Comme
c’est étrange, remarqua-t-elle distraitement, il
y avait seulement quelques heures, c’était lui l’ennemi.
Maintenant, il représentait l’espoir.
Au
cours des dix dernières années, depuis que la magie a émergé de
nouveau, on a commencé à craindre les sorcières et à les
pourchasser. Depuis des semaines, Shea Jameson est hantée par des
visions de feu. Involontairement, elle jette un sort en public et
devient l’une des sorcières poursuivies. Son seul espoir est
Torin, un homme dangereusement sensuel qui prétend être son
compagnon Éternel. Torin dit que le temps de l’éveil est arrivé
pour Shea, et qu’ils doivent trouver un artefact caché depuis des
siècles — ou bien faire face à la fin du monde. À mesure que son
pouvoir se manifeste, et que le danger et la mort s’approchent,
Shea doit décider si elle fera confiance à Torin, et à la passion
et au pouvoir qu’il lui apporte — ou risquer la destruction de
tout ce qu’elle connaît.
Une
lecture très moyenne.
J'ai
été emballé par les premières pages. Le synopsis de départ est
original mais au bout de très peu de temps, je me suis rendue compte
que les personnages étaient beaucoup trop caricaturaux. On arrive
vite à quelques choses de très convenues.
Pour
ma part, j'en resterai là de cette série...
Bof...
Bof...
Alors
que les femmes se préparaient pour la nuit, des bruits résonnaient
doucement dans la prison caverneuse. Des soupirs, des sanglots et des
prières chu-chotées devenaient un murmure constant ; un peu comme
la poussée du vent dans les arbres. L’obscurité avait sa vie
propre. Les lumières fluorescentes éteintes, le seul éclairage
provenait de la fenêtre étroite de chaque prisonnière. La vitre
était sale, et au-delà du volet, il y avait d’épais barreaux que
Shea présuma être également recouverts d’or blanc. Au moins,
elle pouvait s’accrocher à une petite tranche de l’extérieur.
Seule dans
sa cellule, elle faisait de son mieux pour s’isoler du murmure, du
désespoir. Son lit fait, elle s’étendit sur le dur matelas et
regarda par la fenêtre, souhaitant être n’importe où ailleurs.
Quelque
part, Torin était en train de la chercher. Elle en était
convaincue. Aucun homme ayant promis aussi sérieusement un rituel
d’accouplement ne lui permettrait de lui échapper. Et maintenant
qu’elle était en train de prier pour qu’il apparaisse, la
question était la suivante : pourrait-il la retrouver ?
Elle ferma
les yeux et concentra ses pensées sur le grand homme aux yeux gris
farouches. Il s’était lui-même appelé « Éternel
». Son Éternel. Pourquoi cela lui paraissait-il
familier ? Ce seul mot semblait résonner en elle. Elle visualisa son
visage dans son esprit et concentra tout son être sur cette vision.
Comme c’est
étrange, remarqua-t-elle distraitement, il y avait seulement
quelques heures, c’était lui l’ennemi. Maintenant, il
représentait l’espoir. Avant, elle s’était inquiétée qu’il
soit en quelque sorte relié aux rêves et aux visions étranges qui
l’avaient obsédée. Elle ne s’en souciait plus. Elle accepterait
les rêves. Tout ce qu’il avait prévu pour elle devait être mieux
que tout cela.
Son image
fermement gravée dans son esprit, elle finit par s’endormir, et le
rêve se manifesta.
Elle
était chez elle, dans une petite maison à l’orée d’une épaisse
forêt, avec un torrent à proximité. Un feu de tourbe brûlait dans
le foyer, et des herbes étaient suspendues aux chevrons du plafond.
Il y avait une grande fenêtre qui donnait sur un jardin qui, même
au clair de lune, avait une allure luxuriante. Tout était à sa
place. De chaudes couvertures et des coussins reposaient sur la paire
de fauteuils tirés près du feu qui crépitait. Des casseroles et
des pots tapissaient des étagères où étaient soigneusement
empilés plusieurs livres précieux. Le lit était grand et bosselé,
recouvert d’une courtepointe qu’elle avait elle-même assemblée.
Dans son
rêve, Shea reconnaissait ce lieu. Elle était elle-même et en même
temps, elle était quelqu’un d’autre. Quelqu’un à une époque
différente. La femme qui habitait ici. Qui travaillait ici.
Qui aimait ici.
Elle se
retourna et croisa son reflet dans le fond brillant d’une casserole
de cuivre. Son visage était familier mais étrange. Elle
reconnaissait les yeux verts, mais l’épaisse chevelure noire était
différente. Son visage était en forme de cœur, et ses lèvres
étaient rouges et pleines. Elle était… une autre.
Dans un
rêve qui était si réel, elle sentait la fumée de tourbe, et
goûtait l’odeur chaude et terreuse sur sa langue. Même dans le
sommeil, elle se sentait troublée alors que la confusion régnait
dans son esprit. Comment pouvait-elle être aussi à l’aise dans un
lieu et une époque qui n’étaient pas les siens ? Comment
pouvait-elle savoir qu’il y avait un village à environ un
kilomètre à peine ? Et que les herbes suspendues au-dessus de sa
tête étaient destinées à des usages médicinaux ?
Elle
frotta le front qui n’était pas vraiment le sien et qui pourtant
l’était, et elle essaya de comprendre.
Puis, la
porte arrière s’ouvrit dans un fracas, claquant contre le mur. Son
cœur battant très vite, Shea se retourna pour faire face à un
homme géant qui remplissait l’ouverture de la porte. Sa longue
chevelure noire était tressée à ses tempes. Il portait une simple
chemise de bure et un pantalon de cuir marron rentré dans de lourdes
bottes brunes.
Ses yeux
gris étaient braqués sur elle. Son cœur battant toujours
frénétiquement bondit dans sa poitrine. Elle connaissait ces yeux.
Elle les avait déjà connus, songea-t-elle maintenant, à travers
d’innombrables vies. Quelque chose en elle se détendit, car même
dans le rêve, elle avait l’impression que de nombreuses pièces
d’un puzzle se glissaient inexorablement en place. Puis elle ne
pensa plus du tout. Chaque centimètre de son corps brûlait d’une
faim qu’elle reconnaissait. Qu’elle désirait. Un vent glacial se
glissa dans la pièce pour caresser les flammes et les envoyer danser
et se tordre, créant des ombres sinueuses sur les murs dégrossis.
— Vous
n’attendiez pas au village, l’accusa-t-il.
— Est-ce
que j’ai l’air d’une femme à qui l’on donne des ordres ?
demanda-t-elle avec de la coquetterie dans sa voix.
— Vous
ressemblez à ma femme, lui dit-il en claquant la porte, se fermant
au reste du monde.
Shea
ressentit le frisson de cette simple déclaration la fouetter comme
un éclair parasite. Son regard croisa le sien pendant une longue
minute, puis elle se précipita vers lui en se jetant contre lui.
Ses bras
durs et solides l’entourèrent, la soulevant du sol. Son odeur
remplissait ses sens en même temps que sa chaleur s’infiltrait
dans ses os et que des feux s’allumaient en elle et semblaient sur
le point d’exploser. La transportant, il marcha vers le lit dans le
coin, et la posa sur le matelas. Elle enleva ses cheveux de ses yeux,
se lécha la lèvre inférieure et leva l’ourlet de sa longue jupe,
lui montrant ses jambes, adorant le scintillement dans ses yeux quand
il la regardait.
— Est-ce
un combat que vous êtes d’humeur à livrer, Torin ? demanda-t-elle
avec un soupir. Ou n’y a-t-il pas quelque chose d’autre que vous
trouveriez plus agréable ?
— Il
y a ceci, dit-il en arrachant ses vêtements pour les lancer sur le
sol.
Shea
inspira brusquement, laissant son regard se glisser sur son corps
musclé, marqué par les combats. Il était un guerrier incomparable.
Elle ne pouvait imaginer son univers sans sa présence. Elle se
languissait de lui. De son contact. De sa saveur. Chaque fois qu’il
venait à elle, c’était comme la première fois.
C’était
magique.
Elle
frissonna alors que ce mot dansait dans son esprit avec une assurance
qui semblait naturelle. Comme si ce mot faisait autant partie d’elle
que ses yeux, son souffle. Une fois de plus, elle eut l’impression
qu’il y avait… quelque chose qu’elle devait savoir. Se
rappeler. Une image se précipita dans son esprit et disparut en un
instant. De hautes falaises. Une grotte. Un feu enfermé à
l’intérieur.
Les
sourcils froncés, elle tenta de saisir l’image qui lancinait aux
confins de son cerveau, taquinant un souvenir qui refusait de naître.
— Qu’y
a-t-il ? demanda-t-il, tendant le bras vers elle, puis la redressant
pour qu’elle s’assoie à côté de lui.
— Rien.
Ce n’est rien, murmura-t-elle, ne voulant pas qu’il la croie
folle, et ne souhaitant pas perdre de temps précieux avec lui sur
des divagations stupides.
Et
pourtant…
— C’est
seulement que parfois, j’ai l’impression qu’une partie de moi
est perdue quelque part.
Il la
dévisagea pendant une longue minute, puis il passa une main sur sa
poitrine dans une lente caresse.
— Il
me semble que toutes les pièces sont là où elles devraient être.
Elle
soupira et se cambra à son contact, avide de ce grésillement de
chaleur qui glissait de sa peau à la sienne. Il lui était devenu
aussi nécessaire que de respirer, et elle ne voulait rien de plus
que de savourer ses mains sur son corps.
— Vous
riez, dit-elle doucement, mais il y a quelque chose qui cloche,
Torin. Quelque chose que je dois…
— Chut
maintenant, jeune fille, dit-il en posant un doigt sur sa bouche. Ne
vous inquiétez pas à ce sujet. Quand le moment sera venu, vous le
saurez. Vous comprendrez tout. Ce moment n’est pas encore arrivé.
Ses yeux
gris pâle fixaient les siens, et Shea aurait juré qu’elle voyait
remuer des ombres dans ses profondeurs. Des ombres de choses qui
avaient été, de choses qui seraient.
Son
souffle se figea tandis que son rythme cardiaque s’accélérait.
Elle
secoua la tête, gênée par sa folie et ses élucubrations. Et
lorsqu’elle regarda de nouveau dans les yeux familiers, elle ne vit
que son propre reflet qui la regardait.
— Qu’en
savez-vous, grosse bête ? demanda-t-elle en souriant.
Il lui
sourit, un coin de sa bouche se soulevant alors qu’il la tirait du
lit et l’installait sur ses genoux. Repoussant ses jupes, il la
déposa à cheval sur lui, ses cuisses nues sur les siennes.
— Je
suis une bête ? demanda-t-il, glissant une main sous la chute de sa
jupe pour glisser ses doigts sur la longueur de sa jambe et vers son
intérieur chaud et humide.
Elle
frissonna dans ses bras et soupira en prononçant son nom.
— C’est
ce que vous êtes, une bête, dit-elle, si vous ne me donnez pas ce
dont nous avons tous les deux besoin.
— Alors,
appelez-moi Torin, dit-il, abaissant son corps sur le sien
glorieusement dur. Car je ne serai pas une bête.
Il se
poussa en elle, et elle accueillit l’invasion de son corps dans le
sien. Elle gémit et arqua son corps, faisant pivoter ses hanches
pour l’amener plus haut, plus profondément. Son épaisse plénitude
la réclamait complètement, comme s’il avait été créé pour
joindre son corps au sien.
Ses
doigts sur ses hanches, il l’agrippa et l’encouragea à se
déplacer sur lui, et c’est ce qu’elle fit, parce que c’était
tout ce qu’elle voulait, tout ce dont elle avait besoin. Son corps
se mit à chanter sous son toucher, son sang brûla et son âme vola
en éclats. Encore et encore, elle le prit profondément et durement,
basculant sur lui, fixant un rythme qui lui correspondait et qu’il
commandait.
Leurs
regards se croisèrent, et lorsque la première vague de plaisir la
parcourut, elle regarda dans les yeux de sa bête et trouva presque —
presque — ce qu’elle cherchait.