Le
rêve de Lizzie Paxton est de devenir veuve — si seulement elle
pouvait ne pas passer par la case mariage et mari.
(Trad
BdP)
Le rêve de Lizzie Paxton est de devenir veuve — si seulement elle pouvait ne pas passer par la case mariage et mari. Lorsque son ami d'enfance le Capitaine James Malowe lui propose un mariage qui n'en a que le nom, elle accepte, sachant qu'elle aura cette indépendance qu'elle désire par-dessus tout dès qu'il prendra le large. Bien que James soit le seul homme à qui Lizzie accorde sa confiance, elle ne peut en revanche pas faire confiance à ce désir scintillant qu'il évoque en elle.
James sait qu'il ne peut s'engager avec qui que ce soit, qui plus est avec son futur incertain. Mais il ne peut s'empêcher d'entendre la déclaration de Lizzie. Bien qu'il lui ait promis un mariage de convenance, il ne perd pas de temps à la séduire et l'emmener au bord du précipice du désir. Pourtant, même sa belle femme ne peut le détourner de sa mission.
Quand Lizzie découvre que son mari lui a menti, James doit choisir entre sa dévotion et son devoir, et la loyauté envers la femme avec laquelle il ne peut vivre sans...
Le rêve de Lizzie Paxton est de devenir veuve — si seulement elle pouvait ne pas passer par la case mariage et mari. Lorsque son ami d'enfance le Capitaine James Malowe lui propose un mariage qui n'en a que le nom, elle accepte, sachant qu'elle aura cette indépendance qu'elle désire par-dessus tout dès qu'il prendra le large. Bien que James soit le seul homme à qui Lizzie accorde sa confiance, elle ne peut en revanche pas faire confiance à ce désir scintillant qu'il évoque en elle.
James sait qu'il ne peut s'engager avec qui que ce soit, qui plus est avec son futur incertain. Mais il ne peut s'empêcher d'entendre la déclaration de Lizzie. Bien qu'il lui ait promis un mariage de convenance, il ne perd pas de temps à la séduire et l'emmener au bord du précipice du désir. Pourtant, même sa belle femme ne peut le détourner de sa mission.
Quand Lizzie découvre que son mari lui a menti, James doit choisir entre sa dévotion et son devoir, et la loyauté envers la femme avec laquelle il ne peut vivre sans...
L'avis :
On
est vraiment ici dans la romance historique traditionnelle.
Tous
les codes sont respectées. Jamie aime secrètement Lizzie depuis
l'enfance malgré le fait qu'ils aient été séparé pendant dix
ans.
Leurs
retrouvailles se fait avec mille étincelles mais je n'ai été que
peu éblouie.
Je
vous mets les seuls passages qui m'ont plu.
L'extrait :
Elle
garda ses distances, mais ne cessa pas de le tenir en joue. Ils
traversèrent le jardin en friche clos de murs et pénétrèrent dans
une serre. Le clair de lune filtrait à travers les carreaux sales.
Jamie
avança dans l'allée flanquée de tables vides et se retourna.
—
Ferme
la porte. Je ne veux pas qu'on entende notre conversation.
—
Il
n'y a personne d'autre que toi et moi ici. Et tes anciens camarades
de la Navy, que tu as embauchés pour t'aider dans ce commerce
illégal auquel tu t'adonnes.
—
Lizzie,
je ne suis pas un trafiquant et ceci n'est pas un jeu.
—
Qu'est-ce
que c'est dans ce cas ?
Comme
il ne répondait pas, elle reprit :
—
Tu
veux que je te dise ce que j'en pense ? À mon avis, tu as feint ta
propre mort pour te débarrasser de moi afin que tes petits camarades
et toi puissiez-vous livrer à votre trafic en toute tranquillité
dans mon jardin. Navrée de gâcher ce charmant moment, Jamie, mais
tu es ici chez moi. C'est une propriété privée et tu es entré
sans ma permission. Fiche le camp, ajouta-t-elle en indiquant la
porte avec son fusil.
—
Ce
n'est pas ta propriété.
—
Oh
que si ! Tu es mort ! Tu devras aller plaider ta cause à la cour de
la chancellerie pour récupérer ce domaine.
—
Lizzie,
tu te trompes. Ce ne sera pas nécessaire. J'ai pris toutes les
dispositions légales avant de me lancer.
Ses
paroles lui firent l'effet d'une gifle. La douleur se répercuta à
travers tout son corps, la faisant vaciller.
—
Comme
c'est flatteur d'apprendre que tu as pris des « dispositions légales
» tandis que tu projetais de m'utiliser et de m'escroquer,
répliqua-t-elle d'une voix hachée.
Conscient
de ce qu'il venait de dire, il eut la bonne grâce de paraître
embarrassé.
—
Lizzie,
je sais que je t'ai causé beaucoup de tort, quoique sans le vouloir.
Mais je ne t'ai pas escroquée. Je t'ai proposé un marché que tu as
accepté. Et j'ai respecté ma part du contrat. Je t'ai donné le
contrôle de ma fortune. Et tu l'as toujours. Je ne suis pas revenu
sur ma parole.
—
Notre
accord ne précisait pas que je serais jetée en prison et risquerais
la pendaison. Il est vrai, en revanche, que j'ai la mainmise sur
l'argent, comme tu me l'avais promis. Ce qui m'incite à me demander
pourquoi. Il demeura silencieux.
—
Tu
ne peux rien me dire, c'est cela ? reprit-elle. Pour une raison ou
pour une autre, tes lèvres sont scellées. Intéressant.
—
Lizzie,
je sais que tu es blessée et en colère, murmura-t-il d'une voix
vibrante de regrets. Tu en as le droit. Je suis désolé.
—
Je
ne suis pas blessée.
Le
terme était trop faible pour décrire l'état dans lequel il l'avait
plongée.
—
Je
suis furieuse, lui cracha-t-elle à la figure. Plus encore que
lorsqu'on l'avait jetée en prison.
A
ce moment-là, elle était persuadée qu'il s'agissait d'une erreur.
A présent, elle savait que la seule erreur, c'était elle qui
l'avait commise. En lui faisant confiance.
Une
amertume et une rage incommensurables l'habitaient.
—
Tu
m'as laissée pourrir dans ce trou à rats ! explosa-t-elle. J'étais
si mal que je dépérissais. On a bien failli me pendre !
Les
sanglots qu'elle retenait tant bien que mal lui rongeaient la gorge
comme de l'acide.
—
Lizzie,
arrête, je t'en supplie. Je ne pouvais rien faire. J'étais pieds et
poings liés. Mais je t'ai envoyé de l'aide.
—
Quelle
aide ? Si je suis sortie de cet enfer, c'est parce que ma mère a
fait des pieds et des mains pour me trouver un avocat convenable.
Il
fourra les mains dans ses poches.
—
Je
sais. Ta mère a été merveilleuse. Et lord deHavilland remarquable.
Mais sache qu'elle n'a pas agi seule. Tu n'as jamais été seule.
—
Je
n'ai jamais été aussi seule de toute ma vie, rétorqua-t-elle. Et
j'ai bien l'intention de le rester. Alors, ta bande de salopards et
toi feriez bien de décamper de chez moi tant qu'il en est encore
temps.
—
Mon
Dieu, articula-t-il en se pinçant l'arête du nez. Ton langage,
Lizzie. Rappelle-moi d'étrangler Maguire.
—
Tu
ferais mieux de t'agenouiller devant lui et d'écouter ses conseils.
Cet homme en sait plus sur ce qui se trafique sur la côte que vous
n'en découvrirez jamais, McAlden et toi. Vous êtes novices. Il a de
l'expérience.
Jamie
esquissa un pas vers elle.
—
Que
sais-tu au juste, Lizzie ?
Elle
avança aussi d'un pas.
—
Non.
Que sais-tu toi ?
Il
détourna les yeux. Il ne lui dirait rien, elle le sentait. Il ne lui
faisait pas confiance.
Le
goujat.
Qu'à
cela ne tienne, elle continuerait à mener sa propre enquête. Le
lendemain, quand elle explorerait la grotte avec Maguire, elle
trouverait le passage secret qui la reliait vraisemblablement à la
maison.
Un
silence glacial tomba entre eux, que Jamie rompit en lâchant un
soupir exaspéré.
—
Je
connais cette expression, Lizzie. Pour l'amour du ciel, reste en
dehors de cela. Laisse-moi m'en occuper.
—
T'occuper
de quoi ? Des contrebandiers ? Du domaine ? Tu ne peux pas. Tu es
mort.
—
Écoute-moi,
bon sang ! s'emporta-t-il, se rapprochant d'elle. Nous sommes
déterminés. Je suis
déterminé à avoir le dernier mot. Tu m'as compris ?
Pour
ton propre bien, mets ce fusil de côté et fais ce qu'on te demande.
Tu n'as pas idée de l'enjeu.
Il
la dévisagea longuement. Lizzie détourna la tête. Maudit soit-il.
Pas question de céder. Il ne suffisait pas qu'il pose sur elle ses
yeux magnifiques pour l'amadouer.
Elle
campa sur ses positions.
—
Je
ne vois pas les choses du même œil. Tes projets, pour lesquels tu
étais prêt à me sacrifier, peuvent aller au diable. A ce stade,
j'aurais presque envie de te savoir mort.
—
Bonté
divine, Lizzie, rétorqua-t-il en agrippant le canon de son fusil,
qu'elle pointait toujours sur lui, et en le détournant, pourquoi
refuses-tu que je te protège ? C'est peut-être ton père qui m'a
forcé à embrasser cette carrière, ton père ultra protecteur, avec
ses notions aristocratiques de ce qui est bien ou pas pour sa fille.
Mais aujourd'hui, il s'agit de ma carrière, et je n'ai jamais au
grand jamais manqué à mon devoir ni failli à une mission que l'on
m'a confiée. Ce que je suis, ce pour quoi je me bats est en jeu dans
cette affaire, y compris toi. Alors, je ne te laisserai pas tout
gâcher.
Sentant
le sol se dérober sous ses pieds, Lizzie se cramponna au rebord
d'une table à semis.
—
Qu'as-tu
dit ? murmura-t-elle.
—
J'ai
dit que ce pour quoi je me bats...
—
Non,
avant. Tu as dit que mon
père t'avait
forcé... ?
C'était
insensé. Comment son père pouvait-il être responsable du choix de
carrière de Jamie ?
Il
devait l'être. Elle voyait dans son regard que Jamie disait la
vérité. Il recula d'un pas. Un jet de bile remonta dans sa gorge et
son estomac se noua.
—
Tu
ne le savais pas ? Tu penses que je vais te croire ? Toi qui étais
au courant de tout ce qui se passait à Dartmouth ? Toi qui fourrais
ton nez partout ?
Non,
elle n'en avait rien su, car à l'instant où il était parti, elle
avait cessé de s'intéresser à ce qui se passait autour d'elle. A
quoi bon si elle ne pouvait partager ses découvertes avec lui ?
—
Comment
t'a-t-il forcé ?
—
De
la manière habituelle : ce bon vieux chantage.
—
Je
ne comprends pas? articula-t-elle d'une voix étranglée.
Il
la fixa sans mot dire. Quand il répondit enfin, sa voix était
pleine d'amertume.
—
Il
avait tout organisé. Il a usé de son influence pour m'obtenir un
poste de mousse, puis il a menacé mon père. Soit j'acceptais son
offre, et m'en allais gentiment sans rien dire, soit il me détruisait
- et détruisait la carrière de mon père, aucun doute, bien qu'il
ne me l'ait jamais dit en face. Mon père non plus, du reste, ne me
l'a pas dit. Ce fut un accord entre « gentlemen ».
—
Et
c'est là que tu es parti. Cet être-là.
Il
ne répondit pas. C'était inutile. La réponse allait de soi.
—
Tu
n'avais que quatorze ans, murmura-t-elle.
—
L'âge
parfait pour un mousse, répliqua-t-il d'une voix dépourvue
d'émotion.
Il
n'avait sans doute pas accueilli la nouvelle avec autant de calme et
de détachement dix ans plus tôt. Il avait quatorze ans. Et elle à
peine douze. Ils n'étaient encore que des enfants.
—
Et
c'est pour cette raison que tu es parti comme cela ?
—
Parti
comme cela ? Je n'avais pas franchement le choix, non ?
—
Je
croyais... je croyais que j'avais fait quelque chose de mal.
Il
fit un pas vers elle, et elle dut lever la tête pour voir son
visage. Il était si près qu'elle sentait la chaleur de son corps.
—
Bien
sûr que tu avais fait quelque chose de mal. Tu avais ôté ton fichu
chemisier. Tu m'avais montré tes... Tu étais d'une audace sans nom.
Tu n'attendais que cela. Mais c'est moi qui
en ai subi les conséquences. Pas toi.
—
J'avais
douze ans. Je ne me rendais sans doute pas compte de ce que je
faisais. Et toi aussi, tu avais retiré ta chemise.
Elle
avait l'impression de suffoquer. Il avait raison : elle aurait dû
savoir. Elle aurait dû se rendre compte de ce qu'elle faisait.
—
Seigneur,
quel horrible gâchis ! déplora-t-elle.
—
Je
ne sais pas. Nous avons tous les deux obtenu ce que nous voulions.
—
Ce
que nous voulions ?
Elle
avait voulu son indépendance, coûte que coûte. Et lui ?
—
Mon
Dieu, comme j'ai été aveugle, et tellement stupide ! Tu t'es servi
de moi pour te venger.
Un
bref instant, Jamie afficha une expression de triomphe.
—
Non.
Ce n'était pas par esprit de vengeance. Je n'ai jamais voulu que
tout cela t'arrive. J'étais...
Il
laissa sa phrase en suspens. En fait, il n'avait pas de réponse. Il
avait beau nier, c'était la triste vérité. Il s'était bel et bien
servi d'elle. Et son plan avait fonctionné à merveille. Tout ce
pour quoi elle s'était battue, tout ce qu'elle avait chéri, y
compris la maison, n'avait été qu'une illusion.
Elle
qui s'était toujours prise pour la plus maligne avait été dupée
par cet homme. L'idiote !
Toute
cette rancœur l'épuisait.
—
Si
je comprends bien, tout t'appartient toujours ? Tu récupéreras tout
en temps voulu ?
—
Oui.
Elle
prit une longue inspiration. L'air frais de la nuit donna un regain
de vigueur.
—
Entre-temps,
je suis quand même à la tête de cette fortune ?
—
Oui,
je ne suis pas... vindicatif. Je ne veux pas te priver de cet argent.
Je ne...
—
Parfait,
coupa-t-elle. Dans ce cas, je vais le dépenser.
Il
la regarda d'un air ahuri.
—
Moi,
je suis vindicative, reprit-elle. Du moins, je compte l'être. Et je
compte gaspiller le plus d'argent possible. Tu as eu ta vengeance, à
mon tour d'avoir la mienne. Je vais te ruiner, déclara-t-elle avec
un sourire étincelant. Je dépenserai tout jusqu'au dernier penny.
—
Pour
finir sur la paille ? Franchement, Lizzie. Ne sois pas malveillante.
Cela ne te va pas. Tu n'es pas une joueuse et tu n'es pas du genre à
contracter des dettes auprès des modistes, répliqua-t-il en
désignant la robe de coton toute simple qu'elle portait. De toute
façon, tu n'as pas besoin de cela, tu es ravissante en toutes
circonstances, même si tu devrais dormir un peu plus. Et manger
davantage.
Elle
s'interdit d'entendre la pointe de tristesse mêlée d'inquiétude
qui perçait dans sa voix. Il l'avait utilisée. Depuis le début,
depuis qu'il l'avait revue au bal, il avait méticuleusement
orchestré sa vengeance.
—
Tu
as sans doute raison et je te remercie pour tes conseils. Mère me
casse les pieds pour que je m'habille de manière plus sophistiquée.
Et puis, je me sens soudain l'âme d'un grand mécène. Des arts.
Oui, musiciens, poètes et peintres, artistes en tout genre sont en
permanence à la recherche de quelqu'un qui finance leur génie. Qui
leur achète de bons instruments. Je les inviterai à venir vivre
sous mon toit. Les artistes sont des gens qui ont un train de vie
très dispendieux. Des bouteilles et des bouteilles de Champagne,
pour stimuler la créativité, vois-tu. Je vais demander à Mme
Tupper d'en commander quelques caisses. Et ils me seront ensuite très
reconnaissants, tu ne penses pas ? Ils tiendront à me remercier par
toutes sortes d'attentions.
Elle
nota, non sans satisfaction, son expression assassine. Tant mieux.
Maintenant, il savait ce qu'elle ressentait.
—
Tu
n'as pas intérêt à interférer avec cette mission, Lizzie, la
prévint-il d'un ton menaçant.
—
Sinon
quoi ? Tu me feras jeter en prison ? Encore une fois ?
rétorqua-t-elle avec mépris.
—
Va
au diable ! gronda-t-il. Je te l'ai dit, je n'ai rien à voir avec
cette histoire.
—
Et
je suis censée avaler cela? Alors que tout ce que tu m'as raconté
jusqu'à présent n'est qu'un tissu de mensonges. Tu t'attends que
cette ruse pathétique fonctionne ? Non mais, tu t'es vu ? A te
déplacer la nuit, vêtu comme un vulgaire pêcheur. Tu penses duper
qui ? Tu crois vraiment qu'on va te prendre pour mon jardinier ? Tu
ne sais même pas planter une tulipe.
—
Non,
je ne m'attends pas qu'on me prenne pour ton jardinier, mais pour un
contrebandier en possession d'un navire. Je veux qu'on croie que je
me fais passer pour ton jardinier pour pouvoir profiter à ma guise
de ta charmante petite crique.
Il
avait prononcé ces derniers mots d'un ton suggestif.
—
Espèce
de salaud !
—
Peut-être,
ma chérie, mais je suis toujours ton mari.
Il
fit un pas vers elle et lui arracha le fusil des mains si brutalement
qu'elle vacilla. Sans lui laisser le temps de réagir, il l'attira
contre lui. Sa chaleur l'enveloppa et elle se sentit soudain très
vulnérable. Et brûlante de désir.
L'extrait :
Elle
le chassait. De ses bras. De sa vie.
Il
ne pouvait la perdre une fois encore. Il ne le supporterait pas.
Lizzie
s'en voulait. Elle traversa le jardin pour regagner sa maison,
s'obligeant à ne pas réfléchir à ce qui venait de se passer. Au
fait qu'elle avait été incapable de résister à l'attrait de son
corps. Qu'elle avait réagi exactement comme il l'avait prévu.
Qu'elle était de retour à la case départ, bêtement sous son
charme, comme envoûtée.
Elle
ne voulait pas y penser, ni même l'admettre. Elle craignait de voler
en éclats.
Mieux
valait profiter du bienheureux engourdissement qui suivait
l'assouvissement. Elle aurait amplement le temps de se torturer
l'esprit et de s'adresser des reproches plus tard.
—
Bon
sang, Lizzie, où vas-tu ?
Surgi
de nulle part, Jamie l'attrapa par le coude et la força à s'arrêter
au milieu de la pelouse humide.
Comment
osait-il ? Depuis quand croyait-il avoir le droit d'être furieux ?
—
Je
vais me coucher. Va au diable !
—
Non.
Tu ne vas nulle part. Nous n'en avons pas terminé toi et moi. Tu ne
peux pas prétendre n'avoir rien ressenti, Lizzie. C'est impossible.
Et tu ne peux pas partir ainsi après ce qui vient de se passer. Tu
me dois une explication.
—
Je
ne te dois rien du tout.
C'était
épuisant d'aimer Jamie.
—
Si.
Tu as promis. Promis de m'honorer et de m'obéir, Lizzie. Tu l'as
juré sur l'honneur. Or tu ne reviens jamais sur ta parole.
Dieu
qu'il était malin ! Elle l'aurait volontiers giflé pour qu'il
ressente ne serait-ce qu'une fraction de la peine qu'il lui avait
infligée.
—
Et
ta parole, alors ? Le seul homme à qui j'ai promis d'obéir est mort
à mes yeux. Je ne te dois rien. Tu n'es pas mon mari, car un mari ne
mentirait pas à sa femme. Il ne l'abandonnerait pas. Il ne la
laisserait pas croupir en prison. Quand tu te comporteras en mari
digne de ce nom, je me comporterai en épouse.
—
Soit.
Nous n'avons qu'à commencer dès maintenant.
—
Va
te faire foutre.
A
son expression, elle sut qu'elle avait été trop loin.
—
Quelle
grossièreté, Lizzie, gronda-t-il. C'est donc ainsi que tu veux que
cela se passe entre nous ? Bon sang, tu n'apprendras donc jamais rien
?
—
Vraiment
? Et moi qui pensais avoir appris comment me faire baiser.
A moins que ce ne soit pas à cela que tu fasses allusion.
Il
eut un mouvement de recul en entendant dans sa bouche un mot aussi
vulgaire. Tant mieux. Elle était ravie de l'avoir choqué.
Un
long silence s'écoula avant qu'il ne reprenne la parole.
—
Apparemment,
une autre leçon s'impose, articula-t-il lentement. Tu as toujours
appris vite, Lizzie. Je suis sûr que cela te plaira. Quitte à ce
que ce soit la dernière chose que je fasse sur terre, je vais te
prouver que tu as autant besoin de moi que j'ai besoin de toi.
Ses
paroles lui firent l'effet d'une gifle.
—
Non,
commença-t-elle, je n'ai besoin de personne. Je...
Mais
elle fut incapable de poursuivre.
Il
la retourna et la fit basculer à plat ventre dans l'herbe, la main
pressée au creux de ses reins. Sans lui laisser le temps de
réfléchir ni même de reprendre son souffle, il s'allongea sur
elle.
—
Je
regrette beaucoup de choses, Lizzie. Je regrette de ne pas t'avoir
dit la vérité. Je regrette chaque seconde que tu as dû passer dans
cette satanée prison. Mais jamais je ne regretterai de t'aimer. Et
je ne te permettrai pas de dire que toi tu le regrettes, lui
chuchota-t-il à l'oreille.
Elle
tourna la tête. Il avait l'air féroce. Et tellement puissant. Son
corps apparaissait tout en muscles raidis par l'effort que contrôler
son désir lui demandait.
—
Tu
as besoin de moi, Lizzie. Tu as envie de moi.
Stupéfaite,
elle sentit le désir monter en elle. Son corps réagissait aux
propos de Jamie malgré elle. Une onde de chaleur se forma au creux
de son ventre, entre ses cuisses.
—
Je
vais faire en sorte que tu te languisses de moi comme je me languis
de toi. Il est grand temps que tu apprennes à admettre tes désirs,
dit-il en insinuant le genou entre ses jambes serrées. Une bonne
leçon sur le désir, voilà ce qu'il te faut. Sur la manière
de baiser convenablement
son mari, pour reprendre tes mots.
Il
appliqua le genou contre son sexe, juste au bon endroit, lui
arrachant une cascade de frissons. Il savait précisément comment
ébranler ses défenses. C'était là sa force.
Elle
tenta de s'échapper en se tortillant, tiraillée entre le désir et
les doutes.
—
Tiens-toi
tranquille, murmura-t-il.
Mais
elle refusa de lui obéir. S'aidant des deux mains, elle voulut se
redresser.
Il
lui agrippa les poignets et lui plaqua les bras au sol, au-dessus de
la tête. Elle était totalement à sa merci.
Le
cœur de Lizzie battait à tout rompre, son souffle saccadé lui
martelait les tympans. Elle était en terrain inconnu, n'avait plus
aucun repère.
—
Tu
sens à quel point j'ai envie de toi, Lizzie ? reprit-il en se
pressant contre elle. Je suis le plus fort, inutile de lutter. Tu
auras tellement envie de moi que tu finiras par me supplier de te
faire jouir, crois-moi.
Elle
aurait voulu crier de frustration. Même ses menaces étaient emplies
de promesses érotiques. Elle ravala les larmes accumulées au fond
de sa gorge. Comment pouvait-elle le haïr et le désirer tout à la
fois ?
—
Eh
bien, vas-y, répliqua-t-elle, cherchant à le provoquer. Montre-toi
à la hauteur de tes promesses. Fais-moi jouir.
La
maintenant totalement immobile, il écarta ses cheveux de sa nuque,
et fit courir doucement ses lèvres sur son cou. Elle sentait la
chaleur de son torse contre son dos, son corps puissant qui
l'enveloppait, la dominait.
Le
désir monta en elle et prit possession de son être entier. Jamie
jouait de son corps avec un talent de virtuose. Il n'eut qu'à
déplacer la main jusqu'à son sein pour lui arracher un gémissement
de bonheur.
Elle
ne le voyait pas. Il n'était qu'une ombre derrière elle, une
présence implacable. Elle sentit les liens qui la rattachaient à
elle-même se dénouer.
—
Oui,
prends-moi. Emmène-moi avec toi.
Jamie
laissa échapper un grognement surpris, mais déjà il lui
retroussait ses jupes. Lorsqu'il se mit à pétrir ses fesses, un
tourbillon de volupté naquit en elle. Elle ondula sous lui pour
soulager la tension insoutenable au creux de son ventre.
Il
se positionna à l'entrée de son sexe, puis s'enfouit en elle d'une
seule poussée. Elle ferma les yeux et arqua les hanches pour
l'accueillir. En réponse, il commença à aller et venir en rythme,
s'enfonçant jusqu'à la garde avant de se retirer presque
complètement. C'était à la fois trop et pas assez. Vraiment pas
assez.
—
J'en
veux plus. Donne m'en plus. Tu as promis.
Sa
chair intime palpitait avidement autour de lui.
Elle
creusa les reins et inclina le bassin pour qu'il s'ancre encore plus
profondément en elle.
—
Sois
maudit, Jamie Marlowe.
Il
lui plaqua la main sur la bouche, approcha les lèvres de son
oreille.
—
Tais-toi,
Lizzie, ordonna-t-il d'une voix rauque. Tiens ta langue ou je cesse
de te baiser.
Elle
tourna le visage dans sa paume et prit son index dans sa bouche,
l'aspira et le mordilla. Le souffle de Jamie se précipita, mais il
poursuivit son va-et-vient impitoyable, augmentant la cadence dans un
désir presque désespéré d'atteindre le soulagement.
Il
finit par lui lâcher les poignets et, profitant de ce qu'elle se
relève une fraction de centimètre, il glissa la main sous elle pour
la caresser intimement.
—
Oui.
Touche-moi là.
—
Lizzie
! cria-t-il.
Il
s'enfonça brutalement et fut emporté par le plaisir. Entraînée
dans son sillage, elle se perdit en lui une fois de plus.
Un
désir sauvage et incontrôlable l'habitait, mais il s'en moquait. Il
avait dépassé le stade des scrupules depuis longtemps. Il était
encore quelque peu chamboulé, ne sachant pas vraiment qui avait
donné une leçon à qui. Ce qu'il savait, en revanche, c'était que
Lizzie était comme de l'opium : débilitante à petite dose et
presque fatale à grandes.
Il
était désespérément amoureux de sa femme, si exaspérante
fût-elle. Il voulait qu'elle ait besoin de lui, qu'elle le désire
autant qu'il la désirait. Il voulait qu'elle l'aime.
Or
ce n'était pas en lui écrasant la tête dans l'herbe humide qu'il
allait parvenir à ce résultat. Seigneur, quel mufle !
—
Lizzie,
ça va ? Viens ici, mon ange.
Il
la soulagea de son poids, bascula sur le dos et l'attira dans ses
bras. Le souffle court, il emplit ses poumons d'air frais et
contempla bêtement les étoiles.
Lizzie
fut la première à remuer. Elle se redressa lentement en position
assise, puis se mit debout, écartant les mèches rebelles de son
visage et chassant l'herbe et les brindilles de ses jupes.
—
Lizzie.
Il
tendit le bras pour lui prendre la main, sachant ce qu'il allait lui
dire, certain qu'il n'avait d'autre choix que de se montrer honnête
avec elle.
—
Je
ne veux plus jamais te voir, dit-elle.
Il
eut l'impression qu'on venait de creuser un trou dans sa poitrine.
S'il ne devait plus jamais la voir, il en mourrait. Ce qu'ils
ressentaient l'un pour l'autre était trop fort pour tirer ainsi un
trait dessus. Ils avaient déjà essayé, sans succès.
—
Lizzie,
je t'en prie. Tes mots dépassent ta pensée. En dépit de tout, nous
sommes trop liés...
Elle
leva la main pour l'interrompre. Il l'observa en silence tandis
qu'elle rassemblait sa dignité, sa pudeur et même ses regrets comme
des débris laissés par la marée sur la plage.
Lorsqu'elle
prit la parole, ce fut d'une voix calme, presque atone, qu'il ne lui
connaissait pas.
—
Je
ne veux pas avoir besoin de toi. C'est trop douloureux. Et je ne veux
plus te revoir. Tu devrais savoir mieux que personne que je pense ce
que je dis. Toujours.