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samedi 19 juillet 2014

La chronique des Bridgerton,Tome 1: Daphné et le duc - Julia Quinn

 


À la naissance de son fils, le duc de Hastings jubilait. Hélas, l'enfant bégaie ! Affront insupportable pour le duc, qui l'a renié sans pitié.


 










Le résumé:
À la naissance de son fils, le duc de Hastings jubilait. Hélas, l'enfant bégaie ! Affront insupportable pour le duc, qui l'a renié sans pitié. Le jeune Simon a grandi, solitaire et assoiffé de revanche. Après de brillantes études, il a bourlingué de par le monde jusqu'à la mort de son père, et c'est désormais porteur d'un titre prestigieux qu'il rentre en Angleterre. Il est aussitôt assailli par une horde de mères prêtes à tout pour marier leurs filles. Mais Simon ne s'intéresse pas aux débutantes. Sauf peut-être à Daphné Bridgerton, qu'il a rencontrée dans des circonstances cocasses. Comme Simon, elle voudrait juste qu'on la laisse en paix. Une idée machiavélique naît alors dans l'esprit du jeune duc...



L'extrait :
Simon n'avait pas la moindre intention de se marier N'étant pas à la recherche d'une épouse, il n avait donc aucune raison de hanter les salons de l'aristocratie.
S'il faisait ce soir une entorse à cette règle d'or, c'était par pure loyauté envers lady Danbury. Il n'avait pas oublié les bontés dont celle-ci l'avait entoure dans son enfance, et il avait un faible pour cette vieille dame aux manières directes. Cela eût été fort incorrect de ne pas répondre à son invitation, d autant qu'elle avait ajouté sur le carton de vélin quelques lignes de sa main, dans lesquelles elle se réjouissait de son retour au bercail.
Simon, en familier de l'hôtel particulier, était entré par une porte de service. Si tout se déroulait comme prévu, il pourrait se glisser en toute discrétion dans la salle de bal, présenter ses hommages à la maîtresse de maison et s'éclipser aussitôt.
Alors qu'il s'apprêtait à bifurquer dans un autre couloir, il pila net en entendant des voix.
Il étouffa un soupir d'agacement. Il avait interrompu un rendez-vous galant ! Bon sang, comment poursuivre son chemin sans se faire remarquer ? Si l'on découvrait sa présence, il imaginait déjà la scène... Le mélodrame, les regards embarrassés, l'agitation sans fin ! Le plus sage était de se fondre dans l'ombre et d'attendre que les amants s'éloignent.
Toutefois, alors qu'il reculait d'un pas léger, il perçut un mot qui retint son attention.
— Non.
Comment, « non » ? La jeune femme avait-elle été entraînée contre son gré dans les couloirs déserts ? Simon n'éprouvait aucune envie particulière de jouer les héros, mais il ne pouvait laisser quelqu'un manquer de respect à une dame. Il tendit l'oreille, indécis. Après tout, il avait peut-être mal entendu.
— Nigel, dit alors la voix féminine, il ne fallait pas me suivre jusqu'ici.
— Mais je vous aime ! protesta un jeune homme d'un ton vibrant de passion. Tout ce que je veux, c'est vous épouser.
Simon faillit laisser échapper un soupir navré. Le pauvre garçon était si éperdument épris que c'en était pathétique !
— Nigel, reprit la jeune femme, remarquablement douce et patiente, mon frère vous a déjà expliqué que je ne me marierai pas avec vous. En revanche, j'espère que nous resterons bons amis.
— Votre frère n'a rien compris.
— Je vous assure que si.
— Peste ! Si vous me refusez, qui voudra de moi ?
Simon sursauta. C'était bien la proposition de mariage la moins romantique que l'on puisse imaginer !
Apparemment, c'était aussi l'avis de la demoiselle, car elle répondit, d'un ton où perçait un brin d'agacement :
— Écoutez, il y a des dizaines de jeunes filles en ce moment dans la salle de bal de lady Danbury. Je suis certaine que vous en trouverez une qui sera ravie de vous épouser.
Depuis sa cachette, Simon tendit le cou, juste assez pour avoir un aperçu de la scène. L'inconnue se tenait dans l'ombre, mais son prétendant était clairement visible : avec son visage dépité et ses épaules affaissées, il offrait un bien triste spectacle. Le pauvre garçon secoua la tête.
— Non, bougonna-t-il. Elles ne veulent pas de moi. Elles... elles...
Simon tressaillit en l'entendant buter sur les mots. Sa détresse manifeste était certes plus touchante que ce léger bégaiement, mais Simon savait ce que c'était que de ne pas pouvoir prononcer une phrase à cause d'une trop vive émotion.
— Aucune n'est aussi bonne que vous, dit finalement le malheureux. Vous êtes la seule à me sourire.
— Oh, Nigel ! s'écria la jeune fille dans un soupir désolé. Je suis sûre que ce n'est pas vrai.
Elle mentait par pure bonté d'âme, c'était évident, comprit Simon. En l'entendant soupirer de nouveau, il se dit qu'elle n'avait nullement besoin de son aide. Elle semblait avoir la situation en main, et bien que Simon ne pût s'empêcher d'éprouver une vague compassion envers le pauvre Nigel, il ne pouvait rien pour celui-ci non plus.
En outre, il commençait à avoir la désagréable impression de se comporter comme le pire des voyeurs.
Il recula sans bruit vers une porte qui, il le savait, donnait sur la bibliothèque. Un autre accès, au fond de cette pièce, ouvrait sur le jardin d'hiver, par lequel il pourrait s'introduire dans la salle de bal. Cela ne serait pas aussi discret que de passer par l'arrière, comme il l'avait prévu, mais au moins cela épargnerait à l'infortuné Nigel l'humiliation supplémentaire d'être surpris dans cette situation pitoyable.
Alors qu'il était sur le point de s'éclipser, il entendit la jeune fille pousser un cri.
— Vous devez m'épouser ! tonna Nigel. Il le faut ! Jamais je ne trouverai une autre...
— Nigel, arrêtez !
Simon pivota sur lui-même, alarmé. Apparemment, il allait tout de même devoir intervenir !
Il revint dans le couloir à grandes enjambées en se composant la sévère expression qui convient à un homme de son rang. Toutefois, la phrase qu'il venait mentalement de répéter, « Je crois que cette demoiselle vous a demandé de la laisser tranquille », mourut sur ses lèvres. A la réflexion, son destin n'était pas de jouer les héros, ce soir ! Avant qu'il ait eu le temps de comprendre ce qui se passait, il vit une silhouette féminine replier le bras, poing fermé, puis assener un coup d'une surprenante vigueur sur la mâchoire de l'importun.
Ce dernier battit l'air de ses mains, avant de tomber à la renverse. Éberlué, Simon regarda la jeune fille se jeter à son chevet.
— Oh, non ! gémit-elle. Nigel ? Vous allez bien ? Je n'avais pas l'intention de frapper aussi fort.
Ce fut malgré lui : Simon laissa échapper un joyeux éclat de rire.
Surprise, l'inconnue leva la tête.
Simon crut alors que son cœur s'arrêtait de battre. Jusqu'à présent, elle était restée dans l'ombre, aussi n'avait-il aperçu d'elle qu'une luxuriante chevelure aux reflets acajou. À présent qu'elle se tournait vers lui, il découvrit ses grands yeux sombres étirés vers les tempes et ses lèvres au modelé pulpeux, les plus sensuelles qu'il eût jamais vues. S'il ne répondait pas aux canons habituels de la beauté, son visage félin - pommettes larges et petit menton fin - rayonnait d'une séduction si puissante qu'il en eut le souffle coupé.
Ses sourcils, fournis mais délicatement arqués, se froncèrent en une expression de contrariété. Manifestement furieuse, elle demanda :
— Qui diable êtes-vous donc ?