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lundi 21 juillet 2014

Tatiana, Tome 3 : Inoubliable Tatiana - Paullina Simons

 


"Non, murmura-t-elle en passant les bras autour de son cou et en fermant les yeux. Tu m'a dit: Je t'ai laissée partir une fois. Maintenant, ou nous vivons ensemble, ou nous mourrons ensemble."


 








Le résumé:
1946. Après avoir survécu au siège de Leningrad, après avoir surmonté la faim, la peur, la trahison et la séparation, Tatiana, Alexandre et leur jeune fils Anthony sont enfin réunis aux États-Unis d’Amérique, le pays de tous leurs rêves. Ensemble, ils voudraient oublier la guerre et les horreurs du monde pour, peut-être, goûter un jour à leur part de bonheur. Pourtant, le passé n’a pas fini de les hanter. Dans l’angoisse d’être de nouveau la proie des autorités, Tatiana et Alexandre mènent une vie de fugitifs, jetant leur famille sur les routes, d’une ville à une autre, sans espoir de répit. Mais la précarité n’est-elle pas le lot de tous les immigrants qui ont vu ce pays comme la Terre promise ?

Lorsqu’ils s’installent enfin à Phœnix, ils entrent en milieu hostile. Pour nourrir les siens, Alexandre travaille dur dans une entreprise de construction tenue par des patrons malhonnêtes et dangereux. Dans les bas-fonds de cette cité industrielle, il règne un climat de violence qui pourrait menacer l’avenir de leur foyer. Et fragiliser encore leur couple... Car s’ils ont su traverser des épreuves tragiques, Tatiana et Alexandre doivent affronter un nouvel ennemi : le quotidien. Face aux souvenirs qui les rongent et aux difficultés nouvelles, peuvent-ils vraiment aspirer à reprendre le cours d’une vie normale ? Leur amour pourra-t-il vaincre l’épreuve du temps ?

Mais la guerre bientôt les rattrape et l’histoire semble se répéter. Leur fils Anthony disparaît pendant la guerre du Vietnam. Et Alexandre est bien déterminé à le retrouver, dût-il y laisser sa propre vie...





L'extrait :
Alexandre, tu m'as brisé le cœur. Mais pour m'avoir portée sur ton dos, pour avoir tiré mes morts sur le traineau, pour m'avoir accordé ton dernier morceau de pain, pour m'avoir sacrifié ton corps, pour le fils que tu m'as donnée, pour les vingt-neuf jours de paradis que nous avons partagés, pour les sables de Naples et les vins de Napa, pour tous les jours où je n'ai vécu que pour toi, pour Orbeli, je te pardonne.
Alors seulement, il put enfin la caresser.



L'extrait :
Île Deer, 1946

Tatiana et son fils mangeaient une glace, assis sur un banc, au soleil couchant, tout en guettant le retour des bateaux de pêche. Elle entendait souvent les cris des mouettes avant d'apercevoir les homardiers.
La jeune femme semblait calme, pourtant ses mains tremblaient tandis que sa glace fondait. Elle apprenait à Anthony «Brille, mon étoile, brille», une chanson russe, et lui, pour la taquiner, s'amusait à inverser les vers.
Une légère brise balayait ses cheveux et des mèches s'échappaient de sa longue et épaisse natte blonde. Elle avait le teint pâle et les yeux clairs, à l'opposé de son bambin brun, bronzé, aux yeux noirs et aux jambes potelées.
Tatiana aurait voulu éterniser cet instant, oublier le passé, se convaincre que seul existait ce moment présent, là, sur cette petite île du Maine, uniquement reliée au continent par un traversier et le pont suspendu de huit cents mètres qu'ils avaient emprunté avec leur camping-car, un vieux Shult Nomad Deluxe. Leur route s'était arrêtée à Stonington, un village perdu au bord de l'océan, niché au pied d'une colline couverte de chênes. Tatiana n'avait jamais rien vu de plus beau ni de plus paisible que cette baie aux eaux moirées, dans laquelle se reflétaient les maisons de bois blanches. Cette paix, c'était sa vie désormais, comme si le reste n'existait pas.
Hélas, parfois, dans un éclair, alors que les mouettes tournoyaient en criaillant dans le ciel, certains souvenirs revenaient la hanter, même ici, sur l'île Deer.
Tout à l'heure, alors qu'ils sortaient dans la rue, ils avaient entendu des éclats de voix chez leurs voisines.