Lorsque Cait Douglass se
résout à surmonter la peine d'avoir eu le cœur brisé, se libère
de ses inhibitions et se décide enfin à vivre pleinement, elle
était loin d'être prête à rencontrer les deux hommes sensuels qui
croisent sa route...
Le
résumé :Lorsque Cait Douglass se résout à surmonter la peine d'avoir eu le cœur brisé, se libère de ses inhibitions et se décide enfin à vivre pleinement, elle était loin d'être prête à rencontrer les deux hommes sensuels qui croisent sa route. Déchirée entre les deux, elle ne sait lequel choisir... et quelles conséquences ce choix impliquera-t-il.
Jim Heron, ange déchu et réticent sauveur, est en guerre, mais il met tout en danger lorsqu'il cherche à passer un marché avec le mal... littéralement. Alors qu'une autre âme est prise dans la bataille entre lui et le démon Devina, son obsession pour une innocente enfermée en Enfer va menacer de le détourner de son sacro-saint devoir.
Le bien peut-il triompher si le véritable amour rend le sauveur faible ? Le futur d'une femme sera-t-il la clé - ou la malédiction - de l'humanité toute entière ? Seul le temps, et les cœurs, le diront.
L'avis :
Excellent
5ème opus !
J'ai
lu que certains fans de l'auteure seraient moins convaincus par ses
derniers livres notamment avec la série BDB. Pour ma part, je ne le
comprends pas et je me suis régalée avec celui-ci.
J'ADORE
le style de J.R. Ward. Pour moi son travail se classe en deux
catégories : il y a les ouvrages ultra géniaux et les autres
simplement géniaux.
Celui-ci
appartient à la première catégorie car ENFIN Sissy devient un
personnage à part entière et non plus une obsession de Jim Heron !
Mais bon...la « relation » est compliquée comme sait si
bien les créer l'auteure des Anges déchus. J'ai simplement hurlé à
la lune (oui, ça m'arrive avec certains ouvrages) en fermant le
livre tant j'étais fébrile quant à l'avenir de ce couple.
Je
dirai simplement qu'ici, l'action s'accélère et les destinées de
nos héros s'annoncent de plus en plus noires pour les prochains
tomes que j'attends de façon fébrile.
Je
ne crois pas pouvoir cacher plus longtemps que je suis FAN de J.R.
Ward. C'est la première fois à vrai dire et je commence à mieux
comprendre l'hystérie qui peut entourer le travail de certains
artistes.
Attention
les extraits sont mes moments préférés : il y a forcément
des spoilers donc si vous les lisez, vous êtes prévenus !
L'extrait :
« Toc.
Toc. »
Jim
leva la tête.
— Oui ?
La
porte s’entrouvrit, un rai de lumière perçant l’obscurité.
— Je
peux entrer ?
Au
son de la voix de Sissy, Jim attrapa les couvertures et les tira sur
son entrejambe.
— Pas
maintenant.
— Je
veux juste m’excuser.
— Je
peux te rejoindre dans la cuisine ?
— Je
suis vraiment désolée, Jim, dit-elle d’une voix rauque.
— Merde.
Moi aussi.
D’un
mouvement gracieux, elle passa la tête par la porte, et Seigneur,
baignés par ce flot de lumière, ses cheveux blonds lui apparurent
comme un halo. Un instant fasciné, il se frotta les yeux, en se
demandant s’il ne rêvait pas. Peut-être s’était-il assoupi, et
son subconscient avait profité de l’occasion pour se mettre en
action…
— J’ai
froid, dit-elle d’une petite voix.
— Je
vais te donner un sweat-shirt. (Il voulut se relever quand il se
rappela qu’il était nu.) Euh… il y en a un par là.
Il
désigna la pile de vêtements propres. Sissy esquissa un pas en
avant puis s’arrêta sur le seuil.
— Je
ne voulais pas…
Elle
se racla la gorge.
Ah,
d’accord. En fait, ce n’était qu’un prétexte. Elle ne savait
pas comment s’excuser de son comportement. Et oui, il la
comprenait.
— Tu
n’as pas à le dire, murmura-t-il.
— Vraiment ?
— Non.
— Oh,
bien. (Elle ferma la porte.) Je suis contente.
Jim
fronça les sourcils en l’entendant s’approcher du lit… puis le
matelas s’affaissa légèrement sous le poids de la jeune femme.
— Qu’est-ce
que…
— J’ai
froid. J’ai si… froid, Jim. J’ai juste besoin… de me
réchauffer.
Jim
écarquilla les yeux, mais n’eut pas le temps de réagir :
avant qu’il comprenne ce qui lui arrivait, elle s’était allongée
à son côté, pelotonnée contre son torse.
— Prends-moi
dans tes bras. Juste un instant, je t’en prie. J’en ai tellement
besoin.
Elle
avait la voix éraillée, brisée par le chagrin et l’épuisement.
Mais Jim résista.
Serrant
les bras contre ses flancs, il secoua la tête même si elle ne
pouvait pas le voir.
— Sissy…
(Sa voix était rauque même à ses oreilles.) Je ne peux pas… Non,
ce n’est pas bien…
— Pourquoi ?
(Sa voix était plus grave, lui rappelant encore une fois qu’elle
n’était pas dans son état normal.) Je ne cherche pas à faire
l’amour.
Jim
eut un mouvement de recul, choqué par sa candeur. Mais il la
croyait. C’était lui, le problème. De plus, il était nu.
— Je
t’en prie, dit-elle. Je me sens perdue. Si perdue, comme à la
dérive. Et rien ne me retient ici… Laisse-moi juste rester cette
nuit. Je promets de ne pas t’embêter.
Ça,
c’était peu probable.
Mais
il ne la repousserait pas. C’était au-dessus de ses forces.
Se
poussant vers le rebord du matelas, il s’emmitoufla dans les draps.
— Je
ne…
Quoi ? se
demanda-t-il. Lui dire qu’il ne la toucherait pas ? Il ne
voulait pas qu’elle sache que l’idée lui avait effleuré
l’esprit.
— Viens
là, marmonna-t-il.
Sissy
se rapprocha, se recroquevillant de nouveau contre le torse de Jim,
mais cette fois, elle glissa un bras entre eux avant de poser la tête
sous son menton.
Le
soupir d’aise qu’elle laissa échapper était si éloquent qu’il
se maudit de s’être embrouillé le cerveau en imaginant des
histoires d’attirance.
Elle
était perdue, et pour l’heure, il était son ancre imparfaite.
Il
en venait à regretter de ne pas être un homme meilleur. Vraiment.
S’agitant
sous les draps, il s’ajusta à sa position, mais ne la toucha pas
et garda son bassin loin d’elle. Il était toujours nu, mais elle
ne sembla pas le remarquer.
Lui,
en revanche, en avait bien trop conscience.
Seigneur,
elle était si menue contre lui. Non pas parce qu’elle était
petite, mais plutôt parce qu’il pesait, quoi, presque cinquante
kilos de plus qu’elle ?
Elle
sentait si bon. Pas l’odeur factice d’un parfum, juste celle
d’une femme ravissante, belle et fragile. Et leurs corps
s’emboîtaient parfaitement, comme s’ils étaient faits l’un
pour l’autre.
— Merci,
murmura-t-elle.
Jim
ferma les yeux. Puis il l’entoura doucement d’un bras, l’enlaçant
sans la serrer. Quand elle frémit et se rapprocha encore un peu, il
comprit qu’elle n’était pas la seule à avoir besoin de chaleur.
Lui aussi en avait besoin.
Il
en manquait même depuis très longtemps.
Au
bout d’un moment, la respiration de Sissy devint profonde et
régulière, et la sachant en sécurité, il s’autorisa à
l’imiter. La guerre faisait toujours rage. Divine se trouvait
quelque part au-dehors, ainsi que l’âme à sauver. Le temps
pressait.
Mais
dans cette pièce… la paix régnait. Et il était tenté de dire
que Sissy et lui l’avaient méritée, du moins pendant un court
moment.
L'extrait :
Dehors,
il se campa près d’un type nommé Ivan, qui était bâti comme une
armoire normande, et faisait face à la queue qui s’était formée.
Il fallait toujours deux videurs, parce qu’on ne savait jamais ce
qui pouvait…
— …
baisé
ma sœur ! Je le sais ! T’as baisé ma sœur, enfoiré !
Et
voilà.
— Je
m’en occupe, annonça Duke, qui rompit le rang et longea la foule
de fêtards agités, impatients, éméchés, limite défoncés, et
transis jusqu’aux os.
— …
pas
baisée ! Je l’ai laissée me sucer…
« Bam ! »
Apparemment,
le frère n’appréciait pas la subtile différence entre une
fellation et un coït.
Puis
le chaos s’installa. La femme en question, une ravissante petite
brune ressemblant à Marilyn Manson, maquillée comme un mime, et
habillée comme une stripteaseuse, s’interposa entre les deux
hommes.
L'extrait :
Merde.
Il avait vraiment foiré cette manche. Et impossible de revenir en
arrière.
Désormais,
deux choix s’offraient à lui. Soit il tentait de trouver le jumeau
maléfique de Duke quelque part en ville en priant pour parvenir à
raisonner ce type dont il ne savait rien. Soit…
— Allons-y,
dit-il.
Elle
haussa ses sourcils parfaitement dessinés.
— Où
ça ?
— Où
tu veux.
— Pour
faire quoi ? (Elle fit courir une main délicate sur son
décolleté.) Tu vas me baiser ?
— Non.
Je veux juste discuter de l’avenir.
— On
peut en parler ici, marmonna-t-elle d’un ton las.
— Non.
Parce
que s’il ne pouvait pas approcher l’âme au cours de ces
dernières minutes, il devait au moins s’assurer qu’il en soit de
même pour la démone. Il ignorait ce qu’elle avait accompli lors
de cette manche, mais…
— Tu
veux me tenir à l’écart de cette maison, hein ?
demanda-t-elle d’une voix traînante.
— C’est
toi qui as suggéré de laisser tomber.
Elle
s’esclaffa.
— Jim,
tu me connais assez pour savoir que je suis beaucoup de choses, mais
pas idiote. Tu veux m’entraîner ailleurs ? D’accord, mais à
une seule condition.
Dans
le silence qui suivit, il songea à Sissy. Et tandis que l’image de
la jeune femme s’imposait dans son esprit, le trou noir au centre
de sa poitrine se remplit d’une douleur lancinante, presque
paralysante.
La
démone esquissa un pas en avant.
— On
peut s’en aller. Mais à condition qu’on fasse ce que je veux.
Surgie
de nulle part, une vague de souffrance déferla en lui, qui le rendit
comme hébété. Au cours de toute sa carrière au sein des XOps,
jamais il n’avait cédé face à la torture. Il y avait été
soumis une ou deux fois sans jamais s’effondrer. Et pareil dans
cette guerre contre Divine : malgré les sévices qu’elle lui
avait infligés, et les fois où il l’avait baisée mû par la
haine, rien de tout cela ne l’avait affecté durablement.
Mais
cette fois, il ne s’en remettrait pas. S’il partait avec elle,
s’il consentait à ce qu’il devinait de ses intentions, une
partie de lui en mourrait.
Curieux,
il n’avait même pas eu conscience d’être encore vivant.
Jusqu’à
sa rencontre avec Sissy, qui l’avait réveillé. Voilà pourquoi il
allait affronter la plus dure épreuve qu’il ait jamais traversée.
— Où ?
demanda-t-il.
— Pourquoi
pas à l’hôtel Freidmont ?
Oui. Je réserverai une suite. Ce sera parfait pour ce que j’ai en
tête. (Un long silence s’installa entre eux.) On y va ? Ou
est-ce que tu préfères me prendre ici ?
Oui,
il avait commis une erreur en se focalisant sur Sissy dès le départ.
Oui, son choix avait eu des conséquences terribles et imprévues. Et
oui, pour se racheter… il devait obéir.
— D’accord,
répondit-il.
La
démone se fendit d’un large sourire, ses yeux brillant d’une
joie féroce.
— Après
toi, mon ange.
L'extrait :
Sissy
ne savait pas grand-chose en matière de sexe. Enfin, elle en
connaissait évidemment la théorie, mais pas la pratique. Et ce
n’était pas dû au fait qu’elle était prude. Seulement, elle
n’avait jamais rencontré d’homme qui vaille le risque de tomber
enceinte, et n’avait jamais été attirée par quelqu’un au point
de se laisser enivrer par de l’alcool ou des illusions romantiques.
Mais
elle en savait assez pour être absolument sûre que son sauveur
avait passé la majeure partie de la nuit à faire l’amour.
Et
elle en eut la confirmation – non pas qu’elle en eût besoin –
quand Jim lui tourna le dos en regagnant sa chambre : ce dernier
était recouvert d’une immense faucheuse tatouée en noir et blanc.
Et des griffures apparaissaient à la fois sur l’encre et la chair,
comme si une femme s’était cramponnée à lui pendant qu’il…
— Tu
te fous de moi ? demanda-t-elle.
Il
s’arrêta net. Mais plutôt que de se retourner, il se contenta de
baisser la tête, semblant trop fatigué pour la soutenir.
— Je
croyais que tu étais censé te battre pour remporter la guerre.
(Elle s’approcha de lui et se posta devant son corps meurtri.) Mais
ce n’est pas ce à quoi tu as employé ta nuit, n’est-ce pas ?
— Sissy…
Tu ne comprends pas.
— Oh,
je t’en prie, ne me sors pas encore un de tes « Reste à
l’écart, tout ça est bien trop compliqué pour toi, ma petite » !
Tu crois vraiment que je ne sais pas à quoi ressemble un homme qui
sort d’une nuit de sexe ? J’en ai vu défiler toute une
tripotée dans mon dortoir. Mais je n’aurais jamais cru te voir
dans cet état.
Il
passa une main à travers ses cheveux mouillés et croisa enfin son
regard.
— Je
vais me coucher.
— D’accord.
Super. Alors j’imagine qu’Adrian et moi allons trouver l’âme
et…
— On
a perdu la manche, OK ? On a perdu.
Sissy
eut le souffle coupé. Puis la colère resurgit en elle.
— Parce
que tu baisais une femme, hein ?
— À
vrai dire… c’est tout à fait ça.
— Bravo.
Tu parles d’un sauveur. Seigneur, tu es pitoyable.
L'extrait :
Elle
grimaça en se retournant, et il se rappela qu’ils étaient assis
sur un sol froid et dur… Soudain, elle se massa le ventre, semblant
prise de douleurs.
— Tu
vas bien ? demanda-t-il. Tu veux qu’on sorte ?
— J’ai
l’impression d’avoir une indigestion.
— C’est
normal.
Jim
se leva et lui tendit une main. Quand elle la prit, il l’attira
vers lui, mais elle poussa un grognement, incapable de se redresser.
— Sissy ?
— Mon
ventre… (Elle retroussa sa chemise.) Oh, mon Dieu ! Qu’est-ce
que c’est ?
Il
n’en avait aucune idée. Et soudain, il comprit : en travers
de sa peau laiteuse, un symbole apparaissait, un symbole qui luisait
comme éclairé de l’intérieur.
Divine
l’avait gravé lors de son rituel.
— Enlève-moi
ça… (Sissy se mit à frotter.) Enlève-moi ça !
Jim
captura les mains de Sissy et se pencha. Cette lueur rouge qui
émanait du corps de la jeune femme était de mauvais augure.
Il
replaça le vêtement.
— Sortons
d’ici. Et après, on verra ce qu’on peut faire, d’accord ?
Sissy
agrippa le haut et le maintint en place, une expression de terreur
déformant ses traits ravissants.
— Et
si elle était en moi ?
Jim
secoua la tête, alors même qu’un frisson lui hérissait la nuque.
— Impossible.
Puis
il prononça la seule phrase qu’il viendrait un jour à regretter.
— Tu
m’appartiens.
L'extrait :
Lâchant
un juron, il se força à regagner sa chambre, jeta ses habits sur la
pile de linge sale et suspendit la serviette à une patère, au dos
de la porte. Puis il s’avança vers son lit, pieds nus…
— Tu
es rentré.
Il
marqua une pause et ferma les yeux de soulagement et de
reconnaissance.
— Tu
es là.
— À
ma place.
Le
monde se mit à tourner, la pièce plongée dans le noir
tourbillonnant autour de lui.
— Attends,
laisse-moi m’habiller.
À
tâtons, il se fraya un chemin jusqu’à la pile de linge propre et
se pencha…
Sissy
alluma.
Aveuglé
par la lumière, il se redressa d’un bond et se couvrit le sexe des
deux mains.
— Attends,
je suis nu !
Bon
sang, songea-t-il. Sissy était assise sur le matelas, ses
cheveux blonds emmêlés, ses joues roses, réchauffées par la
chaleur du lit. Le tee-shirt blanc qu’elle portait n’avait rien
d’indécent… sauf quand son côté pervers commença à se
demander ce qu’elle avait dessous.
Elle
le regardait d’un air ébahi.
— Je
me suis dit… que tu aurais besoin… de lumière…
Alors
que sa voix s’étiolait, Jim sentait son regard peser sur lui… et
le parcourir de haut en bas.
— Laisse-moi
d’abord m’habiller, rétorqua-t-il d’une voix rude.
Mais
elle resta figée, l’empêchant d’agir : elle le voyait de
profil, si bien que s’il tendait la main vers ses habits, soit il
lui montrait ses fesses, soit il lui exposait tout son matos.
Et
vu qu’il était bien loti, elle aurait droit à un sacré
spectacle.
— Sissy,
retourne-toi, s’il te plaît.
Impossible
de ne pas se rappeler la dernière fois qu’il avait prononcé ces
mots… en enfer, après avoir été violé par Divine, son corps
maculé de sang et de diverses sécrétions.
« Ne
me regarde pas ! »
Un
ordre qu’il lui intimait à présent pour une raison différente :
il était toujours motivé par l’envie de la protéger, bien sûr.
À cent pour cent. Le problème, c’était qu’en cet instant son
corps n’était pas très bien relié à son cerveau.
Parce
qu’il avait l’affreuse conviction qu’elle pourrait apprécier
la vue.
En
tout cas, elle ne criait pas d’horreur. Il aurait même dit
qu’elle…
— Tu
es beau, murmura-t-elle.
Jim
ferma les yeux en priant pour garder son sang-froid.
— Écoute,
il faut que tu…
— Laisse-moi
te voir… (Elle se racla la gorge.) Je t’en prie, laisse-moi…
— Non,
Sissy, c’est impossible. On ne peut pas… Je ne peux pas… (Un
sacré ramassis de conneries : sa queue commençait à se
réveiller, et ce n’était vraiment pas le moment de bander.)
Écoute, il faut que tu retournes dans ta chambre. Ou alors, que je
m’en aille…
— J’ai
été privée de ça, Jim. Elle m’a ôté la vie trop tôt. Ne me
laisse pas passer l’éternité à me demander quel effet ça fait.
Pour
la deuxième fois en quelques heures, il se retrouva stupéfait. Il
avait dû mal entendre.
Le
juron qu’il étouffa se transforma en un grondement qui remonta le
long de sa poitrine.
— Pourquoi
crois-tu que je t’ai attendu tous les soirs ? (Il entendit les
draps bruisser comme si elle se redressait vers lui.) J’espère…
Je prie… pour que tu…
Son
souffle devenait de plus en plus haletant, son corps prenant le pas
sur ses pensées. Et la réaction était bien trop puissante, bien
trop rapide pour ne pas indiquer ce qu’il refusait de voir :
oui, il l’avait ramenée pour la sauver. Mais il la désirait
aussi.
Pour
être honnête, ce sentiment ne lui était venu que très récemment.
Il n’avait pris naissance qu’au moment où l’ange avait compris
combien elle avait vieilli en enfer. Jim n’avait jamais été
attiré par les jeunettes, et ce n’était pas près de commencer.
Mais
Sissy était une femme à présent. Après tout ce qu’elle avait
enduré, ce n’était plus une enfant.
— Tu
comptes me forcer à le dire ? (Elle baissa d’un ton.) Jim ?
— Ne
me demande pas ça. Pour l’amour de Dieu, ne me demande pas ça.
— Pourquoi,
Jim ?
Il
aurait vraiment voulu qu’elle arrête de prononcer son nom.
— Je
ne peux pas. Ce n’est pas bien.
— Pourquoi ?
Libérant
une de ses mains, il se frotta le visage.
— Tu
sais pourquoi.
— Tu
es amoureux d’une autre ?
Question
étrange.
— Non.
— Est-ce
que tu me… veux ? Jim ?
Un
nouveau bruissement, et l’ange s’imagina les draps tombant le
long de ses hanches et s’amonceler autour de sa taille. Sauf que
dans son fantasme elle ne portait rien de plus que lui et ses seins
étaient…
— Tu
me tortures, maugréa-t-il.
— Je
préférerais autre chose.
— Sissy…
— Vers
qui d’autre pourrais-je me tourner ? Qui à part toi ? Si
tu ne veux pas, alors qui ?
À
cette phrase, il fut saisi de l’envie de castrer l’intégralité
de la population masculine de Caldwell. Ou plutôt de tout l’État
de New York. Voire de la côte Est.
Ne
la regarde pas, s’intima-t-il. Un seul regard vers elle
et tu es…
Au
bruit d’un sanglot, il tourna la tête. Oh, merde. Elle avait
enfoui la tête dans ses paumes en s’efforçant de conserver sa
dignité.