Comment
avait-il pu croire qu’elle s’attacherait à un vulgaire bâtard
comme lui ? Il ne voyait qu’une explication : il éprouvait pour
elle des sentiments si forts, si profonds qu’ils l’avaient
aveuglé au point qu'il en avait oublié leur différence de
condition.
Bâtard
du comte de Salisbury, Philip Paxton a toujours vécu dans l'ombre de
son père. Quand celui-ci reçoit sur son domaine sa future épouse
lady Olivia Hopkins, Philip décide de prendre sa revanche. Lui, le
libertin décrié, va s'amuser avec cette belle ingénue qu'il devine
intrépide sous ses airs innocents. De fait, Olivia ne résiste pas
longtemps à son charme. Elève douée et passionnée, elle devient
peu à peu experte dans l'art d'aimer. Mais Philip est bien vite pris
dans son propre piège. Comment supporter de faire l'éducation
sensuelle d'une femme qui lui est chaque jour plus chère alors
qu'elle est promise à son propre père ?
L'extrait :
—
Tu
tombes bien, je comptais aller t'annoncer la nouvelle moi-même : je
me suis fiancé ce matin.
—
C’est
ce qu’on m’a dit.
—
Oui,
eh bien... je te présente lady Olivia Hopkins, la prochaine comtesse
de Salisbury.
Edward
tendit là main à Olivia pour l’aider à se lever. Consciente du
regard aigu de Phillip, et sachant qu’elle ne pouvait décemment
éconduire Edward, elle se figea.
Le
temps parut s’arrêter tandis que tous trois demeuraient immobiles.
Olivia
aurait voulu mourir ! Que la terre s'ouvre sous ses pieds et
l'engloutisse.
Ne
pouvant différer davantage l’inévitable, elle prit enfin la main
qu'Edward lui tendait. Dès qu'elle fut debout, il glissa son bras
sous le sien, comme lorsqu'ils s'étaient promenés dans les jardins,
comme s'ils étaient amoureux.
Phillip
eut un sourire narquois, et elle faillit reculer, repousser Edward.
Mais elle n'en fit rien. À sa grande honte, elle le regarda d’un
air indifférent, comme s'il était un parfait étranger.
L'extrait :
— Tu
me demandes de prendre en quelques secondes une décision qui va
bouleverser ma vie entière, une décision qui n’affectera pas que
moi, Helen a été...
—
Je
me fiche d’Helen ou de qui que ce soit d'autre, coupa-t-il. Il n'y
a que toi et moi.
Des
pas résonnèrent dans le couloir et ils se pétrifièrent. Quelqu’un
frappa à là porte:
—
Olivia,
tu es là ? s’enquit Margaret d'un ton autoritaire.
Le
bouton de la porte commençait à tourner quand quelqu’un réclama
son attention, leur offrant ainsi quelques minutes de répit.
N’ayant
aucune idée des menaces qui pesaient sur Helen, Phillip ne
comprenait pas la terreur d’Olivia. Ses hésitations le rendaient
fou.
—
C’est
maintenant ou jamais, Livvie, murmura-t-il. Alors ?
Il
lui tendit la main, la pressant de la prendre. Elle demeura suspendue
en l’air pendant ce qui sembla une éternité.
«
Prends-la ! criait une petite voix courageuse en Olivia. Ne le laisse
pas partir ! »
Mais
elle demeurait paralysée, incapable de réagir.
—
Ne
me fais pas ça. S’il te plaît, la supplia-t-il. N’épouse pas
mon père. Ne me brise pas le cœur.
—
Olivia,
appela de nouveau Margaret.
Olivia
tourna frénétiquement la tête vers la porte, puis vers Phillip.
Elle avait besoin de plus de temps ! De plus de choix !
Bien
qu'elle restât silencieuse, Phillip l’entendit avec une clarté
surprenante.
—
Soit,
lâcha-t-il. Je te souhaite d'être très heureuse.
Il
lui tourna le dos, enjamba le rebord de la fenêtre et disparut.
Olivia
hurla son nom en silence, imaginant qu’il allait l’entendre,
revenir sur ses pas, soulagé et heureux. Elle se vit, courant à ses
côtés dans le parc, riant de bonheur quand il l’aiderait à
grimper sur son cheval, quand elle sentirait le vent dans ses cheveux
tandis qu’ils se fondraient dans la nuit.