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lundi 6 octobre 2014

Vertige, tome 1 : Wrecked de Megane Spooner et Alie Kaufman


http://fr.calameo.com/read/000848282c727fb498776


Je réalise, soudain, que c’est ce que j’attends d’elle depuis notre première rencontre. Qu’elle me regarde ainsi Maintenant, je ne suis plus pour elle un homme qui a grandi sur une planète de second ordre. Ni un soldat, ni un héros de guerre, ni un rustre qui ne comprend pas à quel point cette épreuve est pénible pour elle.
Elle me voit moi.
Juste moi.





(Cliquez sur la couverture pour lire les premiers chapitres du livre)


Le synopsis:
 Sur une planète déserte, perdue aux confins de l'univers, deux êtres que tout
oppose s'unissent pour survivre. Et dévoilent progressivement leurs âmes.

Ce n'est pas de la science-fiction. Juste une très belle histoire d'amour.
Lilac LaRoux est l'héritière de la plus grande fortune de la galaxie. Tarver, lui, n'est qu'un simple soldat. Dans une société intergalactique ultra-hiérarchisée, tout les oppose : l'argent, la famille, l'éducation, la sensibilité… Ils ne sont théoriquement même pas autorisés à s'adresser la parole.

Quand le vaisseau spatial qui les transporte s'écrase, ils se retrouvent seuls, sur une planète déserte, et doivent unir leurs forces pour survivre.

Mais le plus grand danger qui les guette n'est-il pas leur attirance mutuelle, aberration dans la société dont ils sont issus ?

Bientôt, d’étranges visions les assaillent. S’il ne veulent pas devenir fous, ils doivent se faire confiance, s’abandonner et se confier l’un à l’autre. Quitte à se laisser submerger par leurs sentiments les plus enfouis… 

 
 
Ce livre dormait paisiblement sur ma PAL, un peu mis au rang des « secondes catégories » derrières ceux que je devais lire « impérativement ».. Dommage, car je pense qu'il aurait mérité d'être un peu mieux considéré. En fait j'étais très partagé avant de le lire tant les critiques étaient très différentes. Ce roman écrit à quatre mains était loin de faire l'unanimité dans un sens comme dans l'autre.

Les points forts

La narration. Certes, on commence à voir à tout bout de champs,cette narration à deux voix (pour connaître les points de vue des deux héros). J'aime beaucoup quand c'est bien fait et là.. C'est le cas.
Lilac et Tarver sont deux personnages qui vivent l'essentiel du livre en huit clos. Il aurait été dommage de passer à côté de cette double voix d'autant qu'avec deux auteures on a forcément deux points de vue « authentiques ».

L'histoire. Lilac et Tarver se plaisent au premier coup d’œil mais la jeune femme est juste une femme inaccessible pour le jeune commandant. L'éternelle histoire de la jeune fille riche et du jeune homme pauvre..oui mais quand c'est bien fait on ne boude pas son plaisir...

Les personnages. Lilac et Tarver entament une histoire qui s'éloigne du conte de fées dès qu'ils échouent sur une planète, isolée et perdue de tous. Loin du cliché « Ils construisirent une romance interdite mais possible car loin du regard de la société », on a hâte qu'ils retrouvent la civilisation. C'est tune relation riche qui se tisse entre nos deux héros : désir mais aussi admiration et crainte.


Les points faibles

J'ai eu du mal avec la description de Tarver. Jeune homme devenu commandant à 20 ans !!! J'ai trouvé ça complètement invraisemblable. D' accord on est dans la littérature Young Adult mais tout n'est pas possible ! Quand on a 18 ans, on a rarement fait plusieurs campagnes militaires en guidant des hommes à la victoire sauf à s'appeler Alexandre !

La fin. Un des enjeux majeurs du livre est le retour dans la société. Leur amour pourra-t-il survivre à leurs conditions différentes ? A priori cela semble infranchissable et pourtant...tout ça est balayé très rapidement.

Au final, je le conseillerai quand même car les huit clos en romance sont très rares . Je pense que l'exercice est trop périlleux. Ces auteures ont pris un réel risque qui a donné un livre qui se démarque et qui vaut le détour.

Une surprise que je conseille.
 Dreamy




L'extrait :
— Écoutez-moi ! Quand vous entrerez à l’intérieur, il devrait y avoir un groupe électrogène. Il faut beaucoup de puissance… pour envoyer un signal…

Quoi ?

— Nous verrons cela plus tard, Lilac. Ça n’a pas d’importance.

Elle a mal quelque part, mais je ne vois pas où. Je commence à déboutonner son chemisier d’une main tremblante.

— Nous nous occuperons de ça quand nous serons à l’intérieur, poursuis-je.

— Je… pas moi, Tarver. Je n’y arriverai pas.


Elle enlève sa main de son ventre, et me montre ce qu’elle me cachait. Un enchevêtrement de tissu et de peau ensanglantés, où brille un morceau de métal profondément enfoncé dans sa chair.

Je deviens sourd et aveugle.

Mon cerveau ne fonctionne plus.

Mais mon corps prend le relais.

— Remettez votre main, continuez à appuyer.

Je lance des ordres comme si j’étais sur un champ de bataille. Puis je file jusqu’à notre paquetage pour en tirer la trousse de secours récupérée sur l’Icare. J’envoie valser flacons et pansements jusqu’à ce que je trouve la précieuse ampoule qui arrêtera l’hémorragie.

— Maintenez la pression, on a un coagulant ! expliqué-je.

— C’est inutile.

Sa voix est très faible, mais elle continue à presser sa blessure.

— Gardez ça, insiste-t-elle, vous pouvez en avoir besoin plus tard, avant l’arrivée des secours.

— J’en ai besoin maintenant.

Je trouve enfin une seringue, en déchire l’enveloppe et reviens vers Lilac à quatre pattes. Je prends une profonde inspiration et souffle lentement. Enfin, mes mains cessent de trembler. J’ouvre l’ampoule, en ajuste l’extrémité dans l’aiguille, puis tapote la seringue qui se remplit pour en chasser les bulles.

En glissant l’aiguille dans le bras de Lilac, je sais que cela ne suffira pas. Je ne peux pas arrêter pareille hémorragie. L’éclat lui a traversé les entrailles…

— Je vous en prie, murmure-t-elle en tressaillant.

Je jette la seringue vide, ôte mon T-shirt et le presse contre son abdomen.

— Je suis là, Lilac. Je reste avec vous, je vous le promets. Je suis là…

Elle tente faiblement de repousser mon bras, le choc prenant le pas sur la lucidité, et fixe le ciel.

— Vous voyez que c’était mieux que je m’en charge, Tarver… Sinon, c’est vous qui auriez été en mille morceaux.

Je suis en mille morceaux, Lilac.

Et pourtant je continue à parler comme un être vivant.

— Chut ! Ça va s’arranger, j’ai déjà vu ce genre de blessure. Je vais vous soigner.

De mon autre main, je lui caresse la joue pour qu’elle me regarde à nouveau.

Elle gémit, et sa plainte me déchire le cœur.

— Ça ira, Tarver, ne recommencez pas à me mentir.

Elle pleure et ses larmes roulent sur ses tempes, laissant des traces pâles sur ses joues souillées.

Je devrais lui parler, mais les mots m’ont abandonné.

— Dites à mon père…

Une quinte de toux l’interrompt et un filet de sang coule au coin de sa bouche. Son regard devient vague. J’ai déjà vu ça, aussi.

Non. Pitié. Non.

Elle lève la main pour s’agripper à mon bras.

— Tarver…, murmure-t-elle d’une voix déjà étranglée par le sang. Je ne veux pas mourir.

Ses grands yeux bleus, écarquillés de terreur, fixent un point au-delà de moi.

Je m’allonge près d’elle et presse mon front contre sa tempe en chuchotant :

— Je suis là, je suis là… Je vous promets de rester, Lilac. Je suis là.

Je parle si bas que je ne sais même pas si elle m’entend.

Ses doigts effleurent ma joue.

— Je pensais…, chuchote-t-elle dans un râle.

Sa main devient inerte, et je sens l’instant où la vie la quitte. Nous demeurons l’un et l’autre parfaitement immobiles. Puis mes poumons perfides se contractent et me forcent à respirer.

Lilac, elle, n’émet aucun bruit. Dans les deux grands lacs de ses yeux, se reflètent les arbres, les feuilles, le ciel.



L'extrait :
— J’ai fait un lit pour nous dans le dortoir, déclare Tarver en me précédant dans le couloir.

— Nous ? répété-je en me figeant sur le seuil.

Il se retourne et vient me prendre les mains. Je réussis à ne pas reculer, mais il a senti ma répulsion et me lâche aussitôt.

— Pourquoi ? demande-t-il à voix basse, l’air ravagé.

Oui, pourquoi ? Pourquoi ne puis-je lui accorder de dormir près de lui ? Je dois lui sembler si froide… Comment peut-il être convaincu que je suis Lilac ? Il ignore ce dont je me souviens. Il ne sait pas comme il m’est difficile d’habiter mon propre corps, de le forcer à parler, marcher, manger. J’entends et je vois, mais je suis prisonnière d’une coquille, incapable d’agir comme l’ancienne Lilac.

— C’est impossible. Je vous l’ai dit, ça me brûle quand vous me touchez. Je ne peux pas. Pas encore.

Il serre les lèvres pour cacher son chagrin. J’ai tellement envie d’aller vers lui que cela me déchire.



L'extrait :
— Lilac est morte, dis-je pourtant.

Je vois bien à quel point il est tiraillé. Il refuse que je ne sois plus de ce monde. Tout son être vibre du désir de m’enlacer, de crier mon nom.

— Vous êtes la jeune femme qui a miraculeusement atterri avec moi sur cette planète. Celle que j’ai traînée dans la forêt et la montagne, qui a grimpé dans une épave pleine de cadavres pour me sauver la vie. Vous êtes celle que je n’ai cessé d’aimer.

Arrêtez ! Je vous en prie.

J’ai l’impression d’étouffer.

— Je vous aime, Lilac, reprend-il avec fougue. Je vous aime et j’aurais dû vous le dire avant que…

J’entends sa voix se briser et ferme les yeux.

— Vous êtes ma Lilac…

Je secoue la tête.

— J’ignore ce que je suis ou pourquoi je suis ici, mais je ferai ce qu’elle aurait fait. Je franchirai cette porte et j’effectuerai les réparations nécessaires à l’envoi du signal de détresse, afin que vous puissiez retrouver vos parents.

— Je ne partirai pas sans vous.

— Mon père ne sait peut-être même pas ce qui se passe ici, et si quelqu’un découvre ce qui est arrivé dans cette station… Vous croyez qu’on prendra le risque de nous laisser parler ? J’ai été morte, Tarver. On ne me laissera pas reprendre une vie normale.

— Ils ne sauront rien, répond-il entre ses dents serrées. Nous mentirons.

— Ils finiront par savoir. Ils me soumettront à des analyses. Ils vous feront passer en cour martiale et vous perdrez tout.

— Je perdrais tout si je vous laissais ici, Lilac.

Il me regarde calmement, sûr de lui.

— Comme elle vous aimait ! chuchoté-je, les yeux dans le vide. J’aurais tant voulu que vous ayez pu l’entendre de sa bouche.


L'extrait :
En glissant l’aiguille dans le bras de Lilac, je sais que cela ne suffira pas. Je ne peux pas arrêter pareille hémorragie. L’éclat lui a traversé les entrailles…

— Je vous en prie, murmure-t-elle en tressaillant.

Je jette la seringue vide, ôte mon T-shirt et le presse contre son abdomen.

— Je suis là, Lilac. Je reste avec vous, je vous le promets. Je suis là…

Elle tente faiblement de repousser mon bras, le choc prenant le pas sur la lucidité, et fixe le ciel.

— Vous voyez que c’était mieux que je m’en charge, Tarver… Sinon, c’est vous qui auriez été en mille morceaux.

Je suis en mille morceaux, Lilac.

Et pourtant je continue à parler comme un être vivant.

— Chut ! Ça va s’arranger, j’ai déjà vu ce genre de blessure. Je vais vous soigner.

De mon autre main, je lui caresse la joue pour qu’elle me regarde à nouveau.

Elle gémit, et sa plainte me déchire le cœur.

— Ça ira, Tarver, ne recommencez pas à me mentir.

Elle pleure et ses larmes roulent sur ses tempes, laissant des traces pâles sur ses joues souillées.

Je devrais lui parler, mais les mots m’ont abandonné.

— Dites à mon père…

Une quinte de toux l’interrompt et un filet de sang coule au coin de sa bouche. Son regard devient vague. J’ai déjà vu ça, aussi.

Non. Pitié. Non.

Elle lève la main pour s’agripper à mon bras.

— Tarver…, murmure-t-elle d’une voix déjà étranglée par le sang. Je ne veux pas mourir.

Ses grands yeux bleus, écarquillés de terreur, fixent un point au-delà de moi.

Je m’allonge près d’elle et presse mon front contre sa tempe en chuchotant :

— Je suis là, je suis là… Je vous promets de rester, Lilac. Je suis là.