— Vous
m’avez demandé pourquoi j’étais si concernée par votre
sort. Maintenant, je dois vous poser la même question.
— Ne
le faites pas, dit-il en faisant remonter ses mains le long de son
cou, jusqu’à son visage. Ne me demandez pas ce que je ne peux pas
donner.
Le
résumé :
Cornouailles,
1795 Désespérée, la comtesse Evelyn d’Orsay doit se rendre à
l’évidence : la mort de son mari la plonge dans le dénuement le
plus total. Et dans ces conditions, qu’adviendra-t-il d’Aimée,
sa petite fille adorée ? Le comte d’Orsay a bien laissé une
fortune en France, avant de fuir les affres de la Terreur, mais
comment la récupérer dans ce pays en proie à la guerre ? Evelyn
n’a plus qu’un recours : faire appel aux services du célèbre
contrebandier John Greystone, qui les a aidés à quitter la France
quatre ans plus tôt. Pour l’amour de sa fille, la comtesse devra
remettre leur sort entre ses mains. Mais n’est-ce pas folie de
confier son destin à un homme que l’on dit espion, traître à sa
nation ? Pire, de s’exposer à l’irrépressible désir que lui
inspire ce hors-la-loi…
L'avis :
J'aime
beaucoup Brenda Joyce et c'est avec beaucoup de plaisir que je lis
ses derniers livres sortis en France.
Cependant
je dois dire que cette série ne m'a pas convaincue et j'ai
l'impression que cette auteure s'assagit en matière de passion et
aussi de sexe.
Elle
rentre dans un registre bien sage !
Ses
deux personnages ne sont pas à la hauteur de sa série les de
Warenne beaucoup plus réussi.
L'extrait :
— Etes-vous
prête ? demanda froidement Jack.
Elle
se tourna lentement et le dévisagea tandis qu’il se tenait sur le
seuil de sa chambre. Son visage était tendu, ses yeux semblaient
sombres et impassibles. Il était habillé pour naviguer de sa veste
de drap marron foncé. Elle se leva.
— J’étais
en train de tomber amoureuse de vous.
Son
expression se durcit.
— Je
n’ai jamais voulu de votre amour, Evelyn, et je n’ai jamais rien
attendu de vous.
Comme
ses mots faisaient mal !
— Mon
Dieu, vous le pensiez vraiment, n’est-ce pas ? Quand vous
disiez que notre histoire n’était que de la concupiscence.
Ses
yeux étincelèrent, et il ne répondit pas.
— Je
ne comprends pas, dit-elle, le cœur au bord des lèvres.
Ou
plutôt : elle craignait de comprendre, au contraire.
— Je
veux bien accepter que vous soyez un butor, un vaurien, un homme qui
prend des maîtresses comme bon lui semble — le visage de
Jack se durcit encore plus —, mais vous avez toute une famille
que vous adorez, et ils sont tous anglais. Juste ciel, le mari de
Julianne était en France, luttant contre la Révolution ! Quand
vous livrez des secrets d’Etat aux Français, vous ne trahissez pas
seulement votre pays, vous les trahissez, eux aussi.
— Vous
conclusions sont bien hâtives, prévint-il.
— Je sais ce
que j’ai entendu. Le comte d’Hervilly a rassemblé une armée
d’émigrés et il va rejoindre une armée de chouans — après
avoir envahi la France.
Elle
essuya de nouvelles larmes.
— Et
bientôt vous allez dire à Le Clerc quand ils arriveront exactement,
n’est-ce pas ?
Il
bougea, enfin. Il s’approcha à grands pas, le visage rageur. Elle
se crispa quand il lui saisit le bras.
— Vous
avez un choix, Evelyn, et je suis sérieux. Vous allez oublier chaque
maudit mot que vous avez entendu.
La
menaçait-il ?
— Et
si je ne peux pas ? s’écria-t-elle. Si je vais trouver les
autorités ?
— Alors
vous mettrez votre vie en danger ! s’exclama-t-il en la
secouant. Jurez-moi maintenant que vous allez oublier cette journée.
Jurez-le !
Elle
secoua la tête, en pleurs.
— Vous
voulez dire que je mettrai votre vie
en danger ?
Il
lui releva le menton.
— Non,
je voulais dire exactement ce que j’ai dit. Ma vie est déjà en
danger, Evelyn. Si vous parlez de ceci à quiconque, c’est la vôtre
que vous risquerez. Je veille sur vous, bon sang ! Je ne veux
pas que vous soyez blessée par cette histoire.
— Je
ne vous crois pas, parvint-elle à dire. Je ne sais plus que croire !
Essayait-il
maintenant de la protéger, d’une manière absurde, inconcevable ?
Ou essayait-il plutôt de se protéger lui-même ?
— Vous
pourriez croire en moi, dit-il d’un ton âpre.
Elle
se figea.
— Niez-le,
alors. Expliquez-vous.
Il
la fixa. Quand il parla, il était plus calme.
— Je
ne suis pas un espion français. Vous avez mal compris, parce que
vous n’avez pas entendu toute la conversation. Je vous demande de
m’accorder le bénéfice du doute — parce que vous
tenez à moi.
Elle
le dévisagea, incrédule. Etait-elle censée le croire ? Elle
savait ce qu’elle avait entendu, ce qu’elle avait vu !
Pouvait-elle seulement lui faire confiance ? Oui, elle voulait
se fier à Jack ! Et il utilisait maintenant le fait qu’elle
tenait à lui — qu’elle tombait amoureuse de lui — pour
la faire fléchir.
Il
la fixa durement.
— Rien
n’est juste.
L'extrait :
Il
la souleva de terre — à l’ébahissement des
portiers — et se dirigea vers l’escalier. Evelyn toucha
son beau visage, n’ayant aucune envie de protester. En haut, il
ouvrit d’un coup de pied la porte de sa chambre, la referma de
même, porta Evelyn jusqu’au lit et l’allongea dessus. Mais,
alors qu’il ôtait sa redingote, Evelyn vit de terribles ombres
passer dans ses yeux. Il était habile à cacher ses sentiments, mais
en cet instant son expression était ravagée.
Elle
sut alors que la guerre lui avait laissé des cicatrices.
Un
moment plus tard, il la rejoignit sur le lit.
— J’ai
besoin de vous, dit-il d’une voix enrouée. Mais je vous aime,
alors ne pensez pas que je suis un butor.
Elle
toucha son visage, folle de joie. Il se déclarait de nouveau !
— Je
ne penserais jamais une chose pareille, dit-elle.
Il
ne répondit pas et prit sa bouche, son baiser si dur et si profond
qu’il en fut presque douloureux. Evelyn aurait à peine su dire ce
qui se passa ensuite. Elle noua ses bras autour de lui mais, tandis
qu’il enlevait ses culottes et relevait ses jupes, elle l’observait
avec le cœur serré. Il avait été sérieusement blessé en France.
— Je
vous aime, répéta-t-il d’un ton rauque, presque désespéré.
Evelyn
l’étreignit tandis qu’il l’embrassait et la caressait,
attisant non seulement son désir, mais aussi son amour. Un moment
après, ils ne faisaient plus qu’un.
Et,
en levant les yeux vers lui pendant qu’il prenait possession
d’elle, elle se rendit compte qu’il pleurait.
— Non…,
dit-elle dans un souffle.
Il
sourit à travers ses larmes.
— Non
quoi ? Vous ne voulez pas que je fasse… ceci ?
Il
s’enfonça plus profondément en elle.
Elle
réprima une exclamation et, soudain, elle craqua — elle
ne pouvait pas supporter tout cela, l’amour, le désir, la
volupté, c’était tout simplement trop fort — et elle
pleura aussi. Jack étouffa un cri et la serra contre lui, les joues
mouillées de larmes.
L’extase
qui suivit fut merveilleuse. Et, alors qu’Evelyn revenait en
flottant à la réalité, elle se mit à le caresser et posa un
baiser sur sa tempe.
— Que
s’est-il passé en France, Jack ?
Il
l’étudia.
— Mieux
vaut que vous ne le sachiez pas.
Elle
l’étreignit.
— Je
suis désolée.
Elle
ne pouvait imaginer les horreurs qu’il avait traversées, mais elle
l’aiderait à guérir des blessures de la guerre, maintenant.
— Un
jour, peut-être, vous me direz ce qui vous est arrivé. Mais si vous
ne le faites pas je respecterai ce choix. Quoi qu’il advienne, je
serai toujours là pour vous.
Il
s’assit, regarda autour de lui et trouva ses culottes au bout du
lit. Tandis qu’il les enfilait, Evelyn arrangea ses jupes et ses
dessous. Comme elle finissait, son regard se posa sur Jack, debout
près du lit. Il la regardait intensément.
— Toujours ?
demanda-t-il.
Son
cœur battit très fort.
— Oui,
toujours.
L'extrait :
La
porte de Jack était restée ouverte. Elle regarda par-delà le salon
rouge et or, plongeant les yeux dans sa chambre, car elle était
ouverte aussi. Toutefois, elle était à peine éclairée et emplie
d’ombre. Evelyn ne put rien distinguer.
— Que
faites-vous ?
Elle
sursauta. Jack était debout dans le salon, près de la cheminée,
une main sur le manteau de marbre. Et il portait seulement un caleçon
de drap clair qui lui arrivait au genou.
— Que
faites-vous ? répéta-t-il aussi âprement que la première
fois.
Son
expression était dure et incrédule à la fois.
Evelyn
ne s’était pas attendue à le trouver dévêtu, et elle n’avait
jamais vu auparavant un tel homme dénudé. Elle le fixa. Ses
cheveux lâchés tombaient sur ses larges épaules. Son torse était
large et dur, constitué de deux aplats de muscles massifs. Ses
mamelons étaient hauts. Son ventre était plat et contracté. Elle
n’osa pas regarder plus bas, bien qu’elle en ait envie. Elle
releva lentement les yeux vers les siens.
Ils
s’élargirent.
— Puis-je
entrer ?
Elle
sourit, la bouche soudain toute sèche.
— Non.
Elle
déglutit avec peine.
— Il
n’y a pas de règles sur Looe Island, rappela-t-elle.
Son
regard gris s’écarquilla encore plus. Il marcha vers le canapé,
le visage dur, les yeux brûlants. Il semblait tout à fait sobre,
maintenant.
— Qu’est-ce
qui ne va pas chez vous ?
— Je
suis lasse de vivre comme une veuve.
Il
se mit à secouer la tête d’un air incrédule.
— Retournez
dans votre chambre — si vous savez ce qui est bon pour
vous.
— Je
ne peux pas, murmura-t-elle en s’avançant.
— Si
vous entrez ici, vous n’en repartirez pas.
— Très
bien, dit-elle.
Elle
s’arrêta au bout de deux pas, pouvant à peine respirer.
— C’est
ce que je veux.
— Vous
êtes une femme morale. Je ne suis pas un
homme moral. Retournez dans votre chambre — avant que je
ne vous montre qui je suis vraiment.
Elle
inspira.
— Vous
l’avez montré et le montrez encore. Vous êtes un homme très
moral et le prouvez en ce moment même. De mon côté, j’ai décidé
d’être la femme immorale.
— Vous
n’êtes pas immorale… Vous ne pourriez jamais l’être.
Un
frisson le parcourut.
— Je
suis à deux doigts de vous saisir et de vous prendre dans mon
lit, l’avertit-il. Mais j’essaie de jouer le gentleman.
— Vous
pourrez jouer le gentleman demain — et demain je jouerai
la veuve.
Elle
se mordit la lèvre, si fort qu’elle sentit le goût du sang. Très
consciente de ce qu’elle faisait, elle défit la ceinture de sa
robe de chambre et la fit glisser de ses épaules. Elle tomba à ses
pieds.
Il
respirait fortement — elle voyait son torse musclé se
soulever et s’abaisser.
— Je
ne vous permettrai pas de m’échapper, cette fois, prévint-il, les
dents serrées.
— Je
ne m’échapperai pas, parvint-elle à dire, faible de désir. Je ne
fuirai pas, Jack. Je vous aime.
Il
secoua la tête.
— Ce
n’est pas de l’amour, Evelyn. C’est de la concupiscence.
— Non.
Je suis en train de tomber amoureuse de vous.
— Alors
je vous briserai le cœur, tôt ou tard, car pour moi il ne s’agit
pas d’amour.
Il
ne la regarda pas dans les yeux en disant cela, et son expression
était farouche.
Elle
ne le crut pas. Deux personnes ne pouvaient pas éprouver un tel
désir et ne pas être amoureuses. Elle se tourna et ferma la porte
de la chambre. Puis elle lui fit face et d’un geste laissa tomber
sa chemise de nuit. Elle était nue dessous.
Ses
yeux gris étincelèrent. Il alla jusqu’à elle. Avant qu’elle
puisse penser ou réagir, elle fut prise dans ses bras et hissée le
long de son corps. Elle se retrouva à chevaucher sa taille, les
jambes autour de ses hanches, et elle se cramponna à ses épaules
tandis qu’il la pressait contre la porte. Puis sa bouche s’empara
de la sienne, frénétique.
Evelyn
lui rendit son baiser, plantant les ongles dans ses épaules,
glissant sa langue dans sa bouche. Il retint une exclamation. Leurs
deux langues se joignirent. Il saisit une fesse dans sa paume,
l’ajustant contre lui. Quelque chose de massif et de dur poussa
contre le sexe d’Evelyn. Elle cria, transportée, terriblement
excitée.
Il
la pressa plus fort contre la porte et, sans interrompre leur baiser,
il abaissa une main et tira sur le lacet de son caleçon. Le vêtement
glissa et il l’écarta d’un coup de pied.
— Evelyn.
Elle
ne pouvait pas penser. Son sexe dur palpitait dangereusement contre
elle et le désir la consumait.
Il
prit son visage entre ses deux mains. Elle croisa son regard
étincelant.
— C’est
votre dernière chance. Je vous laisserai partir si vous me dites
maintenant que vous avez changé d’avis.
— Faites-moi
l’amour, demanda-t-elle dans un souffle, en serrant ses épaules et
en se tortillant.
Il
grogna, la souleva dans ses bras et la porta dans la chambre. Il la
déposa sur le lit, et durant un instant ils se dévisagèrent.
— Je
n’ai jamais eu d’amant, dit-elle doucement.
Il
ouvrit de grands yeux.
— Vous
étiez mariée à un homme âgé !
Elle
ne put sourire.
— Je
n’ai jamais désiré quelqu’un auparavant. Je n’ai jamais
envisagé de liaison — jusqu’à ce que je vous
rencontre.
Il
la fixa, les yeux brûlants.
— Vous
êtes une femme extraordinaire, dit-il d’une voix enrouée. Et je
ne veux pas vous faire de mal.
Il
voulait sans doute dire qu’il ne voulait pas lui briser le cœur.
Mais alors ses yeux tombèrent sur son corps dur, musclé et fier,
tendu au-dessus d’elle. Elle était devenue si creuse à
l’intérieur, si faible, qu’elle s’immobilisa. Elle ne pouvait
plus supporter l’attente.
— Dépêchez-vous,
murmura-t-elle. Faites-moi l’amour.
Il
se coula sur elle, souriant. Et, en quelques instants, elle pleura
d’extase et de plaisir.