Ils avaient vécu une courte mais intense relation alors que Sam était en mission d'infiltration, puis Sophie avait disparu.
Elle a passé les derniers à fuir, sachant que la moindre erreur pourrait lui coûter la vie et celle de l'enfant qu'elle porte. Aujourd'hui, elle refait surface avec une mise en garde pour Sam : c'est lui qui est désormais en danger
(Trad'BdP- Merci à elles!)
Un
très bon deuxième tome...
...qui
confirme tout le bien que je pense de cette série !
Pourtant
je me rappelle avoir eu quelques réticences avec cette auteure.
J'avais lu les deux premiers tomes de sa série Houston Forces
spéciales et un autre de romance historique qui ne m'avait pas
convaincu. Les premiers parce que l'histoire n'était qu'un prétexte
à une dose massive d'érotisme indigeste.
Trois
livres.
Trois
déceptions.
J'avais
commencé cette série en me disant que si je n'accrochais pas à
celle-ci, j'arrêtai de lire cette auteure. « Grand
bien mal m'a pris »
(j'ai pas trouvé de meilleures expressions) car j'ai accroché dès
la première page avec une histoire (car ici il y en avait!). Le
Deuxième est aussi bien.
Les
points forts.
Il
y en a beaucoup.
Le
héros.
C'est un récit très formaté : une fratrie composée d'hommes
sexy, anciens militaires américains ayant de grandes valeurs
conservatrices et le patriotisme chevillé au corps. Chaque tome
place un des militaires sur le devant. Sam est l'aîné de la
famille Kelly. Côté mâle viril, il n'est pas en reste mais le
petit plus des personnages masculins de Maya Banks est une vraie
sensibilité et fragilité dès qu'il s'agit de leur compagne. Ça
m'a fait craquer !!! Et
là d'autant plus que Sam doit veiller sur Sophie et sa petite fille
à naître.
Le
récit.
C'est vraiment rapide. Certes, on est dans la romance mais il y a un
vrai suspense et le
lecteur attend impatiemment le dénouement.
Il faut dire que le méchant est ici particulièrement méchant et
qu'il en veut beaucoup à l'héroïne. Le tout est vraiment mené
tambour battant, c'est haletant et j'ai eu du mal à lâcher le livre
avant de connaître le fin mot de l'histoire.
La
galerie de personnages. Certes,
il y a un couple mais derrière il y a tous les personnages qui
intègrent le monde des Kelly (et il y en a !). Il faut dire que
Mme Kelly a eu six garçons !
Les
points faibles
Je
reprendrai peut-être ce que j'ai dit au début avec un récit très
formaté dès qu'il s'agit des militaires américains. On frôle
souvent la propagande patriotique...
Bref...
J'ai
passé un très bon moment de lecture. Je conseille vraiment cette
série à toutes celles à qui plaisent le romantic suspense
saupoudré d'une bonne dose d'érotisme. Elles se régaleront !
—Tu
étais l'appât. Ils attendaient que je vienne à
toi. Je me suis tenue à distance aussi longtemps que j'ai pu.
Seulement, je suis de plus en plus encombrée et de moins en moins
leste. Sous peu, je serai sans défense. Alors je suis venue te
rejoindre, avec la certitude que tu protégerais au moins ton enfant.
Sam
leva la tête au plafond et ferma les yeux avec exaspération.
—Donc
si tu as gardé tes distances, me cachant l'existence du bébé alors
que vous étiez tous les deux en danger, c'était pour me protéger.
Un
éclat de fureur traversa les prunelles de Sophie. Dans son regard se
mêlaient colère, tristesse et angoisse douloureuse.
—Tu
sais quoi ? Va te faire voir, lui cracha-t-elle au visage, avant de
diriger sa furie contre ses frères : Allez tous vous faire voir.
Elle
roula sur le côté et bouscula Donovan afin de se glisser hors du
lit. Les jambes en coton, elle se serait effondrée si celui-ci ne
s'était pas précipité pour la rattraper.
Elle
refusa néanmoins son aide, dégageant vivement son bras. Sous le
coup de la douleur, elle devint blême, et un voile sembla passer
devant ses yeux bleus.
Sam
traversa la pièce pour lui barrer la route. S'assurant de ne pas
malmener son bras blessé, il attrapa la jeune femme par la taille et
l'attira contre lui.
Elle
tenta de le repousser, mais il tint bon.
—Prépare
la piqûre, ordonna-t-il à Donovan.
—Non
!
Elle
se débattait avec une telle vigueur, qu'il finit par craindre
qu'elle ne se fasse davantage mal.
—Sam,
tu n'as pas le droit de m'obliger à rester. Ils vont me retrouver !
Tu es dingue ? Je comprends que tu te fiches de ce qui peut bien
m'arriver, mais, je t'en supplie, pense au bébé. Ton enfant !
Il
la reconduisit jusqu'au lit et l'obligea à s'y allonger, l'y clouant
de force.
Ses
yeux étaient emplis de larmes, mais, probablement déterminée à ne
montrer aucun signe de faiblesse, elle les retenait farouchement.
Alors
même qu'il la maintenait fermement sur le matelas, l'air sombre, il
plongea le regard droit dans ses yeux pleins de détresse.
—Pour
le moment, je me contrefous de ce que tu as pu faire par le passé.
Que ce soit clair. Tu n'étais qu'un coup comme ça. Une simple
aventure. Tu t'es foutu de ma gueule. Très bien, OK. Je m'en
remettrai. Mais si c'est bien mon enfant - s'il y a la moindre chance
que ce soit mon bébé que tu portes-, il est hors de question que tu
ailles où que ce soit. J'ai bien l'intention de protéger mon gamin.
Il
vit le désespoir envahir son regard et eut de nouveau l'impression
de brutaliser une innocente. Tu parles. C'était la fille d'Alex
Mutton, bordel.
—Je
ne mérite pas de mourir, Sam. Peu importe ce que tu penses, je ne
mérite pas de mourir.
Il
relâcha légèrement la prise sur ses épaules tandis que Donovan
approchait avec la seringue. Malgré le choc et la colère, il lui
caressa doucement la joue, d'un geste qui se voulait réconfortant.
—Tu
ne vas pas mourir, So.
Son
frère en profita pour introduire l'aiguille sous la peau de la jeune
femme. Celle-ci tressaillit, surprise, et tourna un regard interloqué
en direction de l'infirmier improvisé. Elle ouvrit de grands yeux
paniques et devint soudain incontrôlable.
—Non
! hurla-t-elle d'une voix brisée. Pitié, laissez-moi partir. Je
vous en prie !
Ses
supplications faillirent lui briser le cœur. Même Garrett semblait
ébranlé par le désespoir qui perçait dans ses cris.
Sam
se laissa tomber sur le lit et l'enlaça. Il la tint un moment serrée
contre lui en attendant qu'elle cesse de s'agiter. Lorsqu'elle prit
enfin conscience qu'elle ne gagnerait pas, elle se laissa aller entre
ses bras, résignée. Seuls ses sanglots déchirants résonnaient
dans le silence de la pièce.
—Ben,
putain, grommela Donovan en replaçant le capuchon sur la seringue
avant de la jeter avec humeur dans son sac et de se détourner, les
épaules crispées.
Sam
ne la lâcha pas immédiatement, lui caressant les cheveux et lui
offrant son réconfort, même si c'était bien là la dernière chose
dont il avait envie à cet instant.
Il
manquait encore de nombreuses pièces au puzzle. Elle ne leur avait
pas tout dit. Il y avait encore trop de zones d'ombre, mais ce
n'était pas le moment d'exiger d'elle des éclaircissements. Elle
était en train de péter les plombs, elle avait mal, et, dès que la
piqûre aurait fait son effet, elle serait KO.
Mais
surtout, lui et ses frères allaient devoir agir vite. Si elle disait
vrai - et cette possibilité n'était en aucun cas à exclure -, il
allait falloir mettre la famille entière à l'abri.
Il
devait contacter Sean. Rameuter Steele, Rio, et leurs équipes. Ses
parents et Rusty étaient sans défense, de même qu'Ethan et Rachel.
Tous étaient des cibles potentielles.
Relevant
la tête, il croisa le regard accusateur de Garrett et comprit que
celui-ci avait pensé la même chose.
Les
muscles de Sophie s'étaient relâchés, et lorsqu'il s'écarta
doucement, Sam put constater que les analgésiques avaient enfin
vaincu sa résistance.
Elle
avait les paupières gonflées, le teint brouillé et les joues
rouges d'avoir tant pleuré. Elle avait l'air si frêle, si fragile,
mais cette apparence était trompeuse et dissimulait une nature
machiavélique, une femme qui exécutait sans aucun remords les
ordres de son père, pourtant responsable de plus de morts que bien
des guerres.
Seulement
elle portait son fils, ou sa fille, et c'était bien là que le bât
blessait : qu'il le veuille ou non, ils étaient liés à jamais par
le biais de cet enfant. Qu'importe ses actions passées ou ses
motivations présentes, il se devait de la protéger et de les garder
en vie tous les deux.
Il
se dégagea avec précaution et vérifia qu'elle était
confortablement installée sur les oreillers. Une fois qu'il eut
ramené les couvertures sur elle, il fit face à ses frères.
—Allons-y,
lança-il d'une voix lugubre. Il ne faut pas qu'on traîne.
L'extrait :
—Et
merde !
—Qu'est-ce
qui se passe ? demanda Garrett dans l'encadrement de la porte.
Resnick
vint se poster à ses côtés, les sourcils froncés.
—Elle
s'est barrée ! Elle est sortie par la fenêtre. P.J. l'a vue
s'enfuir vers les bois. Steele et Dolphin la cherchent.
Resnick
lâcha un juron. Il n'en fallut pas plus à Sam, qui perdit tout
contrôle. Il fondit sur lui et le plaqua brutalement contre le mur
du couloir.
—Tu
ne t'approches pas d'elle. Tu te casses d'ici et tu l'oublies, c'est
clair ?
—Je
ne peux pas, Sam. Tu le sais.
—Fais-le
pour moi.
Avec
un soupir, Resnick s'affaissa.
—Putain,
Sam. C'est pas le moment de me demander un service.
Sam
libéra sa chemise.
—Il
faut qu'on se bouge. Sophie est dehors. Elle croit sûrement que je
vais la trahir.
La
sonnerie de son téléphone portable l'arrêta tandis qu'il longeait
le couloir. Voyant le numéro de Rio s'afficher sur l'écran, il
s'empressa de décrocher.
—Ici
Sam.
—Sam,
il faut qu'on parle. On a un problème.
Merde.
Sentant la peur l'envahir, il resserra sa prise sur l'appareil.
-Ça
ne peut pas attendre ? Sophie s'est fait la belle. Dolphin et Steele
sont partis à sa recherche. Il faut qu'on y aille aussi, Garrett et
moi.
—Non,
ça ne peut pas attendre.
Sam
leva les yeux vers son frère.
—Je
vais y aller, moi, dit ce dernier.
—Je
peux vous aider, proposa Resnick.
Garrett
fit « non » de la tête.
—Si
elle te voit, elle prendra ses jambes à son cou. Reste ici avec Sam
jusqu'à ce qu'on puisse te raccompagner.
—Tout
le monde est aux petits soins avec moi, à ce que je vois, répliqua
sèchement Resnick.
Garrett
fit mine de n'avoir rien entendu et sortit rapidement.
Sam
se détourna et remit le téléphone contre son oreille.
—Vas-y
Rio, et fais-moi la version courte.
—C'est
grave, Sam. Ton père a eu une attaque.
Sam
trébucha et dut se rattraper aux placards de la cuisine.
—Quoi
?
—Il
est en unité de soins intensifs. Sous haute surveillance.
Une
pause s'ensuivit.
—Quoi
d'autre ? Je t'écoute, crache le morceau ! insista Sam.
Bon
dieu, faites qu'il ne meure pas ! Faites que son papa ne meure pas.
—Ta
mère a disparu.
—Hein
? C'est quoi, ce bordel ? Comment ça, elle a disparu ? Elle n'a
jamais quitté mon père d'une semelle !
—Je
sais. Putain, Sam, je suis désolé ! J'ai pas assuré. Je ne
comprends toujours pas comment ça a pu se passer. J'ai même refusé
qu'elle monte dans l'ambulance avec lui pour aller à l'hôpital ! Je
lui ai dit que Rusty et elle ne pouvaient aller nulle part sans moi.
Point barre. C'est moi qui les y ai conduites. Mes hommes sont là,
dans la salle d'attente. J'ai demandé qu'on nous trouve un endroit
où nous ne serions pas dérangés. On a mis en place une sécurité
renforcée autour de l'unité de soins. J'ai placé quelqu'un à
toutes les issues. Ta mère a reçu l'autorisation d'aller voir Frank
il y a deux heures. Elle est sortie, et Donovan l'a remplacée. Elle
semblait aller bien. Elle a parlé quelques minutes avec Rusty puis
elle est allée aux toilettes. J'ai envoyé un homme avec elle. Il
est resté devant la porte. Voyant qu'ils tardaient à revenir, j'y
suis allé et j'ai trouvé l'agent refroidi dans l'une des cabines.
Et ta mère s'était évaporée ! Je vais revoir la surveillance de
l'hôpital, pendant que le reste de mon équipe passe les lieux au
peigne fin.
—Putain
de bordel de merde !
Jamais
il n'avait été si près de la crise de nerfs. Tout s'écroulait
autour de lui. Il était en plein désastre et ne pouvait rien y
faire.
—Je
veux retrouver ce fils de pute, siffla Rio, fou de rage. Ce salopard
s'en prend aux femmes sans défense. D'abord Sophie, et maintenant
Marlene ! Et il a tué un de mes hommes.
—Je
ne sais pas ce qu'il veut, mais j'imagine qu'on ne va pas tarder à
le savoir, répliqua Sam. J'espère juste qu'il acceptera la
négociation.
Il
sentit son ventre se nouer. Il était à deux doigts de vomir. Sa
main tremblait sur le téléphone, qu'il écrasait contre son oreille
pour ne pas le lâcher.
—Assure-toi
que Rusty et mon père ne risquent rien. Fais ce que tu as à faire.
Tiens-moi au courant. Et pour l'amour de dieu, garde un œil sur
Donovan, qu'il ne fasse pas de connerie. J'arrive dès que je peux.
—Je
te le jure sur ma vie, dit doucement Rio. Je suis vraiment désolé
de n'avoir pas assuré, Sam.
Sam
ferma les yeux et écarta lentement le téléphone de son oreille.
—Tout
va bien, Sam ?
Il
se retourna et vit Resnick qui se tenait à un mètre de lui, les
mains dans les poches.
—Il
la tient, annonça-t-il d'une voix rauque. Ce salopard tient ma mère.
Mon père est à l'hôpital, il a eu une attaque. Et ce fils de pute
a enlevé ma mère pendant qu'elle était aux toilettes. Resnick se
frotta le crâne. —Merde, je suis sincèrement navré, Sam. Sam
serra fort le poing et frappa le placard. Le bois se fendit. Une vive
douleur irradia sa main.
—Je
dois d'abord retrouver Sophie. Ensuite, j'irai voir mon père. Après,
j'irai à la recherche de ce fils de pute.
Il
regarda Resnick de haut, son expression laissant paraître toute la
rage qui l'animait.
—Surtout,
ne te mets pas sur mon chemin. Assure-toi que personne ne fasse le
moindre geste envers Mutton. La dernière chose que je veux, c'est
que l'un de vous décide d'agir et que ma mère soit prise entre deux
feux.
Resnick
tira un paquet de cigarettes froissé de sa poche de chemise et
s'empressa d'en glisser une entre ses lèvres. Il l'alluma et inhala
profondément la fumée. Puis il la recracha, une longue volute
sortant de ses poumons.
—Je
peux juste essayer de te faire gagner du temps, Sam. On ne peut pas
se permettre de laisser celui qui est aux commandes - que ce soit
Alex ou Tomas - vendre une putain d'arme nucléaire à un pays du
tiers-monde qui prévoit une attaque terroriste.
—Je
le descendrai. Ou je mourrai d'avoir essayé.
L'extrait :
Resnick
lâcha un petit grognement de frustration.
—Sophie,
qu'êtes-vous en mesure de nous dire ? Si vous coopérez, nous en
tiendrons compte.
Un
frisson lui remonta dans le dos.
—Resnick,
gronda Sam.
Sophie
l'ignora et regarda Resnick droit dans les yeux.
—Vous
en tiendrez compte ? Et à quoi dois-je m'attendre ? Vous me menacez
? Resnick leva les mains.
—Pas
du tout. J'insiste sur le fait que nous serons plus efficaces si vous
nous aidez, voilà tout.
—Génial,
répliqua-t-elle, amère. En gros, vous dites que je suis seule
contre tous à moins d'être gentille avec le FBI ou la CIA - peu
importe l'organisation pour laquelle vous travaillez. Vous savez quoi
? Ça me va très bien. De toute façon, je n'aurais jamais dû
compter sur quelqu'un d'autre que moi.
—Sophie,
intervint Sam d'une voix si dure qu'elle dut se résoudre à le
regarder. Il ne parle pas pour moi.
—Tu
te trompes, Sam. (Elle plaqua ses paumes le long de ses jambes pour
les empêcher de trembler et l'observa sans ciller, lui dévoilant le
fond de sa pensée.) À la seconde où tu l'as amené ici, il a parlé
pour toi.
—Sophie,
bordel !
Vibrante
de colère, elle détourna de nouveau le regard. Elle n'allait pas se
lancer là-dedans devant les autres - ni jamais, d'ailleurs.
L'extrait :
Puis,
comme si elle rassemblait son courage, elle
redressa les épaules. Les yeux pleins de froideur, dénués de toute
émotion, elle rejoignit Sam et tendit une main pour qu'il lui donne
l'appareil.
—Laisse-moi
lui parler, dit-elle à voix basse.
—Oui,
Sam, renchérit Tomas, laisse-moi parler à ma nièce adorée.
D'un
geste lent, Sam tendit le combiné à Sophie et vit son expression se
durcir davantage lorsqu'elle le plaqua contre son oreille.
Sam
se leva pour se mettre à ses côtés, mais elle se détourna. Quand
il lui toucha l'épaule, elle tressaillit et, d'une secousse, ôta sa
main.
—Tomas,
c'est Sophie. Écoute ce que j'ai à te dire, et ouvre bien tes
oreilles. Je détiens ce que tu veux. Je t'apporterai la clé.
Sam
se rua sur le téléphone, mais Sophie écarta brusquement le combiné
et recula aussi loin que le cordon le lui permit. Furieuse, elle
pointa un doigt vers lui pour l'arrêter et lui jeta un regard noir,
lui signifiant clairement son refus qu'il intervienne.
Il
resta planté là, à bouillir intérieurement, sa rage croissant à
chaque seconde.
—Si
tu touches à madame Kelly, si elle a la moindre égratignure, je
disparaîtrai avec la clé et la détruirai. Tu ne la retrouveras
jamais. Tu n'auras jamais accès à la fortune de mon père, ni à
ses dossiers.
Elle
s'interrompit un moment, comme pour écouter ce que Tomas avait à
répondre. Sam essaya de s'approcher ; une fois de plus, elle lui
tourna le dos.
—Te
fous pas de moi, Tomas, siffla-t-elle. Je n'ai rien à perdre. Je
vais te rejoindre, mais tu n'obtiendras rien tant que tu ne l'auras
pas relâchée. C'est d'accord ?
Elle
fit de nouveau face à Sam et cala le combiné contre son cou avant
de le lui rendre. Sam le lui arracha et le porta à son oreille : il
n'entendit que la tonalité.
Il
explosa.
—Sophie,
qu'est-ce qui t'a pris, putain ?
Il
enrageait. Non seulement elle avait accepté de se livrer à la place
de sa mère, mais il ignorait tout des conditions de l'accord. Pas de
lieu d'échange, rien. Il détestait la sensation d'impuissance qui
l'envahit subitement, et le fait de dépendre de Sophie pour obtenir
des informations.
—J'ai
fait ce qu'il fallait faire, se défendit-elle posément. Si ç’avait
été mon père, ta mère serait déjà morte.
L'extrait :
—Tu
comptes aller où,
comme ça ?
Elle
fit volte-face et plaqua une main sur sa bouche pour étouffer le cri
qu'elle allait pousser par réflexe. Le faisceau d'une lampe torche
l'aveugla. Elle leva son autre bras pour se protéger les yeux.
Prête
à déguerpir, elle fonça sur sa droite, mais Garrett referma sa
main comme un étau autour de son poignet, et l'empêcha d'aller plus
loin.
—Lâche-moi,
dit-elle, au désespoir.
—Tu
vas te faire mal. Cesse donc de te débattre, répliqua-t-il d'une
voix calme.
Les
larmes montèrent aux yeux de la jeune femme. Sa gorge se noua.
—Va
te faire foutre.
Le
faisceau se baissa, puis Garrett le tourna vers le haut pour
illuminer la zone où ils se trouvaient.
Elle
s'attendait à le voir afficher son air renfrogné coutumier, mais il
ne fronçait même pas les sourcils.
—Lâche-moi,
le supplia-t-elle. Tu ne m'aimes pas, en plus. Depuis le début, tu
ne peux pas me sentir. Laisse-moi partir, et je vous ficherai la
paix, à Sam et à toi. Mais donne-moi au moins l'occasion de
protéger mon bébé.
Elle
crut déceler sur son visage regret et malaise. Les traits de Garrett
s'adoucirent ; il relâcha sa prise. Pendant un instant, l'espoir
resurgit en elle : il allait la laisser partir. Toutefois,
lorsqu'elle tenta de se libérer, il resserra les doigts.
—Écoute-moi
bien, Sophie. Sam est malade d'inquiétude. Quoi que tu aies entendu
ou croies avoir entendu, il ne va pas te dénoncer.
—Il
l'a déjà fait, rétorqua-t-elle avec amertume. Je ne sais pas ce
que j'espérais. Il ne me doit rien. Je n'étais qu'une nana qu'il a
levée dans un bar. M engrosser ne faisait pas partie du contrat.
—Si
tu connaissais Sam, tu ne dirais pas autant de conneries,
rétorqua-t-il. Je comprends que tu sois blessée, que tu te sentes
trahie. Accorde-lui tout de même une chance de s'expliquer. Nous te
protégerons, mais ce sera impossible si tu te fais la malle.
—«Nous»
? répéta-t-elle. Est-ce que tu t'inclus dans cette promesse ?
—Oui,
répondit-il.
—Mais
pourquoi ? Tu ne caches pas le fait que tu me méprises. Tu ne me
fais pas confiance. Tu préférerais que je laisse ton frère
tranquille.
—Tu
portes ma nièce ou mon neveu. Tu comptes aux yeux de Sam. (La
résignation perçait dans sa voix, comme si ce qu'il venait
d'admettre lui laissait un mauvais goût dans la bouche.) Du coup, tu
comptes pour moi aussi.
Ils
se dévisagèrent. Il n'y avait en lui ni la colère ni la
désapprobation qu'elle lisait si souvent dans ses yeux. Elle
chancela, brusquement si épuisée qu'elle serait tombée si, de son
autre main, il ne l'avait pas rattrapée.
—Laisse-moi
te ramener, Sophie. Tu es crevée, tu souffres et, dans ton état, tu
ne devrais pas courir comme tu l'as fait.
—Je
ne peux pas.
Son
ton devenait implorant. Elle le supplia du regard, espérant pouvoir
le faire flancher.
—Je
ne peux pas partir avec ce type, ce Resnick. Tu ne comprends pas ?
Pour lui, je ne suis qu'un pion. Je ne vaux rien comparé à ce
qu'ils gagneraient en démantelant le réseau de ma famille. Ils se
moqueront bien du bébé et de moi. Je veux que ma fille connaisse
une vie meilleure que la mienne. S'il te plaît, laisse-moi prendre
soin de mon bébé.
Les
traits de Garrett s'adoucirent, sans qu'il ne relâche sa prise pour
autant.
—Je
te jure Sophie que Sam ne laissera pas Resnick te conduire où que ce
soit. Il n'en a jamais eu l'intention. Et moi non plus, je ne le
permettrai pas. Tu as ma parole.
—Tu
ne me laisses pas vraiment le choix, dit-elle d'un ton plat.
Il
soupira.
—Eh
non. Je voudrais que tu reviennes de ton plein gré, mais, si tu
refuses, je serai obligé de te ramener de force.
La
tête basse, elle ferma les yeux.
—D'accord,
dit-elle d'une petite voix.