"La
mort n'est qu'une porte. Réfléchis bien avant de frapper."
Le
résumé:
Susan Michaels
végète dans la rédaction d'un journal à sensation spécialisé
dans le paranormal. Toutes ces histoires de vampires et de
loups-garous la laissent de marbre, jusqu'au jour où un chat qu'elle
vient de récupérer se métamorphose, au beau milieu de son salon,
en un superbe colosse qui se prétend Chasseur de la Nuit. Soudain,
avant même d'avoir eu le temps d'éclater de rire, son appartement
est la cible d'une attaque sauvage...
L'extrait :
— Merci, dit Erika
avant de lui demander en regardant Ravyn, les sourcils froncés :
Vous avez besoin de quelque chose ? Une cage ? Une bombe anti-puces
?
Susan sourit en voyant Ravyn agiter les mains comme s'il chantait:
«Ainsi font, font, font les petites marionnettes... »
— Un antidote ne serait pas du luxe, remarqua- t-elle.
— Pas sûr. Il est marrant, comme ça. On dirait un grand enfant.
Ravyn roula sur lui-même et voulut se redresser. Susan se précipita pour l'en empêcher.
— Il faut que j'y aille ! protesta Ravyn en essayant de la repousser.
— Non, non ! Vous êtes exactement là où vous devez être !
— Faux, répliqua-t-il d'un ton si geignard qu'elle en resta bouche bée.
Jamais elle n'aurait imaginé qu'un homme à la voix si grave puisse émettre un son pareil.
— Je dois y aller.
Mais pourquoi était-il aussi têtu ?
— Non, Ravyn, vous devez rester là.
— Mais je ne peux pas, ici ! Et j'ai vraiment besoin d'y aller !
— Susan, je crois que ce charabia signifie qu'il a besoin de la litière.
Oh, par pitié, pas ça ! Mais où s'arrêterait donc sa malchance? se demanda Susan, horrifiée, pendant que Ravyn se débrouillait pour lui échapper, sans pour autant réussir à se relever. Il retomba sur le matelas, le regarda d'un oeil noir et commenta :
— Ce n'est pas la salle de bains, ici.
Impossible d'y couper: s'il fallait qu'il aille... où
il le voulait, elle devait l'aider. Sinon, Dieu seul savait à quelle horreur elle serait confrontée dans quelques secondes !
Erika montra la porte du pouce.
— Vous voulez que je demande un coup de main aux mecs ?
Susan réfléchit, puis soupira lourdement.
— Non. Je doute qu'ils soient plus enthousiasmés que moi à l'idée de...
Elle s'interrompit. Ils ne supporteraient pas de l'aider dans une...affaire pareille. Elle passa donc les mains sous les aisselles de Ravyn, qui se mit debout en chancelant. Elle faillit tomber, entraînée par son poids.
Ravyn était si solidement bâti que le hisser équivalait à soulever une voiture.
— Erika, vous voulez bien...
— Le trimballer ? Sûr.
Grâce à Erika, Susan réussit à faire traverser le couloir à Ravyn jusqu'à la salle de bains, laquelle se révéla minuscule. Elle se préparait à attendre à
l'extérieur avec Erika quand elle se ravisa : dans son état, Ravyn risquait une méchante chute. Si sa tête heurtait quelque chose, ce serait la catastrophe.
Il était en train de triturer sa braguette, aussi maladroit qu'un gosse de deux ans.
— Ma fermeture Éclair est cassée, grommela-t-il.
— Mais non !
Il lui jeta un regard courroucé.
— Si.
Seigneur, mais qu'avait-elle fait pour mériter cela ? Le Ciel lui faisait manifestement payer une faute. Il n'y avait pas d'autre explication au fait que cette journée ait ainsi tourné au désastre.
Maudissant son sort, elle écarta les mains de Ravyn afin d'atteindre la fermeture Éclair. Et ce furent des boutons que rencontrèrent ses doigts. Pas étonnant que la fermeture à glissière ne coulisse pas : il n'y en avait pas.
Méthodiquement, elle entreprit de déboutonner la braguette et sentit le rouge lui monter aux joues quand elle se rendit compte qu'il ne portait pas de caleçon. D'accord, elle l'avait déjà vu nu, mais les circonstances étaient différentes.
Elle prit son courage à deux mains et abaissa le jean, puis tourna le dos lorsqu'il fit ce pour quoi ils s'étaient enfermés dans cette salle de bains cagibi.
Elle avait l'impression de vivre le moment le plus bizarre de son existence. Jamais elle ne s'était trouvée dans pareille situation, a fortiori avec un étranger. Il ne lui restait plus qu'à espérer quelque clémence du Ciel : qu'il l'aide à se sortir de ce guêpier. Quant à Ravyn, dans son état normal, il aurait été mortifié d'être aussi démuni qu'un bébé. C'était un être fier et indépendant. Étant donné la façon dont sa famille le traitait, il était évident qu'il se débrouillait seul depuis plus longtemps qu'elle. Mais là...
Ah, il avait fini. Elle remonta le pantalon, lui savonna les mains et constata qu'elles étaient calleuses, marquées de profondes cicatrices,
souvenirs de maints combats menés contre Dieu seul savait qui. L'une d'elles, particulièrement large et profonde, remontait jusque sur son avant-bras. Une autre donnait l'impression qu'on l'avait mordu, arrachant les chairs.
Susan sentit son estomac se nouer en les regardant. Sa vie semée d'ennuis lui paraissait soudain bien facile comparée à celle de Ravyn.
— Le contact de tes mains est si doux... murmura-t-il. Comme des ailes de papillon.
Ces simples mots la firent vibrer. Non, ce n'étaient pas les mots, mais l'intonation, comprit- elle une fraction de seconde plus tard. Une intonation qui exprimait son étonnement : il n'avait pas l'habitude qu'on le touche avec douceur.
— Merci, Ravyn, dit-elle en lui séchant les mains avec une petite serviette.
Il lui prit le menton entre deux doigts et l'obligea à lever la tête. Puis il riva les yeux aux siens.
— Tu es si incroyablement belle...
Indubitablement, il planait très haut. Non qu'elle
soit Quasimodo. Mais elle n'était pas idiote: elle n'était pas le genre de femme que les hommes trouvaient d'emblée irrésistible.
— Oui, c'est ça. Vous voulez juste coucher avec moi.
— Non. Tu es belle... comme un ange.
Il pressa son front contre celui de Susan, puis il lui donna le baiser le plus doux qu'elle eût jamais reçu. Quelque chose en elle fondit quand il l'enveloppa de ses bras et la serra, pas à la manière d'un homme excité
brûlant de la mettre dans son lit, mais comme un amoureux. Cela la bouleversa tellement que sa gorge se serra.
Toute sa vie, elle n'avait aspiré qu'à être aimée, à avoir de nouveau une famille, et ce seul baiser ravivait le souvenir de tous ces manques - de tout
ce qu'elle n'aurait probablement jamais. Une pensée qui engendra une vague de détresse.
— OK, Ravyn, il faut qu'on vous ramène au lit.
Elle s'attendait qu'il proteste, mais non. Il se
détacha d'elle et ouvrit la porte.
— Hé, minette ! s'exclama-t-il en voyant Erika. Depuis quand es-tu aussi grande ?
— J'ai grandi pendant que tu étais dans la salle de bains.
— Vraiment ?
— Vous savez, Susan, dit Erika, il y a un super progrès par rapport à sa personnalité habituelle. Et j'aime ça. Il faut absolument trouver ce qu'on lui a fait prendre et en mélanger à sa nourriture.
Au moment d'entrer dans la chambre, Ravyn s'accrocha au chambranle et refusa de faire un pas de plus. Susan tenta de le forcer à avancer. Il lui
lança un coup d'oeil féroce.
— Je dois rentrer chez moi.
—Mais oui. C'est précisément ce qu'est cette chambre.
—Pas du tout ! Zatira a besoin de moi ! Il faut que j'aille la retrouver!
Qui diable était Zatira ? Susan interrogea Erika du regard. La jeune fille paraissait aussi interloquée qu'elle.
— Non, vous ne devez pas y aller, dit Susan.
Il la repoussa et s'engagea dans le couloir.
— Je dois la sauver.
Susan sourit en voyant Ravyn agiter les mains comme s'il chantait:
«Ainsi font, font, font les petites marionnettes... »
— Un antidote ne serait pas du luxe, remarqua- t-elle.
— Pas sûr. Il est marrant, comme ça. On dirait un grand enfant.
Ravyn roula sur lui-même et voulut se redresser. Susan se précipita pour l'en empêcher.
— Il faut que j'y aille ! protesta Ravyn en essayant de la repousser.
— Non, non ! Vous êtes exactement là où vous devez être !
— Faux, répliqua-t-il d'un ton si geignard qu'elle en resta bouche bée.
Jamais elle n'aurait imaginé qu'un homme à la voix si grave puisse émettre un son pareil.
— Je dois y aller.
Mais pourquoi était-il aussi têtu ?
— Non, Ravyn, vous devez rester là.
— Mais je ne peux pas, ici ! Et j'ai vraiment besoin d'y aller !
— Susan, je crois que ce charabia signifie qu'il a besoin de la litière.
Oh, par pitié, pas ça ! Mais où s'arrêterait donc sa malchance? se demanda Susan, horrifiée, pendant que Ravyn se débrouillait pour lui échapper, sans pour autant réussir à se relever. Il retomba sur le matelas, le regarda d'un oeil noir et commenta :
— Ce n'est pas la salle de bains, ici.
Impossible d'y couper: s'il fallait qu'il aille... où
il le voulait, elle devait l'aider. Sinon, Dieu seul savait à quelle horreur elle serait confrontée dans quelques secondes !
Erika montra la porte du pouce.
— Vous voulez que je demande un coup de main aux mecs ?
Susan réfléchit, puis soupira lourdement.
— Non. Je doute qu'ils soient plus enthousiasmés que moi à l'idée de...
Elle s'interrompit. Ils ne supporteraient pas de l'aider dans une...affaire pareille. Elle passa donc les mains sous les aisselles de Ravyn, qui se mit debout en chancelant. Elle faillit tomber, entraînée par son poids.
Ravyn était si solidement bâti que le hisser équivalait à soulever une voiture.
— Erika, vous voulez bien...
— Le trimballer ? Sûr.
Grâce à Erika, Susan réussit à faire traverser le couloir à Ravyn jusqu'à la salle de bains, laquelle se révéla minuscule. Elle se préparait à attendre à
l'extérieur avec Erika quand elle se ravisa : dans son état, Ravyn risquait une méchante chute. Si sa tête heurtait quelque chose, ce serait la catastrophe.
Il était en train de triturer sa braguette, aussi maladroit qu'un gosse de deux ans.
— Ma fermeture Éclair est cassée, grommela-t-il.
— Mais non !
Il lui jeta un regard courroucé.
— Si.
Seigneur, mais qu'avait-elle fait pour mériter cela ? Le Ciel lui faisait manifestement payer une faute. Il n'y avait pas d'autre explication au fait que cette journée ait ainsi tourné au désastre.
Maudissant son sort, elle écarta les mains de Ravyn afin d'atteindre la fermeture Éclair. Et ce furent des boutons que rencontrèrent ses doigts. Pas étonnant que la fermeture à glissière ne coulisse pas : il n'y en avait pas.
Méthodiquement, elle entreprit de déboutonner la braguette et sentit le rouge lui monter aux joues quand elle se rendit compte qu'il ne portait pas de caleçon. D'accord, elle l'avait déjà vu nu, mais les circonstances étaient différentes.
Elle prit son courage à deux mains et abaissa le jean, puis tourna le dos lorsqu'il fit ce pour quoi ils s'étaient enfermés dans cette salle de bains cagibi.
Elle avait l'impression de vivre le moment le plus bizarre de son existence. Jamais elle ne s'était trouvée dans pareille situation, a fortiori avec un étranger. Il ne lui restait plus qu'à espérer quelque clémence du Ciel : qu'il l'aide à se sortir de ce guêpier. Quant à Ravyn, dans son état normal, il aurait été mortifié d'être aussi démuni qu'un bébé. C'était un être fier et indépendant. Étant donné la façon dont sa famille le traitait, il était évident qu'il se débrouillait seul depuis plus longtemps qu'elle. Mais là...
Ah, il avait fini. Elle remonta le pantalon, lui savonna les mains et constata qu'elles étaient calleuses, marquées de profondes cicatrices,
souvenirs de maints combats menés contre Dieu seul savait qui. L'une d'elles, particulièrement large et profonde, remontait jusque sur son avant-bras. Une autre donnait l'impression qu'on l'avait mordu, arrachant les chairs.
Susan sentit son estomac se nouer en les regardant. Sa vie semée d'ennuis lui paraissait soudain bien facile comparée à celle de Ravyn.
— Le contact de tes mains est si doux... murmura-t-il. Comme des ailes de papillon.
Ces simples mots la firent vibrer. Non, ce n'étaient pas les mots, mais l'intonation, comprit- elle une fraction de seconde plus tard. Une intonation qui exprimait son étonnement : il n'avait pas l'habitude qu'on le touche avec douceur.
— Merci, Ravyn, dit-elle en lui séchant les mains avec une petite serviette.
Il lui prit le menton entre deux doigts et l'obligea à lever la tête. Puis il riva les yeux aux siens.
— Tu es si incroyablement belle...
Indubitablement, il planait très haut. Non qu'elle
soit Quasimodo. Mais elle n'était pas idiote: elle n'était pas le genre de femme que les hommes trouvaient d'emblée irrésistible.
— Oui, c'est ça. Vous voulez juste coucher avec moi.
— Non. Tu es belle... comme un ange.
Il pressa son front contre celui de Susan, puis il lui donna le baiser le plus doux qu'elle eût jamais reçu. Quelque chose en elle fondit quand il l'enveloppa de ses bras et la serra, pas à la manière d'un homme excité
brûlant de la mettre dans son lit, mais comme un amoureux. Cela la bouleversa tellement que sa gorge se serra.
Toute sa vie, elle n'avait aspiré qu'à être aimée, à avoir de nouveau une famille, et ce seul baiser ravivait le souvenir de tous ces manques - de tout
ce qu'elle n'aurait probablement jamais. Une pensée qui engendra une vague de détresse.
— OK, Ravyn, il faut qu'on vous ramène au lit.
Elle s'attendait qu'il proteste, mais non. Il se
détacha d'elle et ouvrit la porte.
— Hé, minette ! s'exclama-t-il en voyant Erika. Depuis quand es-tu aussi grande ?
— J'ai grandi pendant que tu étais dans la salle de bains.
— Vraiment ?
— Vous savez, Susan, dit Erika, il y a un super progrès par rapport à sa personnalité habituelle. Et j'aime ça. Il faut absolument trouver ce qu'on lui a fait prendre et en mélanger à sa nourriture.
Au moment d'entrer dans la chambre, Ravyn s'accrocha au chambranle et refusa de faire un pas de plus. Susan tenta de le forcer à avancer. Il lui
lança un coup d'oeil féroce.
— Je dois rentrer chez moi.
—Mais oui. C'est précisément ce qu'est cette chambre.
—Pas du tout ! Zatira a besoin de moi ! Il faut que j'aille la retrouver!
Qui diable était Zatira ? Susan interrogea Erika du regard. La jeune fille paraissait aussi interloquée qu'elle.
— Non, vous ne devez pas y aller, dit Susan.
Il la repoussa et s'engagea dans le couloir.
— Je dois la sauver.