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lundi 13 octobre 2014

L'Éveil, tome 1 : Visions de magie - Regan Hastings



 Comme c’est étrange, remarqua-t-elle distraitement, il y avait seulement quelques heures, c’était lui l’ennemi. Maintenant, il représentait l’espoir.



Au cours des dix dernières années, depuis que la magie a émergé de nouveau, on a commencé à craindre les sorcières et à les pourchasser. Depuis des semaines, Shea Jameson est hantée par des visions de feu. Involontairement, elle jette un sort en public et devient l’une des sorcières poursuivies. Son seul espoir est Torin, un homme dangereusement sensuel qui prétend être son compagnon Éternel. Torin dit que le temps de l’éveil est arrivé pour Shea, et qu’ils doivent trouver un artefact caché depuis des siècles — ou bien faire face à la fin du monde. À mesure que son pouvoir se manifeste, et que le danger et la mort s’approchent, Shea doit décider si elle fera confiance à Torin, et à la passion et au pouvoir qu’il lui apporte — ou risquer la destruction de tout ce qu’elle connaît.

Une lecture très moyenne.


J'ai été emballé par les premières pages. Le synopsis de départ est original mais au bout de très peu de temps, je me suis rendue compte que les personnages étaient beaucoup trop caricaturaux. On arrive vite à quelques choses de très convenues.

Pour ma part, j'en resterai là de cette série...

Bof... Bof...


Alors que les femmes se préparaient pour la nuit, des bruits résonnaient doucement dans la prison caverneuse. Des soupirs, des sanglots et des prières chu-chotées devenaient un murmure constant ; un peu comme la poussée du vent dans les arbres. L’obscurité avait sa vie propre. Les lumières fluorescentes éteintes, le seul éclairage provenait de la fenêtre étroite de chaque prisonnière. La vitre était sale, et au-delà du volet, il y avait d’épais barreaux que Shea présuma être également recouverts d’or blanc. Au moins, elle pouvait s’accrocher à une petite tranche de l’extérieur.

Seule dans sa cellule, elle faisait de son mieux pour s’isoler du murmure, du désespoir. Son lit fait, elle s’étendit sur le dur matelas et regarda par la fenêtre, souhaitant être n’importe où ailleurs.

Quelque part, Torin était en train de la chercher. Elle en était convaincue. Aucun homme ayant promis aussi sérieusement un rituel d’accouplement ne lui permettrait de lui échapper. Et maintenant qu’elle était en train de prier pour qu’il apparaisse, la question était la suivante : pourrait-il la retrouver ?

Elle ferma les yeux et concentra ses pensées sur le grand homme aux yeux gris farouches. Il s’était lui-même appelé « Éternel ». Son Éternel. Pourquoi cela lui paraissait-il familier ? Ce seul mot semblait résonner en elle. Elle visualisa son visage dans son esprit et concentra tout son être sur cette vision.

Comme c’est étrange, remarqua-t-elle distraitement, il y avait seulement quelques heures, c’était lui l’ennemi. Maintenant, il représentait l’espoir. Avant, elle s’était inquiétée qu’il soit en quelque sorte relié aux rêves et aux visions étranges qui l’avaient obsédée. Elle ne s’en souciait plus. Elle accepterait les rêves. Tout ce qu’il avait prévu pour elle devait être mieux que tout cela.

Son image fermement gravée dans son esprit, elle finit par s’endormir, et le rêve se manifesta.

Elle était chez elle, dans une petite maison à l’orée d’une épaisse forêt, avec un torrent à proximité. Un feu de tourbe brûlait dans le foyer, et des herbes étaient suspendues aux chevrons du plafond. Il y avait une grande fenêtre qui donnait sur un jardin qui, même au clair de lune, avait une allure luxuriante. Tout était à sa place. De chaudes couvertures et des coussins reposaient sur la paire de fauteuils tirés près du feu qui crépitait. Des casseroles et des pots tapissaient des étagères où étaient soigneusement empilés plusieurs livres précieux. Le lit était grand et bosselé, recouvert d’une courtepointe qu’elle avait elle-même assemblée.

Dans son rêve, Shea reconnaissait ce lieu. Elle était elle-même et en même temps, elle était quelqu’un d’autre. Quelqu’un à une époque différente. La femme qui habitait ici. Qui travaillait ici. Qui aimait ici.

Elle se retourna et croisa son reflet dans le fond brillant d’une casserole de cuivre. Son visage était familier mais étrange. Elle reconnaissait les yeux verts, mais l’épaisse chevelure noire était différente. Son visage était en forme de cœur, et ses lèvres étaient rouges et pleines. Elle était… une autre.

Dans un rêve qui était si réel, elle sentait la fumée de tourbe, et goûtait l’odeur chaude et terreuse sur sa langue. Même dans le sommeil, elle se sentait troublée alors que la confusion régnait dans son esprit. Comment pouvait-elle être aussi à l’aise dans un lieu et une époque qui n’étaient pas les siens ? Comment pouvait-elle savoir qu’il y avait un village à environ un kilomètre à peine ? Et que les herbes suspendues au-dessus de sa tête étaient destinées à des usages médicinaux ?

Elle frotta le front qui n’était pas vraiment le sien et qui pourtant l’était, et elle essaya de comprendre.

Puis, la porte arrière s’ouvrit dans un fracas, claquant contre le mur. Son cœur battant très vite, Shea se retourna pour faire face à un homme géant qui remplissait l’ouverture de la porte. Sa longue chevelure noire était tressée à ses tempes. Il portait une simple chemise de bure et un pantalon de cuir marron rentré dans de lourdes bottes brunes.

Ses yeux gris étaient braqués sur elle. Son cœur battant toujours frénétiquement bondit dans sa poitrine. Elle connaissait ces yeux. Elle les avait déjà connus, songea-t-elle maintenant, à travers d’innombrables vies. Quelque chose en elle se détendit, car même dans le rêve, elle avait l’impression que de nombreuses pièces d’un puzzle se glissaient inexorablement en place. Puis elle ne pensa plus du tout. Chaque centimètre de son corps brûlait d’une faim qu’elle reconnaissait. Qu’elle désirait. Un vent glacial se glissa dans la pièce pour caresser les flammes et les envoyer danser et se tordre, créant des ombres sinueuses sur les murs dégrossis.

Vous n’attendiez pas au village, l’accusa-t-il.

Est-ce que j’ai l’air d’une femme à qui l’on donne des ordres ? demanda-t-elle avec de la coquetterie dans sa voix.

Vous ressemblez à ma femme, lui dit-il en claquant la porte, se fermant au reste du monde.

Shea ressentit le frisson de cette simple déclaration la fouetter comme un éclair parasite. Son regard croisa le sien pendant une longue minute, puis elle se précipita vers lui en se jetant contre lui.

Ses bras durs et solides l’entourèrent, la soulevant du sol. Son odeur remplissait ses sens en même temps que sa chaleur s’infiltrait dans ses os et que des feux s’allumaient en elle et semblaient sur le point d’exploser. La transportant, il marcha vers le lit dans le coin, et la posa sur le matelas. Elle enleva ses cheveux de ses yeux, se lécha la lèvre inférieure et leva l’ourlet de sa longue jupe, lui montrant ses jambes, adorant le scintillement dans ses yeux quand il la regardait.

Est-ce un combat que vous êtes d’humeur à livrer, Torin ? demanda-t-elle avec un soupir. Ou n’y a-t-il pas quelque chose d’autre que vous trouveriez plus agréable ?

Il y a ceci, dit-il en arrachant ses vêtements pour les lancer sur le sol.

Shea inspira brusquement, laissant son regard se glisser sur son corps musclé, marqué par les combats. Il était un guerrier incomparable. Elle ne pouvait imaginer son univers sans sa présence. Elle se languissait de lui. De son contact. De sa saveur. Chaque fois qu’il venait à elle, c’était comme la première fois.

C’était magique.

Elle frissonna alors que ce mot dansait dans son esprit avec une assurance qui semblait naturelle. Comme si ce mot faisait autant partie d’elle que ses yeux, son souffle. Une fois de plus, elle eut l’impression qu’il y avait… quelque chose qu’elle devait savoir. Se rappeler. Une image se précipita dans son esprit et disparut en un instant. De hautes falaises. Une grotte. Un feu enfermé à l’intérieur.

Les sourcils froncés, elle tenta de saisir l’image qui lancinait aux confins de son cerveau, taquinant un souvenir qui refusait de naître.

Qu’y a-t-il ? demanda-t-il, tendant le bras vers elle, puis la redressant pour qu’elle s’assoie à côté de lui.

Rien. Ce n’est rien, murmura-t-elle, ne voulant pas qu’il la croie folle, et ne souhaitant pas perdre de temps précieux avec lui sur des divagations stupides.

Et pourtant…

— C’est seulement que parfois, j’ai l’impression qu’une partie de moi est perdue quelque part.

Il la dévisagea pendant une longue minute, puis il passa une main sur sa poitrine dans une lente caresse.

Il me semble que toutes les pièces sont là où elles devraient être.

Elle soupira et se cambra à son contact, avide de ce grésillement de chaleur qui glissait de sa peau à la sienne. Il lui était devenu aussi nécessaire que de respirer, et elle ne voulait rien de plus que de savourer ses mains sur son corps.

Vous riez, dit-elle doucement, mais il y a quelque chose qui cloche, Torin. Quelque chose que je dois…

Chut maintenant, jeune fille, dit-il en posant un doigt sur sa bouche. Ne vous inquiétez pas à ce sujet. Quand le moment sera venu, vous le saurez. Vous comprendrez tout. Ce moment n’est pas encore arrivé.

Ses yeux gris pâle fixaient les siens, et Shea aurait juré qu’elle voyait remuer des ombres dans ses profondeurs. Des ombres de choses qui avaient été, de choses qui seraient.

Son souffle se figea tandis que son rythme cardiaque s’accélérait.

Elle secoua la tête, gênée par sa folie et ses élucubrations. Et lorsqu’elle regarda de nouveau dans les yeux familiers, elle ne vit que son propre reflet qui la regardait.

Qu’en savez-vous, grosse bête ? demanda-t-elle en souriant.

Il lui sourit, un coin de sa bouche se soulevant alors qu’il la tirait du lit et l’installait sur ses genoux. Repoussant ses jupes, il la déposa à cheval sur lui, ses cuisses nues sur les siennes.

Je suis une bête ? demanda-t-il, glissant une main sous la chute de sa jupe pour glisser ses doigts sur la longueur de sa jambe et vers son intérieur chaud et humide.

Elle frissonna dans ses bras et soupira en prononçant son nom.

C’est ce que vous êtes, une bête, dit-elle, si vous ne me donnez pas ce dont nous avons tous les deux besoin.

Alors, appelez-moi Torin, dit-il, abaissant son corps sur le sien glorieusement dur. Car je ne serai pas une bête.

Il se poussa en elle, et elle accueillit l’invasion de son corps dans le sien. Elle gémit et arqua son corps, faisant pivoter ses hanches pour l’amener plus haut, plus profondément. Son épaisse plénitude la réclamait complètement, comme s’il avait été créé pour joindre son corps au sien.

Ses doigts sur ses hanches, il l’agrippa et l’encouragea à se déplacer sur lui, et c’est ce qu’elle fit, parce que c’était tout ce qu’elle voulait, tout ce dont elle avait besoin. Son corps se mit à chanter sous son toucher, son sang brûla et son âme vola en éclats. Encore et encore, elle le prit profondément et durement, basculant sur lui, fixant un rythme qui lui correspondait et qu’il commandait.

Leurs regards se croisèrent, et lorsque la première vague de plaisir la parcourut, elle regarda dans les yeux de sa bête et trouva presque — presque — ce qu’elle cherchait.