Toute
ma vie... deux et deux ont fait quatre.
Mais maintenant... c'est
faux.
Cela ne fait plus quatre. Cela fait vous.
Lady
Philippa est... bizarre.
La brillante fille à lunettes d'un double marquis prêt davantage attention aux livres qu'aux bals, aux sciences qu'aux Saisons, et aux laboratoires qu'à l'amour. Elle est impatiente d'épouser son simplet de fiancé et de vivre une vie tranquille avec ses chiens et ses expériences scientifiques. Mais avant, Pippa a deux semaines pour expérimenter tout le reste - quatorze jours pour faire des recherches sur les plaisirs de la vie. Ce n'est pas beaucoup, et pour être efficace, elle a besoin d'un expert sur les recoins obscures de Londres.
Elle a besoin d'un... vaurien.
Elle a besoin de Cross, l'associé intelligent et réservé du club de jeux le plus fermé de Londres, qui a la réputation d'être le plus dissolu des mauvais garçons. Mais les réputations cachent souvent les secrets les plus obscures, et lorsque l'excentrique Pippa lui fait une proposition audacieuse, au nom de la science, mais sans les émotions, elle menace tout ce qu'il tente de protéger. Accéder à la demande de Pippa le tente beaucoup... mais le vaurien est plus que ce qu'il laisse paraître, et il devra faire appel à toute les forces de sa volonté pour résister à la jeune femme et ne pas lui donner plus que ce qu'elle a jamais imaginé.
(Traduction everalice)
La brillante fille à lunettes d'un double marquis prêt davantage attention aux livres qu'aux bals, aux sciences qu'aux Saisons, et aux laboratoires qu'à l'amour. Elle est impatiente d'épouser son simplet de fiancé et de vivre une vie tranquille avec ses chiens et ses expériences scientifiques. Mais avant, Pippa a deux semaines pour expérimenter tout le reste - quatorze jours pour faire des recherches sur les plaisirs de la vie. Ce n'est pas beaucoup, et pour être efficace, elle a besoin d'un expert sur les recoins obscures de Londres.
Elle a besoin d'un... vaurien.
Elle a besoin de Cross, l'associé intelligent et réservé du club de jeux le plus fermé de Londres, qui a la réputation d'être le plus dissolu des mauvais garçons. Mais les réputations cachent souvent les secrets les plus obscures, et lorsque l'excentrique Pippa lui fait une proposition audacieuse, au nom de la science, mais sans les émotions, elle menace tout ce qu'il tente de protéger. Accéder à la demande de Pippa le tente beaucoup... mais le vaurien est plus que ce qu'il laisse paraître, et il devra faire appel à toute les forces de sa volonté pour résister à la jeune femme et ne pas lui donner plus que ce qu'elle a jamais imaginé.
(Traduction everalice)
L'avis :
Deuxième
livre que je lis de cette auteure et je suis en train de vraiment
accrocher à son style qui dépoussière énormément la romance
historique tout en gardant ce qui fait qu'on l'aime.
Le
héros est vraiment très viril : il fait de la boxe et est loin
de ressembler au héros du genre. Elle, elle est une femme à
lunettes dont l'auteure a choisi de ne pas mettre en avant son
physique. Scientifique avant tout, elle cherche à lever le voile sur
les mystères de la chair avant de se marier à un homme qu'elle
n'aime. Elle va donc voir un ami de son beau-frère connu pour être
un débauché. Elle lui court après (au nom de la science...) et
lui se refuse, ce qui donne des situations très cocasses.
Le
style est vraiment fluide, très amusant par moment, dramatique à
d'autres moments tout en ne perdant rien de l'aspect sensuel du
genre.
Donc
vous avez compris que j'ai aimé. Je vous le conseille très
vivement.
Je
ne parlerai pas de l'histoire car il y a de nombreux ressorts qui
tiennent grâce à des secrets cachés.
Je
vous mets quelques extraits savoureux qui m'ont marqué pour diverses
raisons.
Bonne
dégustation !
L'extrait :
Elle
n'en revenait pas d'avoir fait ça.
Debout
dans le cabinet de travail de M. Cross, la peau en feu, elle avait du
mal à admettre qu'elle avait enlevé ses habits, simplement parce
qu'il le lui avait ordonné de ce ton paisible qui faisait naître en
elle d'étranges petits frissons.
D'étranges
petits frissons qu'il lui faudrait étudier quand elle en aurait le
loisir.
— Vous
avez enlevé vos habits, dit l'homme qui, agenouillé devant elle,
gardait les poings serrés sur ses longues cuisses musclées.
— Vous
me l'avez demandé, répondit-elle en repoussant ses lunettes sur son
nez.
Avec
un sourire en coin, il passa le dos de sa main sur ses propres
lèvres, lentement, comme s'il réfléchissait et se demandait s'il
n'allait pas dévorer ce qui s'offrait à lui.
— En
effet.
Les
frissons redoublèrent.
Voyant
qu'il fixait ses genoux, elle eut honte de ses bas, de gros bas de
laine choisis pour le confort et non pour... euh... ceci. Ils étaient
franchement hideux en comparaison des bas de soie que portaient
sûrement les amies de M. Cross. Mlle Tasser avait probablement une
collection de bas ornés de dentelle et de rubans colorés.
En
ce qui concernait les sous-vêtements, Pippa la pragmatique visait le
confort.
Les
bras toujours croisés sur la poitrine, elle attendait qu'il fasse un
geste vers elle. Lequel ? elle l'ignorait. C'était lui le
maître, c'était à lui de savoir. Comme il ne bougeait pas, elle se
demanda si elle l'avait déçu d'une façon ou d'une autre.
Pourquoi
ne la touchait-il pas ?
Refoulant
la question qui la glaçait et l'incendiait en même temps, elle
s'enquit :
— Et
maintenant ?
Ces
mots avaient fusé plus brutalement qu'elle ne l'avait voulu, mais
ils eurent pour avantage de ramener l'attention de M. Cross vers son
visage. Il la fixa un long moment, et elle fut troublée par ses yeux
– couleur de l'étain tacheté de blanc et bordés de longs
cils auburn.
— Asseyez-vous,
dit-il en désignant un grand fauteuil.
— Merci,
mais je préfère rester debout.
— Vous
voulez votre leçon, oui ou non, Pippa ?
À
ces mots, elle sentit son cœur bondir dans sa poitrine.
— Oui,
souffla-t-elle.
— Alors,
asseyez-vous.
Elle
se posa aussi décemment que possible, le dos droit, les mains sur
les genoux, les jambes collées l'une à l'autre, comme si elle ne se
trouvait pas dans une maison de jeu, seule avec l'un des plus
célèbres débauchés de Londres, avec pour tous vêtements un
corset et une culotte. Et ses lunettes.
Elle
ferma les yeux. Les lunettes. Il n'y avait rien de séduisant dans
des lunettes.
Elle
voulut les ôter.
— Non.
Sa
main s'immobilisa à mi-chemin de son visage.
— Mais...
— Gardez-les.
— Elles
ne sont pas...
— Elles
sont parfaites.
Au
lieu d'approcher, il s'assit sur le sol et, s'adossant au bureau, il
allongea une jambe devant lui et plia l'autre genou pour y poser un
bras. Ses yeux mi-clos n'avaient pas quitté la jeune fille.
— Appuyez-vous
sur le dossier.
— Je
suis très bien comme ça.
— Appuyez-vous
quand même.
Elle
recula dans le fauteuil jusqu'à ce qu'elle sente le cuir souple
contre sa peau.
— Détendez-vous.
Elle
inspira à fond et relâcha lentement son souffle.
— Ce
n'est pas facile.
— Je
sais, dit-il avec un sourire. Vous êtes très belle, ajouta-t-il
après un bref silence.
Elle
rougit.
— Oh,
non. Ces sous-vêtements sont vieux. Ils n'étaient pas destinés à
être... à être vus, acheva-t-elle en regardant son corset qui
semblait avoir subitement rétréci.
— Je
ne parle pas des vêtements, précisa-t-il d'une voix curieusement
enrouée. Je parle de vous. De cette peau que vous voulez que je
touche.
Elle
ferma les yeux, avec un mélange de honte et d'autre chose,
indescriptible.
Il
poursuivit :
— Je
parle de vos bras minces et de vos jambes parfaitement galbées... Et
voilà que j'envie ces bas qui sont sur vous. Je parle de ce corset
qui vous étreint là où vous êtes si jolie et si douce...
Est-il inconfortable ?
— D'habitude,
non.
— Et
maintenant ?
— Ça
me serre un peu, admit-elle.
— Tss,
tss. Pauvre Pippa. Dites-moi, vous qui connaissez si bien le corps
humain, pourquoi vous serre-t-il maintenant ?
Elle
déglutit, tenta d'inspirer profondément, et échoua.
— C'est
parce que mon cœur menace de bondir hors de ma poitrine.
— Vous
avez fait trop d'exercice ? s'enquit-il avec un sourire.
— Non.
— Pour
quelle raison, alors ?
Elle
n'était pas idiote. Elle savait qu'il la poussait dans ses
retranchements.
— Je
pense que c'est à cause de vous, répondit-elle avec la franchise
qui la caractérisait.
Il
ferma les yeux et, renversant la tête, l'appuya contre le bureau.
Pippa sentit sa bouche s'assécher. Elle avait follement envie de
toucher son long cou et sa mâchoire crispée.
Lorsqu'il
rouvrit les yeux, elle y vit quelque chose qui la troubla.
— Vous
ne devriez pas être aussi prompte à dire la vérité.
— Pourquoi ?
— Cela
me donne trop de pouvoir.
— J'ai
confiance en vous.
— Vous
ne devriez pas.
Il
se pencha en avant et mit un bras autour de son genou replié.
— Vous
n'êtes pas en sécurité avec moi.
Jamais
elle ne s'était sentie en danger auprès de lui.
— Je
ne crois pas que ce soit exact.
Il
eut un rire grave qui déclencha en elle une autre vague de petits
frissons, tout aussi mystérieux que les précédents.
— Vous
n'avez aucune idée de ce que je pourrais vous faire, Philippa
Marbury. Des différentes façons dont je pourrais vous toucher. Des
merveilles que je pourrais vous révéler. Mais je pourrais aussi
causer votre perte sans hésiter, sombrer avec vous dans des abîmes
de péché et n'en éprouver aucun regret.
Les
mots laissèrent Pippa sans souffle. Tout cela, elle le voulait. Elle
ouvrit la bouche pour le dire, mais aucun son n'en sortit.
— Vous
voyez ? Je vous ai choquée.
— Je
me suis choquée moi-même... J'ai découvert que j'aimerais
expérimenter tout ce que vous venez de dire, acheva-t-elle devant
l'air ébahi de M. Cross.
Il
y eut un silence durant lequel elle fit le vœu qu'il se lève,
vienne à elle, la touche, passe aux travaux pratiques.
— Montrez-moi,
murmura-t-il.
— Je
vous demande pardon ?
— Vous
disiez que vous vouliez que je vous touche. Montrez-moi où.
La
main de Pippa se déplaça d'elle-même vers l'endroit où la soie du
corset rencontrait la peau. À quelques centimètres seulement de...
— Vos
seins ?
— Oui,
avoua-t-elle en rougissant.
— Dites-moi
comment vous les sentez en ce moment.
Fermant
les yeux, elle se concentra sur ces sensations nouvelles.
— Lourds.
Tendus.
— Douloureux ?
Très.
— Oui.
— Touchez-les.
Elle
ouvrit grands les yeux qui butèrent sur ceux de M. Cross.
— Montrez-moi
comment vous aimeriez que je les touche, insista-t-il.
— Je...
ne peux pas.
— Vous
pouvez.
— Mais
pourquoi pas vous ?
Le
regard de M. Cross s'assombrit, et un nerf battit dans sa joue.
— C'est
comme ça, Pippa. Je ne vous toucherai pas. Je ne vous déshonorerai
pas.
Quel
homme obstiné ! Elle souffrait, ne le voyait-il pas ?
— Je
suis déshonorée, que vous me touchiez ou non.
— Non.
Si je ne vous touche pas, vous êtes indemne.
— Et
si je ne voulais pas rester indemne ?
— Vous
n'avez pas le choix, répliqua-t-il en fermant et rouvrant le poing
comme si sa main lui faisait mal. Voulez-vous que je vous dise
comment je vous toucherais ?
— Oui,
je vous en prie.
— Je
sortirais ces trésors de la prison dans laquelle vous les maintenez
en et je les révérerais comme ils le méritent.
Oh,
mon Dieu.
Les
mains de Pippa se figèrent, paralysées par sa belle voix fluide.
— Et
ensuite, je vous apprendrais ce qu'est le baiser, ainsi que vous
l'avez demandé.
Elle
entrouvrit les lèvres et se perdit dans le regard empli de promesses
de M. Cross.
— Mais
pas sur votre bouche : sur vos seins magnifiques. Sur leur peau
pâle, sur les endroits qui n'ont jamais vu la lumière, que n'a
touchés aucun homme. Vous apprendriez à quoi peut servir la langue,
ma petite savante... par exemple là, sur la pointe de ces jolis
seins érigés.
L'image
la bouleversa au point que, trop émue pour être honteuse, elle
palpa ses seins et, un bref instant, elle put croire que c'était lui
qui la caressait. Qui la mettait dans cet état d'attente
douloureuse.
Elle
soupira, et il se redressa, mais sans s'approcher – maudit
soit-il.
— Voudriez-vous
que je vous dise à quel autre endroit je vous toucherais ?
— Oui,
s'il vous plaît.
— Que
de politesse... La politesse n'a pas sa place ici, ma beauté à
lunettes. Ici, vous demandez et je donne. Vous offrez et je prends.
Il n'y a ni « s'il vous plaît », ni « je vous
remercie ».
Elle
attendait qu'il continue, chaque fibre de son être palpitant
d'excitation, d'anticipation.
— Posez
une jambe sur l'accoudoir de votre fauteuil.
Elle
écarquilla les yeux. Jamais de sa vie elle ne s'était assise de
cette façon. Elle hésita.
— Vous
l'avez demandé, rappela-t-il.
En
effet, se dit-elle. Elle obéit, écartant les cuisses, et l'air
frais se faufila dans la fente de la culotte. Les joues rouges, elle
y mit les mains pour se cacher de lui.
Il
émit un son grave d'approbation.
— Mes
mains iraient là aussi. Pouvez-vous sentir pourquoi ?
Pouvez-vous en sentir la chaleur ? Son pouvoir de séduction ?
Ne
pouvant plus soutenir son regard, elle avait fermé les yeux. Mais
elle fit oui de la tête.
— Bien
sûr que vous pouvez... je le sens moi-même. Et dites-moi, ma petite
savante en anatomie, avez-vous déjà exploré cet endroit ?
Les
joues de Pippa étaient en feu.
— Ne
commencez pas à mentir maintenant, Pippa. Nous avons déjà fait
trop de chemin.
— Oui.
— Oui,
quoi ?
— Oui,
je l'ai exploré.
L'aveu
avait été tout juste murmuré, mais il l'entendit. Comme il lâchait
un grognement, elle rouvrit les yeux et constata qu'il s'était de
nouveau renversé contre le bureau.
— Ai-je
dit ce qu'il ne fallait pas ? s'inquiéta-t-elle.
Il
secoua la tête et, portant la main à sa bouche, se frotta les
lèvres.
— Non,
mais me voilà fou de jalousie.
— De
qui ?
— De
vous, ma belle enfant, répondit-il, fixant l'endroit qu'elle
cachait. De vos mains. Dites-moi ce que vous avez trouvé là.
Non.
Elle avait beau connaître le vocabulaire clinique de tout ce qu'elle
avait découvert, prononcer ces mots à haute voix était impossible.
— Je
ne peux pas.
— Vous
avez trouvé du plaisir ?
Elle
ferma les yeux, pinça les lèvres.
— Oui ?
insista-t-il.
Elle
secoua la tête, très légèrement.
Il
lâcha son souffle comme s'il l'avait retenu... et se déplaça.
— Quelle
tragédie...
Entendant
un bruit de tissu contre le parquet, elle rouvrit les paupières. Il
glissait vers elle, tel le prédateur vers sa proie.
Elle
n'en pouvait plus d'attendre.
Elle
relâcha sa respiration dans un soupir qui aurait été un
gémissement si elle n'y avait pas pris garde et, Dieu lui vienne en
aide, elle tendit les mains, s'offrant à lui. Dans son cœur, elle
remerciait déjà Dieu et Lucifer, et quiconque avait permis
qu'arrive cet instant, quiconque lui avait amené cet homme.
Sauf
qu'il ne la toucha pas.
— Vous
montrerai-je comment le trouver, beauté ? reprit-il, et son
souffle vint effleurer les mains de Pippa. Où le trouver ?
— Je
vous en prie, acquiesça-t-elle, et il le lui expliqua gentiment.
Elle
fit ce qu'il prescrivit, écartant les plis du linge, puis les plis
de son intimité, suivant ses instructions murmurées, répondant à
ses questions scandaleuses.
— Si
joli et si rose... Est-ce agréable, amour ?
Elle
répondit par un gémissement.
— Bien
sûr que c'est agréable. Je sens l'odeur particulière du désir...
doux, tendre et très, très humide.
Les
mots déclenchèrent un éclair de plaisir jamais éprouvé jusqu'à
présent.
— Oh,
Pippa... chuchota-t-il en tournant la tête pour souffler sur
l'intérieur de son genou, mais en évitant de la toucher.
Il
la détruisait, littéralement.
— Si
j'étais là... si mes doigts étaient les vôtres, je vous ouvrirais
plus grand et vous montrerais que cette expérience est plus
délectable lorsqu'elle est partagée. J'utiliserais ma bouche pour
vous donner votre seconde leçon de baisers... Je vous enseignerais
tout ce que je sais de la volupté.
Elle
écarquilla les yeux. La scène surgit dans sa tête. Elle le vit, à
genoux devant elle, remplaçant ses mains par sa bouche, caressant,
touchant... aimant. Et elle sut d'instinct que ce serait magnifique.
— Je
me repaîtrais de vous... oui... ici même, beauté, poursuivit-il en
récompensant les petits mouvements audacieux des doigts de Pippa par
un grognement de plaisir, sachant, avant elle, qu'elle était au bord
de quelque chose de bouleversant.
— Vous
aimeriez ma bouche là, ma douce ?
Que
lui arrivait-il ? Ciel. Oui. Quoi que ce soit, elle le voulait.
— Je
resterais là des heures... promit-il. Ma langue vous ferait
découvrir un plaisir que vous n'avez jamais connu. Encore et encore.
Jusqu'à ce que vous soyez épuisée et me demandiez d'arrêter. Vous
aimeriez cela, amour ?
Le
corps de Pippa répondit par un spasme violent, offrant à la jeune
fille tout ce que M. Cross avait promis... et en même temps rien.
Elle tendit la main vers lui, cherchant désespérément sa force et
son appui.
En
cet instant, elle était sienne, déchirée par le plaisir et par un
désir douloureux.
Un
désir que lui seul pouvait combler.
Elle
murmura son nom d'une voix émerveillée, et ses doigts effleurèrent
les cheveux de soie rousse.
À
cette caresse, il se releva prestement et, tournant le dos à la
jeune fille, alla se réfugier derrière une haute pile de registres
dans un coin de la pièce.
Son
départ la laissa pantelante, totalement vide.
Le
lustre éveillait des éclats fauves dans la chevelure de l'homme
dont les épaules s'élevaient et s'abaissaient tandis qu'il
haletait.
— Les
recherches sont finies pour ce soir, déclara-t-il, face à la
bibliothèque. J'avais promis de vous montrer ce que pouvait être le
plaisir, et je crois avoir tenu ma promesse. Rhabillez-vous. Je vais
vous faire raccompagner.
L'extrait :
Elle
grimpa deux marches et se retourna, les yeux à la hauteur de ceux de
M. Cross.
— Je
ne comprends pas. Qu'est-ce que la tentation, alors ?
— La
tentation...
Elle
se pencha en avant, avide d'écouter cette première leçon.
— La
tentation vous chamboule complètement. Elle vous met dans un état
indescriptible, elle vous fait renoncer à tout ce que vous aimiez
avant. Elle vous pousserait à vendre votre âme pour un moment de
plaisir éphémère.
Les
mots flottèrent dans le silence un long moment. M. Cross était
resté en bas du marchepied, l'empêchant de basculer et
l'enveloppant de sa chaleur malgré le froid de la nuit.
— La
tentation fait mal, reprit-il. Vous feriez n'importe quelle promesse,
vous vous damneriez pour la satisfaire.
Oh,
mon Dieu...
Pippa
relâcha son souffle, les nerfs à vif. Elle ferma les yeux, avala sa
salive.
Comment
se faisait-il qu'il soit si calme ?
Quel
homme exaspérant !
Elle
soupira.
— Il
faut que ce soit une meringue formidable.
Quelle
repartie ridicule ! Les dents blanches de M. Cross trouèrent à
nouveau l'obscurité.
— En
effet... Trotula, à la maison ! jeta-t-il, et le chien obéit.
Montez, ordonna-t-il à Pippa qui obéit, elle aussi.
L'extrait :
Cela
faisait six ans qu'il n'avait pas touché une femme. Qu'il résistait
à toutes.
Jusqu'à
celle-ci.
Il
la déposa sur le lit et la cloua sur le matelas de son corps musclé.
Il
l'embrassa d'un long et lent baiser qui la mit hors d'haleine.
Lorsqu'il
s'écarta, elle lâcha un soupir de satisfaction qu'il captura d'un
autre baiser avide.
— Vous
êtes la femme la plus incroyable que j'aie connue, murmura-t-il.
Vous me donnez envie de vous enseigner les choses les plus
scandaleuses que je connais... que j'ai rêvées.
Les
mots étaient plaisir et chaleur, violence et fureur. Elle ferma les
yeux. Frôlant sa joue des lèvres, il souffla à son oreille :
— Cela
vous plairait-il ?
Elle
soupira son accord.
— La
pièce tourne, remarqua-t-elle, effarée.
— Je
croyais être le seul à l'avoir senti, dit-il en lui mordillant le
lobe de l'oreille.
— Quelle
en est la cause ?
— Ma
petite scientifique... si vous arrivez à vous poser cette question,
c'est que je fais mal ce que j'ai à faire.
Puis
elle n'eut plus le loisir de se demander si la chambre tournait parce
que la Terre avait quitté son axe : les lèvres de Cross
s'étaient emparées des siennes, ses mains retroussaient sa chemise
de nuit, et elle mourait d'envie de le toucher partout où c'était
possible.
Il
se souleva et s'inséra entre les cuisses de la jeune fille, son
membre niché contre elle. Elle crut mourir de plaisir.
Écartant
les lèvres, il murmura son nom et appuya le front sur celui de
Pippa. Le doux balancement de ses hanches déclenchait en elle des
éclairs de volupté. Comme il s'immobilisait, elle rouvrit les yeux.
— Je
vais vous donner ce que vous désirez... mais, je vous en prie,
gardez le silence. Si votre père nous entend, vous serez bel et bien
déshonorée.
— Cela
m'est égal, murmura-t-elle en l'étreignant.
Tant
de plaisir valait bien la perte de sa réputation.
Elle
serait débarrassée de Castleton et pourrait vivre avec Cross.
Partout où il voudrait.
Il
ne l'acceptera jamais, chuchota la petite voix du bon sens. Tout
était possible ce soir, avec lui. Demain, elle ferait face au reste
de sa vie. Mais cette nuit leur appartenait.
Cette
nuit, il n'y avait pas de place pour le triste bon sens.
— Montrez-moi
tout, implora-t-elle. Tout ce que vous savez. Tout ce que vous aimez.
Tout ce que vous désirez.
Il
ferma les yeux et une expression étrange – bonheur ou
chagrin ? – traversa son visage. Se soulevant sur
les coudes, elle se cambra contre lui. Sentir ses seins s'écraser
sur cette poitrine chaude et ferme, ses cuisses enserrer ses hanches
minces et son membre lourd et dur palpiter contre elle, était
quelque chose d'extraordinaire, de bouleversant. Elle se laissa
tomber contre lui, et il ouvrit les yeux.
— Ça,
vous le paierez cher.
— Vous
ne pouvez pas me reprocher de faire des expériences, dit-elle en
souriant.
— Je
ne peux pas, admit-il en riant. Après tout, sans ce penchant pour
les expériences, je ne vous aurais pas dans mes bras.
Il
l'embrassa de nouveau avec fièvre. Lorsque, à bout de souffle, ils
se séparèrent, il demanda :
— Que
puis-je faire d'autre pour vous aider dans vos recherches, madame ?
Elle
prit le temps de contempler son visage. Restez avec moi, eut-elle
envie de dire. Laissez-moi vivre avec vous.
Au
lieu de quoi, elle écarta les pans de sa veste et appliqua les
paumes sur son gilet.
— Je
crois que mes connaissances gagneraient à ce que vous soyez nu.
— Vraiment ?
Elle
haussa un sourcil en guise de réponse. Il sauta du lit, et sa veste,
son gilet et sa chemise tombèrent sur le sol. Puis il revint dans le
lit.
— C'est
mieux ?
— Oui,
mais vous n'êtes toujours pas nu.
— Vous
non plus, dit-il en mordillant la peau douce de son cou, ce qui la
fit frissonner.
— Vous
n'avez pas exprimé ce désir.
Relevant
la tête, il la regarda dans les yeux.
— Eh
bien, sachez-le. Je voudrais que vous soyez nue chaque instant de
chaque jour.
— Voilà
qui rendrait les thés et les bals plutôt embarrassants.
Il
eut un sourire malicieux qui enchanta Pippa.
— Ni
thé, ni bal, répondit-il. Uniquement ceci.
D'une
main, il lui ôta sa chemise de nuit et l'envoya voler dans la pièce.
Trotula la reçut sur la tête avec un aboiement étranglé.
— Je
devrais peut-être la faire sortir, suggéra Pippa.
— Ce
serait en effet préférable.
Pippa
se leva et mena sa chienne jusqu'à la porte, qu'elle lui entrouvrit.
Trotula obéit tristement. La jeune fille referma et se retourna vers
l'homme qui l'attendait sur son lit.
Son
corps nu exposé à la lumière de la chandelle, elle se sentit plus
embarrassée que lorsqu'elle s'était caressée sur ses instructions.
Au moins, à ce moment-là, elle avait gardé son corset. Et ses bas.
Cette
nuit, elle ne portait rien et, à côté du corps parfait de Cross,
ses imperfections sautaient aux yeux. Il lui tendit la main,
irrésistible invitation.
Elle
le rejoignit. Il roula sur le dos et, les yeux rivés sur elle,
l'attira à lui.
Prise
de panique, elle recouvrit ses seins.
— Quand
vous me regardez de cette façon... c'est trop.
— Comment
est-ce que je vous regarde ?
— Je
ne sais comment appeler ça, mais cela me donne l'impression que je
vais être dévorée.
— C'est
le désir, amour. Un désir plus fort que tous ceux que j'ai connus.
J'en tremble presque... Laissez-moi vous voir, Pippa.
La
requête était si brûlante qu'elle ne put la rejeter. Lentement,
elle écarta ses mains et les posa sur la poitrine de Cross, les
doigts grands ouverts sur la fine fourrure rousse.
Il
ne bougeait plus.
— Que
vous êtes beau, murmura-t-elle en prolongeant sa caresse le long des
bras musclés.
— Je
suis heureux de vous plaire, ma dame.
— Oh,
oui, vous me plaisez beaucoup, monsieur. Vous êtes un spécimen
remarquable.
L'extrait :
Il
s'inclina, et elle sut qu'il allait l'embrasser. Elle sut aussi
qu'elle ne devait pas le permettre. Elle recula avant que leurs
lèvres ne se touchent, et il se retira immédiatement.
— Je
suis désolé.
Elle
se leva pour mettre un peu de distance entre eux. Trotula vint
s'asseoir à côté d'elle, en sentinelle. Elle laissa ses doigts
jouer avec les oreilles de l'animal, n'arrivant ni à regarder Cross
en face, ni à l'éviter.
— Je
ne sais pas pourquoi je vous ai raconté ça.
— Sur
Beavin ?
— C'est
idiot. Je ne sais même pas pourquoi j'ai pensé à lui. Sauf que...
— Sauf
que ? fit-il au bout d'un moment, le silence se prolongeant.
— Eh
bien, j'ai toujours été différente. Je n'ai jamais eu beaucoup
d'amis. Mais Beavin... ça lui était égal que je sois comme ça. Il
ne m'a jamais trouvée bizarre. Après sa disparition, je n'ai
rencontré personne d'autre qui me comprenne. Je pensais que cela
n'arriverait plus... jusqu'à vous.
Et,
maintenant, vous aussi allez me quitter...
Et
ce serait plus douloureux que la perte d'un ami imaginaire. Elle
n'était pas sûre de pouvoir le supporter.
Elle
enchaîna :
— Je
ne peux m'empêcher de penser... si seulement...
— Non,
ne dites rien.
— Si
seulement je vous avais rencontré plus tôt...
Elle
se reprocha aussitôt cet aveu. Bien qu'il eût pour résultat de
pousser Cross à se rapprocher, à prendre son visage entre ses mains
et à l'embrasser. Les doigts dans les cheveux de la jeune fille, il
murmura son prénom contre ses lèvres, sa joue, son cou, ponctuant
ce murmure de coups de langue qui la mirent en feu.
Si
seulement elle avait su qu'elle rencontrerait quelqu'un comme lui.
L'âme
sœur.
Un
mariage d'amour. Cela pouvait exister.
Elle
ferma les yeux et des larmes s'échappèrent, qu'il aspira en
murmurant son nom encore et encore.
— Pippa...
Ne pleurez pas, mon amour... je n'en vaux pas la peine... Je ne suis
rien.
Il
avait tort, bien sûr. Il était tout.
Tout
ce qu'elle désirait et ne pouvait avoir.