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jeudi 28 août 2014

Mistress trilogy Tome 2 : Belle du soir de Renee Bernard




-J'ai bien réfléchi, milord. Je serai à vous le temps que durera la saison. Contre dix mille livres.
C'est une somme. Mais vous les valez bien.












Londres, 1870.

Jocelyn Tolliver est abasourdie lorsqu'elle hérite de sa mère d'un bordel de luxe. Dès lors, elle devient la très mystérieuse Madame DeBourcier. C'est là qu'elle fait la connaissance d'Alex Randall qui lui propose d'être sa maîtresse le temps d'une saison. Jocelyn, qui voit en lui un protecteur, accepte. Leur liaison a tout d'un rêve : conversation, fantaisie, amitié et passion. Pourtant, lorsqu'une des prostituées est assassinée, Jocelyn se retrouve seule. Sa déception va l'entraîner dans une bataille passionnée dans laquelle les illusions disparaissent et où tous les désirs sont comblés... 
 



Une surprenante déception !

J'avais adoré le premier tome de cette série et je me réjouissais d'en lire la suite puisque je l'attendais depuis très longtemps.
Je n'ai rien retrouvé des choses qui m'avaient plus dans le premier tome ! Il n'y a qu'un mince filet d'histoire, les personnages auraient mérité un traitement plus approfondis. On a du mal à les apprécier. L'histoire traîne en longueur...

Je suis surprise en pensant qu'il s'agit du même auteure.

— L... lord Colwick.
Au lieu de son prénom, elle énonçait son titre, mais il préféra considérer que le chagrin lui faisait un peu perdre la tête et qu'il n'y avait rien de plus normal. Il s'agenouilla devant son fauteuil, comme pour l'empêcher de s'enfuir.
— Jocelyn, je n'ai pas pu attendre plus longtemps. Il fallait que... que je sache si tout allait bien.
— Comme tu vois, souffla-t-elle. Je vais très bien. J'écris une lettre à la maman d'Edith pour la rassurer sur les progrès de sa fille.
— Mais tu ne m'as envoyé aucun message. J'avoue que je me faisais un souci énorme. Je ne suis pas du genre à patienter longtemps. Surtout quand il s'agit de toi.
— Il n'y a rien de nouveau.
Elle se leva, le bouscula pour sortir.
— Et j'ai préféré que les choses en restent là entre nous, ajouta-t-elle.
— En restent là ?
Il la suivit dans la chambre.
— Jocelyn, je te dois des excuses. Je n'aurais pas dû te laisser me renvoyer, l'autre jour. J'aurais dû crier mon nom et...
— J'ai naguère expliqué à l'une de tes amies qu'une femme pouvait se noyer dans une mer de « j'aurais dû », et je suis sûre que cette remarque vaut également pour un homme. Tu n'as pas à t'excuser de quoi que ce soit. Tu as fait ce que tu avais à faire. Il n'aurait servi à rien que tu indiques ton nom de famille ou déclares tes liens avec le Crimson Belle. Gilly n'en est pas moins morte et cela n'aurait fait qu'ajouter la perte de ta réputation à ce gâchis.
— Non.

Il s'approcha d'elle car il mourait d'envie de la prendre dans ses bras, d'effacer le malentendu qui les séparait. Il voyait maintenant combien elle savait cacher ce qui se passait au plus profond de son âme. Dans son rôle de Madame DeBourcier, elle l'avait renvoyé afin de protéger sa réputation, tout en prenant sur elle la responsabilité des violences qui avaient secoué son monde. Mais c'était Jocelyn qu'il avait blessée en la laissant faire. Il la connaissait mieux que personne et la tristesse qu'il lisait dans son regard ne faisait qu'empirer les choses.
— Tu avais besoin de moi et je... j'ai manqué à mes devoirs envers toi, Jocelyn. J'ai perdu trop de temps à essayer de rattraper les fautes d'un autre homme, ce qui m'a conduit à me détacher du monde extérieur. Laisse-moi au moins m'amender auprès de toi, te prouver qu'il n'y a rien que je ne ferais pour toi.
Elle leva la main pour qu'il se taise mais il attrapa ses longs doigts fins, les pressa contre son cœur.
— Je t'aime.
Elle se dégagea, l'air à la fois surprise et peinée, du moins le temps qu'elle se reprenne et lui oppose un froid mépris.
— Vous confondez désir et amour, lord Colwick. C'est une erreur assez répandue entre ces murs, et il serait fort malvenu de ma part de profiter de la situation.
— Bon sang ! Je t'aime et je sais ce que je dis !
Visiblement peu convaincue, elle croisa les bras.
— Qui vit dans une maison de fous sera le dernier à se reconnaître comme dément. Crois-moi, mon cher, tu te leurres.
— Jamais de la vie, dit-il d'un ton aussi tranquille que possible. Je t'aime et je veux que tu quittes cet endroit. Jocelyn, viens avec moi. Laisse-moi m'occuper de toi.
Enfin, le mur de glace qu'elle avait dressé autour d'elle commença à se fissurer, et ses yeux s'emplirent de larmes.
— En tant que maîtresse ? Tu vas m'installer dans une belle maison, m'offrir une berline ?
— En tant que femme de ma vie, et je t'achèterai douze berlines si tu le désires.
— Et qu'en dira ton épouse ?
— Mon épouse ?
Il n'était pas certain d'avoir bien entendu.
— Je n'ai pas d'épouse, Jocelyn.
— Tu vas en avoir une. Je suis au courant de tes fiançailles avec Mlle Preston. Je suppose qu'il faut te féliciter.
— Winifred Preston ? Tu es folle ? Je n'ai rien à voir avec elle, et ceux qui t'ont rapporté ces ragots se trompaient lourdement.
L'air de plus en plus triste, elle haussa les épaules.
— Peu importe. Tu es un homme honorable, Alex, un jour tu comprendras qu'il te faut bien autre chose qu'une compagne avec qui tu couches. Tu dois avoir une épouse respectable qui puisse te donner les enfants légitimes nécessaires à la perpétuation de ta lignée.
— Jocelyn...
— Je refuse de te voir souffrir et être humilié à cause d'un lien impensable entre un noble et une prostituée notoire.
Malgré ses larmes, elle leva le menton et le défia silencieusement de prétendre le contraire.
— Ne dis pas cela. Je ne t'ai jamais considérée comme une...
Il ne pouvait même pas articuler le mot ; pourtant, il se sentait secoué par cette contre-vérité qui le déchirait comme une lame de couteau. Bien sûr qu'il l'avait considérée ainsi. Il l'avait payée sans se faire prier, sans jamais la corriger quand elle faisait allusion à leur « contrat ».
— Ceci n'a rien à voir avec ce que tu es, Jocelyn.
Elle lui apparut plus belle que jamais lorsqu'elle lui décocha un sourire de défi.
— Je n'ai pas dit le contraire, mon cher. Mais peu importe ce que je pense. Tu redoutes le scandale plus que tout au monde, et en tant que maîtresse duCrimson Belle, je ne peux t'apporter que le scandale.
— Alors quitte-le.
— Je ne vais pas abandonner mes pensionnaires. Elles n'ont jamais eu autant besoin de moi. J'ai juré de les protéger et... si j'ai manqué à ma parole envers Gilly, je dois continuer avec les autres. Ma place est ici ; quant à toi, je crois que tu en as eu pour ton argent.
Il la saisit par les épaules, pris d'une folle envie de l'embrasser pour la faire enfin changer d'avis.
— Bon sang ! Je t'aime, Jocelyn. Il doit bien y avoir une solution !
Elle fit non de la tête et, cette fois, il perdit le contrôle, lui prit le visage entre les mains pour qu'elle cesse de nier ainsi, et tenta de l'embrasser de toute la force de son âme.
Il goûta le sel de ses larmes sur sa peau, ce qui n'altéra en rien son baiser, affirmant ainsi qu'elle était bien son grand amour, captant sa douce chaleur jusqu'à ce qu'elle s'agrippe à lui avec la même force désespérée.
— Arrête...
Un sanglot la fit taire et elle se détacha de lui, les mains sur la bouche comme pour ravaler son chagrin.
— Jocelyn, je veux t'épouser ! Au diable le scandale ! Je pourrais survivre au feu du canon si je savais que tu étais à moi.
— Au diable le scandale ? Tu n'as même pas voulu dire ton nom à cet inspecteur quand il te l'a demandé. Que raconteras-tu quand on te demandera pourquoi tu passais ton temps dans une maison close ? Ou pourquoi le visage de ta femme paraît si familier à certaines personnes ?
— Je... je dirai...
Elle écarta la main qu'il avait posée sur elle et se précipita pour tirer la sonnette des domestiques.
— Allez-vous en, lord Colwick !
Elle ne le regardait même pas, l'œil rivé sur le rideau.
— Va-t'en, Alex.
— Jocelyn, tu m'as entendu ? Je veux t'épouser.
Elle ferma les yeux sans lâcher le cordon.
— J'ai juré à ma mère sur son lit de mort... sur son lit de mort, tu m'entends ? J'ai fait un serment.
Comme elle rouvrait lentement les paupières, Alex demeura le souffle coupé devant l'implacable souffrance qui paraissait la hanter.
— Le Crimson Belle est mon destin, pas le tien.
— Tu es mon destin, Jocelyn.
— La saison s'achève, lord Colwick. Vous en avez eu pour votre argent et je... j'en ai eu pour plus que je n'avais prévu. S'il vous plaît.
Un sanglot la secoua, l'interrompant de nouveau.
— Allez-vous en, reprit-elle.
— Tu plaisantes ! Il y avait plus qu'un contrat entre nous, Jocelyn.
Il la saisit par les épaules, cherchant désespérément à lui faire regarder la vérité en face.
— Je t'aime !
Elle refusait de répondre, de le regarder dans les yeux et, sans lui laisser le temps de trouver un nouvel argument pour la convaincre, les valets arrivèrent, véritable mur de muscles en uniforme.
— Maîtresse ? demanda l'un d'eux, qui reconnut le client d'en bas et lui jeta des coups d'œil gênés.
— Pourrais-tu montrer la sortie à lord Colwick, Martin ? Il ne remettra jamais les pieds au Crimson Belle. Jamais !
— Jocelyn, c'est absurde ! Bon sang, ne fais pas ça !
Furieux, Alex se débattit quand plusieurs mains se posèrent sur ses épaules, mais il n'avait pas le choix. S'il le fallait, ces hommes l'emporteraient en le soulevant de terre, et il n'allait tout de même pas se battre dans cette pièce qu'elle avait rendue sacrée pour lui.
De nouveau, il se retrouva derrière les portes closes du Crimson Belle.
Et, cette fois, il ne pourrait plus rentrer.